Publié par Magali Marc le 4 juin 2019

La cérémonie principale de commémoration pour le 75e anniversaire du Jour J se tiendra le 6 juin à Courseulles-sur-Mer. La contribution des Canadiens à cette bataille historique sera soulignée lors de cette cérémonie internationale. On y évoquera comment 15 000 d’entre eux ont débarqué ce jour-là sur Juno Beach, l’une des cinq plages mythiques du Débarquement (les autres étant Sword, Gold, Utah et Omaha).

Dirigée par le major-général Keller, la 3e division d’infanterie canadienne, qui comprenait notamment le régiment québécois de la Chaudière, ainsi que la 2e brigade blindée canadienne a libéré en quelques heures les villages de la côte (Courseulles, Saint-Aubin, Bernières) et des environs. Certains témoins de l’arrivée des Québécois s’attendaient à voir des Américains. Michel Le Gallo, 82 ans, un témoin du Jour J, qui habitait alors Courseulles explique: « Les Québécois parlaient le patois normand de chez nous. Les pêcheurs et les agriculteurs le parlaient. Alors on se comprenait.»

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit cet article (non signé) paru le 2 juin dans le Toronto Sun.


75 ans plus tard, les Canadiens se souviennent du rôle qu’ils ont joué lors du débarquement du Jour J.

Lorsqu’il sauta de sa péniche de débarquement dans les eaux profondes au large de la côte normande, le 6 juin 1944, Jack Commerford ne songeait pas au rôle qu’il allait jouer dans ce qui allait devenir l’un des événements les plus importants de l’histoire.

Le jeune homme de 20 ans de Terre-Neuve-et-Labrador, qui s’était engagé dans l’armée trois ans plus tôt pour abattre des bombardiers allemands, était trop occupé à faire son travail – et à essayer de rester en vie – pendant l’assaut tant attendu des Alliés pour libérer l’Europe des Nazis.

« Je ne faisais que penser à mes fonctions à ce moment », se souvient Commerford, aujourd’hui âgé de 95 ans. « Aller là où on m’envoyait et faire ce qu’on me demandait, c’est ce qui m’intéressait en premier lieu. Je ne suis pas sûr de ce que je pensais de cette guerre

L’invasion de la Normandie est largement considérée comme l’un des tournants de la Seconde Guerre mondiale, alors que les alliés ont brisé le mur de l’Atlantique prétendument imprenable d’Hitler et ont commencé la marche vers l’ouest vers Berlin pour rencontrer les Soviétiques venant de l’Est.

Mais au Canada, qui avait pris son essor après la prise de la crête de Vimy lors de la Première Guerre mondiale, le Jour J et la conflagration qui l’a engendré ont donné au pays la chance de trouver ses marques et de s’établir dans le monde.

Au début de la guerre, en 1939, le premier ministre de l’époque, William Lyon Mackenzie King, craignant une autre crise de la conscription, voulait empêcher son pays de s’engager trop profondément. La conscription, instaurée en 1917, avait presque déchiré le Canada pendant la Première Guerre mondiale, alors que de nombreux Canadiens (…) dénonçaient le fait d’être forcés de combattre en Europe.

Mackenzie King a adopté une politique de «responsabilité limitée», dans laquelle les principales contributions du Canada étaient de petits contingents destinés à aider à défendre l’Angleterre et la fourniture de nourriture, d’équipement et de formation pour aider les alliés.

« Mais la guerre ne s’est pas déroulé pas comme tout le monde s’y attendait », affirme l’auteur et historien Jack Granatstein, ancien directeur du Musée canadien de la guerre.

Les Allemands, en 1940, ont tout balayé d’un coup, le Canada est devenu le principal allié de la Grande-Bretagne. De participant à responsabilité limitée, nous étions soudain le principal allié de la Grande-Bretagne. Et c’est ainsi que l’effort de guerre au Canada a été mis à rude épreuve.

Cela comprenait le ré-outillage de la jeune base industrielle du Canada pour commencer à produire en masse des armes, des aéronefs, des navires de guerre et des chars d’assaut, ce qui a jeté les bases de l’innovation et de la prospérité économique que les Canadiens connaissent aujourd’hui.

(…)

En 1931, les Canadiens sont devenus maîtres de leurs propres affaires grâce au Statut de Westminster, une loi britannique qui a fait du Canada un pays souverain. Avec le jour J et la guerre, le pays a retrouvé rapidement une confiance en soi qui n’avait d’égal que son désir de paix.

Cela s’est manifesté par le rôle du Canada en tant que fondateur de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, créée principalement pour contrer l’agression soviétique en Russie, et par son ferme appui aux institutions internationales comme les Nations Unies pour faire pression en faveur d’un ordre international fondé sur des règles.

Il était clair que le Canada faisait son entrée sur la scène internationale, qu’il devenait un joueur important.

Assis au Centre de santé Perley-Rideau pour anciens combattants, à Ottawa, avec ses médailles militaires fièrement épinglées sur sa poitrine, Jack Commerford fait écho à cette évaluation :

Je vois le Canada et ses dirigeants comme faisant continuellement des choses qui encourageront ou aideront à maintenir la paix, non seulement au Canada mais aussi ailleurs. Et je pense que le Jour J et la Seconde Guerre mondiale ont contribué à ce désir de paix.

Le Canada a commencé la guerre avec une armée régulière de 4 200 hommes. En fin de compte, environ 1,1 million de Canadiens porteront l’uniforme. Ils étaient partout, qu’il s’agisse de bombarder des villes allemandes, d’escorter des convois navals de l’autre côté de l’Atlantique ou de se battre maison par maison en Italie.

Mais le Jour J était le grand jour, l’attaque que tout le monde attendait. Et si deux des plages du débarquement de Normandie ont été attribuées aux Américains et deux aux Britanniques, la cinquième – un tronçon de huit kilomètres nommé Juno – était entièrement canadienne.

« L’une des cinq plages était la nôtre » affirme Tim Cook, historien du Musée canadien de la guerre. « Nous devions la prendre. Et l’un des défis duJour J, c’est que si la prise d’une plage échouait, ils risquaient tous d’échouer ».

Des années de préparation et d’entraînement après les dures leçons de Dieppe – le raid désastreux qui avait fait deux ans plus tôt 900 morts et près de 2 000 prisonniers canadiens – ont été mises à l’épreuve lorsque la première péniche de débarquement a atteint la plage à 7 h 45 du matin.
Les pertes au cours de cette première vague ont été lourdes lorsque les Canadiens se sont avancés bravant un tourbillon de tirs allemands. À la fin de la journée, 340 personnes avaient été tuées, soit plus du double du nombre de ceux qui ont péri pendant les 13 années de guerre que le Canada a passées en Afghanistan. Cinq cent soixante-quatorze autres avaient été blessées.

Pourtant, l’assaut a été un succès. Les Canadiens se sont avancés plus loin que n’importe qui d’autre ce jour-là, tandis que les pilotes canadiens surveillaient le ciel et que plus de 100 navires de la Marine royale du Canada, dotés de 10 000 marins canadiens, gardaient la Manche ou transportaient les troupes et l’équipement jusqu’à terre.

L’un d’eux, Alex Polowin, a servi à bord du NCSM Huron et compare le sentiment qui l’animait à celui d’un boxeur qui se prépare à combattre un adversaire.

« Tu as peur dans ton for intérieur, tu dois haïr cette personne. Tu as cette montée d’adrénaline qu’on t’impose en boxe. Mais c’est normal

La guerre allait durer près d’un an de plus. Certains des combats les plus durs se sont déroulés après le Jour J, lorsque les alliés sortirent des plages et se rendirent dans le reste de l’Europe occidentale.

En fin de compte, 45 000 Canadiens en uniforme ont perdu la vie pendant cette guerre.

Mais le Jour J a eu tendance à éclipser les efforts canadiens subséquents, lors, notamment de la bataille de l’Escaut, la bataille de l’Atlantique et la libération de l’Italie.

En 1999, le Jour J a été choisi comme l’événement d’actualité canadien du siècle dans le cadre d’un sondage de l’agence Presse Canadienne.

« Le Canada a été fondamentalement transformé par la Seconde Guerre mondiale », affirme l’historien Tim Cook. « Choisir un événement isolé est un peu simpliste, mais le Jour J est devenu n symbole

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Sources:

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