L’avocat Gilles-William Goldnadel déplore que la classe médiatique et politique soit plus sévère avec Trump qu’avec les mollahs. Il rappelle que le régime de Téhéran, loin d’être modéré, reste très répressif pour les femmes et les minorités.
Le point de vue qui suit est très minoritaire. C’est même sa raison d’être.
Il soutient que dans le bras de fer entre le président Trump et l’ayatollah Khamenei, la classe politique et médiatique européenne, avec sa supériorité habituelle teintée d’un antioccidentalisme inconscient, fait montre d’une sévérité à l’égard de la partie américaine qui n’a d’égale que son absence totale d’esprit critique à l’égard de la République islamique.
Nous ne considérons pas comme central le débat sur la sortie des Américains de l’accord nucléaire avec l’Iran. Tout a été écrit sur le sujet et assez correctement.
L’accord conclu avait ses faiblesses (durée trop limitée, inspections inopinées prohibées), mais il avait le mérite d’exister. Les Américains d’Obama tenaient à le signer en dépit d’une résistance des Français, qui s’y sont résignés.
«Les esprits supérieurs qui continuent de sévir l’ont vendu aux réticents en édictant le postulat indiscutable que les mollahs radicaux deviendraient des agneaux, une fois le traité signé»
Gilles-William Goldnadel
Sauf que ce qui ne faisait pas partie du deal nucléaire était aussi important que celui-ci. Les esprits supérieurs qui continuent de sévir l’ont vendu aux réticents en édictant le postulat indiscutable que les mollahs radicaux deviendraient des agneaux, une fois le traité signé.
Or c’est très exactement l’inverse de ce à quoi nous avons assisté.
Dans le domaine fondamental des armes balistiques, en violant la résolution 2231 du CSNU, les islamistes iraniens se sont surpassés pour avoir le bras long à l’égard de leurs cibles futures.
L’ONU comme l’Occident sont restés cois.
Sur les droits de l’homme, l’organisation Amnesty International, pourtant peu suspecte de tropismes pro-occidentaux, a baptisé l’année 2018 en Iran «année de la honte». Elle a stigmatisé «une répression effroyable de la dissidence avec plus de 7 000 personnes arrêtées».
Sans aucuns échos internationaux, Amnesty notait que «l’Iran a aussi intensifié sa répression discriminatoire contre des minorités religieuses et ethniques en arrêtant et en emprisonnant arbitrairement des centaines de personnes».
Sur les droits des femmes, ma consœur, la merveilleuse Nasrin Sotoudeh, a de nouveau été arrêtée et condamnée le 11 mars 2019 à dix ans d’incarcération supplémentaires et à 148 coups de fouet pour «incitation à la débauche». Tout cela pour avoir défendu des femmes qui refusaient de porter le voile. Il serait excessif de soutenir que les néoféministes occidentales ont fait montre, en la circonstance, de leur ordinaire alacrité lorsqu’il s’agit de fustiger le mâle européen.
«Dans le cadre international, loin de réduire à quia les interventions belliqueuses des mollahs, l’accord nucléaire les aura au contraire galvanisés»
Gilles-William Goldnadel
Dans le cadre international, loin de réduire à quia les interventions belliqueuses des mollahs, l’accord nucléaire les aura au contraire galvanisés: au Yémen, en Irak et surtout en Syrie, ils construisent des bases militaires avec leur supplétif, le Hezbollah, classé officiellement organisation terroriste.
Précisément, dans le domaine du terrorisme international, on constate que le régime de Téhéran n’a rien perdu de son activisme. Pour ne prendre qu’un seul exemple, il y a un an, l’Allemagne a arrêté un diplomate iranien qui avait personnellement remis des explosifs à des terroristes en vue de les utiliser contre le rassemblement annuel des Moudjahidins du peuple iranien à Villepinte.
On ne peut pas dire que la réaction médiatique ou politique française à une tentative d’attentat commis sur le sol français ait été d’une virulence extrême.
Pour terminer, qu’on m’autorise une observation personnelle: j’imagine d’avance certains expliquer notamment ma prise de position en raison d’un soutien à Israël aussi assumé que notoire.
Et ils auront parfaitement raison. Je reconnais bien volontiers que le fait que le régime de Téhéran inscrive sur ses missiles: «Israël sera détruit» ne me persuade pas davantage de ses intentions pacifiques. Et je vois dans l’indifférence européenne à ce sujet crucial une attitude dont j’ai peine à faire le départ entre la lâche démission et l’abandon d’un État juif et d’une démocratie occidentale.
Pour autant que les deux choses ne soient pas complémentaires.
«Je vois dans l’indifférence européenne à ce sujet crucial une attitude dont j’ai peine à faire le départ entre la lâche démission et l’abandon d’un État juif et d’une démocratie occidentale»
Gilles-William Goldnadel
Au-delà de la question israélienne, mais dans un domaine très voisin, je signale à l’opinion décidément assoupie qu’il y a quelques jours, le 18 juillet, l’Argentine du président Macri a désigné le Hezbollah pro-iranien comme responsable de l’attentat contre le centre communautaire juif Amia de Buenos Aires, qui avait fait 85 morts. Un ministre iranien est visé par un mandat d’arrêt international. Le procureur Nisman chargé des poursuites a été assassiné. L’ex-présidente Kirchner, qui a voulu régler amiablement l’affaire avec Téhéran, a été poursuivie en justice. Mais qui s’en soucie?
Lorsque je déplore cette lacune ornithologique de ne voir planer les «faucons» que dans le ciel de Washington et non de Téhéran, cette maladresse linguistique de désigner Trump comme un mégalomane imprévisible mais de qualifier constamment Rohani de président «modéré», cette erreur stratégique de ne réclamer des accommodements qu’au premier mais aucun renoncement au second, est-ce que j’exagère inconsidérément?
Je tiens à conclure en précisant inutilement que je ne confonds en rien le merveilleux peuple persan avec ses dictateurs en turban.
* Son dernier ouvrage, «Névroses médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée», est paru chez Plon.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.
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Je connais l histoire en général et c elle de mon peuple .C est la raison pour laquelle j ai décide depuis longtemps de quitter ce pays , encore appelé France .
Je m inquiète pour ceux qui restent encore.
Je m inquiète pour eux.
On vous lit toujours avec plaisir, Monsieur Goldnadel. Votre intelligence exposée dans vos propos avec style et pertinence fait mouche. On ne s’en lasse pas.
Reste qu’on déplore qu’il y ait tant de sujets aujourd’hui à dénoncer sans relâche.
Reste qu’on déplore qu’Israël soit encore et toujours au centre de tous ces diatribes politiques de nos intellectuels plus anti-occidentaux que jamais, cet éternel bouc émissaire.
Rejoint par Donald Trump maintenant dans cette ire médiatique collective hexagonale. Que le Donald ait de la famille juive et qu’il entend défendre le petit état agressé de toute part n’est évidemment pas fortuit en cette occurrence.
A lire nos média et à entendre nos politiques, que le président US veuille pour son pays richesse et grandeur semble impardonnable ! Ce qui montre que dans le profond de leur esprit, ils savent bien que la “grandeur américaine” était le résultat de l’esprit de liberté, du goût de l’effort, de la culture judéo-chrtienne occidentale et blanche des pères fondateurs.
Et, en dépit, la réussite insolente de la société israélienne, île étincelante dans l’océan barbare des sociétés qui la cernent, ajoute encore à leur frustration !
@ Barakat
Votre commentaire est magnifique et juste en tous points. J’y adhère totalement. Merci.
les Européens sont contre la peine de mort mais l’iran pratique a plein régime ( nazi ) la peine de mort …. maintenant trouver le point qui les unis ….
Étrange indulgence ?
Bah ! Seulement une preuve flagrante de plus (et la liste est longue) qui démontre à qui ne la voit pas encore, le vrai visage de l’Europe, et quelles sont ses véritables désirs et buts.
Pas de quoi être fiers ! On arrive encore à leurrer quelques gogos, surtout des adeptes…
Mais comme toujours, la vérité arrivera et frappera de plein fouet, mettant à terre toutes les forfaitures.
Peut-être même qu’il faudrait, alors, un procès nouveau, genre Nuremberg ?
Que reste-t-il de “persan” au peuple iranien islamisé,
s’il vous plaît , Monsieur?
Je regarde, dans “Intermèdes”— spécialisé dans les “voyages
culturels”— à “Iran”.
Les sites persans nommés sont: Persépolis, Suse. Les
autres sites retenus par l’inévitable guide qui accompagne
ces voyages, sont des sites à mosquées, quand ce n’est
pas à centrale atomique (non loin): aucune mention,
en effet des sites nucléaires dispersés sur tout le
territoire iranien, et auxquels aucun agent inspecteur
de l’AIEA n’a pu accéder.
L’un des tout derniers sites persans découverts (et
fouillés) par les archéologues russes: Jiroft, n’est pas
mentionné.
L’Iran n’a, de mon point de vue, plus rien à voir
avec la Perse, avec son passé prestigieux: l’islam
le noie dans l’obscurantisme qui stérilise les
esprits, empêche la création artistique.
Quant à la France socialiste de Macron/Hollande,
indulgente avec le totalitarisme islamique iranien,
elle se montre aussi stérile, intellectuellement,
que l’Iran des mollahs.
Tout cela , pour quelques contrats de plus…
les mollahs appliquent le coran à la lettre;
1) tuer des juifs et des chrétiens
2) considérer la femme comme un champ à labourer à loisir
les politiques occidentaux devraient se mettre à la page et lire le coran
@ Patphil
Court mais bien dit, Patphil.
Me Goldnadel, vous venez de démontrer, si besoin en était, que l’Histoire se répète, et de façon frappante : nos dirigeants actuels raisonnent et agissent exactement de la même manière avec l’Iran des mollahs que les dirigeants français et britanniques d’avant-guerre le faisaient avec Hitler.
“Les esprits supérieurs qui continuent de sévir l’ont vendu aux réticents en édictant le postulat indiscutable que les mollahs radicaux deviendraient des agneaux, une fois le traité signé”
Remplacez ‘les mollahs’ par ‘Hitler’ et vous plagiez les historiens.
Sur la propension de nos dirigeants et leurs valets, les médias mainstream, à user de sévérité envers l’administration Trump alors que dans le même temps ils sont très curieusement indulgents envers le régime des mollahs, trois possibilités :
– ou ils sont d’une lâcheté crasse, confinant à la dhimmitude, comme l’étaient Daladier et Chamberlain en leur temps,
– ou ils ont consciemment basculé dans le camp des anti-occidentaux, et rêvent d’un pouvoir islamique fanatique en Europe
– ou encore leur haine contre Trump est telle qu’elle leur fait dire et faire n’importe quoi et prendre par principe un parti anti-Trump, ce qui serait la preuve d’une crétinerie de niveau olympique
Ils ont la même attitude qu’en 2003, quand Bush parlait de guerre contre l’Irak de Saddam Hussein. À l’époque déjà, ils oubliaient les crimes et le caractère sanguinaire du régime de Saddam Hussein, ils oubliaient les violations systématiques des accords signés par l’Irak avec les autorités de contrôle de la prolifération nucléaire, et dans leur haine de Bush ils ont réalisé l’exploit de finir par présenter Saddam Hussein comme un type plus présentable que GW Bush.
C’était le même antiaméricanisme viscéral, la même crétinerie, la même malhonnêteté crasse, la même complaisance pour les terroristes et les bouchers, la même indifférence envers Israël, variable d’ajustement de leur politique perverse et pourrie.
On récolte ce que l’on sème : voir l’état des pays d’Europe occidentale aujourd’hui…
Étrange indulgence ? Et si était encore porté dans les cœurs ce catholicisme qui autrefois terrorisait les jeunes enfants. Ainsi on présentait autrefois à ma mère (84 ans actuellement) des images d’enfer, façon de les terroriser… Pour une autre personne encore plus âgées de mes connaissances et mise en pension très tôt, le fait d’effleurer par inadvertance le bras dénudé d’un autre pensionnaire conduisait à être puni. D’alors demander à son père ce que c’était un péché de chair, cause de la punition, de recevoir alors une grosse gifle, le père lui disant : “maintenant, tu sais !”
On a donc du passer un peu trop rapidement à la trappe le terrorisme des catholiques alors dominants (leur douceur actuelle fait penser à la douceur musulmane en attente de prendre le pouvoir : et là effectivement tout changera !).
On peut penser que cette terreur, par manque de thérapie adéquate, est resté comme inscrite dans les gênes, dans la chair, et se transcrit en respect continuel de ce qui inspire au final la terreur… Ainsi l’indulgence égard à l’Iran totalitaire… Peut-être un espoir inconscient d’entrer au Paradis… car sait-on jamais !!!!
Trump lui a mis son poing dans la gueule à son prof du musique qui lui disait que ses gouts musicaux étaient nuls ! Lui au moins s’est révolté contre le totalitarisme de la pédagogie noire ! Raison pour laquelle je l’apprécie ?