Publié par Dreuz Info le 27 juin 2019

“L’électeur de gauche-type, je le répète, n’est pas un “pauvre” mais un trop payé qui a honte de son argent.

Et il a probablement raison d’en avoir honte. Imaginez en effet un petit “col blanc” qui, pour avoir vaguement mémorisé quelques manuels et décroché deux peaux d’âne à l’université-bidon, se retrouve sous-mandarin dans un bureau quelconque, et gagne aussitôt de quoi payer son studio, son téléphone et ses vacances de neige.

Oh, bien sûr, il ne peut acheter tout ce qui le tente dans les pages couleurs des magazines, et il en retire un sentiment de frustration exploité à outrance par les publicistes de la société de consommation. Mais ce sentiment de frustration n’efface pas le sentiment de honte, contrairement à ce qu’on pourrait penser.

Notre homme est à la fois persuadé qu’il ne gagne pas assez et convaincu qu’il gagne trop. Contradiction ? Nullement !

Il ne gagne pas assez pour ses désirs, mais il gagne trop pour ses mérites et, encore une fois, son subconscient le sait. Double torture psychologique à laquelle le malheureux ne sait comment échapper.

Représentez-lui alors un ouvrier effectuant un travail plus pénible que le sien, exigeant parfois plus d’habileté qu’il n’en pourrait donner lui-même, et pourtant moins payé que lui, voilà notre homme au supplice. Peut-il aller donner à cet ouvrier une part de son salaire ? Un saint, c’est-à-dire un fou, le ferait, ce qui d’ailleurs n’arrangerait rien.

N’étant ni saint ni fou, que faire ?

Il y aurait bien une solution : quitter cet emploi d’esclave doré, devenir un créateur et s’efforcer de mériter un jour plus qu’il ne gagne aujourd’hui, après peut-être des années de vache enragée. Mais il faudrait être un héros, ce qui demande beaucoup de caractère et ce à quoi notre société ne prépare nullement.

Alors, pour le pauvre petit col-blanc sans énergie ni envergure, il ne reste qu’une issue pour se décharger de cet insupportable remords (car si les hommes sont lâches, malgré tout ils sont honnêtes) : exiger de l’Etat, anonyme, monstre froid, la “justice sociale”, c’est-à-dire la pêche miraculeuse et la multiplication des pains ; Il ne reste plus qu’à voter socialiste.”

Extrait proposé par Josick pour Dreuz.info.

Source : “Le Crépuscule des idéologies“*, de Pierre Lance, publié en 1978

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