Publié par Gaia - Dreuz le 28 juillet 2019

Source : Atlantico

Selon le classement annuel du “Global Innovation Index”, la Suisse est le pays le plus innovant de la planète et cela pour la 9ème année consécutive. Le bilan de la France est beaucoup plus ambigu. On cherche beaucoup en France mais on trouve peu.

Il y a plus d’un demi-siècle déjà, le Général de Gaulle, en visitant le CNRS, avait fustigé tous les chercheurs français. « Vous cherchez, vous cherchez …c’est bien.Mais si vous trouviez de temps en temps, ce serait mieux pour le pays ! »  Que nos chercheurs cherchent un peu moins et trouvent plus. A l’époque, la France ne brillait pas au niveau mondial pour le nombre de ses brevets et ses découvertes.

Les choses n‘ont guère changé en termes de découvertes, de licences déposées et de brevets. En revanche, le montant des investissements en R&D est parmi le plus lourd du monde.

Cette performance vient du bénéfice du crédit impôt recherche. Jacques Chirac avait du flair.Le crédit impôt recherche a transformé la France en paradis fiscal pour les chercheurs.Le résultat est que l’Hexagone attire les chercheurs, les services de recherche qui viennent quasiment du monde entier pour plein de raisons bien sûr. La qualité de l’enseignement supérieur, la façon dont sont traités les chercheurs, la qualité de vie pour les intellectuels… les infrastructures, la mer à proximité, la montagne et le ski l’hiver.Il paraît que tout cela est très bénéfique aux activités des neurones.

Mais en réalité, il y a une autre raison : les chercheurs et leurs dépenses de recherche développement permettent de recharger un crédit d’impôtrecherche.

Beaucoup de PME ont donc ouvert des services de recherche, beaucoup de multinationales ont installé des bureaux de recherche dans le giron ou àproximitédes grandes universités, sur le plateau de Saclay, dans les environs de Nice ou d’Aix-Marseille.

Le problème, c’est que le nombre de brevets déposés n’est pas à la hauteur de l’investissement. Le problème est qu’en saison de diète budgétaire, le montant du crédit impôt recherche (plus de 20 milliards par an) aiguise l’appétit des fonctionnaires de Bercy. Sauf que cette niche fiscale est une des mieux gardées. Pour les grandes entreprises, ça n’est pas un problème, c’est une opportunité dont elles profitent

Depuis plus de dix ans, l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMNI), l’université de Cornell et l’Insee réalisent un classement annuel des pays les plus innovants de la planète. Ce palmarès s’appuie sur divers instruments de mesure tels que les demandes de brevet, les investissements en R&D ou les demandes relatives au contexte économique.

Et bien pour la 9ème année consécutive, la Suisse se situe en tête du classement, suivie de la Suède et des États-Unis. La France n’est que le 16ème pays le plus innovant au monde et le 9ème au niveau européen.

C’est évidemment intriguant. Ce résultat médiocre au regard des investissements en R&D s’expliquerait pour beaucoup par la lourdeur du système éducatif qui bloquerait toutes les ambitions de créer des entreprises. Le projet de faire fortune aussi n’appartient pas à l’ADN française. Ces arguments sont assez peu convaincants. Et il y en a un dont beaucoup n’osent pas parler, c’est le poids des aides à la recherche.On récompense« les chercheurs », alors qu’on devrait récompenser« les trouveurs ».

Puisque ceux qui trouvent ne sont pas récompensés, ils s’expatrient.Nous sommes très forts pour découvrir une nouvelle molécule, nous sommes beaucoup moins forts pour la développer et l’industrialiser. Même phénomène dans le digital. La découverte de l’application a besoin d’une perspective de marché pour se développer.Cette perspective n’existe pas sur le marché européen (trop réglementé et trop compliqué), cette perspective existe aux Etats-Unis. D’où le nombre impressionnant de chercheurs français qui trouvent une pépite et qui vont la développer en Californie.

Chaque année, les membres du gouvernement s’émerveillent du nombre de Français qui présentent leur activité au CES de Las Vegas (le consumer electronic show). C’est très tendance, très mode. La vérité, c’est que si la France est capable d’aligner la délégation la plus nombreuse, c’est bien parce qu’elle a beaucoup de chercheurs qui cherchent surtout un point de chute aux USA.

Certains analystes en viennent à penser que la recherche est trop aidée fiscalement. Du coup, la France attire beaucoup les chasseurs de primes mais pas toujours les meilleurs chercheurs.A priori avec le montant du crédit impôt recherche, nous devrions avoirs trois fois plus de prix Nobel dans les domaines scientifiques que nous en avons.

Le tableau ci-dessous reprend le classement des pays les plus innovants du monde publié par Statista sur des sources venant de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle.

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