Publié par Jean-Patrick Grumberg le 30 juin 2019

C’est en Espagnol que le New York Times fait cette mise en garde, pour bien enfoncer le clou en se moquant au passage des petits malins qui ont cru intelligent de sortir des tirades en espagnol lors de la primaire Démocrate.

Amigos demócratas, Si ustedes siguen así, van a perder las elecciones. Y lo merecerán, écrit Bret Stephens* dans son éditorial, ajoutant que “Le parti semble intéressé à aider tout le monde sauf les électeurs dont il a besoin.”

Pourquoi est-ce important ? Parce qu’à l’unisson tous les médias français pensent que Trump est fini, et que si on devait écouter ces clowns qui savent tout mieux que les autres, les journalistes américains feraient bien de prendre conseil auprès de ces experts du dimanche…

Voici des extraits de cet article d’opinion publié dans le navire amiral à la dérive de la gauche mondiale en panique, et qui fait écho au cruel constat – pour les Démocrates – du désastre à venir détaillé dans mon précédent article.

Dans les débats Démocrates de cette semaine, il n’y avait pas que les candidats qui se présentaient devant le public. Il y avait aussi le parti lui-même.

Quelles conclusions les gens ordinaires vont-ils tirer des idées que les [candidats] Démocrates défendent – à part la répudiation tonitruante de Donald Trump – et qu’ils voient l’Amérique comme une terre de profiteurs sans scrupules et de malheureuses victimes ?

Voilà de quoi il s’agit : c’est un Parti qui fait comprendre à trop d’Américains qu’ils sont étrangers dans leur propre pays. Un parti qui a plus foi dans “les autres” [les étrangers], pour qui il investit la plupart de ses efforts, qu’en nous.

Ils parlent espagnol ; pas nous. Ils ne sont ni citoyens américains ni résidents légaux ; nous oui. Ils ont violé les lois pour entrer dans ce pays ; pas nous. Ils paient peu ou pas d’impôts ; nous payons la plupart des impôts. Ils se sont volontairement endettés ; on nous demande d’effacer leurs dettes. Ils ne paient pas d’assurance maladie privée ; nous sommes censés abandonner les nôtres en échange d’un cauchemar de type “Assurance Anciens combattants”. Ils n’ont pas créé d’entreprises qui créent des emplois et stimulent l’innovation ; on s’attend à ce que nous nous joignions aux candidats pour diaboliser les créateurs d’emplois, démanteler leurs entreprises et taxer la sueur de leur front.

C’était là l’essentiel du message Démocrate, dans lequel les seules exceptions honorables, comme John Delaney du Maryland et John Hickenlooper du Colorado, sont apparues comme des danseurs de valse à une rave party.

En y regardant de plus près, le message s’est encore aggravé.

• La promesse d’une assurance maladie pour plus de 11 millions d’immigrants sans papiers, à un moment où il y a une crise migratoire à la frontière sud ?

Tous les candidats au débat de jeudi ont levé la main pour dire oui, dans ce qui fut certainement le meilleur moment de la soirée pour la campagne Trump.

• Appeler à la décriminalisation de ceux qui traversent illégalement la frontière (tout en s’opposant à l’édification d’un mur) ?

C’était l’un des grands thèmes du débat de mercredi, qui soulignait l’affirmation Républicaine selon laquelle les Démocrates sont partisans de l’ouverture des frontières, de l’amnistie illimitée et, à terme, de la transformation de l’Amérique en un pays du tiers-monde.

• Vous passez à l’espagnol ?

Rappel à Beto O’Rourke et Cory Booker : si vous ne pouvez pas parler la langue sans un fort accent américain, laissez-tomber. Cela rappelle à ceux d’entre nous qui en sont capables, que la seule chose pire qu’un gringo odieux, c’est faire de la lèche.

• Éliminer l’assurance maladie privée, une industrie qui emploie plus de 500 000 travailleurs et assure 150 millions de personnes ?

Elizabeth Warren, Bill de Blasio, Bernie Sanders et Kamala Harris sont pour (bien que la sénatrice de Californie se soit depuis rétractée). Puisque les Démocrates sont déjà déterminés à détruire l’industrie du charbon, et semblent enclins à faire de la Silicon Valley un service public réglementé, ça vaut la peine de se poser la question : Quelle part de l’économie privée sont-ils prêts à conserver ?

Et puis il y a les dépenses que les Démocrates veulent imposer au pays.

• Warren, par exemple, est pour les services universels de garde d’enfants (coût estimatif, 70 milliards de dollars par an), l’assurance-maladie pour tous (2,8 à 3,2 billions de dollars par an), l’annulation de la dette étudiante et la gratuité universelle des études (125 milliards par an), et un plan global pour le “climat” (2 000 milliards, dont 100 milliards en aide aux pays pauvres) ainsi que toute une gamme de petits cadeaux, dont un allègement de la dette de Porto Rico.

Comme Everett Dirksen aurait pu le dire : “Un trillion par-ci, un trillion par-là, et très vite, vous parlez d’argent réel. Quelqu’un devra payer pour tout cela, et il ne s’agira pas seulement des très riches qui gagnent des sommes de sept à dix chiffres par an. Ce sera vous“.

Tout au long des débats, je me suis demandé si l’un des principaux candidats s’adresserait aux Américains au-delà de la base Démocrate.

Mais Joe Biden semblait trop faible, oratoirement et intellectuellement, pour contrecarrer la tendance à l’autodestruction. Pete Buttigieg était, comme toujours, fluide, bien informé et sincère. Mais son grand moment – un mea culpa pour un incident de police raciste à South Bend [NdR Dont il est le maire] – ressemblait à celui d’un Blanc maniéré, désespéré d’étaler sa bonne conscience.

Harris, quant à elle, s’est fait passer pour Barack Obama à l’envers, surtout avec son attaque calomnieuse contre Biden pour le péché d’avoir eu une relation politique professionnelle avec deux anciens sénateurs ségrégationnistes dans les années 1970. Elle a présenté ça comme une façon intelligente de débattre, mais ça reviendra la hanter.

Le génie politique d’Obama a été de souligner ce que Greg Lukianoff et Jonathan Haidt, auteurs de “The Coddling of the American Mind”, ont appelé “la politique de l’identité commune de l’humanité” – il vous mettait à l’aise quelle que soit la couleur de votre peau. L’approche de Harris, en revanche, est “la politique identitaire, ennemie de tout le monde”. Faire en sorte que les Blancs américains se sentent racialement jugés pour les opinions qu’ils ont pu avoir dans le passé sur la criminalité, le transport scolaire [des noirs] par autobus [vers d’autres quartiers] et d’autres sujets similaires ne va pas aider les Démocrates.

Rien de tout cela ne signifie que les Démocrates ne pourront pas gagner en 2020. L’économie pourrait prendre un mauvais tournant. Ou Trump pourrait se surpasser dans l’horreur. Mais le Parti démocrate que nous avons vu cette semaine a encore moins fait appel au-delà de sa base que le président.

Et au moins, son message à lui, c’est qu’il est de leur côté – c’est à dire du notre.



Je n’ai qu’un mot de conclusion : Ouch…

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

*Bret Stephens a remporté un prix Pulitzer pour ses éditoriaux pour le Wall Street Journal en 2013, et était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post.

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