Publié par Jean-Patrick Grumberg le 26 mai 2019

Sharyl Attkisson, ex-journaliste de la chaîne CBS, et l’une des dernières véritables journalistes, utilise régulièrement son compte Twitter pour discuter de l’état navrant des médias.

La journaliste confirme, du point de vue d’une initiée, que les médias grand public ne rapporteront plus jamais les faits sans parti pris. Si vous lisez Dreuz, c’est que vous le savez déjà, et c’est pour cela que vous nous faites l’honneur chaque jour de nous faire confiance.

Voici quelques extraits des échanges entre Attkisson et ceux qui sont abonnés à son fil Twitter.

Q : Une presse libre et RESPONSABLE étant vitale pour notre république, y a-t-il une chance qu’ils reçoivent le message ?

Sharyl Attkisson : Non. Nous dans la presse, agissons comme si nous n’avions tiré aucune leçon. En fait, c’est de pire en pire.

Alors sur qui sommes-nous censés compter pour dénoncer les errements du gouvernement ? Ou lui tapoter dans le dos quand c’est justifié ?

C’est censé être nous, la presse. Mais je ne peux pas dire que l’on puisse encore compter sur nous pour cela.

Pensez-vous que les médias d’information vont continuer de proclamer qu’ils sont objectifs avec la présidence de Trump ?

Oui.

Pourquoi tant de journalistes prennent-ils le parti de soutenir une position politique ? Je sais qu’ils sont humains, mais le professionnalisme et la neutralité, c’est toujours possible, n’est-ce pas ?

La neutralité devrait être enseignée à l’école de journalisme. Retenez vos propres objectifs et sentiments politiques lorsque vous faites un reportage. Pas facile mais possible.

Pensez-vous que les médias reviendront un jour à rapporter des faits sans aucun parti pris ?

Non.

Voyez-vous ce bouleversement de l’information comme une douleur croissante et saine, ou comme un symptôme de la séparation de notre société sur des questions clés ?

Je ne pense pas que ce que nous faisons aux informations soit bon. Mais si le conflit finit par ébranler l’establishment médiatique, il est peut-être temps.

Attkisson a également écrit dans ses tweets

J’ai longtemps dit que beaucoup d’entre nous font maintenant des reportages pour une audience d’environ 200 politiciens de New York et Washington.

Lorsque dans la presse, nous faisons de fausses déclarations ou des reportages partiaux, cela sape nos critiques légitimes à l’égard des présidents.

Beaucoup d’Américains ont commencé à rejeter ou à remettre en question presque tout ce qu’ils entendent de nous.”

Dans un autre tweet, Attkisson cite un extrait de son livre, The Smear* :

Rien de ce que vous voyez [à la télé] n’est accidentel. Cela a été placé devant vous pour une raison.”

Enfin, au sujet de l’administration Trump et de ses relations avec les médias, M. Attkisson a déclaré :

À mon avis, c’est le premier président qui a eu à combattre non seulement le parti adverse, mais aussi son propre parti, et l’agressivité des médias la plus hostile jamais vue à ce jour”.

Faire ce que les vrais journalistes sont censés faire a coûté à Attkisson son poste à la CBS en 2014.

Ses reportages honnêtes sur des sujets comme Benghazi et Obamacare n’étaient pas considérés par sa rédaction comme de la “bonne surveillance journalistique”, mais comme “anti-Obama”. Et pour cela, elle a été expulsée.

Conclusion

Pas un mot des positions que défend Attkisson n’est à retirer. C’est à se demander où s’arrêtera la dérive des médias, en qui presque plus personne – à part les journalistes eux-mêmes – n’a confiance.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.


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