Publié par Christian Larnet le 16 juin 2019

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, était en visite à Ankara cette semaine.

Les relations entre les deux pays ne sont pas au beau fixe. Elles sont très tendues sur plusieurs sujets, dont le Parti de l’union démocratique kurde (PYD), la demande de la Turquie d’ouvrir des écoles en France et d’autres questions épineuses.

Le Drian devait discuter d’un large éventail de questions, dont la guerre en Syrie, les tensions en Méditerranée orientale et l’agenda agité de l’Union européenne en Turquie.

  • En mai, la Turquie avait rejeté une déclaration française sur les activités de forage d’Ankara sur son propre plateau continental dans l’est de la Méditerranée, après que Paris eut rejoint les avis internationaux qui s’inquiétaient du lancement par la Turquie de forages pétroliers et gaziers dans la région.
  • Le 8 mai, le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu a appelé la France à revoir ses liens avec le Parti démocratique kurde, qu’Ankara considère comme la branche syrienne du PKK, illégal en Turquie.
  • En avril, le président français Emmanuel Macron avait reçu des représentants du parti, les assurant du soutien de la France dans la lutte contre ISIS.
  • La dernière dispute entre les deux pays portait sur la demande de la Turquie d’ouvrir des écoles en France, soutenues par son ambassade. Le ministre français de l’Education, Jean-Michel Blanquer, avait déclaré que la France n’accepte pas l’idée que la Turquie ouvre des lycées en France parce que le gouvernement turc “veut transmettre son idéologie en France à travers ces écoles”.

Le ministre français des Affaires étrangères devait également soulever la question de la détention de deux universitaires, Tuna Altınel, chercheur à l’Université de Lyon, et Füsun Üstel de l’Université de Galatasaray, qui ont participé à une réunion sur la question kurde en France. Dans une déclaration, le ministre français a déclaré qu’il ferait de son mieux pour libérer les deux universitaires.

Les relations troublées de la Turquie avec l’UE, en particulier après que le rapport annuel de la Commission de l’UE ait suggéré que le pays s’éloigne davantage de la démocratie, étaient également à l’ordre du jour des discussions à Ankara.

Le rapport de l’UE évoquait un sérieux recul des valeurs démocratiques et des libertés et droits de l’homme fondamentaux en Turquie, et appelait le gouvernement turc à inverser la situation par des réformes.

Passe d’armes musclée

Le 14 juin, le président français Emmanuel Macron a haussé le ton et exhorté la Turquie à mettre fin aux “activités illégales” dans la zone économique exclusive de Chypre, et a déclaré que l’Union européenne ne reculerait pas sur cette question.

Les membres de l’Union européenne ont fait pression sur la Turquie pour qu’elle abandonne ses projets de forage en mer à la recherche de gaz naturel dans une zone revendiquée par les autorités chypriotes dans le cadre de leur zone économique exclusive entourant l’île.

Chypre occupée

Je tiens à réitérer ma solidarité avec Chypre ainsi que mon soutien et mon respect pour sa souveraineté. La Turquie doit mettre fin à ses activités illégales dans la zone économique exclusive de Chypre”, a déclaré M. Macron à l’issue d’un sommet des chefs d’État de l’Union de l’Europe du Sud, ce vendredi 14 juin à Malte.

L’Union européenne ne montrera aucune faiblesse à cet égard”, a-t-il déclaré.

Le président Macron s’est rangé du côté de Chypre, dont la Turquie occupe illégalement une partie de l’ile. “L’Union européenne ne montrera aucune faiblesse à cet égard”, a-t-il déclaré.

Macron a également approuvé les mandats d’arrêt délivrés par Chypre à l’encontre de l’équipage du navire de forage turc Fatih.

Cinglante réaction d’Erdogan

Et vous, vous êtes quoi au juste ?

D’où vient le droit de la France de dire quelque chose sur la Méditerranée orientale ? La France n’a pas voix au chapitre en Méditerranée orientale a rétorqué Erdogan devant un groupe de journalistes turcs alors qu’il revenait d’une conférence internationale au Tadjikistan, samedi 15 juin.

Ceux qui ont le droit de parler de la Méditerranée orientale peuvent parler. Quand la France a-t-elle eu le droit de parler de la Méditerranée orientale ? A-t-elle une côte en Méditerranée orientale ?

M. Macron est très inexpérimenté dans ces questions. Il ne s’est toujours pas habitué à son métier. Beaucoup de temps passera probablement avant qu’il le soit.

En tant que France, vous n’avez pas droit à vous exprimer sur ce sujet, a poursuivi Erdogan. Selon le droit international, les habitants de Chypre dans leur ensemble partagent toutes les opportunités qui s’offrent à eux et qu’ils soient grecs, turcs ou chypriotes, ils ont tous l’égalité des droits.

Puis Erdogan a fracassé Macron :

De quoi vous vous mêlez ici ? Nous sommes une nation garante à Chypre. La Grèce et le Royaume-Uni sont garants. Et vous, vous êtes quoi au juste ?

Oh, vous parlez peut-être au nom de Total …. Dans ce cas, ça veut dire que vous n’êtes plus président, mais que vous avez une nouvelle casquette, celle d’avocat de Total.”

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Christian Larnet pour Dreuz.info.

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