Publié par Gaia - Dreuz le 27 juin 2019
©PHOTOPQR/LE DAUPHINE/EVE MOULINIER ; GRENOBLE 23/06/2019 Des militantes de l’association Alliance citoyenne ont mené une action pour le port du burkini en piscine, dimanche 23 juin à la piscine Jean-Bron. (MaxPPP TagID: maxbestof084695.jpg) [Photo via MaxPPP]

Source: Lefigaro

Des militantes investiront à nouveau dimanche la piscine municipale en maillot couvrant. Des citoyens organisent la riposte.

«Besoin qu’on te prête un burkini? Tu viens avec tes enfants?» Sur la page Facebook de l’Alliance citoyenne de l’agglomération grenobloise, un collectif qui veut «combattre les injustices», la troisième «sortie piscine» de la saison s’organise, «en prévision de la canicule». Après deux «opérations burkini», en mai, puis dimanche dernier, dans deux piscines municipales de Grenoble, ces femmes qui se veulent «les Rosa Parks musulmanes» s’apprêtent à réitérer leur «action de désobéissance civile» dimanche. Pour alerter «contre l’islam radical», un groupe de Grenoblois appelle, de son côté, à se mettre «tous à poil» devant «les commandos en burkini»… Pris entre deux feux, le maire EELV Éric Piolle refuse, dans un communiqué, de faire évoluer «cet été» le règlement intérieur des piscines, qui interdit cette tenue.

Le 17 mai, «pour défendre la liberté de religion», une quinzaine de femmes avait investi une piscine en burkini, filmées par des membres de leur association. «Pensez que c’était annoncé, et le maire n’a même pas envoyé la police municipale!» s’était ému Matthieu Chamussy, chef de file de l’opposition municipale de la droite et du centre. Dimanche dernier, sept femmes, entourées de militants, avaient recommencé, écopant cette fois d’une amende de 35 euros. «Aujourd’hui, Éric Piolle rappelle enfin la règle, mais sans évoquer les droits des femmes, le communautarisme ni l’islamisme», regrette Matthieu Chamussy.

«Le maire de Grenoble fait preuve d’un attentisme préoccupant, estiment pour leur part les créateurs du groupe Facebook Les Jours heureux. Nous appelons à la constitution d’un mouvement citoyen, écologiste et laïque.» En attendant, ils invitent eux aussi les Grenoblois à aller à la piscine dimanche: «Venez nus et culottés! clament-ils. Sur les Lumières, elles veulent mettre l’éteignoir: ensemble, tombons les peignoirs!» 

«Le règlement intérieur s’appliquera»

Conseiller régional du groupe socialiste et démocrate d’Auvergne-Rhône-Alpes, Stéphane Gemmani sera des leurs, «à poil ou pas, c’est pas encore complètement décidé»… «Quand on met, comme M. Piolle, un mois pour préparer une réponse, c’est grave: ça signifie qu’on n’en a pas une spontanée! s’insurge le secrétaire général du mouvement Cap 21. Le politique ne doit pas avoir la main qui tremble, sinon, il participera encore un peu plus à cautionner ces dérives. Verbaliser les contrevenantes à hauteur d’une trentaine d’euros ne suffit pas ; nous demandons la restitution des subventions accordées à l’Alliance citoyenne par la métropole (6 000 euros) et par la ville (1 000 euros.)»

Mercredi soir, plus de 190 participants s’étaient inscrits pour «Tous à poil» et plus de 1100 personnes se disaient intéressées. Comment la municipalité se prépare-t-elle à ce drôle de face-à-face? «Le règlement intérieur s’appliquera», répond-on laconiquement. Dans les piscines, c’est plus compliqué: mercredi, après qu’un homme a voulu à son tour enfreindre le règlement et se baigner en short, le personnel a exercé son droit de retrait et deux établissements sont restés fermés.

Du côté de l’Alliance citoyenne de Grenoble, on rappelle que «ce recours à la désobéissance civile vient après une pétition de 630 personnes». «Au lieu d’écrire dans son communiqué que les conditions du débat n’étaient pas réunies, M. Piolle pourrait les réunir! s’exclame Adrien Roux, directeur national de l’association. Il n’a pas eu un mot sur le fait qu’à cause de leurs convictions religieuses des centaines de musulmanes ne peuvent pas se baigner. Le principe républicain devrait protéger leur liberté de conscience: un service public doit être accessible à tous.»«Certains pensent que ce sont des islamistes qui veulent foutre le bordel en France, poursuit-il. Elles demandent juste que les règlements prennent en compte la diversité, comme à Rennes, en Allemagne ou aux Pays-Bas! En cette période de canicule, beaucoup de femmes, en région parisienne, mais aussi à Lille ou à Montpellier, aimeraient pouvoir aller à la piscine… L’avis de l’Observatoire de la laïcité ainsi que le gouvernement, qui n’est pas trop rétif à une évolution, nous laissent de l’espoir.»

Pour le président du Printemps républicain, Amine El-Khatmi, «ce ne sont pas de pauvres mamans musulmanes qui crèvent de chaud, mais bien des militantes politiques qui sont à la manœuvre». «Avec une stratégie bien identifiée, décrypte-il. Soit les pouvoirs publics ne cèdent pas, et on pourra se poser en victimes, soit ils cèdent, et on aura une revendication encore plus forte. La prochaine fois, ce sera: “On veut réserver le bassin, car on ne veut plus se baigner avec les autres”.» Après avoir «saisi le ministère des Sports», Éric Piolle en appelle «à l’État» pour lever «toute forme d’ambiguïté sur le statut du maillot de bain couvrant» : «Renvoyer aux territoires la définition de l’égalité républicaine, plaide-t-on à la mairie, c’est organiser des tensions partout.»

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