Publié par Gilles William Goldnadel le 20 mai 2019

Question de la semaine : faut-il alimenter les polémiques stupides en polémiquant?

Réponse rapide : impossible de faire autrement. Les arguments agrémentés d’exemples suivent.

La pétition d’une organisation féministe américaine inconnue exigeant qu’Alain Delon soit déchu de toute reconnaissance de ses pairs en raison de sa déchéance morale, ne méritait qu’un souverain mépris. Mais comment ne pas traiter le sujet dès lors qu’elle a remporté un grand succès médiatique inversement proportionnel à sa petitesse?

Sans doute serait-il ridicule de se donner l’indignité d’argumenter à l’encontre de griefs qui dépeignent l’acteur préféré de Visconti et producteur de M. Klein en homophobe antisémite.

La pétition exigeant qu’Alain Delon soit déchu de toute reconnaissance de ses pairs en raison de sa déchéance morale, ne méritait qu’un souverain mépris.

En revanche, il n’est pas inutile de faire remarquer que l’association prétendument féministe et antiraciste est sise à Hollywood, mais habite en vérité à l’extrême gauche de ce trottoir idéologique qui abrite désormais l’ensemble des maisons d’intolérance. Elle possède d’ailleurs des filiales en France puisqu’ «Osez le féminisme», cornaquée par l’ineffable Caroline de Haas, s’est également associée aux vociférations à l’encontre de l’immense acteur.

Dans ce cadre polémique, on ne se lassera donc jamais de rappeler que celle qui considère que deux hommes sur trois sont des salauds en puissance, concentre néanmoins sa détestation extrême sur les seuls mâles blancs hétérosexuels, à l’exclusion des machistes d’Orient qui enferment ses sœurs en souffrance derrière des moucharabiehs de tissu.

On se souvient sans doute que celle qui voudrait émasculer avec un sabre le Samouraï, et qui semble confondre Rocco Parondi et Rocco Sifredi , voulait se contenter d’élargir les trottoirs de la Chapelle afin de calmer les ardeurs de ces harceleurs qui marchent à l’eau de Cologne.

Avant de quitter la Croisette, on remarquera une nouvelle fois que la mise en cause systématique des opinions et le mélange des genres politique et artistique sont unilatéraux.

C’est ainsi qu’il ne viendrait à l’idée de personne de reprocher à Ken Loach, ès qualités d’artiste, son extrême gauchisme militant ou son antisionisme pathologique, dès lors que son talent cinématographique est reconnu.

Et encore moins de le déchoir d’une éventuelle récompense.

Il arrive souvent que les chroniques cinématographiques du Figaro et du Figaro-Magazine se montrent bienveillantes à l’égard de cinéastes «engagés», autrement dit très à gauche.

Je mets au défi quiconque de me mettre sous le nez une chronique positive du Monde, de Libération ou de Télérama d’un cinéaste encore vivant classé bien à droite, pour autant qu’il puisse survivre.

Dans un ordre d’idée voisin, certains pourraient penser qu’il est vain et peut-être même contre-productif de polémiquer sur le dernier clip du rappeur récidiviste et raciste anti blanc Nick Conrad qui se propose à présent et en chantant, après avoir voulu pendre les enfants blancs, de «baiser la France» et d’étrangler sur vidéo une femme blanche.

Conclusion : une femme blanche étranglée par un non blanc n’est pas une espèce protégée.

Déjà la dernière fois, Le Monde, pourtant peu économe d’évocations de discours racistes d’anonymes lorsqu’ils lui déplaisent, m’avait fait reproche d’avoir fait de la publicité à un rappeur inconnu. À l’heure où j’écris ces lignes, ce journal n’a pas relayé les propos de Nick Conrad.

Cette fois l’homme est connu, mais le vespéral demeure plume cousue.

Il est cependant difficile, dans le cadre du débat permanent et obsessionnel sur les questions du racisme et du sexisme, de ne pas faire remarquer que l’homme épargné judiciairement (5000 euros avec sursis) a rencontré dans sa récidive le silence glaçant des organisations antiracistes et féministes ayant toute pignon sur le côté gauche de la rue des Grands Principes.

Conclusion: une femme blanche étranglée par un non blanc n’est pas une espèce protégée.

Dernier exemple encore plus polémique: faut-il écrire un mot sur ces candidats islandais à l’Eurovision qui ont pratiqué une manière de boycott d’Israël d’un genre nouveau: boycotter en participant? Faut-il se demander en quoi la propagande en faveur des Arabes palestiniens sort renforcée lorsque le propagandiste nordiste célèbre le sadomasochisme botté, sanglé de cuir et de métal glacé? Plus généralement, est-il avisé de faire remarquer que l’État Juif, par un hasard cosmique ou une nécessité, est le seul État de la planète systématiquement boycotté?

Est-il enfin politiquement judicieux de faire valoir que, contrairement à ce qu’on laisse croire, le BDS considère que l’ensemble du territoire israélien n’est qu’un territoire occupé et qu’il ne contredit en rien les principes du Hamas islamiste et antisémite?

Dès lors que ceux qui soutiennent ou laissent requérir la mort civile et artistique d’Alain Delon, la mort symbolique de la France ou d’une femme blanche, la mort politique de l’État juif se situent sur le même bord du trottoir idéologique, il y a nécessité politique et idéologique de le faire remarquer.

C’est massivement à l’extrême gauche que l’intolérance a élu domicile.

Ou pour le répéter autrement plus crûment, d’affirmer que désormais, et contrairement au début du siècle dernier, c’est massivement à l’extrême gauche que l’intolérance a élu domicile.

On ne le croirait pas à lire la presse convenue ou à écouter le discours conformiste prétendument antifasciste.

Il y a une autre dernière raison, encore plus impérieuse, de ne pas vouloir refuser la polémique.

C’est tout simplement qu’on ne le peut pas. À l’ère électronique des névroses médiatiques, l’ensemble du circuit prétendument informatif fonctionne au carburant polémique et les citoyens isolés mais interconnectés en permanence s’en repaissent désormais interactivement et en redemandent avec avidité.

La sérénité n’est plus ce qu’elle était.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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