Publié par Jean-Patrick Grumberg le 21 mai 2019

Premier préambule : je ne suis pas un sympathisant de l’extrême droite. Second préambule pour les journalistes qui vont m’accuser d’être d’extrême droite : je ne suis pas d’extrême droite. Dois-je faire un troisième préambule spécialement pour Adrien Sénécat et Samuel Laurent, du Monde, qui sont un peu lents du cerveau ?

Je n’ai pas l’ombre d’un doute, lorsqu’un sondage* constate que c’est dans le parti de Marine Le Pen que l’on trouve le plus d’antisémites. Ca ne choque ni mon analyse, ni les témoignages de l’intérieur que je reçois, tout comme je ne pense pas que Marine soit elle-même antisémite.

Je n’ai pas non plus de doute lorsque l’étude constate que c’est ensuite dans le parti politique de Jean-Luc Mélenchon qu’on trouve le plus d’antisémites. Ca colle bien avec leurs déclarations et leurs actions militantes.

Réfléchissons en adulte

  1. C’est parmi les militants d’extrême droite qu’il y a le plus d’antisémites. Voilà un fait.
  2. Ils n’ont commis aucun attentat contre des synagogues, n’ont attaqué aucun juif dans les rues, participé à aucune manifestation antisémite de BDS appelant à la destruction d’Israël. C’est un autre fait.

Je sais, j’ai tort, comme toujours, de regarder les choses telles qu’elles sont, et non telles qu’on veut me forcer à les voir. On ne me pardonnera jamais de refuser aux hypothèses d’occulter la réalité.

Alain Soral est suivi par des centaines de milliers d’antisémites. A peu près chaque jour, des valeureux pourchasseurs d’antisémites traquent les messages de haine et leurs insultes sur internet. Agressions ? Zéro. Croisons les doigts.

La semaine dernière, c’était une petite ordure, un collaborateur du député RN Nicolas Bay, qui exprimait sa jalousie des juifs dans une photo antisémite. L’assistant parlementaire attrapé, le parti l’a convoqué et éjecté.

Et demain ?

J’entends déjà mes amis juifs me mettre en garde : si demain l’extrême droite arrive au pouvoir, les juifs en subiront les conséquences. Peut-être. Peut-être pas. Je n’en sais rien. Les démons sont puissants, mais le présent aussi. Eux non plus ne savent rien. Ils peuvent jurer, rire, crier, pleurer, s’exclamer, insulter, ils n’ont pas de boule de cristal pour lire dans l’avenir. Etrangement, ces prudents n’évoquent jamais le danger si l’extrême gauche remportait le pouvoir.

Ils veulent m’impressionner en me demandant de regarder le passé. Je vais plutôt regarder le présent.

L’Ukraine, extrême droite et ultranationaliste

Vous l’avez lu partout. Dans Le Monde, qui ne se trompe jamais, un article publié le 24 juin 2017 expliquait que “l’extrême droite accroît son influence en Ukraine”. Lorsque Le Monde dénonce “l’extrême droite ultranationaliste”, comprenez que le pays est aux mains des néo-nazis.

Quand Le Monde parle, la messe est dite. Et quoi ?

Les Ukrainiens viennent d’élire un juif, Volodymyr Zelensky, à la présidence ! Quel désordre, dans le narratif des experts.

L’Autriche, pays gouverné par – pouah -l’extrême droite

Sébastien Kurz est “le chancelier autrichien qui a banalisé les idées d’extrême droite”, titrait Le Monde, qui ne se trompe jamais, le 18 décembre 2018.

Depuis un an, il applique une politique de «préférence nationale» avec l’extrême droite, expliquait le journaliste Blaise Gauquelin.

Brrr… en tant que juif, ça me fait froid dans le dos.

Je me suis rendu deux fois à Vienne depuis l’élection, là où la majorité des juifs du pays vivent. J’ai trouvé une ville apaisée, amicale, et aucune étoile jaune sur les vêtements.

Je tenais mes preuves : voilà pourquoi l’Autriche a élu un chancelier d’extrême droite

J’ai fouillé les statistiques du Global 100 sur l’antisémitisme en Autriche publié par l’American Defence League, j’ai consulté Wikipedia, en vain.

Puis j’ai trouvé…

Dans un article publié dans Newsweek en 2016, il est mentionné que “le nombre d’incidents antisémites en Autriche a presque doublé en 2015”.

Je tenais mes preuves : voilà pourquoi l’Autriche a élu un chancelier d’extrême droite.

Hélas, Newsweek rapportait en fait que :

Selon les dirigeants communautaires, c’est l’afflux d’immigrants musulmans du Moyen-Orient et d’Afrique qui explique que les incidents antisémites ont augmenté de 82 %, passant de 255 incidents en 2014 à 465.

Newsweek

Hongrie : le raciste et antisémite Viktor Orban

La Hongrie est un pays très antisémite. Selon l’index ADL, 41 % des Hongrois, soit 3,4 millions d’entre eux, ont des idées antisémites. Quant à Viktor Orban, lisez Le Monde ou l’Obs : c’est le diable. Anti-musulman, extrémiste de droite, anti-européen, c’est tout juste s’il ne couche pas dans le lit d’Hitler.

Il y a 100 000 juifs en Hongrie. Il me semble qu’il s’agit d’un test taille réelle pour vérifier ce qui arriverait aux juifs de France si Marine arrivait au pouvoir.

Que dit l’ADL ?

La communauté juive hongroise, qui compte près de 100 000 membres, n’a subi que quelques agressions antisémites ces dernières années, mais elle est préoccupée par le climat politique.

ADL

Autrement dit, un juif est plus en sécurité dans ce pays antisémite dirigé par l’extrême droite que dans la France socialiste. Je m’en souviendrai.

Je me souviendrai aussi qu’en France, des centaines de juifs se font agresser chaque année – toujours par des musulmans, faut-il encore le rappeler ?

Italie, Pologne, Estonie : les fachos au pouvoir… et les juifs en sécurité

Il fait bon être juif en Italie. Et Israélien aussi, car les Italiens aiment Israël. Pourtant, Matteo Salvini est décrit partout comme un dangereux extrémiste, un démagogue, un eurosceptique souverainiste, “dont les thèmes programmatiques principaux sont la lutte contre l’immigration clandestine, la sécurité, et le regroupement des extrêmes droites” (Libé 21 mai).

Pareil en Pologne, où le parti d’extrême droite Droit et Justice est au pouvoir depuis 2015.

Et croyez-moi sur parole, la Pologne regorge d’antisémites. Mon ami et auteur de best-sellers Tuvia Tenenbom, qui a enquêté sur place, en a longuement témoigné. Le pays a renoué avec une forte réthorique antisémite, suite à l’adoption d’une loi condamnant toute allusion de la Pologne avec l’holocauste, et récemment, un refus sec de réparation aux juifs polonais.

En février 2018, les dirigeants de la communauté ont publié une lettre ouverte disant que “les juifs polonais ne se sentent plus en sécurité en Pologne”. Ce sentiment d’insécurité ne vient pas de la communauté musulmane, mais des Polonais, dont près de la moitié sont antisémites, selon l’ADL index.

Conclusion

Je ne connais pas l’avenir. Mais personne ne peut prétendre avoir la haute main et faire autorité sur le sujet. Personne ne peut me démontrer qu’il “sait” et que “je ne sais pas” ce que serait demain pour les juifs avec le RN au pouvoir.

Un proverbe juif dit “ce que tu ne vois pas avec tes yeux, ne le dit pas avec ta bouche”.

Et ce que je vois avec mes yeux, c’est que, selon les médias, d’horribles dirigeants populistes, de dangereux élus d’extrême droite dirigent plusieurs pays européens, et à part en Pologne, les juifs s’y sentent mieux qu’en France, qu’en Belgique, en Grande-Bretagne ou en Allemagne, pays dirigés par d’élégants démocrates.

Conclusion de ma conclusion

Je ne peux pas ne pas conclure sur cette note politique : je pense que Marine Le Pen conduirait la France vers la débâcle.

Le pays se retrouverait dans une situation bien pire qu’à l’heure actuelle – et les indicateurs montrent que l’arrogant Macron est infoutu d’éviter que tout se déglingue – si le Rassemblement national accédait au pouvoir. Son programme économique dirigiste et centralisé est une catastrophe. Quant au danger pour les juifs, les éléments disponibles me laissent plutôt sceptique, mais je crois qu’un grand danger les attendrait si les islamo-gauchistes prenaient le pouvoir.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

*En 2014, une étude de Fondapol constatait :

Les sympathisants du Front national et les électeurs de Marine Le Pen constituent l’univers politique et partisan où l’on trouve, et de très loin, le plus d’opinions antisémites et xénophobes. Les sympathisants du FN et ses électeurs ressemblent davantage au discours du fondateur du parti qu’au discours plus policé que sa nouvelle présidente s’efforce de mettre en scène.

Fondapol

L’étude disait immédiatement :

Les sympathisants du Front de gauche et l’opinion des répondants qui déclarent avoir voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2012. Dans les deux groupes, les opinions négatives à l’égard des Juifs sont plus répandues que dans l’ensemble de la société.

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