Publié par Magali Marc le 7 août 2019

Tandis que les Démocrates se bousculent aux micros pour rendre Trump responsable des tueries de Dayton et de El Paso et que leurs valets dans les médias renchérissent, certains remarquent que Barack Obama n’a jamais reçu de blâme pour les fusillades qui se sont produits sous ses huit années d’administration.

Pourtant le magazine National Affairs a publié en 2018, un article comparant le nombre de fusillades de masse s’étant produites sous les présidents Johnson, Reagan, G.W. Bush (père), Clinton, GW Bush (fils), Obama et Trump.

Il se trouve que c’est sous l’Administration Obama qu’a eu lieu le plus grand nombre de fusillades de masse, dont au moins 3 d’Islamistes radicaux, pour lesquelles il n’a jamais reçu le moindre reproche.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit une partie de l’article publié par National Affairs (Printemps, 2018).


Le protocole Obama

Malgré les efforts de Bush, les fusillades de masse ont continué de sévir dans notre pays sous la présidence de Barack Obama. L’administration Obama a subi 24 fusillades de masse, soit plus que les trois gouvernements précédents réunis. Plus que tout autre gouvernement précédent, Obama et son cabinet semblaient disposer d’un manuel pour réagir aux fusillades, et ils ont généralement fait des commentaires ou publié des déclarations à leur sujet. Fini le temps où l’on ignorait les fusillades de masse et où l’on espérait ainsi les priver d’attention.

Le 3 avril 2009, quelques mois seulement après le début de l’Administration Obama, un immigrant vietnamien a tué 13 personnes dans un centre de services d’immigration à Binghamton, New York. M. Obama a répondu par une déclaration standard de la Maison-Blanche : « Nos pensées et nos prières vont aux victimes, à leurs familles et aux habitants de Binghamton. »

La fusillade de masse suivante, cependant, était plus compliquée pour Obama et apportait un nouvel élément dans les réactions présidentielles aux événements de tir de masse.

Le 5 novembre 2009, un psychiatre de l’armée a tué 13 personnes à Fort Hood, une base militaire au Texas. Le tueur était musulman et a été trouvé en contact avec le religieux radical d’Al-Qaïda Anwar al-Awlaki, qui a ensuite été tué par un drone américain en 2011. La religion du tueur et ses liens avec un agitateur terroriste antiaméricain ont soulevé des questions quant à la classification de la fusillade comme une attaque terroriste.

La réaction initiale de M. Obama, incluse dans un discours sur les Amérindiens au ministère de l’Intérieur, n’a pas abordé la question du terrorisme. Le président a reconnu qu’il s’éloignait du sujet et a loué « ceux qui vivent et servent à Fort Hood. Ce sont des hommes et des femmes qui ont pris la décision désintéressée et courageuse de risquer et parfois de donner leur vie pour nous protéger tous les jours. C’est déjà assez difficile quand nous perdons ces braves Américains dans des batailles outre-mer. C’est horrible qu’ils se fassent tirer dessus sur une base de l’armée en sol américain. »

Au fur et à mesure que de plus amples détails sur le tueur et ses liens avec les terroristes ont été dévoilés, M. Obama et son équipe ont essuyé des critiques pour ne pas avoir qualifié l’incident d’attaque terroriste. Après la fusillade, les responsables du Pentagone ont appelé à s’attaquer au problème de la « violence sur les lieux de travail », qui semblait être un effort délibéré pour éviter la désignation terroriste.

En outre, le fait que les chefs de l’armée n’aient pas tenu compte des signes avant-coureurs du comportement inquiétant du tueur et de ses sentiments de plus en plus antiaméricains soulève la question de savoir si le politiquement correct a dissuadé l’armée de faire face à la situation et de prévenir l’attaque.

La fusillade de Fort Hood s’inscrivait également dans une tendance générale de l’Administration Obama, qui semblait essayer d’éviter d’identifier les attentats terroristes comme tels.

Quelques mois avant Fort Hood, Janet Napolitano, secrétaire à la Sécurité intérieure, avait expérimenté l’expression « catastrophes causées par l’homme » comme euphémisme pour désigner des actes terroristes. Elle a défendu le terme, expliquant que la substitution « démontre que nous voulons passer d’une politique de peur à une politique de préparation à tous les risques qui peuvent survenir ». En plus de se moquer à juste titre de la circonlocution de Napolitano, il y avait aussi un danger à utiliser un tel euphémisme. Comme l’a expliqué James Carafano, de la Heritage Foundation : « En essayant délibérément de ne pas utiliser le mot T (terrorisme), ils courent un risque politique sérieux. S’il arrive quelque chose, ils seront accusés d’avoir détourné l’attention et aucune explication après coup ne suffira. »

En fin de compte, alors que le recours au terme « catastrophes causées par l’homme » a été heureusement de courte durée, l’impression que l’Administration Obama était réticente à appeler « terrorisme » les attentats d’inspiration islamiste a persisté pendant tout le mandat d’Obama.

En septembre 2016, il a répondu à la critique en disant qu’il s’agissait d’une fausse question et en expliquant que « ce que j’ai fait en décrivant ces événements, c’est de veiller à ce que nous ne mêlions pas ces meurtriers au milliard de musulmans qui existent partout dans le monde, notamment dans ce pays, qui sont pacifiques, responsables, et qui, ici même, sont nos collègues militaires, policiers, pompiers, professeurs, voisins et amis ».

À ce moment-là, il y avait eu trois fusillades de masse qui semblaient avoir été inspirées par l’islamisme radical, ainsi que près de 20 autres sans lien avec le terrorisme.

Fusillades politisées

Il y a eu tellement de fusillades de masse pendant les années Obama qu’il serait difficile de les analyser toutes dans un article de cette longueur. Quelques-uns de ces incidents se distinguent cependant, tant par leur ampleur que par l’ampleur de la réaction présidentielle.

La première a été la fusillade de janvier 2011 à Tucson, en Arizona, qui a coûté la vie à six personnes et lors de laquelle Gabrielle Giffords, congressiste de l’Arizona, a été grièvement blessée. Cette fusillade a eu lieu peu de temps après que les Républicains eurent repris la Chambre des Représentants aux Démocrates lors des élections de 2010.

Ce jour-là, M. Obama a fait de brèves remarques sur cette tragédie. Ses commentaires se sont concentrés sur Giffords, car il s’agissait de l’une des rares occasions où le président en exercice avait un lien personnel avec l’une des victimes de la fusillade. La réaction à la fusillade a été plus chargée politiquement qu’à la suite d’autres fusillades de masse. Mme Giffords avait été « ciblée » par les Républicains lors du cycle électoral précédent, et certains à gauche suggéraient que le fait de cibler des membres spécifiques pour une défaite politique encourageait d’une certaine manière le ciblage réel pour des attaques physiques. La droite a réagi en démystifiant cela et en montrant que le « ciblage » était – et est toujours – un concept utilisé par les deux parties.

(…)

Il y avait plusieurs causes possibles à la politisation accrue des fusillades qui a commencé avec l’attaque de Tucson. L’un des principaux coupables était les médias sociaux, qui ont entraîné des réactions immédiates et souvent intempestives, suivies de contre-réactions de la part de l’autre partie. Il n’y avait qu’environ 17 millions d’utilisateurs de Twitter en 2009, la première année du mandat d’Obama ; en 2011, il y en avait 118 millions. (Il y a maintenant plus de 330 millions d’utilisateurs.)

Les journalistes et les militants politiques ont été les premiers à adopter Twitter, ce qui en fait un environnement plus politique qu’un échantillon représentatif de la population ne l’aurait créé. Il y avait aussi le fait qu’une politicienne (démocrate) avait été blessé, ce qui donnait l’impression que la motivation du tireur était politique. Et le contexte, à la suite d’une élection âprement disputée au cours de laquelle la Chambre a changé de mains, y a également contribué. Enfin, il y avait le fait que les fusillades de masse faisaient de plus en plus souvent partie de la vie américaine. Tout comme tout le reste de la société devenait politisé, les fusillades de masse l’étaient aussi.

Le prochain attentat digne de mention a eu lieu en 2012 dans un cinéma d’Aurora, Colorado, à seulement 20 miles de Columbine. Le tueur, James Holmes, qui s’était teint les cheveux pour ressembler au Joker des bandes dessinées et des films de Batman, est entré dans un projection de minuit de The Dark Knight Rises et a ensuite tué 12 personnes. La politique est également entrée en ligne de compte.

Brian Ross, journaliste d’investigation d’ABC News, a rapporté qu’il y avait un Jim Holmes à Aurora qui était membre du Tea Party, suggérant qu’il y avait peut-être une motivation de droite pour cette attaque. Le reportage était inexact – le Jim Holmes du Tea Party n’était pas James Holmes l’assassin de masse – mais l’incident indiquait à quel point les antécédents des assassins étaient maintenant analysés par les journalistes et d’autres personnes afin de déterminer leurs convictions politiques et leurs motivations possibles.

La fusillade de l’Aurora s’est produite pendant ce qui semblait être une campagne de réélection difficile pour Obama. Son personnel l’a informé de l’attaque à 5 h 26 du matin, un cas rare où un président a été informé d’une fusillade de masse pendant les heures traditionnelles de sommeil. Alors qu’il s’exprimait lors d’un rassemblement électoral en Floride plus tard dans la journée, M. Obama a fait taire la foule afin de faire face à cette tragédie : « Une telle violence, un tel mal sont insensés. C’est au-delà de la raison ». Il a également lancé un appel à l’unité, soulignant que la tragédie « nous rappelle toutes les façons dont nous sommes unis comme une seule famille américaine ». En outre, M. Obama a ordonné que les drapeaux flottent en berne, et lui et son adversaire républicain Mitt Romney ont tous deux accepté de suspendre temporairement les publicités négatives au Colorado.

Obama a gagné sa bataille de réélection contre Romney, mais les fusillades de masse ont continué pendant son second mandat.

Celui qui a semblé l’affecter le plus a eu lieu peu après sa réélection, lorsqu’un homme dérangé a tué 26 personnes, dont 20 élèves de CP, avant de se suicider à l’école primaire Sandy Hook à Newtown, dans le Connecticut. M. Obama a pris la parole à Newtown lors d’une veillée pour les victimes, exprimant sa frustration face au fléau persistant des fusillades de masse : « Nous ne pouvons plus tolérer ça. Ces tragédies doivent cesser. Et pour y mettre fin, nous devons changer. On nous dira que les causes de cette violence sont complexes, et c’est vrai. Aucune loi – aucun ensemble de lois ne peut éliminer le mal du monde ou prévenir tout acte de violence insensé dans notre société. Mais ça ne peut pas être une excuse pour l’inaction. On peut sûrement faire mieux. »

Plus tard, vers la fin de sa présidence, Obama a déclaré: « Je considérerai toujours le jour où je me suis rendu à Newtown pour rencontrer les parents et m’adresser à cette communauté comme le jour le plus difficile de ma présidence

L’engagement de M. Obama auprès des familles des victimes à Newtown a été plus personnel et plus intime que pour toute autre fusillade de masse.

Pourtant, les choses n’ont pas beaucoup changé du point de vue des politiques. M. Obama a profité de la tragédie et du début de son deuxième mandat pour relancer l’adoption d’une loi sur le contrôle des armes à feu.

La question du terrorisme

Deux fusillades survenues au cours des 15 derniers mois de l’Administration Obama ont eu d’énormes implications politiques pour l’héritage d’Obama et les élections de 2016. Les deux ont été perpétrées par des musulmans radicalisés et ont présentées comme du terrorisme commis par des « loups solitaires » plutôt que comme un problème récurrent de la « violence au travail » ou d’autres types de fusillades de masse.

Les agresseurs lors de la première fusillade, qui a eu lieu le 2 décembre 2015 à San Bernardino, en Californie, étaient un couple musulman marié. Le mari était né aux États-Unis et son épouse était de nationalité pakistanaise. Le couple bien armé et bien préparé a tué 14 personnes, principalement des collègues du mari. La nature collaborative de l’attentat rendait difficile son intégration dans le schéma des fusillades apparemment aléatoires de solitaires dérangés ; il semblait clairement s’agir d’un attentat terroriste d’inspiration islamiste.

Peu après l’attentat, M. Obama en a parlé à CBS News et a minimisé l’aspect terroriste de la fusillade : « La seule chose que nous savons, c’est qu’il y a des fusillades de masse dans ce pays qui n’ont pas d’équivalent ailleurs dans le monde. » En considérant l’attentat de San Bernardino comme une fusillade de masse plutôt que comme un acte de terrorisme, M. Obama a laissé une ouverture à Donald Trump, candidat de l’époque, qui émergeait d’un terrain républicain surchargé avec sa rhétorique dure contre l’immigration musulmane.

Contrairement à la prudence d’Obama quant à la détermination d’un motif pour la fusillade, Trump a offert une réponse directe le lendemain de l’attaque : « Jetez un coup d’œil. Je veux dire, vous regardez les noms, vous regardez ce qui s’est passé. À vous de me le dire

Plus tard, Trump a été encore plus explicite quand il a simplement dit : « Je pense que c’était du terrorisme

Six mois plus tard, alors que Trump s’approchait de la nomination au GOP et d’un match à l’automne contre Hillary Clinton, une autre fusillade de masse a été commise par un musulman.

Ce musulman d’origine américaine, qui était peut-être un homosexuel refoulé, a tiré sur un night-club gay à Orlando, en Floride, tuant 49 personnes avant d’être finalement tué par balle par la police.

La politique était encore plus compliquée dans ce cas, mêlant le contrôle des armes à feu, l’instabilité mentale, le terrorisme islamiste, la violence homophobe et d’autres questions brûlantes dans un ragoût complexe et toxique.

Le candidat Trump est entré dans la mêlée avec un tweet typiquement controversé : « J’apprécie les félicitations pour avoir eu raison sur le terrorisme islamique radical, mais je ne veux pas de félicitations, je veux de la fermeté et de la vigilance. Nous devons être intelligents ! »

Commencer le tweet avec gratitude envers les partisans qui l’ont lui ont donné raison, plutôt qu’avec des mots de réconfort pour les victimes, était un changement frappant par rapport aux approches des anciens présidents, qui soulignaient généralement leur rôle de consolateur en chef.

Trump aborda plus tard la question de la sécurité des LGBT dans son discours à la Convention nationale républicaine, s’engageant à « faire tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger nos citoyens LGBT contre la violence et l’oppression d’une idéologie étrangère haineuse [islamisme], croyez-moi ».

Obama, pour sa part, a été un peu plus direct cette fois-ci, peut-être préoccupé par le fait que d’aborder timidement la question du terrorisme pourrait nuire à Hillary Clinton dans ses efforts pour lui succéder. M. Obama s’est rendu à Orlando quatre jours après l’attentat, en compagnie du vice-président Joe Biden, pour rencontrer et réconforter les survivants et les familles des victimes. Alors qu’il s’adressait à la presse et reconnaissait non seulement Orlando, mais aussi San Bernardino, comme étant des attentats terroristes, il a déclaré : « Si les deux derniers attentats terroristes sur notre sol – Orlando et San Bernardino – ont été perpétrés par des conspirateurs extérieurs, non par de vastes réseaux ou des cellules sophistiquées, mais par des individus dérangés et déformés par la propagande haineuse que ces personnes avaient vue sur Internet, nous allons devoir faire davantage pour empêcher ce genre d’événements

Malgré la nouvelle volonté d’Obama, lors de sa dernière année au pouvoir, de discuter de la réalité du terrorisme islamiste solitaire, Trump a remporté l’élection au moins en partie parce que Barack Obama et Hillary Clinton avaient tous deux chercher une explication alternative possible pour éviter de reconnaître les composantes islamistes de ces fusillades de masse.


Les principales fusillades de masse commises sous l’Administration Obama (Source:Mother Jones)

  • Massacre de Fort Hood, Texas, 5 novembre 2009 (Le tueur était musulman et avait des liens avec un terroriste islamique)
  • Massacre de l’École Primaire Sandy Hook, Connecticut, 14 décembre 2012
  • Massacre de Charleston Church, Caroline du Sud, 17 juin 2015
  • Massacre au Centre de recrutement militaire de Chattanooga, 16 juillet 2015 (Islamiste)
  • Fusillade au Umpqua Community College, Oregon, 1er octobre 2015
  • Fusillade à Colorado Springs, Colorado, 31 octobre 2015
  • Fusillade de San Bernardino, Californie, 2 décembre 2015 (commise par 2 islamistes)
  • Fusillade de Kalamazoo, Michigan, 20 février 2016
  • Fusillade chez Excel Industries, Kansas, 25 février 2016
  • Massacre au Orlando Night Club, Floride, 12 juin, 2016 (commis par un islamiste)
  • Fusillade de la police de Dallas, Texas, 7 juillet 2016.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Sources:

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