Publié par Abbé Alain René Arbez le 6 avril 2019
Abbé Alain-René Arbez

L’église St-Jean XXIII était pleine dimanche 17 mars pour la célébration œcuménique du Dies Judaicus (Jour du judaïsme) : environ 300 personnes ont pris part à la messe chantée en hébreu et marquée par une participation juive, orthodoxe et protestante.

Fixée au 2e dimanche de Carême, cette journée a été instaurée par les évêques suisses en 2011 pour encourager les chrétiens à approfondir la dimension du judaïsme au cœur de leur foi et les juifs à témoigner du message qu’ils ont transmis aux membres de leur communauté et aux chrétiens. « Pour les trois traditions catholique, orthodoxe et protestante, il est vital de reconnaître ce qui nous relie et l’héritage hébraïque commun », a affirmé l’abbé Alain-René Arbez, de la Commission suisse judéo-catholique.

L’évangile du 2e dimanche de Carême mettait en lumière Jésus transfiguré sur la montagne sous le regard de Pierre, Jacques et Jean. Dans son homélie, l’abbé Arbez a souligné comment « cet évangile exprime la foi d’une assemblée de juifs du 1er siècle, pas encore appelés Eglise, ils sont les prédécesseurs de ceux qui beaucoup plus tard seront appelés christianoï, ‘les chrétiens’ ».

« Le Jésus dont il est question ici est un rabbi de spiritualité pharisienne, qui enseigne dans une époque troublée, et c’est pourquoi ses disciples vivent dans l’attente des temps nouveaux – annoncés comme messianiques », a commenté le curé genevois. Et c’est précisément sur ce chemin de questionnement qu’a lieu ce que l’évangile appelle la « Transfiguration » de Jésus : une lumière intérieure vient éclairer leurs interrogations. « Ce ne sont donc pas les yeux de la chair, mais les yeux de la foi qui comptent ici. Non pas les apparences, mais la vérité intérieure mise en lumière. Voici donc Jésus, avec Pierre, Jacques et Jean, sur la montagne, cet espace où la terre et le ciel se rejoignent pour donner à la vie humaine une espérance qui surpasse les épreuves présentes. Comme lors de l’Exode au désert, la nuée indique la présence divine – la shekhina –que les talmidim de Jésus, les disciples, ont perçue dans cet événement révélateur »

« Nous avons entendu un passage de la Genèse avec Abraham à qui Dieu adresse les promesses de la terre pour sa descendance, une promesse irrévocable, que les invasions futures ne sauraient abolir, a poursuivi le prédicateur. Avec Moïse, la torah correspond à ce pacte de confiance avec tout un peuple (…) Cette adhésion – cet amen – à la Présence de Dieu et à son message n’est pas une simple déclaration d’intention. La foi dans la tradition biblique, c’est d’abord une pratique ! « naassé ve nishma ! » nous ferons, puis nous comprendrons…Les actes incarnent la confiance envers Dieu car les 10 paroles ont été transmises pour guider les hommes vers un monde juste ! »

« C’est bien pourquoi, cette charte fondatrice, Jésus a toujours précisé qu’il ne voulait surtout pas l’abroger ! De ce fait, elle reste d’actualité pour tous ceux qui – chacun selon sa tradition – se reconnaissent attachés à l’alliance : les juifs et les chrétiens ». (…).

« Ce passage de la Transfiguration illustre la démarche du dies judaïcus. Car avec Moïse et Elie entourant Jésus de leur aura, il nous est clairement indiqué qu’on ne peut en aucun cas isoler et déjudaïser la personne de Jésus. Car on ne peut déraciner Jésus du terrain hébraïque, comme cela a été fait, hélas, durant tant de siècles, avec les terribles conséquences que l’on sait. »

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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