Publié par Dern le 21 juin 2019

On pensait qu’ils avaient atteint le fond, les tréfonds des dénonciations bizarres pour crimes de pensée. On pensait qu’en creusant davantage, ils allaient trouver du pétrole ou peut être des idées. En réalité, ils s’enterrent dans le trou qu’ils ont creusé.

Aujourd’hui, Mesdames et Messieurs (et autres), on peut être sexiste en choisissant le mauvais chat. Reportage au cœur des abysses, prévoyez les sangles et les mousquetons, on descend profond.

La nouvelle vocation des films

Là où avant, le rôle des films était de nous faire passer un bon moment contre des sommes de plus en plus exorbitantes, aujourd’hui, leur rôle est de vous montrer des femmes.

Non seulement on les exhibe comme la dernière trouvaille d’un cabinet de curiosité, mais en plus il faut que ces dames fassent remarquer avec la plus grande arrogance que ces messieurs ne servent à rien.

Puis les actrices elles-mêmes, se sentant investies du pouvoir des héroïnes qu’elles incarnent, ont exprimé le souhait de renommer les licences entières dans lesquelles elles jouent.

Sansa donne le ton

Cette mode a débuté avec les X-men, et plus précisément avec Sophie Turner, qui incarne Jean Grey, le Dark Phoenix, dans le dernier opus X-men sorti en juin 2019. La belle et talentueuse jeune femme fut connue pour le rôle de Sansa dans Game Of Thrones, et plus récemment pour sa sortie d’après laquelle elle ne souhaite plus travailler dans des Etats interdisant l’avortement. Elle se déclare féministe et apprécie que la licence pour laquelle elle incarne le rôle de Jean Grey adopte une ligne concordante.

« Il s’agit vraiment de “X-Women”, cette fois ! J’en avais assez des Superman, Batman, Spider-Man, man, man, man… C’est agréable de constater que ce sont aujourd’hui des super-héroïnes qui mènent la danse et sauvent le monde. J’aurais aimé avoir ce genre de modèles quand j’étais enfant. » Ce type de déclaration, outre son ridicule consommé, implique une fermeture d’esprit particulièrement marquée : les jeunes filles ne pourraient-elles pas prendre des modèles masculins, pour porter les valeurs qu’ils incarnent plutôt que leur sexe de naissance ?

Combats de salon

Et quid de l’appellation X-women ? Imaginez, en 2019, on dit encore les X-MEN, les hommes-X si on traduit. Alors que si on transformait astucieusement ce nom en X-Women, on verrait immédiatement la fin de l’excision, des emplois peu qualifiés pour ces dames ainsi que des douleurs de l’accouchement !

Un autre problème réside dans le fait que les scénaristes ont poussé des lignes de textes artificielles, hors contexte, qui n’ont rien à voir dans la scène dans laquelle elles apparaissent, pour le plaisir d’exhiber ses médailles de féminisme : « Les femmes sauvent toujours les hommes ici, dit la belle Jean Grey au Professeur Xavier, rendu infirme pour s’être pris une balle en essayant de sauver le monde. Vous devriez penser à modifier le nom [de notre groupe] en X-Woman ». Non seulement la déclaration dans ce contexte est d’un ridicule consommé, mais en plus elle ouvre un débat dont personne ne se souciait avant : la guerre des sexes.

Pourquoi ce besoin de préciser qu’on est une femme ou un homme chaque fois qu’on fait quelque chose de bien ? Cette tendance à croire qu’il y a d’un côté la Team Femmes et de l’autre l’Equipe Hommes est nouvelle – et destructrice-  à la fois comme modèle de société et pour la construction de l’histoire. Malicia, du premier film X-Men, souhaitait seulement sauver ses ouailles, pas délivrer un prêche sur son sexe. A l’époque comptaient sa problématique personnelle, ses doutes et turpitudes, pas le fait qu’elle avait tel ou tel chromosome et qu’elle était mieux ou moins bien qu’un homme. A la place, le réalisateur fait un gros plan sur le fait qu’il s’agit bien d’une fille, et vous avez vu ? Une fille ! Au lieu de se consacrer à l’histoire, il raconte l’histoire d’une femme. Cette différence de traitement devrait insupporter les femmes : sous prétexte de féminisme, on sacrifie la qualité. Après tout, pourquoi pousser l’effort lorsqu’une femme tient le premier rôle ?

Mais le public sent le caractère forcé de ce scénario et de ces lignes de texte. Personne n’est dupe, et la qualité s’en ressent. Ce dernier film X-men a écopé de très mauvaises notes sur le site Rotten Tomatoes. Par bonheur, le chantage au sexisme ne fonctionne plus. Après l’échec cuisant de Captain Marvel, aucune équipe de communication ne veut plus plaider au sexisme pour excuser ses ventes et scores misérables. Un désastre suffit.

Le MIB s’enlise

Sophie Turner a-t-elle passé le mot à Tessa Thompson du film Men In Black ? Après tout, la licence bien connue de film d’extraterrestre, à vocation humoristique, a le culot, en 2019, de sortir une nouvelle mouture et de toujours s’appeler Men in black, les hommes en noir. Tessa Thompson, actrice principale de ce nouvel opus sorti en mai 2019, explique au micro qu’elle « a eu cette conversation » avec l’équipe de réalisation, mais que « ça prend du temps ». Faudrait-il repabtiser Men in Black en Women in Black pour les beaux yeux de Tessa Thompson ?

Faut-il rappeler la polysémie du mot « men » que « women » n’a pas ? Faut-il surtout lui rappeler que le nom « men in black » vient de la légende urbaine des hommes en noir censés propager le complot alien sur Terre ? C’en est à se demander s’il ne faudrait pas remplacer aussi le mot « père » Noël par « mère » pour éviter d’invisibiliser les femmes dans les légendes.

Le marketing rose

Lorsqu’une licence est reprise et mise au goût du jour, on devrait pouvoir s’attendre à des nouveautés. La nouveauté est-elle scénaristique ? Dans les effets spéciaux ? Que nenni ! Il y a une femme qui joue un des rôles principaux ! En effet, Tessa Thompson joue une agent légèrement Mary Sue (elle connaissait le MIB depuis son plus jeune âge), forte et indépendante, qui a travaillé dur pour arriver à intégrer cette unité d’élite, là où son coéquipier Chris Hemsworth incarne un agent arrogant et insupportable.

Comme il est naïf d’imaginer que les femmes se laisseront leurrer par des films lénifiants re-packagés en rose ! C’est tout juste s’ils ne fournissent pas des coupons réductions pour des vêtements ou de la lessive avec le ticket de cinéma tellement la ficelle est grossière.


Le marketing pseudo féministe à l’oeuvre

Tout se passe comme si les femmes allaient voir des films uniquement parce qu’un des personnages est féminin ; ces stratégies marketing de gagne-petit ne prennent pas, et les producteurs s’en rendent compte tout doucement (échecs de Doctor Who, Ghostbusters, etc..).

Patriarchat

Mais ils ont trouvé pire pour faire mousser la guerre des sexes. Plus profond, plus intense, quelque part plus magique.

Rappelez-vous dans Captain Marvel (décidément, on se le farcira jusqu’au bout), il y avait un petit chat qui se prénommait Goose. Dans le comics dont est tiré le film, Goose est une chatte.

Dans le film, Goose est interprétée… par un monsieur chat, et non une madame chat. Horreur et mille tonnerres ! Goose a été mégenré, voilà qui procède forcément d’une volonté sexiste et oppressivement patriarcale de vouloir invisibiliser les femmes, humaines comme chat !


Le trouble naquit dans la cervelle féline

Après le tollé que cette révélation a provoqué sur Internet, Anne Boden, la réalisatrice, a défendu son choix en expliquant qu’il n’y avait rien de sexiste, mais que « les chattes sont plus difficiles à dresser ». Nouvelle salve de commentaires sur les réseaux sociaux par les indignés professionnels, la production jette l’éponge.

Nos nouveaux Inquisiteurs

Cela nous prouve que faire un film « girl power » fait pour mettre en avant une femme ne protège pas de la colère des nouveaux idéologues de la toile.

Nous pouvons même dire qu’il s’agit d’inquisiteurs, qui débusquent et traquent tout ce qui ne correspond pas à leur credo, même si les effets de leur chasse vont à l’encontre de ce qu’ils prétendent défendre.

Le fait de déclencher une guerre des sexes participe d’un sexisme latent encore plus violent que celui prétendument combattu. A vouloir mettre les femmes en avant uniquement parce que ce sont des femmes, on crée une ligne de rupture qui n’existait pas auparavant, du temps où l’on préférait encore raconter des bonnes histoires.


Allez, ne vous en préoccupez plus

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Dern. Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur (son site)

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