Publié par Jean-Patrick Grumberg le 29 juin 2019

Les deux débats pour la primaire Démocrate, qui réunissaient, c’est une première, 24 candidats en raison des difficultés immenses du Parti à en trouver un capable d’abattre Trump, se résument à ça :

Pour comprendre ce débat, il faut avoir en tête l’enjeu de l’élection. Environ 60 millions d’Américains sont prêts à voter pour le premier corniaud venu (quel que soit son programme, et même s’il n’a aucun programme) capable à leurs yeux de battre Trump. 60 millions d’autres Américains voteront pour Trump parce qu’ils l’aiment, parce qu’ils soutiennent son programme, parce qu’il a transformé l’Amérique, et parce qu’il a repoussé les progressistes dans le camp du mal qu’ils n’auraient jamais quitté sans la complicité des médias.

La victoire dépend donc du vote d’une petite vingtaine de millions de personnes :

  • Les électeurs Démocrates médusés, qui ont vu leur parti muter vers l’extrême gauche sur des sujets de société aussi essentiels que l’immigration, la sécurité intérieure et l’assurance santé,
  • Les Indépendants indécis, qui ne penchent ni à gauche ni à droite, qui n’aiment pas spécialement le style du président, ses tweets, ses attaques, son côté hâbleur, mais constatent qu’il a accompli beaucoup, vraiment beaucoup.

Et bien entendu, les Indépendants sont des gens modérés. Modérément à gauche, modérément à droite, modérément engagés en politique, et modérément influençables par les médias, en qui ils n’ont aucune confiance.

Gardez ceci bien présent à l’esprit pour les mois qui viennent, et surtout quand vous voyez 20 000 personnes assister aux meetings politiques de Trump, et 400 à celui du Démocrate en tête jusqu’à hier, Joe Biden. Cela n’annonce hélas strictement rien sur le nombre de votants– je suis le premier à le déplorer, vous vous en doutez !

Dérapage à l’extrême gauche

Lors de ces deux débats, j’ai vu des choses…

  • J’ai vu des psycho-rigides incapables de reconnaître le moindre succès de Trump contre la Chine. Ils ont dénoncé sa façon de voler la technologie et la propriété intellectuelle américaine, son protectionnisme tarifaire et la manipulation de sa monnaie, ont reconnu le danger que représente Pékin, sans avoir aucune solution à proposer pour le contrer.
  • J’ai vu un candidat suggérer une alliance internationale pour affronter le régime communiste. Là j’ai vu combien la superpuissance de l’Amérique dégoûte la gauche. Combien l’Etat dégoûte la gauche. Combien les frontières dégoûtent la gauche. Et comment la gauche s’écarte résolument du nationalisme ancré dans la nature humaine.
  • La gauche réclame essentiellement un super pouvoir mondial. Elle veut que l’individu se soumette à l’Etat pour tous les aspects de sa vie– vous vivez ça en France et en Belgique. Que l’Etat se soumette à l’Etat fédéral (en Europe, que les Etats se soumettent à l’UE), et que l’Etat fédéral (l’UE chez vous) renonce à son autorité et son pouvoir entre les mains de l’ONU.
  • J’ai vu une élite Démocrate qui a définitivement tourné le dos à la réalité. Qui ne s’intéresse même plus à ce qui est vrai ou ce qui est possible. Même la réalité, ils la vivent dans une espèce de rêve, un monde utopique bercé par le politiquement correct et le camp du bien.

Je divague ? J’exagère ?

  • Il fallait entendre Julian Castro expliquant que les hommes transsexuels pauvres qui tombent enceintes devraient avoir droit à une couverture sociale gratuite pour payer leur accouchement.
  • Il fallait entendre les applaudissements et les cris du public lorsqu’il a dit cela.
  • Il fallait entendre la réaction des 10 participants et des journalistes modérateurs : personne pour le contredire, ou lui rappeler qu’un homme, ça ne tombe pas enceinte. Et pourquoi réagiraient-ils ? Ils se feraient traiter d’homophobes. (Sur une note humoristique, si ce type, avec son petit vélo dans la tête, devenait président, cette mesure ne coûterait pas trop cher aux Américains).

Un autre exemple : les migrants illégaux.

A l’unanimité, les candidats ont expliqué que les migrants illégaux ne devraient pas être contraints d’obéir aux lois, car «il ne faut pas criminaliser le désespoir». Ils ont montré que d’avoir illégalement franchi la frontière leur donne des droits auxquels nous, citoyens qui respectent les lois, n’avons pas droit.

Parce que vous donnez-les ⅔ de votre salaire à l’Etat, vous pensiez que c’était votre pays ? Détrompez-vous.

Les migrants illégaux auront plus de droits que vous, si un de ces oiseaux de malheur est élu. Ils obtiendront une assurance maladie gratuite, et des moyens de survivre. Et c’est vous, oui vous qui ne possédez pas ces avantages, qui devrez payer.

Car pour les Démocrates, l’Amérique appartient au reste du monde et notre rôle, c’est de payer et se taire. Et si nous nous plaignons, l’Etat dirigé par les Démocrates nous punira, car nous sommes des sales nationalistes, nous n’avons pas le droit moral de nous exprimer. Seulement de payer.

Bill de Blasio, un autre fracturé du ciboulot genre Mélenchon français, et le pire des maires que New York ait jamais vu, à même déclaré qu» il y a beaucoup d’argent dans le pays, mais pas entre les bonnes mains» et il a promis qu’il «taxera les riches à 75 %». Pourquoi ? Pour donner l’argent à ceux qui auront voté pour lui.

Alors que pour 62 % des Américains, l’immigration illégale est un “sérieux problème”, tous les candidats Démocrates ont adopté la position de l’extrême gauche : frontières ouvertes. Comment diantre cette pilule va-t-elle passer auprès des électeurs ?

La liste des délires qui ont été débités est impressionnante : éducation gratuite, université gratuite, annulation des emprunts de tous les étudiants, assurance santé par l’Etat, interdiction de s’assurer sur la santé dans le privé (ils vont nous faire croire qu’un bureaucrate est capable de mieux faire le métier d’assurance qu’un assureur ?), ouverture des frontières, couverture sociale totale et gratuite pour les immigrants illégaux, rachat forcé de toutes les armes semi-automatiques en circulation. Et bien entendu la bouffonnerie des impôts pour lutter contre le réchauffement climatique (une escroquerie implantée en Europe depuis 15 ans qui produit zéro résultat). Tous les milliardaires de la terre ne suffiraient pas à financer leurs folies.

Biden, le bide

La candidate Kamala Harris a déboulonné Joe Biden en le traitant de raciste au sujet de ses relations passées avec des ségrégationnistes. Et Joe Biden a perdu les pédales. Elle a tiré la chasse d’eau sur le candidat qui devait battre Trump. Avant elle, les médias avaient commencé le travail, comprenant qu’il ne tiendrait pas la longueur. Le Washington Post, la semaine dernière, lui a même taillé des croupières, et le New York Times commence à évoquer les deux affaires de corruption qu’il traîne derrière lui : en Ukraine, et avec la Chine.

Biden était en tête des sondages parce qu’il est le seul dont les gens connaissent le nom, et qu’il est considéré comme un “modéré”– capable de rallier derrière lui la plupart des citoyens américains Démocrates qui vivent ailleurs que sur les deux côtes où se trouvent les activistes et les excités. Mais c’est un homme sans conviction, faible, gaffeur, corrompu, vieux et fatigué, et blanc– ce dont les progressistes ne veulent pas– qui s’est laissé pousser vers l’extrême-gauche, et a levé la main avec le groupe lorsque le modérateur a invité les candidats à dire s’ils étaient pour une assurance santé gratuite pour les migrants illégaux.

Je me suis demandé comment cela allait raisonner dans les familles modestes, alors que les Démocrates affirment que 30 millions d’Américains n’ont pas les moyens de s’assurer et d’assurer leurs enfants sur la santé. S’ils doivent payer pour des étrangers, s’ils doivent se serrer la ceinture pour assurer les 11 millions qui résident illégalement, et le million qui entre illégalement chaque année, cela va mal se passer.

Et cela s’est mal passé. Juste après le débat, Biden s’est écroulé de 10 points dans les sondages.

Un des candidats– qui n’a aucune chance d’aller plus loin que le prochain pâté de maisons– a compris le problème.

À un moment donné, Tim Ryan, de l’Ohio, a supplié ses collègues sur le podium de parler moins aux militants extrémistes du parti, et davantage aux électeurs modérés.

On peut parler du climat, a-t-il dit. On peut parler des armes. On peut parler de toutes ces questions qui nous tiennent tous à cœur. Mais nous, le Parti Démocrate, avons un problème avec la façon dont nous sommes perçus [NDR j’ai failli écrire perdus]. Nous ne sommes plus en contact avec la classe ouvrière de l’État que je représente dans l’Ohio, dans le Midwest industriel” [qui ont été remportés par Trump].


Pete Buttigieg, maire de la petite ville en ruine économique de South Bend, dans le Midwest, a acquiescé de la tête en ajoutant que l’économie doit aussi fonctionner pour ceux qui ne vont pas à l’université. Avec son mari, qu’il exhibe à la moindre occasion, il n’ira pas bien loin et c’est tant mieux. Imaginez s’il promettait de faire à l’échelle américaine ce qu’il a fait dans sa ville : un désastre.

Aussi, plusieurs commentateurs politiques Démocrates ont déclaré que le débat a été un désastre, d’un point de vue électoral, et ont dit espérer qu’il n’a pas été trop regardé. Manque de chance, ce fut l’événement politique Démocrate le plus suivi de l’histoire !

Si Biden est cuit, qui peut déboulonner Trump ?

  • Le socialiste Bernie Sanders fut l’un des grands perdants des débats. Personne ne parle plus de lui dans les médias tant il a été transparent– et par transparent, je ne veux pas dire honnête mais invisible, sans odeur, sans saveur et sans goût.
  • Kamala Harris n’a pas de soutien financier assez important pour couvrir une campagne dans les 50 Etats. Elle a beau avoir la préférence des Obama, elle n’a pas de passage vers la victoire.
  • Elisabeth Warren, qui a dominé le premier soir des débats, est plombée par un problème de crédibilité indélébile, avec son histoire de Pocahontas, de sang indien, et sa désastreuse décision de faire un test ADN qui a démontré que 300 millions d’Américains ont plus de sang indien qu’elle. Elle est la seule à ne pas savoir qu’elle est finie.
  • Les autres, tous les autres, dont les médias ont plein la bouche, ont entre zéro et cinq pour cent. Ils n’existent pas.

Olivia Nuzzi, correspondante à Washington du magazine The New Yorker, a tweeté jeudi soir qu’une source proche de la campagne de Biden lui avait dit que l’équipe “flippait” à cause de sa mauvaise performance.

Sa source lui a déclaré que le personnel sur le terrain dit que Biden “ne joue pas la bonne carte”, a-t-elle poursuivi.

Selon l’équipe de Biden, “il n’écoute pas les préparatifs de son débat”, a-t-elle ajouté.

Nous avons entendu les mêmes critiques, avec Hillary Clinton, et cela a mal fini. La similitude ne s’arrête pas là : les deux sont blancs, vieux, fatigués, distants et loin du peuple, ils ont baigné toute leur vie dans le marécage dont ils sont issus alors que le public réclame du sang nouveau, ils ont un passé douteux, et ont l’empathie d’une moule.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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