Publié par Manuel Gomez le 12 juillet 2019

Un colloque vient de se tenir à Tlemcen (Algérie) sur le titre « L’unité nationale entre passé et présent » et l’invité principal de ce colloque était Mohamed Chérif Abbas, ministre des moudjahidines (combattants musulmans du FLN).

Il n’a pas manqué de célébrer le patriotisme des combattants algériens durant la guerre de libération, ce qui est somme toute tout à fait logique.

En revanche, il a insisté lourdement sur les demandes répétées, faites auprès des gouvernements français, afin qu’ils remettent à l’Algérie les archives de ce que l’on a appelé « la guerre d’Algérie ».

Nous supposions que cette remise avait été faite.

En décembre 2018, le président de l’Institut français de l’audiovisuel n’avait-il pas déclaré que « c’était à l’honneur de la France d’avoir conclu cet accord sur la récupération par l’Algérie d’une partie des archives d’avant l’indépendance. »

Si c’est le cas, apparemment les médias algériens n’y ont pas découvert ce qu’ils espéraient : rien sur les bombardements au napalm sur des populations innocentes, rien sur les destructions de villages entiers, sur les regroupements et exterminations de la population, sur les « enfumades », les « fours », les représailles, les incendies et j’en passe !

« On ne découvre rien des ravages du système colonial. L’essentiel des documents communiqués ne sont que des images d’Epinal » déplore le quotidien « El Watan ».

Avouons que c’est tout de même bizarre !

Parmi les documents communiqués n’y avait-il pas non plus les images, souvent insoutenables, des exactions du FLN et de l’ALN, des milliers de morts exécutés par ses vaillants et exemplaires combattants ?

Par exemple les 338 villageois de Mélouza assassinés par le FLN parce qu’ils étaient « Messalistes » et les égorgés de Wagram, Aïn Manaa, Seddouk, Gouraya, Bouandas et des dizaines d’autres lieux tristement célèbres où les tueurs du FLN et de l’ALN se sont distingués ?

Ce sont bien ces archives que vous réclamez, que vous exigez, Mohamed Abbas ?

Ou la France vous a remis ces archives et vous n’avez pas tout examiné, ou la France n’a pas osé vous les rendre pour ne pas que vous ayez honte de vos crimes !

Avez-vous tellement besoin de ces archives pour vous souvenir des bombes qui ont explosé aux terrasses des cafés, rue d’Isly, aux arrêts de bus, au casino de “la Corniche” et dans bien d’autres endroits, ne visant exclusivement que des enfants, des femmes et notre jeunesse ?

Avez-vous besoin de ces archives pour vous souvenir des massacres à El Halia et Aïn Abid, en 1955, et des bébés fracassés contre les murs, les exécutions sommaires ?

Avez-vous besoin de ces archives pour vous souvenir des dizaines d’exécutions de truands de la Casbah, par Ali la Pointe, sous les ordres de yacef Saadi, parce qu’ils ne souhaitaient pas rejoindre le FLN ?

Vous osez affirmer que : «les combattants de l’ALN n’ont cessé de respecter partout les droits de leurs prisonniers et détenus, ceci à l’inverse des forces coloniales dont les crimes ne différenciaient pas entre le combattant et le civil. Le Djihad, durant la guerre de libération, visait le droit de vie conformément aux préceptes de notre religion. ».

Allons, Mohamed Abbas, dois-je vous rappeler les centaines de militaires, prisonniers de l’ALN, qui n’ont jamais été rendus à la France, comme cela était ordonné dans les « Accords d’Evian », alors que la France vous a remis les vôtres ?

Dois-je vous rappeler les milliers de civils enlevés, avant et après la signature de ces mêmes accords, dans toute l’Algérie et bien sûr le 5 juillet 62 à Oran ?

Dois-je vous rappeler ces jeunes femmes enlevées et dirigées vers des « bordels » militaires pour servir de proies à « vos admirables combattants » ?

Dois-je vous rappeler ces dizaines de jeunes hommes morts la peau sur les os, après que vos « médecins » les aient vidés de leur sang au profit de « vos admirables combattants » ?

Et, enfin, dois-je vous rappeler que ces archives, que vous réclamez, datant d’avant le 5 juillet 1962, elles appartiennent à la France car, mais peut-être l’avez-vous oublié, l’Algérie était française jusqu’à cette date, où le chef de l’Etat de l’époque vous a offert l’indépendance ?

La France n’a aucune obligation de vous les remettre et cela vaut peut être mieux pour vos mémoires car elles ne sont pas du tout à votre honneur dans cette guerre de religion où vos « moudjahidines » ont massacrés, torturés, mutilés, égorgés, éventrés, des milliers d’innocents, européens et musulmans !

Mais, puisque vous êtes ministre des anciens combattants algériens, sans doute pouvez-vous répondre à toutes ces questions que nous nous posons depuis plus d’un demi-siècle et nous dire ce que « selon les préceptes de votre religion qui respectait le droit de vie » sont devenus ces milliers de disparus ?

Ce n’est pas nécessaire, Mohamed Abbas, ce que vous avez fait de ces malheureux nous le savons parfaitement, de ce côté de la Méditerranée. Ce qui serait utile à vos mémoires ce serait que votre jeunesse en soit informée et que ce passé ne leur soit pas totalement occulté.

N’était-ce pas le thème de ce colloque : « L’unité nationale entre passé et présent » ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

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