Le titre du magazine Le Point ‘était sans appel : “Entretien avec Yuval Noah Harari, penseur le plus important du monde”(1). Ainsi, le penseur le plus important du monde serait un Israélien! La nouvelle a de quoi réjouir ceux qui sont d’avis qu’Israël a un rôle intellectuel à remplir dans le monde actuel.
Mais la lecture de l’interview, plus que décevante, est surtout édifiante. Harari n’est en effet pas le porte-parole d’une quelconque sagesse juive ou d’un savoir israélien, qui pourraient éclairer notre monde déboussolé… Bien au contraire, il réfute toute spécificité juive et va même jusqu’à affirmer que “l’impact du judaïsme dans l’histoire humaine est minime!” En effet, explique-t-il : “Les chasseurs-cueilleurs avaient des codes moraux des dizaines de milliers d’années avant Avraham”.
En cela, Harari n’est pas différent de bien des penseurs juifs illustres, au vingtième siècle et auparavant. La manière dont il s’évertue à dénier toute originalité au judaïsme ne constitue rien de très nouveau, depuis Freud et sa déconstruction de Moïse. Sa posture vérifie une “règle d’or”, qu’on pourrait énoncer ainsi : si un intellectuel juif veut voir son audience augmenter, il a tout intérêt à diluer le contenu juif de son message. Mettre de l’eau dans son vin, en quelque sorte, quitte à ce que le résultat final n’ait plus qu’une couleur rosâtre, presque translucide… Les exemples illustrant ce principe sont innombrables. Pensez à n’importe quel intellectuel juif médiatique, et vous verrez que l’étendue de son savoir juif (affiché ou réel) est inversement proportionnelle à son succès.
Dans le cas de Yuval Harari, on hésite pour dire s’il s’agit d’ignorance, d’un calcul délibéré, ou des deux à la fois. Son idée fixe de minimiser l’apport juif à la civilisation confine à l’obsession, comme s’il voulait dire sans cesse “Je suis Israélien certes, mais ma loyauté va avant tout aux valeurs universelles…” Ou encore (ce qui revient au même) : “Je ne suis pas de ces Israéliens à l’esprit étroit, qui croient encore que le peuple Juif aurait un message particulier à faire entendre au monde… C’est précisément de cela qu’il s’agit dans ses propos sur Israël et le judaïsme. “On nous dit que Jérusalem est la capitale éternelle du peuple Juif” alors qu’elle remonte à cinq mille ans et que le peuple juif a tout au plus trois mille ans d’existence”. Beau sophisme, qu’un journaliste un peu plus cultivé aurait aisément contré, en demandant à Harari quelle autre civilisation a fait de Jérusalem sa capitale…
Sur le même sujet, Harari se livre à une comparaison étonnante, qualifiant de “rétrograde” l’idée de reconstruire le Temple : “On voit une vision rétrograde presque partout : « Rendons à l’Amérique sa grandeur ». Si vous allez en Russie, cent ans après Lénine, la vision de Poutine pour l’avenir est en gros : « Retournons à l’empire tsariste. » Et en Israël, d’où je viens, la vision politique brûlante du moment est celle-ci : « Reconstruisons le temple”.
Yuval Harari explique aussi doctement à l’envoyé spécial du Point, Thomas Mahler, venu spécialement à Tel-Aviv pour rencontrer le penseur le plus important du monde, qu’il “a un problème avec le gouvernement actuel d’Israël”, car “le gouvernement actuel de B. Nétanyahou est en train de saper les libertés” [de pensée et d’expression]. M. Harari serait plus crédible si son souci de la liberté s’appliquait aussi à l’égard de la Russie de Poutine, qui vient de publier une version russe de son dernier livre avec d’importantes modifications dues à la censure, qu’il a acceptées sans sourciller. Les atteintes imaginaires à la liberté du gouvernement de Nétanyahou le dérangent plus que celles, bien réelles, de M. Poutine…
“Le terrorisme tue moins que le sucre”
Le reste de sa doctrine politique est à l’avenant. Dans ses “21 leçons pour le 21e siècle”, Harari énonce ainsi cette affirmation, qui explique sans doute en partie son succès planétaire : “le terrorisme tue moins que le sucre”. Au-delà de la vérité statistique, discutable, cet énoncé contient un mensonge politique, qui fera le bonheur de tous les dirigeants occidentaux (ces mêmes Macron et Merkel qui ont chaleureusement accueilli Harari), pressés de faire oublier la menace terroriste en parlant de réchauffement climatique ou d’autres menaces hypothétiques, qui ont l’immense avantage de ne comporter aucun ennemi.
On est ici au coeur de la philosophie de Yuval Harari et de l’idéologie très actuelle qu’il défend, laquelle abolit toute notion d’ennemi et de guerre légitime. Les terroristes ne sont rien, oubliez l’Etat islamique, le danger c’est l’algorithme, l’alimentation ou le changement climatique! Slogans démagogiques, capables de séduire tous ceux qui refusent de désigner un ennemi bien réel, en préférant lutter contre des abstractions plus ou moins fantasmagoriques. On comprend dès lors le succès d’Harari : il renvoie à un Occident fatigué et doutant de lui-même une image qui lui plaît et le conforte dans sa lâcheté politique, face à l’Iran et aux autres ennemis de la liberté. Celle-ci n’est d’ailleurs, dans la doctrine postmoderne d’Harari, qu’une “invention des hommes qui n’existe que dans leur imagination”(2).
A l’aune de sa définition édulcorée (comme le sucre) du terrorisme, on peut deviner ce que pense Harari de la menace islamiste : “L’islamisme n’a quasiment aucun attrait pour les non-musulmans!” (Apparemment, il n’a pas entendu parler des légions de convertis occidentaux qui peuplent les rangs de l’Etat islamique et d’Al-Qaïda…(3). Autre perle : “l’islam n’a pas une influence globalisée”. “Bien sûr”, consent-il, “l’islamisme séduit, mais il ne faut pas le surestimer”.
Dans la deuxième partie de cet article, nous verrons comment la pensée de Yuval Harari est marquée par le cognitivisme et le scientisme ambiant et comment elle s’oppose radicalement à la tradition hébraïque, et en particulier à la notion du Tselem. C’est précisément parce qu’il défend des conceptions opposées au judaïsme qu’il est devenu le gourou (ou le faux prophète) d’un Occident coupé de ses racines juives.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Pierre Lurçat pour Dreuz.info.
(1) Le Point, 20 septembre 2018.
(2) Cité par Astrid de Larminat, “Homo Sapiens et Homo Deus: la nouvelle bible de l’Humanité ?” Le Figaro 8/9/2017.
(3) Sur ce point, je renvoie à mon livre Pour Allah jusqu’à la mort, Enquête sur les convertis à l’islam radical, éditions du Rocher 2008.
mon D.ieu que c’est creux. S’il est le penseur le plus important au monde, comment sont les autres. Il y a vraiment lieu de s’inquieter qu’en France on lise ce genre de c…..ies et qu’en Israel il y ait de tels imbeciles
Ça c’est quand il pense ! et quand il ne pense pas cela donne quoi ?
Pour nous un moment de tranquillité.
Complètement inconnu, mais plus important
penseur au monde… selon Le Point ! 🙂
Pire qu’un “antisioniste”, un juif de gauche. Ce Hariri est insupportable de prétention et de fanatisme athée. Après une centaine de pages, l’ennui est devenu insupportable.
J’ai feuilleté plusieurs passages de ses livres. On peut rapidement constater qu’il n’y rien de scientifique. Juste un assemblage de généralités, de quelques connaissances. Ce n’est pas un penseur et encore moins important. C’est un représentant typique du post-modernisme: vide , ceux , inconsistant.
J’ai lu une petite partie de son bouquin “Une brève histoire de l’humanité” (titre plagié de celui de Stephen Hawking ?) et j’ai vite arrêté. À le lire et à l’entendre – monsieur est un penseur qui pense, il pense donc il essuie – ce type est le fils caché de Ségolène Royale et de Jean-Claude Van Damme.
“Ses travaux ont suscité l’intérêt des universitaires aussi bien que celui du grand public et ont rapidement fait d’Harari une célébrité, sa recommandation par Mark Zuckerberg dans son club de lecture y ayant contribué, tout comme Barack Obama qui a « adoré cette histoire de l’humanité vue du ciel » et Bill Gates qui a chaudement recommandé ce livre « vivifiant »… “ (Wikipedia)
C’est vous dire !…
Pour faire court, indépendamment de ses positions sur le judaïsme et le terrorisme musulman, je dois reconnaître que son premier livre Sapiens est excellent,precis,imaginatif, faisant un réel point sur l’aventure humaine. Deuxieme livre homo deus banal, pour ne pas dire nul, faisant valoir des hypothèses inconsistantes. N’apporte vraiment rien ni pour le present ni pour le futur. À déconseiller.
Je partage votre avis. Le 3ème livre 20 questions … est encore pire que le second. Mais il en vend des millions ….
cher Efge, je vous invite à relire Sapiens à l’aune de cette information : c’est le protestantisme qui a permis de lancé la révolution industrielle, scientifique et médicale, permettant à l’Occident tout entier de sortir de la dictature, des castes et de la pauvreté. Harari n’en dit pas un mot, bien que citant nombre de protestants à l’appui de sa thèse mensongère. C’est un homosexuel non repenti, donc toute religion est à jeter à la poubelle, raison pour laquelle il abhorre le judaïsme comme le christianisme sous toutes ses formes. Bizarrement, l’islam conserve ses faveurs, alors que c’est la religion de loin la plus homophobe. Mais c’est tendance, alors…
Pour être interviewé , adulé par les médias et recevoir de nombreux prix et/ou éloges, un Juif doit avant tout critiquer Israël. Il ne faut pas être le penseur le plus important du monde pour le comprendre.
Le fait de ne pas avoir compris la stratégie de Trump et Netanyahu au Moyen-Orient prouve que non seulement ce n’est pas le penseur le plus important du monde mais que ce n’est même pas du tout un penseur.
Quant aux dangers respectifs du sucre et du terrorisme, il ne tient qu’à moi de ne pas manger du premier .
“Le terrorisme tue moins que le sucre:
une idéologie qui abolit la notion d’ennemi.”
Comment diable est-ce possible de dire une ânerie pareille ???
Le sucre, je peux choisir d’en manger, modérément, à outrance, ou pas du tout.
Le terroriste prend un camion et tue 85 innocents à Nice, Londres et Barcelone, ou plante deux avions dans les Toujours Jumelles en tuant 3000 personnes et ne vous demande pas votre avis.
Le gauchisme est donc bien une authentique maladie mentale.
Mais bon, ce grand penseur intellogauchiste se dit athée, homo et vegan, donc c’est de l’or en barre pour les maisons d’édition et pour la médiasphère privatisée à gauche.
Le penseur le plus important du monde .
( le journal LE MONDE je présume ! )
Dans son troisième tome, Harari se révèle bouddhiste.
le point, le magazine le plus lu au monde…
Pour aller plus loin dans la compréhension de ce “penseur”, je vous poste l’excellente analyse de Michel Drac;
https://www.youtube.com/watch?v=qqec8oWxpEI&t=788s
Le titre aurait dû être, pour coller au personnage “Le penseur le plus important du monde imaginaire fantasmé“.