Publié par Jean-Patrick Grumberg le 27 avril 2019

Je fais partie des 65 000 Français (les chiffres font débat) qui chaque année quittent la France. 65 000 aventuriers de la dernière aventure encore accessible à l’homme occidental.

Je suis parti parce que j’attends que mes droits fondamentaux soient mieux protégés que ce que le droit et la culture française prévoient. Mon besoin de liberté par exemple, dépasse ce que la France avait à m’offrir. Ma liberté d’entreprendre était trop entravée, ma liberté de parole trop limitée, et le respect de mes libertés individuelles trop dépendantes de celles du groupe.

  • La propriété, un droit fondamental qui m’importe beaucoup, est moins bien protégée pour les individus que pour la collectivité.
  • Le droit à la sécurité n’est pas bien assuré. Il le sera le jour ou une jeune fille pourra se promener dans toutes les rues de France, seule.
  • L’administration, l’Etat, possèdent trop de pouvoirs sur le citoyen.
  • L’Etat se mêlait trop de ma vie privée. Je n’aime déjà pas qu’on m’oblige à m’assurer contre les maladies, mais j’aimais encore moins que le seul assureur possible soit l’Etat, sans possibilité de faire jouer la concurrence, et que cet Etat décide ce qu’il me rembourse.
  • Pareil pour ma retraite. Je n’ai pas aimé qu’on m’impose de m’assurer pour ma retraite, et en plus, qu’on m’impose un seul produit d’assurance. Le produit est d’ailleurs tellement mauvais que ceux qui l’ont voté s’en sont créé un autre pour eux-mêmes : quel meilleur aveu qu’il est médiocre. Et obligatoire, voilà un mot qui me fait fuir.

Alors je suis parti…

Je suis parti parce que le système scolaire était une machine à fabriquer du Français moyen et non à pousser chacun à tirer le meilleur de lui-même, et qu’il n’encourageait pas à l’excellence. Je me suis laissé dire que cela n’a pas changé.

L’Education nationale était une machine autoritaire dont les programmes étaient décidés au plus haut sommet de l’Etat comme dans les régimes soviétiques, et je ne voulais pas d’un système soviétique pour mes enfants. J’avais la force de caractère d’y résister, tout le monde ne l’a pas.

Je suis parti parce que j’étais, avec mes impôts, l’employeur de l’administration et des élus, et ils étaient supposés me servir et non l’inverse. Au lieu de cela, ils me méprisaient et me prenaient pour leur obligé.

Je suis parti parce que je réfléchis toujours à améliorer ce qui ne fonctionne pas bien, et je n’ai pas souvent vu la France adopter cette saine démarche. Je voyais la France – c’était certes ma vision subjective – comme rigide et immobile. Et ne le répétez à personnes : je trouvais les politiques et les hauts-fonctionnaires, l’administration en général, peuplés d’imbéciles qui ne savent pas réfléchir et prennaient des décisions stupides.

Je suis parti parce qu’un jour, un ami bien intentionné m’a jeté au visage : “si t’es pas content, t’as qu’à aller voir ailleurs si c’est mieux ».

J’ai trouvé l’idée intéressante, et je suis allé voir ailleurs si c’était mieux. Et j’ai trouvé que c’était mieux, alors je suis resté. Je ne dis pas qu’ailleurs c’est parfait, mais en pesant le pour et le contre, la différence est notable.

Je suis aussi parti, car j’étais las de crier fort : « Lé Haïm », (qui peut se traduire par « à votre santé »), lorsque je trinquais autour d’une table de restaurant, parce que j’aime ma judéité, j’aime être juif, j’aime le dire comme d’autres disent « Viva España ! », et parce que beaucoup de juifs recommençaient à vivre en se faisant discrets, comme si je revivais les histoires que me racontaient mes parents quand j’étais enfant.

Je ne suis pas parti à cause des musulmans, car lorsque je suis parti, les musulmans ne posaient aucun problème. Les musulmans, c’était « l’arabe » – l’épicier arabe. Elles étaient formidables les épiceries arabes : ouvertes tous les jours, très tard le soir, et les propriétaires étaient souriants, accueillants et chaleureux. Je ne sais pas s’ils me détestaient copieusement, mais leurs sourires me convenaient parfaitement lorsqu’il me fallait une salade à 10 heures du soir. Et leurs progénitures n’étaient pas nées.

Et vous, pourquoi êtes-vous parti ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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