Publié par Dern le 9 avril 2019

C’est à se demander pourquoi Netflix achète d’aussi grosses licences pour leur marcher dessus aussi allègrement.

On ne présente plus la célébrissime saga Le Sorceleur. Parue en huit tomes (deux recueils de nouvelles et une suite de six romans), elle présente le Sorceleur Geralt de Riv, mercenaire surentraîné pour tuer des monstres à la commission, dans un univers médiéval fantastique inspiré de contes polonais. L’auteur, Andrej Sapkowski, s’est fait fort de mettre les légendes de son pays natal à l’honneur, dans la même optique que ce que Tolkien avait fait avec les légendes saxonnes. Cette saga a ensuite été adaptée en trois jeux vidéo à succès, avec plus de trente millions d’exemplaires du dernier opus vendus.

On ne le présente plus aux geeks, mais on le présente au reste du monde, qui risque bien de le découvrir dans l’adaptation en mini-série de Netflix. Je dis bien risque, parce que les choix de casting dénotent de manière assez percutante que les producteurs du studio n’ont que très modérément l’intention d’être fidèle au livre.

Entourloupe niveau epic

Pour comprendre leur bricolage, il faut revenir en septembre 2018. Le cahier des charges du casting de Ciri, le protagoniste féminin, avait fuité en ligne, et le moins qu’on puisse dire, c’est que la fiche ne correspondait ni de près ni de loin au personnage. Ciri est une jeune femme à la peau très pâle, au yeux verts émeraude et aux cheveux blancs cendrés, signe distinctif de la lignée royale de Cintra (une contrée de l’univers).

Voici l’apparence de Ciri. Chacun a le droit d’avoir son opinion, on ne dit pas, mais…

Netflix recherchait, pour jouer ce rôle de première importance : “une actrice de 15-16 ans de type asiatique ou africaine”.

Pas exactement (du tout) l’idée qu’on se fait de Ciri, le lionceau de Cintra.

Qui plus est, l’argument visant à dire “on cherche la meilleure actrice pour le rôle, quelle que soit son apparence” saute immédiatement. La production ne cherchait pas une actrice au hasard, mais bien précisément une actrice issue de telle ou telle “minorité”. Voilà qui rentre illico presto dans la catégorie “blackwashing” ou “asianwashing”, assorti d’un supplément quota de minorités.

La très piplette scénariste Lauren Schmidt Hissrich a immédiatement déclaré qu’elle ne commentait pas le casting, rendant son intervention rigoureusement indispensable. Merci Lauren.

On peut estimer, au vu du choix final pour Ciri, que la pétition lancée pour que la production respecte ce personnage a été entendue. Et qu’ils se sont vengés sur les autres personnages.

Vengeance et blackwashing

Pas Ciri ? D’accord vous l’aurez voulu ! Les deux femmes cruciales dans la vie de Geralt seront brownwashed !

En dépit de ce qu’avait promis Lauren Schmidt Hissrich lorsqu’elle avançait que tout serait mis en place pour respecter l’univers, on assiste médusés à des choix de casting qui dépassent l’entendement.

Voici Yennefer Von Vengerberg, une femme à la peau pâle et aux cheveux noirs, froide comme la glace, aux traits durs et dégageant une puissance naturelle, avoisinant la quarantaine en termes d’apparence, pour qui n’importe qui aurait casté Eva Green sans sourciller :

Bientôt, dans 13 reasons why in Cintra…

On se demande la tête que ferait un réalisateur de Bollywood si on lui imposait Mads Mikkelsen comme personnage masculin principal, même pour jouer dans une histoire mythique et non historique !

Maintenant voici la jeune et flamboyante rousse aux yeux verts qu’est Triss Merigold, au visage parcouru de tâches de rousseur qui font ressortir la blancheur de sa peau :

Ah pardon, on a bien les tâches de « rousseur ».

Vont-ils lui mettre une perruque Eco+ et la transformer en femme blanche pour donner un peu de crédibilité au personnage ?

On arguera que Yennefer et Triss sont des sorcières, et qu’elles peuvent choisir leur apparence : cela rend ces choix de casting encore plus mauvais, étant donné que c’est par choix que les sorcières ont pris ces apparences. Qui plus est, les erreurs ou plutôt les écarts volontaires à la description ne se limite pas à ces deux femmes (pour le casting complet, c’est ici).

Un monde raciste

Mais ces trop larges libertés prises d’avec l’oeuvre originale sont en réalité bien plus conséquentes qu’elles n’en ont l’air. Dans l’univers du Sorceleur, le racisme est un élément fondamental et même moteur de l’intrigue : les humains détestent les elfes, les nains, les monstres, et même Geralt est mal vu à cause de ses yeux de chat et de sa peau trop laiteuse provoqués par ses drogues de combat.

Un incontournable de la fantasy

Alors ces modifications volontaires de l’ethnie des personnages sont bien plus graves que la simple volonté de mettre des « minorités » à l’écran juste parce que. C’est un manquement à l’oeuvre elle-même : ça rend totalement caduque un des piliers de ce monde, qu’on peut ou non apprécier mais qui est fondamental. Les gens y sont jugés d’abord sur leur apparence. Quelle devrait être la réaction de quelqu’un qui juge les elfes à cause de leurs oreilles pointues en face d’une personne ayant une carnation différente ?

Netflix, la Pologne et le mème

Alors pourquoi le jeu vidéo tiré du livre n’avait pas opté pour les mêmes choix de représentation ? Pour le coup, on peut attribuer cela à Netflix. Les studios polonais de développement du jeu vidéo CD Projekt pensaient tout d’abord à…. faire un bon jeu (pari tenu), là où Netflix pense à promouvoir un agenda politique comme il le fait depuis un moment déjà.

A tel point qu’un mème a vu le jour, pour se moquer de cette tendance grotesque et grossière qu’a le géant américain à pousser des personnages issus de « minorités » ou « conscients » au devant de leurs productions.

Le public est épuisé de voir ses œuvres préférées prises en otage par des producteurs voulant montrer leur vertu et pointant du doigt ceux qui ne sont pas d’accord avec ces massacres.  Croisons les doigts pour la sortie fin 2019.
La diversité est bien, la diversité d’opinion est merveilleuse. IRL.

Encore une fois, respectez les œuvres originales !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Dern. Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur (son site)

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