Publié par Gilles William Goldnadel le 6 août 2019

Le Monde, dans sa rubrique des Décodeurs, a posé le 1er août la question suivante : « La France a-t-elle réellement voté une résolution de l’ONU désignant Israël comme « seul violateur du droit des femmes ? » La réponse se veut négative et bienveillante pour la condamnation controversée. 

L’article est signé par Assma Maad, transfuge de feu Buzzfeed.

Visite guidée d’un monument de malhonnêteté intellectuelle.

Une remarque pour commencer : la question posée est stupide. Le mot ancien de « violateur » n’existe plus dans la langue française que dans le sens de « profanateur ». La journaliste a donc été le pêcher dans une mauvaise traduction d’un article publié en anglais sur le site de l’ONG U.N. Watch. La résolution en elle-même édicte : « que l’occupation israélienne continue de constituer un obstacle majeur pour les femmes et les filles palestiniennes en ce qui concerne l’exercice de leurs droits. » Une seconde résolution, d’essence féministe, observe : « cette violence, qui se produit dans les rues au sein des communautés, compromet la sécurité des femmes dans leur propre environnement, fait obstacle à l’exercice de leurs droits au quotidien et renforce le stéréotype selon lequel elles ont constamment besoin de protection et de supervision. »

Pour expliquer que U.N. Watch a, sinon menti, du moins gravement exagéré, Assma Maad commence par la dénigrer en décrétant qu’elle ne serait pas « impartiale » s’agissant d’Israël et va jusqu’à évoquer un article du journal suisse Le Temps daté de 2013 qui « s’interrogeait sur les méthodes et la réelle indépendance de cet ONG ». On n’en saura pas plus. En réalité, la raison d’être principale de U.N. Watch est précisément de montrer l’incroyable partialité de l’ONU à l’égard d’Israël et le fait que l’aréopage international lui consacre plus de 90 % de ses condamnations.

Le gouvernement américain est d’ailleurs entré en guerre contre cette injustice obsessionnelle et lourde de sens historique et menace régulièrement pour cette raison de couper les crédits de l’organisation.

Cet état de fait ou de non -droit réel, comme on voudra, n’est contesté par personne de sérieux quand bien même il ne communierait pas dans l’amour d’Israël ou du sionisme. C’est ainsi que l’ancien Secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon, en décembre 2013 et peu avant son départ avait déploré cette situation inique et contre-productive pour la paix.

En réalité, ce que conteste U.N. Watch et qui la révolte en même temps qu’une grande partie du public, c’est qu’Israël soit ainsi le seul État du monde qui fasse l’objet d’une condamnation en matière de viol du droit des femmes. Madame Maad a feint de ne pas le comprendre et esquivé cette question ontologique.

Ce que conteste U.N. Watch et qui révolte en même temps une grande partie du public, c’est que les pays islamistes comme l’Iran ou l’Arabie Saoudite qui foulent aux pieds le droit des femmes ne font pas l’objet de telles condamnations.

Ce que conteste U.N. Watch et qui révolte une grande partie du public, sauf le journal Le Monde et la rédactrice de l’article, c’est que les femmes Arabes d’Israël ou des territoires jouissent infiniment de plus de droits qu’au sein des sociétés islamiques. Ainsi, c’est malheureusement dans les territoires palestiniens ou en Jordanie que les femmes violées et voilées font l’objet de « crimes d’honneur » parce que « déshonorées » à tout jamais aux yeux de leur société. Voilà ce qui devrait être flétri par le monde et le Monde.

Ce que conteste U.N. Watch et une grande partie du public, c’est que la France ait pu mêler sa voix à celle de cet Iran qui condamne au fouet mes consoeurs avocates courageuses emprisonnées . Pour noyer le poisson, la journaliste ramène dans ses filets d’autres pays que la France, l’Iran et l’Arabie Saoudite.

Qu’est-ce que cela change à l’indignité du mélange ?

Ce que conteste U.N. Watch et une bonne partie du public français ,c’est que le président de la République, devant les notables du CRIF en pâmoison, avait expliqué doctement autant que fermement que l’antisionisme viscéral encourageait l’antisémitisme criminel et qu’il fallait le combattre sans faillir.

On voit ici, une nouvelle fois l’écart abyssal entre ce qu’Emmanuel dit très bien et ce que Macron fait très mal.

Un mot encore sur cette notion d’indépendance sur laquelle la rédactrice daube s’agissant de U.N Watch et du député « franco-israélien » Meyer Habib auquel elle fait un sort particulier.

Et si on évoquait sa propre indépendance d’esprit ?

Consterné par la partialité flagrante de l’article et par la pauvreté de son argumentation, je me suis intéressé à son auteur et à son compte Twitter (qu’elle a depuis privatisé…).

S’agissant d’une journaliste d’un journal qui semble aspirer encore au sérieux, s’agissant plus encore de la rubrique « Décodeur » censée, avec distance, expliquer au bon peuple les mensonges dont il est l’impuissante victime, on était en droit de s’attendre à l’objectivité la plus intransigeante. Davantage encore, en matière d’indépendance, que celle d’une O.N.G. engagée.

Las, quelle ne fut pas ma surprise de constater, et je lui fais grâce de ses messages en faveur de la Palestine, que la journaliste intraitable envers les autres avait cru devoir tweeter le 7 juillet : « toutes et tous derrière l’Algérie ce soir ! », suivi de l’étendard du pays concerné.

C’est tout à fait le droit de Madame Maad de clamer son amour d’un pays étranger.

S’agissant toutefois de l’Algérie qui refuse d’entretenir des relations avec Israël, où je ne peux y mettre un pied car mon passeport porte un tampon maudit, où le pacifique Enrico Macias y est menacé de mort et où les cimetières juifs et chrétiens sont en déréliction, c’est encore plus mon droit de m’interroger sur son indépendance d’esprit lorsqu’elle aborde un certain conflit.

La lecture de cet article malhonnête intellectuellement fait hélas passer de la crainte à la certitude. Je suis engagé et je ne suis pas journaliste et nul n’aurait l’idée de me faire tenir la rubrique des Décodeurs, a fortiori sur un sujet aussi clivant.

C’est pourtant ce que le Monde a fait, passant ainsi délibérément du journal à l’officine militante. Je terminerai par une autocritique. J’ai tort d’en faire toute une affaire. Il y a quelques semaines dans le Figaro, je critiquais sans grande aménité cet article insane de la correspondante du journal vespéral aux États-Unis qui trouvait qu’il y avait trop de blanches dans l’équipe de football américaine.

Cette semaine, voilà que je m’emporte contre un article qui légitime la haine obsessionnelle et pathologique de l’État juif ainsi que le traitement unique qui lui est réservé dans les enceintes internationales. Mais qui prête, à part moi, encore de l’importance au chantre du conformisme intellectuel et de l’anti-occidentalisme réunis ?

PS : Le Monde daube sur l’ONG U.N. Watch, mais n’a toujours pas écrit un seul mot sur le scandale financier et sexuel qui frappe de plein fouet l’intouchable agence des réfugiés de Palestine UNRWA . Même Libé en a fait un sujet. C’est tout dire qu’il n’en dise rien.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation de Valeurs actuelles.

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