Publié par Gilles William Goldnadel le 17 juin 2019

Entre l’évolution alarmante de la justice des mineurs, le traitement du procès Balkany et le rigorisme des adeptes de la théorie du genre, Gilles-William Goldnadel rétablit certaines vérités qui ne sont pas toujours bonnes à dire.

Cette semaine encore, certaines thématiques ne devraient être écrites que du bout des doigts et éviter d’être dites de peur de se brûler la langue.

Mais avant que d’examiner les questions brûlantes, de la répression des enfants mineurs à celle de M Balkany, du genre à l’union des droites, une question plus générale me hante et à laquelle je ne répondrai, faute d’en connaître la réponse: dans le combat culturel que livre le discours populiste et maladroit au politiquement correct mieux médiatisé, qui est en passe de l’emporter?

Les corrects qui impressionnent encore de leurs malédictions une frange de l’opinion impressionnable ou les frustres qui inspirent la sympathie pour les maudits?

Les résultats s’annoncent serrés, merci de répondre à la rédaction qui transmettra.

Les enfants d’abord. Il est toujours ingrat de devoir réprimer les mineurs. En France, l’idéologie de Gilbert Cesbron et de ses chiens perdus sans colliers a toujours cours dans les milieux qui ne risquent pas beaucoup d’être cruellement mordus. L’un des phénomènes majeurs de l’époque concerne l’ensauvagement des enfants. Ils n’ont plus grand-chose à voir, ni physiquement ni psychologiquement avec ceux du siècle précédent. Dix centimètres et dix kilogrammes de plus. L’autorité du père ou du maître ne sont plus. Ils ont à la merci des vidéo-clips de raps et des vidéos -films pornographiques qui ont en commun la haine et la violence débridées.

Sans parler d’une immigration dont il faut bien parler avec son intégration largement ratée. Dans les quartiers, les grands frères ne peuvent plus tenir les petits. Ou quand certains les tiennent, c’est pour mieux s’en servir. Voilà pourquoi certains mineurs sont armés ou pratiquent des tournantes dans les caves. Par une très cruelle coïncidence, ce jour du 13 juin où Mme Belloubet annonçait son intention de déresponsabiliser pénalement les mineurs de 10 à 13 ans, sous les applaudissements compromettants du Syndicat de la Magistrature, Angélique Negroni publiait dans le Figaro un article intitulé: «ces insaisissables «mineurs marocains» qui hantent les villes». On y découvre des mineurs violents et incontrôlables «des groupes d’enfants qui viennent s’échouer dans des villes à la recherche de squats, d’abris de fortune et de rapines.» «Au début on les avait aidés mais ils se sont montrés trop violents avec nous et ils ont commis trop de vols dans le quartier» raconte une jeune femme thaïlandaise. On apprend également que les magistrats déboussolés nomment «mijeurs» les jeunes délinquants sans-papiers dont il n’est pas possible avec une juridique certitude d’établir l’âge précis et la possibilité de réprimer.

C’est dans ce contexte sociétal effrayant, que la garde des Sceaux a décidé benoîtement que les mineurs entre 10 et 13 ans ne seraient plus poursuivis pénalement. Au-delà du message désarmant pour les plus grands qui pourront donc les instrumentaliser impunément, il faut bien comprendre que la justice sera plus désarmée encore. Certes, entre 10 et 13 ans, les mineurs n’étaient heureusement pas emprisonnés, mais le juge avait la possibilité d’ordonner un placement en internat ou en maison éducative. Il pouvait également interdire certains quartiers ou certaines fréquentations. Désormais aucune mesure pénalement contraignante ne pourra plus être prononcée.

Comme toujours les faux gentils du camp du Bien se réjouissent. C’est le cas de Cécile Untermaier, députée PS de Saône-et-Loire: «de toute façon, on ne peut infliger une peine comme une incarcération à un mineur de moins de 13 ans mais seulement des sanctions dont j’espère bien qu’elles seront converties en mesures éducatives».

Mais Paule Gonzales dans son article du Figaro du 14 juin rappelait à la députée oublieuse son rapport parlementaire sur la justice des mineurs du mois de janvier: «il existe une tendance à l’aggravation des infractions commises et au rajeunissement de leurs auteurs. Certaines bandes organisées n’hésitent pas à utiliser des mineurs de moins de 13 ans-qui ne peuvent pas être mis en garde à vue-pour des infractions d’atteintes aux biens et de trafics de stupéfiants».

Qui veut faire l’ange, fait la bête. Et Mme Belloubet fait bien l’ange.

Toujours dans le domaine judiciaire, certaines choses deviennent indicibles. C’est ainsi qu’il est très difficile de dire tout haut que l’on trouve trop sévères les réquisitions du parquet à l’égard de M. Balkany. Allons-y tout de même en y mettant des gants, en précisant qu’on peut parfaitement trouver l’homme maladroit, antipathique et arrogant.

Il n’en demeure pas moins que les réquisitions de sept ans de prison ferme – avec mandat d’arrêt nonobstant appel – sont exceptionnelles en pareille matière et par conséquent à mes yeux excessives donc injustes.

Je ne suis pas le plus mal placé pour dire que certains délinquants violents d’habitude ne se voient pas condamnés à pareilles peines. Et je suis de ceux qui persistent à penser que rien n’est pire que la violence physique.

J’ajouterai, pour aggraver mon cas, que j’ai rarement vu un présumé innocent traité médiatiquement avec autant de morgue. D’autres que lui, parfois présumés d’assassinat, sont traités sur les ondes ou sur papier avec moins de méchanceté et davantage de prudence, quand bien même leur système de défense ou leur délégation pourrait aussi donner à rire.

Il me semble, sauf à influencer le prétoire, que les chroniqueurs ne devraient être, au moins avant l’arrêt de rigueur, ni rieurs ni tricoteurs. 

Autre genre où il devient interdit de s’exprimer tout haut: précisément le genre.

Un écolier écossais l’a expérimenté à ses dépens, ainsi que le prouve une vidéo qui tourne avec fort succès.

Pour avoir osé contredire son maître qui professait l’existence de multiples genres, en lui opposant qu’il n’en connaissait scientifiquement que deux, le masculin et le féminin, la forte tête a été expulsée du cours séance tenante.

Quelques heures plus tard, alors que l’éconduit lui demandait raison, le docte enseignant, un peu gêné, se réfugiait derrière «l’école inclusive» et «la politique scolaire d’autorité nationale».

Nous vivons une époque d’intolérance ou une théorie mensongère est niée par ceux qui veulent l’imposer et où la vérité est un mensonge obscène.

Abordons pour terminer sur la pointe des pieds, ce désir d’union des droites qui vaudrait d’être excommunié.

Un conseiller régional PS d’Île-de-France, M. Pierre Kanuty, s’est cru autorisé à gazouiller ainsi: «après l’Andalousie, la coalition de la honte se reforme à Madrid. La mairie de Madrid repasse à droite à la faveur d’une alliance avec l’extrême droite…».

À ce monsieur, membre de la gauche morale et du camp du Bien réunis, j’ai cru bon de répondre qu’il semblait moins honteux d’avoir porté Anne Hidalgo à Paris avec l’assistance du Parti Communiste.

C’est mal de l’avoir dit?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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