
Dans son enseignement, Jésus parlait parfois d’une géhenne de feu comme la destination évidente de ceux qui font le mal. Il s’inspirait de l’image terrible qu’offrait la décharge de Jérusalem (Gué hinnom) où brûlaient des ordures jour et nuit.
Ses paroles ont-elles été instrumentalisées ? Car l’idée même de l’enfer a terrorisé des générations de croyants. Durant des siècles implacables, les prédicateurs en usaient et en abusaient pour remettre les foules dans le droit chemin. Aujourd’hui, à l’inverse, les pasteurs évitent d’en parler, et le politiquement correct fait que ceux qui seraient en état de se poser la question d’une sanction de leurs comportements, ne se la posent même plus.
Les images de l’enfer ont parfois été fortes, révélatrices des angoisses de l’homme envers l’au-delà. Les écrits mythologiques de Virgile et l’enfer de Dante n’ont pas arrangé les choses, des fresques médiévales en témoignent ainsi que le tableau de Jérôme Bosch.
Aujourd’hui, pour disqualifier le tyran céleste d’autrefois, on nous présente un Dieu papa gâteau, et Polnareff chante « on ira tous au paradis », c’est un indicateur du fait que l’enfer a perdu le sens initial d’avertissement éthique que les évangiles voulaient lui donner. Certes, le fait que Dieu ait laissé la possibilité d’un enfer pour certains déviants semble incompatible avec sa miséricorde toute-puissante. Mais notre époque cool préfère qu’on mette en avant la miséricorde de Dieu, sans trop insister sur l’autre versant de cette divine générosité : la justice. Or sans justice, la miséricorde ne peut s’exercer.
En effet, la Bible nous dit que Dieu est amour, mais que le créateur a aussi instauré des lois et des règles dans sa création, il est le garant d’une cohérence du vivant dont certains aspects nous échappent encore. Ce qui fait que non seulement le cœur, mais aussi la raison de l’être humain est sollicitée. Aujourd’hui, notre époque relativiste et individualiste a canonisé la sincérité qui fait office de vérité, ce qui conduit souvent à confondre légal et légitime, minimisant la différence entre le bien et le mal, mais factuellement, l’illusion se heurte vite à ses limites.
Dieu est amour, il propose à l’homme d’aimer, de transformer le monde par l’amour, mais puisque nous sommes doués de liberté, la réponse humaine n’est pas garantie, on peut en effet dire non à cette perspective magnifique mais exigeante, et la mettre en échec. C’est là que prend sens l’image de l’enfer. Le refus de Dieu, de son amour, de son invitation à aimer, à privilégier la vie, entraîne des conséquences individuelles et collectives. Et dérives après dérives, cela devient vite un enfer, déjà dans ce monde. Qu’en sera-t-il dans l’autre au moment de franchir l’étape de l’évaluation ?
L’enfer se profile quand l’amour est bafoué, quand la haine se répand, quand la violence se banalise. Alors l’image de Dieu pourtant présente en chaque être humain devient opaque. Le combat de Jésus a été précisément de démasquer les forces du mal et de restaurer la dignité blessée, de rétablir le lien d’alliance avec Dieu au prix de son sang.
« Aux enfers, qui te rend grâces, Seigneur ? » dit le psaume 6. « Tu n’abandonnes pas ton ami au séjour des morts » Psaume 16.
Vision de fin des temps déjà bien différenciée chez le prophète Daniel : « Les morts qui dormaient dans la poussière de la terre se lèveront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte éternelle ». (Daniel 12.2)
La question de l’enfer présuppose la responsabilité humaine, ce qui entraîne des questionnements légitimes sur le présent et sur l’avenir. Catherine de Sienne se sentait personnellement concernée par la dérive maléfique de certains de ses contemporains. Elle priait en disant : « Comment supporterais-je Seigneur, qu’un seul de ceux que tu as voulu comme moi à ton image aille se perdre loin de toi ? »
Le credo affirme que Jésus « est descendu aux enfers ». Cela ne signifie pas qu’il est allé serrer la main du diable, il l’avait déjà côtoyé et affronté lors des tentations au désert. L’expression rappelle seulement qu’il a fait jusqu’au bout le voyage qui est celui de tout être humain et dont on ne revient pas. Mais lui en est revenu, il est le Vivant et il a ouvert le chemin d’éternité offert à tous. L’apocalypse dit qu’il « tient les clés de la mort et de l’hadès » (Apocalypse 1,18). Déjà, sur les routes de Judée et de Galilée, Jésus avait à cœur de transmettre le pardon de Dieu aux blessés de la vie. C’est par cette régénération que Jésus a ramené à la vie des êtres spirituellement morts. Il les a tirés du néant dans lequel ils avaient déjà un pied. Le terme enfer n’est pas présent dans le Nouveau testament, même s’il est question d’un rejet loin de Dieu. « Allez loin de moi, maudits ! Dans le feu éternel préparé pour Satan et ses messagers… » (Matthieu 25,41) C’est ce qui résulte du refus d’aimer, de soutenir le pauvre, la veuve et l’orphelin, l’étranger de passage, les démunis, et ce rejet vise tous ceux qui propagent la mort sociale, spirituelle ou physique. Hors de l’amour, point de salut !
L’accomplissement en Dieu de la vie humaine n’est cependant pas imposé : « Voici que je mets devant toi la vie et la mort, le bonheur ou le malheur. Choisis donc la vie pour que tu vives ! » (Deutéronome 30,15) Chacun exerce son libre arbitre, et l’enfer désigne toute auto-exclusion de la communion avec Dieu, le déni de l’accueil de l’autre. La mention de l’enfer ne devrait donc pas être comprise comme une intimidation ou une inexorable punition, mais comme un avertissement préventif qui suscitera non pas la culpabilité mais la responsabilité.
« Si ton œil est pour toi occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi. Mieux vaut que périsse un seul de tes membres plutôt que tout ton corps soit jeté dans la géhenne ! » (Matthieu 13,42). Ce n’est pas Dieu qui va jeter dans le feu purificateur celui ou celle qui a gravement blessé son visage présent en l’homme, mais c’est l’auteur d’attitudes condamnables qui se châtie lui-même, car on ne transige pas avec la vérité ultime que l’on rencontrera face à face. Dans cette lumière, il n’est plus possible d’appeler le bien « mal » et le mal « bien »…(Isaïe 5,20).
Si à la suite de Sartre, certains estiment que « l’enfer, c’est les autres », il en est qui envoient les autres en enfer, précisément parce qu’ils sont « autres »…
La question de l’altérité est au centre des débats actuels omniprésents autour de la tradition islamique, dans la mesure où elle affirme ne pas supporter les non-musulmans et les voue explicitement à l’enfer. Des musulmans combatifs, ou combattants pour Allah, s’appuient sur des injonctions coraniques pour persécuter ou éliminer ceux qui sont « autres ». C’est ainsi que les populations non musulmanes de Syrie et d’Irak, mais pas seulement, ont vécu un véritable enfer sur terre, en tant qu’infidèles châtiés pour leur mécréance. D’autres attentats portent la même marque mortifère.
L’agression des chrétiens par l’islam – conséquence d’une doctrine fausse – a été récurrente au cours des siècles, et ce n’est pas un hasard si une tenture monumentale se présente à un mur de la cathédrale de Bologne où l’on voit un Satan gigantesque tenir en ses griffes le prophète Mahomet.
Selon les évangiles, Jésus a voulu élargir à tous le salut offert par Dieu à son peuple et à toute l’humanité. Il a même inclus ses adversaires et ses ennemis dans cet amour universel. Mais l’entrée du Royaume reste néanmoins une porte étroite qu’il faut rechercher et choisir.
En ce monde enténébré par l’obscurantisme, la violence et les situations infernales pour tant d’êtres humains, le défi est pour les croyants de rester lumières au milieu de ces réalités qui assombrissent l’horizon. Toutes les armes spirituelles sont entre nos mains pour repousser l’adversité et ouvrir jour après jour le chemin d’un espoir et d’une paix véritable.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
Cet article est pour le moins très bien écrit.
(comme tous les articles de Dreuz d’ailleurs, merci à tous ses auteurs !)
Je valide …
Trop de gens ont pris l’habitude de plaisanter, d’atténuer l’enfer. C’est le lieu de perdition, un lieu de tourments. De voir certains (croyants ou non) trouver cet endroit pas si grave que ça… Pauvre d’eux ! Point de salut en Jésus, c’est l’enfer assuré, étant séparé de Dieu, on accède au Père que par le Fils. Si tous les moqueurs avaient un aperçu de ce qui se passe dans la géhenne, ils se repentiraient ultra vite, car ce qui les attends va durer l’éternité, déjà il est dur ici bas de rester dans les souffrances, alors dans cet endroit où leurs niveaux est *10000 il est évident qu’il y aura des grincements de dents…
C’est sans doute pour cette raison que le faux saint Jean paul II supprima pendant un temps bien trop long la chaire d’enseignement en démonologie du Vatican qui servait à former les exorcistes au sein de la défunte église catholique devenue par son action l’église “cathodique” ….
Pendant plusieurs dizaine d’années il était impossible de trouver un exorciste à Paris en s’adressant à l’archevêché . Seuls les prêtres orthodoxes se rendaient disponible pour cette tâche essentielle pour qui croit à la vie après la mort et à la présence parmi nous d’êtres profondément maléfiques . Le choix de celui qu’il ne faut pas nommer est aussi un choix d’homme libre mais il existe aussi de victimes collatérales , bien souvent des jeunes femmes qui se font séduire par ces anges déchus et deviennent des possédées qui répandront à leur tour le mal autour d’elles . Les seuls prêtres non orthodoxes qui acceptaient après examen par un psychiatre d’intervenir étaient ceux de l’ Eglise de saint Pie X .
Heureusement , dans la nuit de l’ esprit et de la foi que représenta le pontificat du polonais , un seul homme continua à combattre le mal .On n’avait pas supprimé son poste même si on lui avait enlevé tout subside pour remplir à bien son combat .
Songez que cet homme abandonné par une hiérarchie tout entière acquise aux idées marxistes et corrompue jusqu’à la moelle dans des affaires de blanchiment d’argent sale de la mafia continua même le dimanche à venir aider les malheureuses familles confrontées à l’intrusion du démon dans leurs vies …Et ce à plus de 80 ans !
Je ne saurai trop vous conseiller de vous procurer le livre du Père Gilles Jeanguenin :
Le Diable existe ! Un exorciste témoigne .
Le ministère de l’exorcisme est très bien organisé en Suisse romande. Il faut surtout beaucoup de discernement. Deux dangers: ne voir la présence du démon nulle part, la voir partout.
Monsieur l’abbé,
Je prêchais il y a 15 jours sur les caractéristiques de la vraie église Epouse du Christ. Notamment sur la vérité qui y est enseignée, loin des évangiles édulcorés ou de la prospérité. Je partageais 2 Timothée 4.3 notamment”Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs,… ”
2 sujets sont soigneusement évités de plus en plus dans la future (ou déjà actuelle ?) église apostate:le péché et la seconde mort spirituelle, c’est à dire l’enfer.
Etonnant de concordance tout cela….. Dieu est amour et grâce mais il est justice aussi.
Merci pour ce très bon article auquel j’adhère.,il est temps de ne plus enseigner des mensonges.
La Géhenne n’était elle pas aussi avant d’être la décharge de Jérusalem, l’endroit où les cananéens offraient leurs enfants en sacrifice à Molock, dans des fours géants le représentant ?
oui, même à l’époque de Jésus il y avait aussi des cadavres d’animaux et des charognes sur la décharge de la géhenne, et antérieurement il y avait eu des sacrifices humains.
Prions tout particulièrement pour les jeunes qui sont des proies faciles, victimes de certaines musiques rituelles sataniques. Les jeunes, dont la plupart souffrent d’une insondable solitude, sont à la recherche de sensations fortes et se livrent corps et âmes à ces courants malsains sans se douter que cela les vampirise…
L’enfer ne serait pas un endroit où Dieu nous jetterait en cas de mauvaise conduite, mais plutôt un endroit où l’on se rendrait soi même, un pas après l’autre, parfois délibérément. Et cette réalisation, cette culpabilité, est précisément ce qui rend la souffrance si insupportable : elle ne vient pas d’un autre, ni même de la tragédie aveugle, mais de nous-même. La miséricorde, finalement, c’est la possibilité de changer, de revenir sur ses pas et de s’éloigner de cet endroit, si on le désire sincèrement et que l’on demande pardon.
Dante voyait dans la trahison le pire de tous les péchés (là où Satan lui-même est emprisonné). Combien de gens souffrent parce qu’ils ont trahi les gens qui les aimaient? Judas lui-même ne s’est-il pas pendu? N’est-ce pas là une forme d’enfer qu’ils se sont eux-même infligée? (ou peut-être plus exactement par leur conscience?) C’est au final quelque chose de très réel, de directement observable (du moins en partie, et à des échelles naturellement très différentes), alors que cette notion peut paraître purement métaphysique au premier abord.
En tout cas c’est ainsi que je vois la chose.
De toute façon, les musulmans représentent l’enfer avec leur culte satanique. Le démon se trouve dans chaque page de ce livre maudit
Monsieur l’ Abbé
Comme d’habitude j’aime lire vos articles qui sont pour la plupart trop intelligents pour
moi.
Pour l’autre monde je ne sais pas mais pour le monde actuel cela me semble plus
“infernal” que tout.
On s’aperçoit que le cercle des ambitieux en démographie imagine qu’une humanité sous forme de multitude adorant le chef des démons peut par la force de son esprit supplanter le Créateur.
On dirait que cette organisation compte sur les cerveaux les plus faibles mentalement pour remplir cette mission de confiance. Cerveaux non pas plus faibles par constitution, mais dont la culture, rend plus manipulables pour cette action.
Les membres influents de cet amalgame paraissent avoir pour fil conducteur une sorte de sentiment de supériorité très bien décrit dans le film “la corde” d’alfred Hitchcok où l’hommoncule d’action du groupe qui a divorcé pour s’adonner aux activités entre garçons initiés en a retiré un sentiment de supériorité qui lui donne le droit de vie et de mort sur les êtres inférieurs.
hummm, les notions de bien et de mal, d’ordre moral, se situent dans l’Horizontalité,; la spiritualité se situe, elle, dans la verticalité, entre d’une part la voie de l’enfermement et du rétrécissement, de la densification et de l’opacité (la voie ténébreuse…vers le “mal”absolu), qui conduisent vers le bas et la régression, et d’autre part, la voie de l’ouverture et de l’union, de la synthèse et de la lumière, qui nous conduit à l’Eternel (la voie du “bien” suprême).