Publié par Magali Marc le 15 août 2019

Le 15 août, c’est la fête nationale de l’Acadie. En 1881, les Acadiens réunis à Memramcook pour leur première Convention ont choisi le 15 août comme date de leur fête nationale.

Depuis lors, ils se rassemblent en ce jour de l’Assomption pour commémorer leur histoire et célébrer leur culture.

Les Acadiens sont en grande majorité des Francophones catholiques, descendants des premiers colons français établis en Acadie à l’époque de la Nouvelle-France.

Durant la déportation des Acadiens de 1755, ces derniers furent déracinés de leurs terres par les Britanniques et déportés en Nouvelle-Angleterre ou au Royaume-Uni.

Le Grand Dérangement

La Déportation des Acadiens en 1755 est appelée le Grand Dérangement. Plus de 12 000 Acadiens (les trois quarts de la population acadienne en Nouvelle-Écosse) furent expulsés, leurs maisons brûlées et leurs terres confisquées. Les familles furent déchirées, et les Acadiens furent dispersés partout dans les terres britanniques d’Amérique du Nord; certains furent rendus à la France.

Par le traité d’Utrecht signé en 1713, la partie la plus peuplée de l’Acadie et ses plus de 1 700 habitants sont cédés à la Grande-Bretagne qui deviennent des sujets britanniques. Quatre cents soldats britanniques restent sur place et un gouvernement militaire évite à la Grande-Bretagne de devoir créer une législature à majorité acadienne.

Dès 1720 la déportation massive est prévue par l’occupant britannique. Le 28 décembre 1720, à Londres, les Lords of boards écrivent: « Il nous semble que les Français de la Nouvelle-Écosse ne seront jamais de bons sujets de Sa Majesté… C’est pourquoi nous pensons qu’ils devront être expulsés aussitôt que les forces que nous avons dessein de vous envoyer seront arrivées en Nouvelle-Écosse. »

La partie cédée à la Grande-Bretagne prend le nom de Nouvelle-Écosse (Nova Scotia). La France conserve l’Île Royale (aujourd’hui l’Île du Cap Breton).

Les Acadiens tentent de demeurer « neutres» dans les conflits entre les deux métropoles et refusent de prêter au roi de Grande-Bretagne le serment d’allégeance qu’exigent les autorités coloniales.

Les Amérindiens, alliés de la France, poursuivent une guérilla contre les Britanniques. Les Micmacs et les Malécites capturent cent navires entre 1713 et 1760. Le gouverneur Richard Phillips reconnaît néanmoins le droit naturel des Acadiens de ne pas avoir à combattre leurs alliés amérindiens.

La population acadienne passe de 1 700 en 1713 à plus de 15 000 en 1755. Cependant, les colons britanniques qui affluent après la fondation d’Halifax en 1749 convoitent les terres des Acadiens et réclament une Chambre d’Assemblée comme cela est la règle dans les colonies britanniques, ce que la Couronne n’est pas prête à accorder à une population majoritairement francophone et catholique.

La déportation des Acadiens s’effectua principalement lors de l’année 1755, bien que des déplacements furent organisés jusqu’à la fin de la Guerre de Sept Ans soit en 1763.

Des 18 000 individus habitant l’Acadie (Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick), l’île Saint-Jean (Île du Prince-Édouard), l’île Royale ( Île du Cap-Breton et l’isthme de Chignectou), plus de 12 000 Acadiens furent déportés, et environ 8 000 moururent avant d’arriver à destination à cause des épidémies, du froid, de la misère, de la malnutrition ou des naufrages.

Parmi les survivants, beaucoup allaient poursuivre leurs pérégrinations pendant plusieurs années, sinon des décennies, avant de retrouver une terre où s’installer. Cela explique que les Acadiens, et leurs descendants, vivent dans des régions de globe très différentes telles que le Canada (Acadie, Québec), l’archipel Saint-Pierre-et-Miquelon, la Côte Est des États-Unis, la Louisiane (les Cadiens ou Cajuns), les Antilles, le Royaume-Uni, la France et jusqu’aux lointaines Îles Malouines..

Pour l’époque, l’élimination de communautés conquises au moyen de la déportation ne constituait pas une mesure exceptionnelle. Français et Britanniques utilisèrent souvent ce procédé au cours de leur histoire coloniale. Mais ce qui apparaît comme différent par rapport aux usages en cours, c’est que les Acadiens furent déportés plus de quarante ans après leur conquête (1713), fait déjà en soi très exceptionnel, et que peu furent envoyés dans des territoires français, mais dans des territoires britanniques, car considérés comme des « sujets indésirables de Sa Majesté ».

Or, il était plutôt d’usage de reconduire les populations conquises dans leur patrie d’origine (colonies ou métropole). De plus, cette déportation constitue une des premières opérations de nettoyage ethnique de grande envergure, car auparavant des groupes beaucoup plus restreints étaient déportés.

Des historiens américains estiment que, sur une population totale évaluée entre 12 000 et 18 000 Acadiens en 1755, de 7 500 à 9 000 périrent entre 1755 et 1763 soit des effets de la déportation, soit en tentant d’y échapper.

Le retour au pays

Avec le le Traité de Paris de 1763 qui met fin à la Guerre de Sept Ans, une Proclamation Royale permet aux Acadiens déportés de retourner dans la colonie. Ils seront des milliers à faire, provenant autant du Québec, de la France ou des Treize colonies.

Les Acadiens ne sont pas autorisés à se rétablir sur leurs anciennes terres, ils doivent prêter le serment d’allégeance et se disperser en petits groupes. Certaines terres leur sont toutefois réservées, notamment Pobomcoup. Beaubassin et Memramcook. La plupart décident de s’installer dans des endroits éloignés des établissements anglais. Un réseau de communication permet de réunir la plupart des familles, qui s’établissent au départ à Halifax et au bord du Détroit de Canso.

À partir de de 1767, des villages sont fondés à Baie Sainte-Marie, dans la région de Chéticamp et sur l’Isle Madame.

Au nord, les établissements de la Baie des Chaleurs et du Détroit de Northumberland se développent mais Memramcook devient le principal village.

Sur l’ïle du Prince-Édouard, l’ancienne île Saint-Jean, les Acadiens s’établissent surtout au bord de la Baie de Malpèque.

À la fin du XVIIIe siècle, de nouveaux villages sont fondés dont Barachois, Bouctouche, Petit-Rocher, Néguac, Richibouctou, Shippagan et Tracadie.

La majorité des populations se qualifiant d’acadienne se trouve aujourd’hui au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à l’Ïle-du-Prince-Édouard, aux îles de la Madeleine, en Gaspésie (Québec), à Terre-Neuve-et-Labrador, dans le Maine (États-Unis), en Louisiane et à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Le choix du 15 août pour la fête nationale acadienne

En 1881, bon nombre des élites acadiennes étaient traditionalistes et désiraient la préservation des valeurs de la vieille France, celle de la pré-révolution, qui s’était dédiée durant le XVIIe siècle à la Vierge Marie. Ceci n’empêcha pas l’adoption d’un drapeau tricolore acadie à la convention de Miscouche, trois ans plus tard.

L’abbé Marcel-Fraçois Richard, qui favorisait la date du 15 août (plutôt que le 24 juin des Québécois), a vraisemblablement influencé la prise de décision par son discours, dont voici un extrait:

… En effet, il me semble qu’un peuple qui, pendant plus d’un siècle d’épreuves et de persécutions, a su conserver sa religion, sa langue, ses coutumes et son autonomie, doit avoir acquis assez d’importance pour mériter qu’il adopte les moyens d’affirmer son existence d’une manière solennelle; et cela ne saurait se faire plus efficacement que par la célébration d’une fête nationale qui lui soit propre… Permettez-moi maintenant de vous signaler quelques-uns des motifs qui doivent vous engager à choisir la reine de l’Assomption comme fête nationale des Acadiens de préférence à la Saint-Jean-Baptiste. Les Canadiens ayant choisi Saint-Jean-Baptiste pour patron, il me semble qu’à moins de vouloir confondre notre nationalité dans la leur, il est urgent pour les Acadiens de se choisir une fête particulière. Il est bon de remarquer que nous ne sommes pas les descendants des Canadiens, mais de la France, et par conséquent je ne vois aucune raison qui nous engage à nous faire adopter la Saint-Jean-Baptiste comme notre fête nationale… Nous devons tâcher de nous choisir une fête qui nous rappelle notre origine. J’ose même affirmer que la fête de l’Assomption a toujours été et doit être toujours la fête nationale des Acadiens, descendants de la race française. Louis XIII a fait vœu de consacrer son empire à la Sainte Vierge et il voulut que la fête de l’Assomption fût la fête nationale du royaume. Or peu d’années plus tard, il envoya des colons prendre possession de l’Acadie. Ils ont dû par conséquent emporter avec eux les usages et les coutumes de leur patrie, et si des circonstances malheureuses les ont empêchés de chômer leur fête nationale d’une manière régulière, il est pourtant vrai de dire que la dévotion nationale des Acadiens, c’est la dévotion à Marie. »

On imagine les cris d’orfraie que pousseraient les nouveaux curés de la bien bien-pensance gauchiste face à un abbé qui ose parler de «race française» et de fête nationale! (Hou le raciste! Le Suprémaciste Blanc! Etc.)

Les Acadiens et leur drapeau

Le drapeau national de l’Acadie est le tricolore étoilé. Il a été adopté lors de la Deuxième Convention nationale acadienne le 15 août 1884 à Miscouche, sur l’Ïle-du-Prince-Édouard et utilisé pour la première fois le lendemain. Cela en fait le plus vieil emblème d’un peuple francophone nord-américain.

Inspiré du drapeau français, il est à l’origine symboliquement associé à la mer et à la foi catholique. Ce drapeau est le symbole national acadien le plus populaire, et est donc très fréquemment utilisé par les institutions acadiennes.

Le choix d’une étoile est un symbole associée à Marie, choisie comme sainte-patronne lors de la première convention nationale acadienne de 1881. L’étoile est toutefois plus qu’un signe de dévotion à Marie, c’est un signe de ralliement.

L’Hymne national acadien est l’Ave Maris Stella (Salut étoile de la mer).

Conclusion

En 1999, une demande officielle d’un député d’ascendance acadienne du Bloc québécois, Stéphane Bergeron, est déposée pour qu’il y ait reconnaissance par la Couronne britannique de ce crime contre l’humanité que représente la déportation des Acadiens.

En 2003, le gouverneur-général du Canada – l’institution représentant aujourd’hui la couronne canadienne au pays, mais qui, avant le Statut de Westminster de 1931, représentait la Couronne britannique – a pour sa part reconnu la Déportation des Acadiens.

Le 10 décembre 2003, la gouverneure générale, Adrienne Clarkson a reconnu le drame humain de la déportation. Le gouvernement du Canada a adopté une Proclamation royale dans laquelle il est affirmé que la reine Élizabeth II reconnaît les torts qui ont été causés au peuple acadien lors de la Déportation.

Cependant, de nombreux Acadiens considèrent que cette proclamation ne va pas assez loin. Certains auraient voulu des excuses officielles venant de la reine.

Je suis née sur l’Île de Cap-aux-Meules, la porte d’entrée de l’archipel des Îles de la Madeleine. Mon père et ma mère, immigrants français, demandèrent à un couple de notables acadiens de Cap-aux-meules, les Lebourdais, d’être mes parrain et marraine. Je fus donc portée sur les fonds baptismaux par un descendant d’Augustin Lebourdais, un Acadien, seul survivant du naufrage du S.S. Wasp qui acheva sa course sur les côtes des Îles de la Madeleine en 1871. Amputé de ses deux jambes, suite à cette tragédie, il s’installa aux Îles où il devint le premier opérateur TSF.

Par cet article, je souhaite rendre un hommage bien mérité aux Acadiens qui ont payé cher leur refus de prêter le serment d’allégeance aux Britanniques et qui vont fêter le 15 août leur fête nationale et les 135 ans de la création de leur drapeau.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source principale:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l%27Acadie

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