Publié par Abbé Alain René Arbez le 27 mai 2019

« Mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres ! »

(évangile selon St Jean)

On a pu voir à la télé diverses émissions consacrées à Jésus, illustrées par des interviews de spécialistes. Au-delà des clichés habituels sur la personne de Jésus, ce genre de recherche ouvre l’esprit pour retrouver le profil précis du Jésus historique dans son milieu du 1er siècle. Cette démarche est utile si l’on veut éviter une lecture superficielle ou convenue de l’évangile de Jean, car il nous présente un Christ déjà très théologisé au fil du temps, dans un style différent des 3 synoptiques.

Ainsi, dans le 4ème évangile publié en l’an 109, le Jésus qui parle, c’est le Jésus johannique de la foi, ou plus exactement, c’est le regard de foi des 1ères assemblées qui s’exprime à l’égard de Jésus, en qui Dieu est confessé présent, d’où les formules omniprésentes « Je suis », rappel de la révélation au Sinaï.

Ces communautés du 1er siècle sont confrontées à une crise, puisqu’il leur a été dit que Jésus reviendrait en gloire très rapidement : or, il ne se passe rien, il leur faut donc creuser davantage le sens de cette venue du règne de Dieu !

C’est la raison du style particulier de l’évangile de Jean : faire comprendre que malgré les apparences, le monde nouveau inauguré par Jésus a déjà commencé à se manifester parmi les siens ! Si cette présence du Christ semble invisible, elle est tout à fait réelle, sous l’angle de son commandement d’aimer. Certes, les yeux de la chair ne la verront pas, mais les yeux de la foi peuvent identifier les contours de cette réalité nouvelle.

Alors, comment dire le proche retour de Jésus en gloire ? Tout simplement qu’il adviendra si l’on observe avec confiance les commandements de l’amour ! Cela ne va pas tout seul, et les croyants sont appelés à percevoir l’Esprit de vérité qui agit dans les cœurs : il en est vraiment besoin lorsque l’accumulation des malheurs du monde nous impressionne ; il faut aussi du discernement quand on vit dans une société qui de plus en plus – au nom de la « tolérance » – anesthésie notre jugement en nous racontant qu’il y a plusieurs vérités et que toutes les religions se valent… C’est bien pourquoi l’évangile précise que, si des idéologies hostiles attaquent notre foi, l’Esprit viendra comme défenseur de cette vérité face aux mensonges et aux dangers.

En fin de compte, nous aurions beau tout savoir sur Jésus, sa personne, son environnement exact, les actes précis qu’il a accomplis, les paroles qu’il a prononcées mot par mot, si tout cela nous reste extérieur, si cela ne nous touche pas personnellement pour transformer notre vie aujourd’hui, alors, Jésus ne sera au mieux pour nous qu’un grand personnage exceptionnel d’il y a 2000 ans, mais il restera en dehors de ce qui se joue aujourd’hui au cœur de notre existence.

Nous pourrions même avoir pour lui du respect, sa vie et sa mort seraient un exemple fantastique, mais ce ne serait encore qu’un simple souvenir culturel d’autrefois. Or les chrétiens ne sont pas les adeptes d’un souvenir, ou les nostalgiques d’une culture, nous sommes les membres d’un Vivant, dont la Parole actuelle éclaire les problèmes de notre temps, les interrogations de nos existences, afin de nous donner de quoi assumer notre avenir…

En fait, pour bien comprendre le sens de la demeure de Jésus dans le cœur de ses amis – pour reprendre l’expression johannique – il suffit d’ouvrir la Bible, et l’on voit bien que ce thème de la « demeure de Dieu » est permanent dans les Ecritures.

Depuis la visite de ces mystérieux messagers accueillis sous la tente d’Abraham, Dieu s’est maintes fois approché de la demeure des hommes pour l’embellir de sa lumière. Le roi Salomon dans sa sagesse s’est posé la question : peut-on imaginer que l’on pourrait enfermer la présence de Dieu dans un édifice de pierres ? Non ! Même si, dans le Temple de Jérusalem, il y a l’Arche d’Alliance – avec les tables de la Loi reçues par Moïse au Sinaï, symbolisées par le chandelier à 7 branches – qui suggère la demeure de Dieu éclairant la vie de son peuple.

Les prophètes d’Israël, puis Jésus, soulignent le fait que Dieu demeure avant tout dans le cœur de tous les hommes de bonne volonté et qu’ainsi, toute l’humanité est appelée à devenir un jour la demeure du Dieu d’amour, de justice et de paix. D’où l’importance d’entrer dans une relation étroite avec Jésus ressuscité : certes, il reste le même Jésus historique que les apôtres ont côtoyé, mais il devient pour nous – par delà le temps – contemporain de toute personne qui fait confiance à sa parole.

Si quelqu’un m’aime, nous ferons en lui, le Père et moi, notre demeure » dit Jésus dans l’évangile…Disciples, nous ne sommes pas propriétaires de l’amour de Christ. « Quelqu’un », c’est-à-dire : toute personne qui aime ce que faisait Jésus aime Jésus. Celui ou celle qui pratique ce que réalisait Jésus, dans l’amour et le respect des personnes, le désir de faire le bien aux autres, celui ou celle-là aime Jésus, même sans le nommer. Le nom de Dieu nous échappe, et donc on peut le sanctifier par une pratique juste sans lui donner un nom.

         Un peu différemment de Matthieu, Marc et Luc, Jean résume la démarche du Christ dans ces paroles: “La parole que vous entendez n’est pas de moi, elle vient du Père qui m’a envoyé à vous…”Car c’est vrai, Jésus ne se met jamais en avant, comme s’il était un demi-dieu grec, sa personne ne fait donc jamais écran à l’accès vers le Père, et c’est pourquoi les chrétiens restent sur le terrain du monothéisme véritable : ils n’ont qu’un seul Dieu : celui révélé à Abraham, à Moïse et aux prophètes d’Israël. C’est le Dieu créateur lui-même qui nous parle à travers Jésus et qui se révèle comme Dieu sauveur, c’est le sens du nom même de Jésus : Dieu sauve. Par conséquent, Jésus n’a jamais été un homme divinisé, c’est au contraire Dieu qui s’est fait humain et qui nous a rejoint en sa personne. Jésus  lui-même a dit aux disciples: « vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ! »

De ce fait, l’Esprit de Dieu nous accompagne chaque jour pour prier en nous, pour éclairer en nous ce visage du Fils qui devient peu à peu le nôtre – dans la mesure où nous l’aimons et désirons sincèrement lui ressembler. Son Souffle créateur nous traverse, tout ce qui constitue notre vie se pénètre d’Esprit du Christ.

Nous avons remarqué que les mots qui reviennent le plus dans l’évangile de Jean sont : amour, paix, joie. Une paix très différente de celle que peut donner ce monde, une paix qui émane du cœur de Dieu et nous associe à sa volonté de changer la face de la terre. C’est le sens de la paix que nous échangeons avant de communier. Il ne s’agit pas d’un rite social comme se dire bonjour ou se faire coucou. On se transmet cette paix qui vient d’en-haut  et qui est différente de celle que donne le monde.

         C’est donc seulement en aimant ce que Jésus aimait, en aimant surtout comme Jésus aimait, que nous serons proches de lui, et donc proches de la volonté du Père. Seule cette paix transmise des uns aux autres apportera du nouveau en ce monde.

Grâce à l’Esprit, nous trouverons la réponse à nos questionnements : comment être aujourd’hui des signes de la demeure de Dieu parmi les hommes, mais aussi des témoins actifs du monde à venir ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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