
Entamée par l’arrivée à la présidence d’Emmanuel Macron en mai 2017, la recomposition politique française continue donc avec ces élections européennes dont les résultats sont, compte-tenu du contexte, assez peu surprenants et qui nous offrent essentiellement un beau plateau de perdants.
Un rapide parcours des résultats permet de bien comprendre l’ampleur de la nullité abyssale de ce qu’on peine encore à appeler « paysage politique français » et pour lequel le qualificatif de ruines baroques conviendrait probablement mieux.
Alors oui, certes, avec la récolte du maximum des suffrages, le Rassemblement National peut se targuer d’arriver vainqueur dans une course qui n’aura intéressé que la moitié des citoyens. L’augmentation du nombre de voix par rapport à son score des précédentes européennes peut l’autoriser à murmurer « victoire », cependant, la participation, plus forte qu’aux précédentes élections, et l’écart plus faible avec le second mouvement politique après lui montre que le Rassemblement National atteint ici son étiage haut, équivalent à un citoyen sur huit à la louche, sans démontrer une réelle capacité à toucher beaucoup plus de monde.
Au-delà du RN, les choses sont encore plus évidentes : le président a perdu son pari, celui de l’emporter sur un RN donné favori dès le début. La médiocrité consternante de la tête de liste ajoute cette impression d’avoir simplement limité la casse, essentiellement grâce à une mobilisation d’un électorat tremblant d’effroi à l’idée que le RN pourrait faire un score historique (mais qui n’en a pas plus voté pour le président et sa clique).
Comme prévu, après des mois de campagne électorale gratuite (non-comptabilisée dans les temps de parole) via des marches adolescentes, des rapports environnementaux putassièrement catastrophistes et des positionnements gouvernementaux éhontés en leur faveur, l’engeance verte a réussi à rassembler les électeurs qui, trop mécontents de Macron, ne voulaient pas soutenir sa liste mais, en bons castors de la vie politique, voulaient faire barrage au Rassemblement National. Cependant, si le score montre une belle performance par rapport aux sondages, il reste proche de ce qu’on a pu observer à de précédentes élections européennes. Compte-tenu de la propagande non-stop dont ils ont bénéficié depuis des mois voire des années, on devra donc relativiser ce score.
Les Républicains, fidèles à leur fine tactique d’abandon de toute colonne vertébrale idéologique, dont le programme aura habilement tenté de copier un peu tout ce que les autres font sans jamais offrir la moindre valeur ajoutée ni le moindre courage d’une idée novatrice, s’est donc écrasé avec un sprotch mou qui illustre assez bien la fermeté générale des convictions de l’actuel président de ce mouvement. N’ayant jamais tranché entre les lamentables idées interventionnistes, l’étatisme jacobin, le conservatisme et ayant toujours soigneusement repoussé tout courage libéral qui, seul, pourrait aider à former un squelette dans cette gelée informe, Les Républicains ont à nouveau démontré leur totale incompétence politique.
Le score des autres listes est tout à fait réjouissant : la branlée de magnitude 9 de la liste Insoumise, parfaitement méritée, permet d’envisager avec le sourire un avenir difficile pour le parti collectiviste. On pourra perdre cinq minutes et bénéficier du comique involontaire de situation en regardant le discours larmoyant du petit Jean-Luc, sur fond de bannière France Insoumise qui s’affale mollement, à l’image de son lider marxismo, et des efforts des petites mains, pendant le même discours, pour faire en sorte de remettre en place cette enquiquinante bannière (bruit de scotch qu’on dévide en bonus, vers 1:55).
Dans cette débandade, on regrettera que le Parti Socialiste parvienne malgré tout au-dessus des 5%, ce qui indique qu’il y a encore un nombre considérable de moutons-dinosaures qui persistent à voter pour ces has-beens affligeants. Dans le nuage de listes fourre-tout, on notera aussi la belle contre-performance de Benoît Hamon qui, ne récoltant aucun élu, devrait penser à se réorienter.
Maintenant, regardons un peu plus loin que ces simples résultats et la fausse surprise d’une presse bercée de sa propre importance (non, messieurs les sondeurs et les journalistes, le score des écolos n’a rien d’invraisemblable compte tenu du battage constant en leur faveur).
La réalité, bien sombre et que je décrivais déjà dans mon précédent billet, c’est que les seuls vrais gagnants de ces élections sont les collectivistes. Toutes les listes en présence représentent différents parfums d’une même pensée collectiviste qui fait passer les intérêts de l’État avant ceux de l’individu. Toutes proposent, plus ou moins ouvertement, de supprimer les responsabilités individuelles de chaque citoyen pour l’enfermer dans le cocon protecteur de l’État, au sein duquel il n’aura pas le droit de bouger, même lorsqu’il sentira l’odeur de formol l’envahir.
En pratique, c’est un festival d’interventionnisme, de décisions d’en-haut imposées à tous sans la moindre considération pour l’individu, c’est le règne de l’arbitraire administratif, bureaucratique ou fiscal. Les programmes sont tous de longues listes de lois, de règles, de contraintes qu’on entend imposer aux autres par voie démocratique. Par exemple, quand il ne s’agit pas d’interdire à certains de voyager, il s’agira de l’interdire tant que c’est en voiture plutôt qu’en vélo, en avion plutôt qu’en train…
Dans chacun des programmes, les libertés individuelles sont âprement combattues pour les motifs présentés comme nobles mais masquant mal l’envie de régenter jusqu’au moindre détail de la vie des autres.
L’électorat n’a plus aucune possibilité d’exprimer un ras-le-bol de ces contraintes incessantes : aucune liste ne propose de les faire sauter ou d’en réduire notoirement la portée. Le citoyen ne peut plus alors que choisir celles des contraintes qui lui seront les moins lourdes. En fait de recomposition politique, Macron a initié la dernière phase de décomposition politique, celle où il ne reste plus aucune place à la liberté, à la responsabilité individuelle ou à l’esprit d’entreprise.
Devant le score des Verts, il n’y a pas le moindre doute que Macron, saisissant cette opportunité, va laisser cours à toutes ses pulsions étatistes : utilisant la dynamique écologiste, le président va très probablement nous remettre une couche d’écologisme politique de combat. Très concrètement, on doit maintenant s’attendre à un déluge de taxes et de contraintes plus ou moins liées à ces questions.
Malgré la déliquescence de la vie politique française, malgré le poids étouffant des législations, des taxes et d’une fiscalité délirante, malgré l’empilement des dépenses publiques en pure perte, aucune leçon ne sera tirée.
Ce pays est foutu.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © H16. Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur (son site)
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J’aurais apprécié un petit mot sur le score de la liste (exclusivement) musulmanes…
Votre lucide analyse, vu d’ici, contraste terriblement avec ce qu’on entend au Québec et au Royaume-uni-anglophone-canadien. Vous défiguré un tantinet l’image de mon castor national par contre.
J’espère que vous Français, saurez en prendre de la graine de notre castor québécois. 😉 Le bâtisseur par excellence, toujours à l’oeuvre, joyeusement, patiemment, fièrement, devant l’empleur de la tâche. Vous avez ce courage, cette deternination. La France n’est pas millénaire pour rien. Lentement mais sûrement elle se redressera de ces outrages et les lumières renaitront.
@ Myriam
Ah ! Merci, chère cousine de la Belle Province, de faire entendre un autre son de cloche ! Le castor est un emblème formidable et extrêmement sympathique.
Le coq gaulois chante même les pieds dans le fumier.. Foutu ? Jamais !
Yeeeeehhhh ! Un régal, cette analyse. Merci H16 !
Je suis contente que vous disiez : Ce pays est foutu”. Oui ! Selon tous les critères humains, oui !
En n’oubliant jamais que c’est lorsqu’il est au fond de l’eau que parfois celui qui est en passe de se noyer réagit avec l’énergie du désespoir, et peut remonter à la surface ! C’est, je le ressens, ce qui va se passer en France.
D’accord avec cet article, son ton et son contenu. Dans le même genre, celui de Natacha Polony est intéressant. Il reprend la rhétorique du castor et la peur des gens aisés face aux GJ et au RN. Mais Polony montre aussi que s’en remettre à Macron ne fait que différer la menace d’explosion sociale.
https://www.marianne.net/debattons/editos/europeennes-2019-la-grande-peur-des-possedants-et-le-reflexe-du-castor
Fleur de Lys : Polony aime s’écouter parler , et ne parle que pour Polony .
Je n’ai nul besoin de l’avis et des commentaires des “pseudos” journaleux pour me faire une opinion des faits et des conséquences politiques actuelles , dont la France profonde subie de plein fouet la politique désastreuse de Macron .
-Tout effet à une cause.
Cette analyse de Polony est très convenue, je trouve.
Rien sur l’immigration-islamisation, par exemple.
Quant à ce vocabulaire : “possédants”, à double interprétation possible, mais dont la première est simplement : les riches. Elle n’aime pas les riches, Polony ?
Parler de privilégiés d’un système très étatiste et très clientéliste, d’accord ; de “possédants” pour éviter de dire “riches”, non.
Le reste de l’article montre une appétence pour encore plus d’État, donc une politique socialiste, en particulier des phrases comme :
“c’est-à-dire un changement radical de politique économique, fait de planification, d’investissement massif et de protectionnisme ciblé.” : on dirait du Mélenchon…
Voire “une France forte dans une Union européenne rééquilibrée” : c’est très flou comme formule, à peu près tous les partis européistes auraient pu dire la même chose…
Plus ça va, plus Polony me déçoit. J’ai lu l’autre jour, je ne sais plus où, qu’à force de fréquenter les médias mainstream, elle s’était coulée dans le moule du politiquement correct. Ce constat me paraît juste.
Je ne vois pas que “s’en remettre à m…” ne fait que différer… Je suis persuadé du contraire: ne fait que d’aggraver et précipiter.
FRANCAIS AUX ARMES CITOYEN IL EN VA DE VOTRE SURVIE
“Toutes les listes en présence représentent différents parfums d’une même pensée collectiviste qui fait passer les intérêts de l’État avant ceux de l’individu.”
Cette peur qu’a le Français – comparé à l’Américain, par exemple – de la liberté et de son pendant inséparable, la responsabilité individuelle n’est-elle pas l’expression d’une forme de lâcheté ?
La lâcheté, la mollesse, ne sont-elles pas les caractéristiques d’un peuple capitulard ?
Dès lors, faut-il s’étonner que nos concitoyens, dans leur majorité, ne voient pas (ne veulent pas voir) le danger de la submersion migratoire et de l’islam conquérant ?
Ce pays est effectivement foutu.
@ Jacques Ady
Nous n’avons pas été toujours comme ça. Jusqu’en 1930 environ, nous étions encore un peuple endurant, conquérant, volontaire et sûr de son héritage. Dans ma famille maternelle italienne où mes grands parents sont devenus français, j’ai souvent entendu que la France était la grande Nation, le meilleur pays du monde, la patrie des grands hommes qui ont apporté les Lumières au monde etc. Bref, le pays où il faut être !
La mentalité défaitiste, atone, s’est encastrée dans la ligne Maginot en 1940 et ne sait plus vraiment départie de ses renoncements successifs, malgré de beaux faits d’armes en 1944.
Le gauchisme culturel, mai 68 et l’arrivee d’une culture islamique qui, elle, est sûre de ses dogmes et de ses vérités, ont achevé le Français.
C’est l’école la clef de voûte. Il faut tout reprendre à zéro. Je vois chaque jour à quel point on apprend à nos enfants à s’effacer, non seulement collectivement en tant que nation, mais individuellement, en tant que porteur inconscient d’un héritage de domination honnie.Tout est fait pour que le petit Français apprenne d’abord à penser à l’Autre (avec le sentiment d’une dette éternelle) avant de penser à lui, à son héritage et à son passé. Tous les cours de sciences sociales sont tournés vers l’homme monde, citoyen d’une communauté mondiale à fort métissage. Marion Maréchal a bâti don école, l’ISSEP, parce qu’elle a compris que des l’enfance, on fabriquait des crétins déracinés.
D’un autre côté, beaucoup de nos voisins européens ont aussi perdu de leur grandeur, de l’affirmation de soi, malgré une culture de la responsabilité plus affirmée. Les juges et les fonctionnaires européens, ainsi que la dechristianisation ont certainement leur part dans la fabrique de poltrons jouisseurs du présent incapables de défendre leur civilisation.
C’est en 1940 , sur le Canal de la Somme qu’il y a eu un beau fait d’armes .
Les français se sont battus comme des lions pour que les Anglais embarquent à Dunkerque et Zuydcoot , un régiment d’infanterie alpine a été décimé , mon père y a été blessé à la face , joues traversées par une rafale , miraculé , mais des anglais par milliers ont rejoint l’Angleterre !
JP Marielle commente ce fait d’armes dans le film ” WeekEnd à Zuycoot ” .
cordialement …
L’école est importante certes ; mais la vraie clef de voûte, c’est la famille. C’est dans la famille que se fait l’éducation ; l’école ne fait – en tout cas, ne devrait faire – que de l’instruction. Si les parents acceptent de déléguer l’éducation à l’école, ils démissionnent, et ils ne doivent pas s’étonner du résultat.
La déchristianisation joue un rôle central, en effet. Des valeurs brouillées, inversées parfois.
C’est pourquoi je pense que le mal est plus ancien, il remonte au moins à la WWI, voire à la Révolution (même si tout ne fut pas mauvais), voire aux Lumières qui portaient en germe le refus du christianisme, voire à l’antisémitisme endémique, ou aux guerres de religion et cette incapacité à tolérer la liberté (de conscience, en l’occurrence). C’est un tout, difficile à dater mais les faits principaux sont là.
Je comprends que pour des Italiens d’il y a un siècle la France était attirante, voire exemplaire en comparaison de l’Italie d’alors, mais ce n’est pas incompatible avec le fait que la pente suivie était déjà une pente descendante.
Un pays de castors et de moutons ? Tiens… il me semblait que les Français sont des veaux, c’est même un certain Charles de Gaulle qui l’a dit !
https://www.les4verites.com/culture-4v/les-francais-sont-des-veaux
Alors là ! Rico , je suis totalement d’accord / Les Français sont des veaux .
Depuis le temps les veaux sont devenus des boeufs…
Et en ce qui concerne le castor, ne dit-on pas que le castor construit sa maison avec sa queue… bon, je sors.
Excellent article. Bravo
Excellent article que je partage.
Dans ces conditions ,je ne vois pas un quelconque sursaut possible.
Y compris pour la vieille Europe.
Quant a l immigration choisie ,elle pénalisera encore plus l économie du pays ,il suffit de lire l histoire des invasions barbares depuis 1400 ans .
Désolé, je ne suis ni un veau, ni un castor, ni un mouton.
La défaite de Vercingétorix, la guerre de cent ans, la guerre de trente ans, la révolution, Waterloo, 1870, 1917, 1940, 1962, 1968, 1981, 2012, 2017, combien ont dit que la France était foutue…
La France a une âme qui ne dépend pas des vents qui passent et qui resurgit quand on s’y attend le moins pour étonner le monde. (derniers exemples : la Manif Pour Tous puis les gilets jaunes)
@ Villiet
“Derniers exemples: la manif pour tous et les JG”. J’ai participé à l’une et soutenu l’autre. Pour quel résultat ? Le mariage homo voté, la PMA GPA en piste, Macron consolidé à 22% pour continuer son oeuvre destructrice.
Le Français se moque de l’avenir de son pays: il s’abstient de voter. Et il y a des tas de Français qui ont les moyens de s’acheter des quartiers préservés, loin de la diversité raciale tout en célébrant le vivre ensemble. Il faut qu’il soit durement frappé pour se réveiller, du genre avec des stukas allemands au dessus de sa tête.
Les municipales de 2020 vont peut-être précipiter les choses. Les résultats des européennes montrent que la liste charia a atteint 15-20% dans les quartiers islamiques (Mantes la jolie, Val fourré…), délaissant l’allié habituel idiot utile, la France (in)soumise. Donc aux municipales, on va voir arriver des soldats d’allah conseillers municipaux sortis tout droit de nos pires cauchemars. Avec les actions commandos qui prennent forme du genre de celles des burkini à Grenoble, on va passer à une nouvelle phase. Mais rien n’est certain quant à la réaction du Français, tant son aveuglement et sa lâcheté sont grands. Je pensais déjà naïvement que 250 morts abattus par l’islam allaient le faire réagir…
Votre article m’a beaucoup amusée et contient beaucoup de vérité. Néanmoins,
je ne suis pas bisounours, mais dire que la France est foutue ne présume pas de son avenir;
il y a Dieu merci, les municipales, l’an prochain, les départementales et régionales, l’année suivante et il y a 2022.
Macron aura fait beaucoup de dégâts d’ici là, c’est sûr, à l’égard de la population de classe moyenne à pauvre sans compter les retraités, mais le ras le bol risque encore de grandir et se manifester sous diverses formes, de même les prises de conscience.
Le défaut de ces élections aura été la multiplicité voulue des listes électorales -soi-disant pour donner plus de liberté de choix -qui aura empêché une union des partis souverainistes d’un côté, et des partis mondialistes de l’autre, ce qui était le principal enjeu de ces élections européennes. Mais c’est partie remise, je le pense
TOUT A FAIT D ACCORD !!! ILS ONT CHOISI : ENTRE “SECURITE” ET LIBERTE !!!
ILS ONT DEJA OUBLIE LES MUTILES, LES EBORGNES ET NOS MORTS POUR LA FRANCE D EN BAS !!!!
Je suis d’accord dans l’ensemble avec l’analyse de l’auteur mais un peu moins avec son pessimisme: le bon score du RN est un grand pas en avant même s’il y a encore du “boulot”…il faut éloigner de micron les bobos fonctionnaire à gros revenus injustifiés et leur faire comprendre que même s’ils siphonnent les caisses de l’Etat sans rien f. cela ne va pas durer et de toutes manières à quoi peut leur servir ces gros revenus s’ils se font occire par les mus à bref délai plus vite qu’ils ne le pensent? D’ailleurs même micron ne pourra pas les leur verser si les finances de l’Etat périclitent du fait des énormes allocs versés aux mus. 10 millions de mus coûtent plus que 30 millions de français sans parler de leur vandalisme,terrorisme, sabotages de toutes sortes, arrêt des investissements etc.