Publié par Ftouh Souhail le 11 avril 2019

Reçu le 9 avril 2019 à la Maison Blanche, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a été salué par Donald Trump pour le « très bon travail » qu’il effectue dans la lutte contre le terrorisme islamique.

Je pense qu’il fait un très bon travail », a lancé le 9 avril Donald Trump, interrogé dans le bureau ovale sur les efforts fournis par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui a interdit les activités de l’influente confrérie des Frères musulmans, un mouvement initialement hostile aux intérêts américains.

Al-Sissi, qui va se maintenir au pouvoir après la fin de son deuxième mandat en 2022, avait destitué son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi en 2013 avant d’être élu à la présidence un an plus tard.

L’ex-chef de l’armée égyptienne, en fonction depuis juin 2014, a fait des réformes constitutionnelle pour moderniser le pays et protéger les Coptes.

« Les relations entre l’Égypte et les États-Unis n’ont jamais été aussi bonnes », a assuré Donald Trump qui avait décidé en juillet 2018 de débloquer une aide militaire de 195 millions de dollars à l’Egypte.

C’est la deuxième fois que l’homme fort du Caire était reçu par le président américain Donald Trump à la Maison Blanche. Il n’avait jamais été invité sous Barack Hussein Obama (1). L’aide militaire américaine à l’Egypte avait même été en partie suspendue en 2013 par l’administration démocrate de Obama.

Plusieurs amendements à la Constitution égyptienne de 2014 doivent être prochainement soumis à un référendum. Cette réforme permettrait de renforcer les pouvoirs de l’exécutif et de l’armée, et au chef de l’État de se maintenir à la tête du pays au-delà de 2022, année de la fin de son deuxième mandat, pour corriger la situation économique préoccupante et finir avec l’obscurantisme religieux.

Les alliés de l’Égypte, en particulier les États-Unis et Israël, apprécient le leadership de ce dirigeant arabe qui avait interdit le parti de la Liberté et de la Justice, bras politique des Frères musulmans.

Le Qatar et la Turquie, partisans des Frères musulmans, tentent de ternir l’image d’Abdel Fattah al-Sissi à l’intérieur comme à l’international, car il avait abrogé, en 2013, la Constitution égyptienne islamiste de 2012 élaborée par les partisans du président déchu.

Depuis 2014, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, qui sont ennemis des Frères musulmans, ont injecté 12 milliards de dollars (9 milliards d’euros) dans l’économie égyptienne.

Leurs dons illustrent leur satisfaction quant à, la chute des islamistes. Par ailleurs, les Etats-Unis versent chaque année à l’armée égyptienne 1,3 milliard de dollars (1 milliard d’euros).

Al-Sissi lance simultanément des méga-projets nationaux

Depuis 2014, une multitude de méga-projets nationaux ont été mis en chantier dans les domaines de l’énergie, des infrastructures et du logement.

On cite par exemple le creusement d’une seconde voie au Canal de Suez, poumon économique du pays. Le nouveau Canal de Suez, dont le coût de construction s’est élevé à 20 milliards d’euros ., a été inauguré en août 2015, après des travaux menés sur une longueur de 35 km. Le nouveau canal a été réalisé en un temps record, soit 12 mois.

Autre projet ambitieux, al-Siss construit un nouveau réseau routier au pays de 5000 km qui représenterait 20% de l’ensemble du réseau routier égyptien. 39 nouvelles autoroutes doivent être construites en deux phases avec 10 milliards d’euros. Les travaux sont presque achevés pour ce qui est de 15 autoroutes et ponts à travers le pays, soit un total de 1 200 km.

En octobre 2017, le président avait officiellement donné le coup d’envoi de la première phase du projet de la nouvelle capitale administrative, située à une cinquantaine de km à l’est du Caire. La nouvelle capitale sera 12 fois plus grande que Manhattan, 3 fois plus grande que Washington. Elle comptera des quartiers gouvernementaux et diplomatiques, des palais parlementaire et présidentiel

al-Siss avait lancé aussi un projet pour construire un million de logements
réalisé au profit des citoyens à bas et à moyen revenu. Il s’agit du plus grand projet de logements dans l’histoire moderne de l’Egypte. Le projet est cofinancé avec les Émirats arabes unis.

al-Siss construira aussi 4 réacteurs nucléaires. D’une capacité prévue de 4 800 MW, le projet devrait être achevé entre 2028 et 2029. L’énergie produite par la centrale servira en grande partie à la désalinisation de l’eau
de la Méditerranée. L’Egypte ambitionne de générer 10 % de son énergie grâce au nucléaire d’ici 2026 et compte augmenter cette proportion à 50 % d’ici 2050.

Le gouvernement égyptien tente avec persévérance de relancer une industrie touristique cruciale pour le pays. La révolte de 2011 a donné lieu à un effondrement de cette industrie. al-Siss a ordonné à l’échelon militaire
et sécuritaire le renforcement de la coopération avec Jérusalem.

Al-Sissi coopère avec les Israéliens dans sa bataille contre le terrorisme

Abdel Fattah al-Sissi a déclaré en janvier 2019 à CBS News que la coopération entre Le Caire et Jérusalem était plus étroite que jamais, dans des commentaires sur le département de l’information du réseau de télévision et de radio américain. 

Le président égyptien a confirmé qu’Israël aide l’armée égyptienne à combattre les djihadistes dans la péninsule agitée du Sinaï.

« C’est exact… Nous avons un large éventail de coopération avec les Israéliens », a-t-il déclaré à la presse américaine lorsqu’on lui a demandé si la coordination militaire entre les pays était plus étroite qu’elle ne l’avait jamais été.

Ces commentaires ont été recueillis lors d’une interview pour l’émission « 60 Minutes » de la chaîne d’information CBS News.

Israël avait mené des frappes de drones dans la péninsule sur des cibles de l’État islamique. La coopération aurait également pris la forme d’un important échange en matière de renseignement.

En février 2018, le New York Times avait rapporté qu’Israël menait clandestinement, avec la bénédiction de Sissi, une campagne aérienne contre les cibles de l’État islamique dans le Sinaï. Les avions israéliens seraient souvent non balisés et emprunteraient parfois des itinéraires détournés pour tenter de dissimuler l’origine des frappes.

Depuis que l’armée a renversé le président islamiste égyptien Mohamed Morsi en 2013, des centaines de policiers et de soldats ont été tués dans des attaques dans le Sinaï par des djihadistes et d’autres groupes extrémistes, dont Ansar Beit al-Maqdess, affilié à l’État islamique.

Sissi a ordonné une série d’opérations dévastatrices destinées à rétablir le calme dans le nord du Sinaï, en menant de vastes campagnes de bombardements contre les foyers des djihadistes qui sont aussi régulièrement pris pour cible par des appareils israéliens.

Depuis 2013, Israël avait également autorisé la présence de forces égyptiennes supplémentaires dans la péninsule, au-delà du niveau autorisé par l’accord de paix de 1979 entre les deux pays.

Des armes lourdes, comme des chars, de l’artillerie et des hélicoptères d’attaque, ont été introduites dans le Sinaï pour combattre les islamistes, signe que Jérusalem ne s’inquiète pas du fait que les gros canons égyptiens pourraient se retourner contre elle.

Les liens entre l’Égypte et Israël, autrefois ennemis jurés, se sont réchauffés au cours des dernières années. Depuis 2017, Sissi s’est entretenue ouvertement à deux reprises avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

L’Égypte a joué, le mois dernier, un rôle clef dans les tentatives visant à favoriser le calme le long de la frontière de Gaza entre Israël et l’organisation terroriste du Hamas.

Gaza, qui jouxte la péninsule du Sinaï, héberge Jaïch al-Islam ou l’armée de l’islam, qui est un mouvement armé Djihadiste sunnite et salafiste palestinien dont la spécificité tient au fait qu’il est principalement ennemi du pouvoir égyptien.


Jaïch al-Islam est accusé d’être responsable de l’attaque d’une église copte à l’Alexandrie dans la nuit du Nouvel An 2011 qui avait fait 23 morts. En 2015 ce mouvement avait annoncé son allégeance l’organisation à l’État islamique (dite « Daech »).

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

(1) Huma Abedin, directrice de cabinet d’Hillary Clinton la secrétaire d’État était proche des Frères musulmans. Sa mère présidait l’association des femmes membres de la Confrérie et travaillait avec l’épouse du président égyptien Mohamed Morsi. Son frère Hassan travaille pour le compte du cheikh Yusuf al-Qaradawi, le prêcheur des Frères et conseiller spirituel d’Al-Jazeera

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