Publié par Gaia - Dreuz le 13 août 2019

Source : Lafree

La Fédération des Eglises protestantes d’Italie (FCEI) œuvre depuis 3 ans en faveur de couloirs humanitaires de Beyrouth jusqu’à Rome. Pour son Président Luca Maria Negro, par ailleurs pasteur baptiste, l’accueil de l’étranger est source de bénédictions. C’est ce qu’il a dit au début de ce mois à la Chambre des députés. Il s’en explique dans ses bureaux de Rome.

Luca Maria Negro est un pasteur baptiste engagé, au verbe clair. « Il faut se souvenir que l’opération des couloirs humanitaires a été initiée à Lampedusa par nos collaborateurs qui voyaient arriver dans le port des migrants sauvés du naufrage, mais aussi des morts dans des sacs noirs », indique-t-il d’entrée dans son bureau de la capitale italienne. Pour éviter les drames à répétition dans la Méditerranée, l’idée d’un pont aérien a germé et un premier contrat pour le passage de 1’000 personnes sur 2 ans a été signé en décembre 2015 entre la FCEI, l’Eglise vaudoise et la communauté catholique Sant’Egidio d’une part, et le gouvernement italien d’autre part. Principale pourvoyeuse de fonds de l’initiative, l’Église vaudoise – membre de la FCEI – fait notamment bénéficier cette opération du « Huit pour mille », cette part de l’impôt sur le revenu que les Italiens peuvent faire affecter à la confession religieuse de leur choix. Alors qu’elle ne compte que 30’000 fidèles, cette Eglise reçoit ainsi la contribution de plus de 600’000 Italiens. « Mais cette contribution ne suffit pas pour financer l’entier du projet et toutes les aides, comme récemment celle de la Fédération d’églises évangéliques (FREE) de CHF 40’000.-, sont plus que bienvenues, lance Federica Brizi, responsable de l’accueil des migrants au sein de la fédération italienne ; c’est grâce à ces soutiens d’autres Eglises en Europe que nous pouvons continuer. »

Pour les plus vulnérables

Ces couloirs humanitaires profitent aux migrants les plus vulnérables, par exemple aux femmes seules avec ou sans enfants, aux accidentés de la guerre. Parmi les membres du premier vol, Diya, 14 ans, a perdu une jambe lors d’une explosion alors qu’il jouait au ballon avec des amis dans la ville de Homs, en Syrie. « Je ne me souviens de rien. Je me suis réveillé à l’hôpital », dit-il assis sur le canapé de l’appartement qu’il habite aujourd’hui dans la ville de Pomezia, au sud de Rome. Sa prothèse lui fait mal. Il se débrouille avec ses béquilles et va d’ailleurs retrouver des copains du quartier. « Mon rêve ? Etre orthopédiste », glisse-t-il en souriant juste avant de fermer la porte d’entrée. Son père, diabétique et souffrant d’une maladie cardiaque, est alité. Un de ses frères fait une brève apparition. Il a une maladie neurodégénérative, l’ataxie de Friedreich, explique la collaboratrice de la FCEI en charge de cette famille.

« Philoxenia » et « xenophobia »

Au début du mois, Luca Maria Negro s’est rendu à la Chambre des députés, la chambre basse du parlement italien, avec tous les acteurs de ces couloirs pour plaider en faveur de cette solution et pour que des visas humanitaires soient proposés à grande échelle en Europe. « Il faudrait que 50’000 migrants puissent quitter la Libye au plus vite », estime-t-il. A cette occasion, sa fibre pastorale a transpiré, et il a parlé de « philoxenia » qui, selon lui, est un grand principe d’amitié et d’amour pour l’étranger dans la Bible. Dans les locaux de la FCEI, il raconte : « Comprenez : dans Genèse déjà, au chapitre 18, Abraham reçoit trois personnes sous sa tente sans demander qui ils sont. Et la bienvenue qu’il leur manifeste sera source de bénédiction puisque ceux qui se révèleront être des anges lui annonceront la naissance d’un fils. C’est pour moi un récit clé ! Puis, au chapitre 19, ces trois personnages se rendent ensuite à Sodome, où ils ne seront pas reçus, où ils seront l’objet de xénophobie. Une attitude source de malédiction, puisque cette ville sera détruite. Je crois vraiment que pour le chrétien, aujourd’hui, la « philoxenia » doit être au centre de sa foi. C’est d’ailleurs redit dans Hébreu 13 :2, quand il est écrit « N’oubliez pas l’hospitalité; car, en l’exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir. »… »

« Bienvenue »

Sur deux étages de la via Firenze, au cœur de Rome, les différents collaborateurs de la FCEI s’activent. « Le mot « Bienvenue », est le premier mot que j’adresse aux migrants qui arrivent à Fiumicino », explique Federica Brizi, toujours présente à l’aéroport italien pour les quelque 6 voyages par an organisés depuis le Liban. A ce jour, 1600 personnes environ ont profité des couloirs humanitaires initiés par la fédération protestante et Sant’Egidio.

Gabrielle Desarzens

La FCEI comprend 8 familles d’églises : l’Eglise vaudoise (la plus ancienne Eglise protestante italienne), l’Eglise méthodiste, l’Union baptiste, les Luthériens, L’Armée du salut, l’Eglise apostolique, l’Eglise d’Ecosse en Italie et les Eglises dites libres.

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