Publié par Gaia - Dreuz le 22 août 2019

Source : Europe-Israel

A Malmö, l’antisémitisme affiché des élus social-démocrates n’a plus rien de répréhensible. Le parti social-démocrate a certes affiché quelques regrets, mais personne n’a dû démissionner.

Le « devoir de mémoire » ne devrait pas se réduire à une séance de photos sur l’Holocauste. Si les élus de Malmö veulent se dédouaner ils doivent utiliser l’Holocauste pour lutter contre les conditions qui ont rendu l’Holocauste possible : la normalisation de l’antisémitisme.

Les sociaux-démocrates suédois et européens, ont contribué à la normalisation de l’antisémitisme ; tout comme le parti travailliste britannique de Jeremy Corbyn.

Malmö, troisième plus grande ville de Suède, est réputée pour la vigueur de l’antisémitisme qui y règne. Et il n’est pas certain que les sociaux-démocrates au pouvoir aient réellement la volonté politique ou morale de s’y opposer. Photo : la mairie de Malmö. (Source image : Hajotthu / Wikimedia Commons)*Image à la Une : Le roi de Suède adresse ses voeux aux Palestiniens à l’occasion de leur Journée nationale

Malmö, troisième plus grande ville de Suède, est réputée pour son virulent antisémitisme. Que les juifs soient de plus en plus nombreux à ne plus s’y sentir en sécurité, n’a rien d’étonnant. Les sociaux-démocrates au pouvoir ne témoignent pas d’une réelle volonté politique ou morale de s’y opposer.

Ilmar Reepalu, ancien maire de Malmö, a été accusé d’antisémitisme à plusieurs reprises. D’autres personnalités social-démocrates, comme Adrian Kaba, ont développé dans le passé des théories du complot antisémite. Le 1 er mai 2019, jour de la fête internationale du travail, la Ligue de la jeunesse social-démocrate de Malmö a défilé aux cris de : « écrasez le sionisme ».

La particularité de tous ces scandales est que personne n’a eu à en payer le prix. A Malmö, un élu social-démocrate ne court aucun risque à afficher son antisémitisme. Officiellement, son parti regrette publiquement tel ou tel incident, mais personne n’est poussé à la démission.

Les Libéraux, membres de la coalition au pouvoir à Malmö, n’ont rien à envier aux sociaux-démocrates. En août 2018, des articles de presse ont fait état de déclarations antisémites de Muhammad Khorshid, lesquelles ont contraint cet élu Libéral à démissionner de ses fonctions politiques. En juin 2019, le site d’information Samnytt, a révélé que, bien que délivré de fonctions officielles, Khorshid a participé à une réunion aux côtés de Roko Kursar, maire adjoint et chef des Libéraux de Malmö, sur l’intégration des migrants, la sécurité publique et l’avenir de Malmö. Une photo de cette réunion à l’hôtel de ville a été publiée sur Facebook. Continuer d’être en relation avec des personnalités politiques alors qu’on a été démissionné pour antisémitisme, est un autre signe de la tolérance qui règne à Malmö sur le sujet.

En mai, la Communauté juive de Malmö, association religieuse et culturelle fondée en 1871, a envoyé à l’administration municipale de Malmö, un « Plan d’action pour la survie de la communauté juive de Malmö ». On y lisait notamment ceci :

« A brève échéance, si rien n’est fait, la communauté juive disparaîtra. Malmö est d’ores et déjà une « no-go-zone » pour les juifs du monde entier. Chaque fois qu’il est question de Malmö quelque part dans le monde, c’est en raison de l’antisémitisme qui y règne. Une recherche Google sur l’antisémitisme à Malmö génère 215.000 résultats. Les efforts actuels ne suffisent pas. En 2021, la communauté juive célébrera son 150eme anniversaire. Notre présence à Malmö remonte au 19 esiècle. Mais aujourd’hui, la communauté juive a commencé de disparaître et les familles qui composent notre association quittent Malmö. Si nos jeunes et leurs parents quittent cette ville ou ils ont grandi, c’est en raison de l »antisémitisme qui y règne. »

Ce « Plan d’action » donne des informations statistiques. Ainsi, le nombre des membres actifs de la communauté juive âgés de plus de 18 ans est passé de 842 personnes en 1999, à 387 personnes en 2019 (- 54%), et pourrait se réduire à 158 personnes seulement en 2029.

En juin 2019, deux chefs d’entreprise, Dan Olofsson et Lennart Blecher se sont engagés à financer, à hauteur de 40 millions de couronnes suédoises (400 000 euros) sur 10 ans, un programme d’action de la communauté juive pour inciter les sociaux-démocrates à agir contre l’antisémitisme. Cette initiative a généré une polémique au cours de laquelle Olofsson à déclaré que les efforts des sociaux-démocrates en matière de lutte contre l’antisémitisme étaient marginaux. Dans un commentaire au journal Kvällsposten, il a écrit :

« Les sociaux-démocrates tolèrent l’antisémitisme, non parce qu’ils sont antisémites, mais parce qu’ils donnent la priorité au vote d’autres communautés d’électeurs. Leur passivité envers les juifs représente un atout électoral supplémentaire. »

Les « autres communautés d’électeurs » sont bien entendu, les migrants musulmans originaires du Moyen-Orient. En 2010, un sondage mené en milieu scolaire a révélé que sur 100 élèves du secondaire interrogés, 18 avaient une image négative des juifs. Ce pourcentage montait à 55% pour les lycéens musulmans.

Dans un article précédent, j’ai énuméré les facteurs qui expliquent le la montée de l’antisémitisme en Suède, et plus particulièrement à Malmö :

  • Une immigration de masse en provenance de pays où l’antisémitisme est normalisé.
  • Un fort engagement propalestinien de la classe politique suédoise qui aboutit à une vision imprécise et surréaliste du conflit israélo-palestinien ; un conflit ou l’une des parties, Israël, est injustement diabolisée.
  • Le clientélisme des partis politiques préoccupés de conquérir les voix des immigrés.
  • Un multiculturalisme si peu critique des cultures étrangères qu’il ne fait plus la différence entre culture et racisme.
  • La peur de paraître critique vis-à-vis de l’immigration.
  • Le soutien apporté par l’Église de Suède à des manifestes aussi antisémites que peu étayés comme le Document Kairos Palestine.

Pour montrer qu’il se préoccupe de la disparition de la population juive de Malmö et parer à la montée des critiques contre la social-démocratie, le gouvernement suédois a choisi d’organiser une conférence sur l’antisémitisme à Malmö ainsi qu’une commémoration de l’Holocauste. Les élus de Malmö ont même émis l’idéed’un musée national de l’Holocauste.

Le « devoir de mémoire » est sans doute fondamental, mais le souvenir de l’Holocauste ne saurait se réduire à une exposition de photos qui ne servirait qu’à dédouaner les élus de Malmö. Se souvenir de l’Holocauste consiste à lutter clairement contre les conditions qui ont permis l’Holocauste : à commencer par la normalisation de l’antisémitisme. Or, les sociaux-démocrates suédois et leurs homologues européens – sans parler du parti travailliste britannique de Jeremy Corbyn – se sont précisément rendus coupables de normalisation de l’antisémitisme.

Tenir une conférence à Malmö pour commémorer l’Holocauste rabaisse l’Holocauste et ses millions de victimes. L’hypocrisie est d’autant plus évidente que les politiciens de Malmö, en n’agissant pas comme ils le devraient – et surtout comme ils le pourraient – pour protéger les Juifs de Malmö. Ils n’ont plus aucune distance avec l’antisémitisme.

Se souvenir de l’Holocauste, c’est se souvenir des victimes. Cette mémoire ne saurait en aucun cas constituer un camouflage pour politiciens au pouvoir, ni un moyen commode de se débarrasser de la responsabilité qui est la leur concernant la situation de vulnérabilité des Juifs de Malmö aujourd’hui.

Nima Gholam Ali Pour est conseillère politique des démocrates suédois à Malmö.

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