Publié par Jean-Patrick Grumberg le 2 mai 2019

Le conseil professoral de l’Université DePaul, la plus grande université catholique du pays, a formellement condamné le professeur Jason Hill*, déclarant qu’il encourage les « crimes de guerre », pour ses propos sur Israël.

Une résolution, qui a été adoptée par une majorité de professeurs, affirme que leur collègue a « abusé de sa liberté académique » en publiant un article dans le Federalist (1), où il argumente, plutôt brillamment d’ailleurs, en faveur du droit moral d’Israël à annexer la Judée et la Samarie, et retirer le droit de vote aux Palestiniens. Etrangement, c’est exactement ce que je crois. Je pense qu’un système proche de celui de Porto Rico serait une bonne approche.

Un climat hystérique

Manifestation dans le hall du département Arts & Lettres le 24 avril, appelant DePaul à censurer le professeur Jason Hill pour son article dans The Federalist

La gauche, et particulièrement les universités largement affectées par l’absence de diversité d’opinion, ne tolère aucune opinion divergente. Elle vient encore de le démontrer quand un professeur, un de leur symbole de la politique identitaire, homosexuel, immigrant jamaïcain, et qui plus est noir, a trahi la pensée collective imposée par son groupe : il a pris le parti d’Israël, avec force et arguments, alors qu’un immigrant homosexuel et noir est supposé, selon une règle non écrite mais bien comprise, adhérer dans leur totalité aux idées progressistes.

  • Le crime est si grand, qu’une pétition (2) demandant à l’Université de censurer Hill a été lancée par une coalition étudiante composée d’organisations telles que Students for Justice in Palestine et DePaul Democrats. Ce jeudi, elle a atteint plus de 3 300 signatures.
  • Mais ce n’était pas assez pour punir un tel crime. Un des membres du corps professoral a condamné Hill pour avoir produit « une recherche de mauvaise qualité » et « pour ne pas avoir assumé ses responsabilités en tant que membre de la communauté académique. » Ses « responsabilités » étant de ne pas s’éloigner des positions de la communauté académique.
  • Selon le président du conseil professoral, Scott Paeth, les membres du conseil de la faculté ont vu que

“Les étudiants avaient des sentiments forts sur le sujet [l’article de Hill] et pour beaucoup d’entre eux, il se s’agissait pas d’un principe moral abstrait, mais de ce qu’ils pensaient [du sujet] en tant que musulmans, arabes, palestiniens”.

Le texte de la résolution condamnant Jason Hill indique entre autres :

“Le Conseil des études exhorte le professeur Hill à reconsidérer sérieusement ses positions sur ces questions [annexion de la Judée Samarie], à prendre connaissance des points de vue d’autres chercheurs sur ces questions, ainsi que du préjudice réel que ses paroles ont causé aux étudiants et aux autres membres de notre communauté, et à s’abstenir à l’avenir d’abuser de sa liberté en tant que chercheur sur des questions controversées « .

Autrement dit : rentrez dans le rang, pensez comme tout le monde, abstenez-vous d’émettre un avis différent, et taisez-vous. Voilà ce que fabriquent les universités américaines : des zombies décervelés incapables d’entendre la moindre opinion contradictoire, et encore moins capables d’y répondre de façon argumentée.

Jason Hill ne plie pas, ne se soumet pas

Jason Hill n’en est pas à sa première controverse. En fait, rien n’arrête ce libre penseur conservateur (3).

  • En 2017, il déclarait que les gauchistes bénéficiaient de la dépendance des Noirs, qui votent massivement Démocrate, lesquels les maintiennent dans la dépendance et la pauvreté avec leurs programmes d’aide.
  • Quelques mois plus tard, Hill demandait au président Trump d’envoyer des troupes à Chicago pour mettre fin à la violence entre Noirs.
  • Peu de temps après, il s’est mis en colère contre les universités américaines, demandant qu’elles soient “fermées” et vidées de l’argent des contribuables parce qu’elles ressemblent fortement à des “machines de propagande” socialistes.

Les universités risquent de “devenir des menaces pour la sécurité nationale” parce que “les chercheurs en sciences humaines et sociales déclarent de plus en plus que l’argumentation moderne est une forme blanche et occidentale de domination et d’impérialisme linguistique”, écrit Hill.

» On ne peut pas discuter avec de telles personnes. La seule alternative est de fermer les universités. »

A leur place, les universités devraient être reconstruites sur « l’individualisme, le capitalisme, l’américanisme, la liberté d’expression, l’autonomie et la moralité de la création de richesse », écrit le professeur.

Mais son dernier morceau de bravoure sur Israël dépasse tous les autres…

Le droit moral d’Israël

“Israël a le droit moral d’annexer toute la Judée Samarie, pour une pléthore de raisons. Le droit d’Israël à exister n’est pas négociable et il a le droit d’appliquer unilatéralement la loi israélienne sur son État-nation » affirme Hill.

“Israël a commis une erreur altruiste envers le peuple palestinien après la guerre défensive de 1967 avec la Jordanie, poursuit le professeur. Plutôt que de les considérer comme des « colons de guerre » ou des réfugiés et après avoir légalement occupé un territoire conquis, Israël devait les considérer comme des « occupants illégaux ».

Après la victoire, les « colons de guerre » palestiniens auraient pu être considérés comme des ennemis de l’Etat et traités comme tels. Mais Israël les a traités comme des êtres humains dotés de droits spécifiques et inaliénables.

Sous un autre ensemble de sensibilités politiques, le peuple palestinien aurait été militairement éloigné de la région parce que, moralement parlant, après la guerre de 1967, il n’avait pas sa place.

La réponse appropriée d’Israël aurait dû être d’annexer immédiatement la terre et de faire en sorte que les Palestiniens qui y résident deviennent la responsabilité de leur patrie politique d’origine : la Jordanie.

Il ne peut y avoir de « territoire palestinien » légitime dans une région géographique légalement saisie lors d’une guerre défensive lancée par un agresseur étranger. Le but de la guerre est toujours de vaincre l’ennemi.

Israël a été contraint à une guerre qu’il a gagnée. Et on s’attend à ce qu’elle renonce et répudie les conséquences de sa guerre équitablement gagnée, en capitulant devant les conditions de son ennemi vaincu ?

Le vainqueur devrait, entre autres objectifs d’autosacrification, octroyer le statut d’État, l’autonomie, le droit au retour et l’élimination ultime des Juifs de la région ?

Protéger l’exceptionnalisme juif pour le bien de l’humanité

Jason Hill poursuit :

L’exceptionnalisme juif et la nature exceptionnaliste de la civilisation juive exige un espace inconditionnel pour l’évolution continue de leur civilisation. Ce qui est bon pour la civilisation juive est bon pour l’humanité en général. La civilisation juive est un trésor international qui doit être protégé.

Infériorité de la culture islamique

Toutes les cultures ne sont pas égales, ajoute Hill qui décidément n’a pas froid aux yeux.

Certaines sont terriblement inférieures et régressives en raison de leur philosophie globale et de leurs principes fondamentaux – ou de leur absence – qui guident ou ne protègent pas les droits inaliénables de leurs citoyens.

Pas de droit de vote pour ceux qui votent en faveur du terrorisme

Étant donné les habitudes de vote des Palestiniens – en faveur de l’islamisme et des organisations terroristes pour la plupart – qui prônent ouvertement la destruction et l’anéantissement des Israéliens et des Juifs, et travaillent ouvertement en leur faveur, on peut et on devrait faire valoir un argument solide pour priver les Palestiniens de leur droit de vote – un point c’est tout.

Ecraser l’ennemi et le réduire en poussière

Si un conflit régional éclate entre Israël et ses voisins arabes, Israël devra faire preuve d’une puissance militaire extraordinaire, excessive et sans précédent, d’une manière qui puisse avoir un effet dissuasif et, si nécessaire, détruire irrévocablement ses ennemis offensifs.

Samy David Jr disait volontiers qu’il était « juif, noir et borgne ». Jason Hill est homosexuel, immigré, noir, catholique et – ce qui est impardonnable – conservateur, capitaliste, pro-israélien, anti-socialiste, et défenseur du libéralisme économique.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

*Jason D. Hill est professeur distingué de philosophie à l’Université DePaul de Chicago. Ses domaines de spécialisation comprennent l’éthique, la philosophie sociale et politique.

  1. The Federalist
  2. Change.org
  3. The college fix

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