Publié par Guy Millière le 30 avril 2019

Je n’ai pas regardé la récente conférence de presse d’Emmanuel Macron. La regarder aurait été perdre mon temps. Emmanuel Macron n’avait rien à annoncer, sinon des simulacres et des subterfuges. C’est ce qu’il a fait.

C’est un imposteur : je l’ai écrit dès qu’il est entré en campagne, et j’ai dès cette époque dit ce que j’avais à dire de lui. Il a été vendu par des publicitaires comme une lessive qui lave plus blanc, mais il était évident d’emblée que la lessive était frelatée. Des millions de gens se sont laissés prendre. C’est regrettable pour eux, et regrettable pour les autres et pour la France. L’imposture qu’il incarne est vite devenue visible parce que, même s’il sait parler longtemps, il n’est même pas un imposteur intelligent.

Un imposteur intelligent aurait caché son mépris pour les pauvres : lui l’a clamé. Il essaie de dire qu’on l’a mal compris, bien sûr…

Un imposteur intelligent n’aurait pas baissé les taxes sur les riches et augmenté presque en même temps les taxes sur les pauvres et aurait compris que ce serait pris comme une provocation : lui l’a fait. Cela le marquera jusqu’au bout.

Un imposteur intelligent n’aurait pas invité des “pédés” en bas resille chanter des chansons à la gloire de la fellation et de la sodomie dans la cour de l’Elysée, et aurait compris que cela passerait très mal auprès de la population : lui l’a fait.

Un imposteur intelligent n’aurait pas dit qu’il se prenait pour Jupiter : lui l’a fait.

Un imposteur intelligent n’aurait pas comparé de manière condescendante les fins de mois difficiles des plébéiens avec la fin du monde dont il prétendait avoir la charge : il aurait compris que ce serait pris comme un crachat au visage de ceux qui ont des fins de mois difficiles.

Un imposteur intelligent n’aurait pas montré la cruauté inhérente à son mépris et n’aurait pas organisé la vague de répression de manifestants la plus violente qu’ait connu la France depuis des décennies : lui l’a fait.

Un imposteur intelligent n’aurait pas crié “Benalla n’est pas mon amant” et “Venez me chercher” dans un style mi acteur de vaudeville mi petite gouape : lui l’a fait. 

Un imposteur intelligent n’aurait pas imaginé répondre à une crise grave de légitimité en insultant ceux qui clamaient “Macron démission”, en ignorant toutes les revendications, en cédant un peu en prenant l’air dégouté d’un noble s’adressant à des manants, en organisant une série de monologues et en les appelant “débat”, et en pensant ne quasiment rien proposer au bout de plusieurs mois : lui l’a fait.

Un imposteur intelligent n’aurait pas dit qu’il allait reconstruire Notre Dame plus belle qu’avant et en cinq ans : il l’a fait.

Quoi que dise et que fasse Macron maintenant, sa crédibilité est tombée très bas (même ceux qui énoncent une approbation à son égard ont des doutes, j’en suis sûr), la confiance que lui font les trois quarts des Français est inférieure à celle qu’ils feraient à un escroc sortant de prison et qui prétendrait avoir les titres de propriété du Pont Neuf, et qui déciderait de le vendre par souscription.  

Dans les aéroports et les gares, il est écrit : au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable. Et quiconque franchit la limite sait qu’il ne peut revenir en arrière.

Macron a franchi toutes les limites, et son ticket n’est plus valable.

Si ce n’était pas un imposteur, il démissionnerait. Comme c’est un imposteur, il restera à l’Elysée, en passager clandestin. 

Des journalistes habitués à cirer ses souliers en se mettant à quatre pattes commencent à dire qu’il est médiocre : j’aimerais me dire que c’est un bon signe et que les rats quittent le navire.

D’autres cireurs de souliers sont malheureusement toujours en activité et dissèquent les “propositions” énoncées : je ne le ferai pas de manière détaillée. Ce sont des “propositions” et les guillemets sont indispensables. Elles sont souvent grotesques, et certaines sentent l’arnaque. Aucune ne permettra de baisser les prélèvements obligatoires, de redonner du dynamisme, de faire vraiment baisser le chômage, de redonner de la liberté aux Français. Macron a dit que la France est “un pays de plein emploi, avec un taux de chômage élevé”. Il fallait y penser. Il va baisser en apparence et de manière homéopathique quelques impôts et en augmenter d’autres, ce qui s’appelle faire du surplace.  Ce qu’il a dit sur Schengen est un ensemble de paroles verbales qui ne freineront les flux migratoires, et ce qu’il a dit sur l’islam est du même acabit et ne permettra de combattre l’islamisation du pays et ses conséquences qui prendront la forme de cet oxymore : le “patriotisme inclusif”, autrement dit le patriotisme multiculturel, sans frontières et bientôt sans pays. Ces “propositions” sont censées commencer à être mises en œuvre juste avant les élections européennes : c’est un hasard, cela va de soi. Comme l’a écrit Ivan Rioufol, “tout sonne faux”. Macron a osé dire “Nous sommes en train d’inventer une nouvelle forme de démocratie” : la démocratie sans consultation du peuple, sans doute… “Il y a des gens qui osent tout, c’est à cela qu’on les reconnait” (Michel Audiard). L‘ENA pourra changer de nom, et restera l’ENA sous un autre nom.

La réponse que des millions de Français devraient apporter à l’imposteur puisqu’il ne veut ni d’un référendum ni d’élections anticipées serait une cinglante défaite aux élections européennes.

Si la liste menée par la très piètre madame Loiseau (une femme qui a le charisme d’une vache assoupie) arrive en tête le 26 mai, ce sera le signe qu’une majorité de Français méritent Emmanuel Macron.

Ceux-là peuvent lire un livre qui vient de paraitre et qui les rendra plus contents encore d’avoir le superbe président dont s’est dotée la France. Le livre s’appelle Il venait d’avoir dix-sept ans. Une journaliste d’un grand magazine y raconte une belle histoire d’amour. Elle vieillit délibérément le héros, un certain Emmanuel : il n’avait pas seize ans au moment des faits, et ce qui s’est passé relève du détournement de mineur. Il était dans un lycée catholique. Sa professeure de théâtre avait quarante ans, elle était mariée et avait trois enfants. Emmanuel a quitté le lycée et rompu avec ses parents après avoir été déniaisé par la dame de quarante ans, qui a laissé tomber sa famille pour suivre Emmanuel. Les parents d’Emmanuel ont voulu porter plainte. La dame de quarante ans a été révoquée. La journaliste d’un grand magazine trouve tout cela romantique, moral et émouvant.

Au train où vont les choses en France, dans quelques années si un homme de cinquante ans séduit une gamine de treize ans dans une école de jeunes filles catholiques et l’emporte loin de sa famille, ce sera sans doute considéré comme une “merveilleuse histoire d’amour”, et on tiendra peut-être un prochain président ou une prochaine présidente de la république. 

Ivan Rioufol note que la France reste volcanique. Nombre de Français, surtout, sont imprégnés de colère et de désespoir. A juste titre.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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