Publié par Gaia - Dreuz le 29 juin 2019

Source : lexpress

Les migrants du Sea-Watch avaient été secourus dans les eaux internationales au large de la Libye.

Il y a trois jours, le Sea Watch avait forcé le blocus des eaux territoriales italiennes imposé par le ministre de l’Intérieur. Mais le navire humanitaire avait dû s’arrêter à un mille en face du petit port de Lampedusa et restait bloqué là depuis.  

Le Sea-Watch a finalement accosté de force dans la nuit de vendredi à samedi dans le port de Lampedusa, et sa jeune capitaine Carola Rackete, une Allemande de 31 ans, a été arrêtée, avant que ne débarquent 40 migrants bloqués à bord depuis 17 jours. 

“Nous attendons encore et toujours une solution qui ne se dessine malheureusement pas. C’est pourquoi j’ai maintenant moi-même décidé d’accoster dans le port”, a-t-elle déclaré dans une vidéo relayée par Sea-Watch sur les réseaux sociaux.  

La capitaine encourt jusqu’à dix ans de prison

Carola Rackete a finalement choisi de forcer le passage au beau milieu de la nuit, malgré la vedette de police chargée de l’en empêcher. “Nous nous sommes mis devant pour l’empêcher d’entrer dans le port mais rien […]. Si on était restés sur le chemin, [le Sea-Watch] aurait détruit la vedette”, a commenté devant des caméras un policier qui se trouvait à bord. 

Un peu avant 3 heures du matin, la police est montée à bord pour arrêter la jeune femme pour résistance ou violence envers un navire de guerre. La capitaine, qui risque jusqu’à dix ans de prison selon les médias italiens, est descendue du navire encadré par des agents, sans menottes, avant d’être emmenée en voiture. 

“Je ne veux pas me substituer au pouvoir judiciaire, qui est responsable de l’application des lois […]. Mais les lois existent, qu’on le veuille ou non”, a réagi le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte depuis le G20 d’Osaka, au Japon. 

“Mission accomplie”, s’est réjoui de son côté le ministre de l’Intérieur d’extrême droite Matteo Salvini. “Capitaine hors-la-loi arrêtée, navire pirate séquestré, maxi-amende à l’ONG étrangère”, a-t-il twitté en exprimant sa “honte face au silence du gouvernement des Pays-Bas”, pays dont le Sea-Watch bat pavillon. 

“Nous sommes fiers de notre capitaine”

Sur le quai du port de Lampedusa, des habitants et militants étaient venus acclamer l’arrivée du navire, tandis que d’autres ont applaudi l’arrestation aux cris de “Les menottes !”, “Honte !”, “Va-t’en !” Si les pêcheurs et les habitants de Lampedusa ont été en première ligne de l’accueil des migrants depuis près de 30 ans, la Ligue de Matteo Salvini a obtenu 45 % des voix aux élections européennes de mai sur l’île. 

“Nous sommes fiers de notre capitaine”, a écrit sur les réseaux sociaux le président de l’ONG allemande, Johannes Bayer. “Elle a exactement fait ce qu’il fallait, elle a insisté sur le droit de la mer et a mis les gens en sécurité”. 

Le parquet d’Agrigente (Sicile) avait ouvert une enquête jeudi contre Carola Rackete pour aide à l’immigration clandestine et non-respect de l’ordre d’un navire militaire italien de ne pas pénétrer dans les eaux territoriales italiennes. 

Cinq pays européens disposés à accueillir les migrants

Les migrants ont pu débarquer peu après 5 h 30, certains tout sourire, d’autres en larmes, alors que le jour se levait, pour être conduits dans le centre d’accueil de l’île. 

Malgré la fermeté affichée par Matteo Salvini, ce centre n’est jamais vide : Lampedusa a vu débarquer plus de 200 migrants pendant les deux semaines où le Sea-Watch est resté bloqué au large de l’île. Et plusieurs embarcations de fortune ont été signalées dans la nuit au large. Juste après, le Sea-Watch, conduit par les garde-côtes, est reparti pour s’ancrer au large. 

Les migrants du Sea-Watch avaient été secourus dans les eaux internationales au large de la Libye. Au fur et à mesure, 13 d’entre eux avaient été évacués vers Lampedusa, essentiellement pour des raisons médicales. Pour les 40 restants, c’était encore l’incertitude. Vendredi après-midi, le ministre italien des Affaires étrangères, Enzo Moavero, avait annoncé que cinq pays européens (France, Allemagne, Portugal, Luxembourg et Finlande) étaient disposés à les accueillir. 

La Commission européenne exigeait que les migrants soient à terre avant d’organiser la répartition, tandis que Matteo Salvini refusait de les laisser descendre avant d’avoir l’assurance qu’ils seront immédiatement transférés aux Pays-Bas, en Allemagne ou dans d’autres pays européens. 

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