
Alors que les évangiles sont plutôt discrets sur la mère de Jésus et en parlent assez peu, la tradition de l’Eglise lui a très tôt donné une place importante, autant en Orient qu’en Occident. Est-ce par rapport à sa personne ou par rapport à Jésus Christ lui-même ?
L’Eglise s’est trouvée confrontée à une question sensible : qui pouvait bien être cette femme pour que le Verbe de Dieu puisse devenir, grâce à sa maternité, un être humain, un juif porteur de l’alliance, un témoin de la rédemption ?
C’est uniquement à partir de la personne de Jésus, dont l’identité humano-divine était proclamée par le concile de Nicée en 325, que l’Eglise a dû réfléchir sur le rôle de Marie dans l’histoire du salut. La réflexion christologique sur Marie a abouti en 431 à présenter Marie au concile d’Ephèse comme la « mère de Dieu ». Cette dénomination provocatrice avait pour but de répondre à Nestorius qui – à la suite d’Arius – estimait que Jésus n’est qu’un homme auquel la divinité ne se serait associée qu’ultérieurement, ce qui remettait en cause la doctrine de l’incarnation du Fils, Verbe de Dieu.
Nestorius, patriarche de Constantinople, avait déclaré en 428 : Marie ne peut être appelée mère de Dieu (theotokos) mais uniquement mère du Christ. Ce qui souleva un émoi considérable dans les Eglises. La vénération de Marie était déjà très développée en Orient et la piété populaire en fut perturbée. Mais surtout, la crise arienne avait donné naissance aux controverses sur la nature du Christ : le Fils de Dieu selon Arius ne pouvait être l’égal du Père. Ce sont deux conciles, Nicée en 325 et Constantinople en 381, qui prirent une position officielle au nom de toute l’Eglise pour affirmer que Jésus était homme et Dieu, de même nature que le Père. Le refus de Marie mère de Dieu exprimé par Nestorius relançait le même débat christologique. Nier le titre de Marie mère de Dieu revenait à nier la filiation divine du Christ. Toute l’Eglise orientale réagit alors pour vénérer Marie mère du Christ, matrice humaine de l’homme et Verbe de Dieu incarné.
En 431, les Pères du concile d’Ephèse nommèrent Marie mère de Dieu essentiellement par rapport à la nature du Christ, et en 451 à Chalcédoine, dans la même logique, Jésus fut proclamé vrai Dieu et vrai homme.
Ce qui souligne la portée spécifiquement christologique de ce titre que certains persistent à contester comme centré uniquement sur la personne de la Vierge.
Marie n’est pas la déesse Artémis ! Elle n’est pas une co-rédemptrice, et Dieu seul peut accorder ses grâces à des hommes et des femmes en prière, même lorsqu’ils invoquent le regard bienveillant de la Vierge Marie.
La prière du « Je vous salue Marie », base de l’oraison du rosaire, demande clairement à Marie « de prier pour nous ». Qu’elle prie Dieu qui nous aime, qui l’a manifesté tout au long de l’histoire sainte, et qui l’a témoigné dans la personne de son Fils Jésus. Et si Marie nous aime d’un regard maternel, c’est parce que Dieu est source de toute vie et de tout amour. Avec Marie nous sommes tous appelés et promis à une assomption, celle de notre vie humaine totalement reliée à la présence aimante de Dieu.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
Je ne suis pas très fort en matière religieuse mais Marie est dans mon coeur ( Marie, les lettres du mot aimer) et ce prénom n’a pas d’age, fait remarquable. J’ai dans la tête l’existance d’un ” déesse mère” de l’humanité. Y-a-t’il une corrélation ?
Je ne suis pas sûre d’avoir compris ce développement,
M. l’Abbé. En tout cas, j’ai regardé des livres de peintres
qui ont représenté Marie. Et la plus belle représentation
de la Dormition que j’aie trouvée, est celle de FRA
ANGELICO.
Vos lecteurs, s’ils regardent avec attention cette merveille
de création artistique, verront que Jésus tient dans ses
mains l’âme de sa mère, sous la forme d’un petit
personnage. C’est vraiment poétique.
Merci, Saskia, pour votre intervention en ce grand jour de l’Assomption, et la référence à Fra Angelico, dans sa contemplation de l’amour unissant Dieu à sa mère, et donc du lien d’amour unissant Dieu à sa créature.
En fait, Jésus est devenu Dieu parce que les Évêques l’ont décidé ainsi au concile de Nicée. Bon pourquoi pas, mais ce sont bien les hommes qui ont fait de cet homme le Dieu de l’univers. Bon pourquoi pas. Ça a permis l’établissement d’une puissante religion, extrêmement coercitive en Europe, adversaire du Judaïsme. Cette religion a permis de maintenir Israël dans l’enclos de ses obligations, pendant 2000 ans d’exil. C’est un fait. Sans l’exclusivité du christianisme et son hostilité périodique envers les Juifs, ce peuple n’aurait perduré jusqu’à sa renaissance nationale sur la terre que Dieu lui a réservé, sans concession possible. Bon maintenant, si voulez que je sois le nouveau messie, il n’y a qu’à le proclamer. Par un nouveau concile. Bon, je rigole, mais à peine.
Oui c’est exact les Evangiles sont très discrets! Comme Marie elle-même!
Au regard de l’histoire, les hommes ont continué à exalter celle dont Jésus lui-même a dit:”Marc 3:34 Puis, jetant les regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui : Voici, dit-il, ma mère et mes frères.”
Donc tous les disciples ont gagné ce jour là le même titre que Marie!
Le reste n’est qu’un retour permanent à la glorification inconvenante de celle qui par sa fidélité et sa discrétion s’est attirée la reconnaissance et l’admiration de toute la chrétienté!
Comment le créateur de tout l’univers pourrait il avoir une mère humaine faite de chair et de sang ? Est-ce la vierge qui a remplit Jésus – Christ du Saint Esprit ?
Marie mère de Dieu n’a aucune base biblique .
Il est écrit de ne rien ajouter ou retrancher à la Parole de Dieu.
Luc 1 :
46 Et Marie dit: mon âme exalte le Seigneur, 47 Et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur, 48 Parce qu’Il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Car voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse,…
Jean 14 : 16
« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous »
Actes 1 : 14
« Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères »
Luc 11 : 13
« Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »
On progresse. L’auteur de l’article, dans un souci d’ouverture, a mis des guillemets à la “Mère de Dieu”, en attendant, qui sait, peut-être un jour, des parenthèses? En effet, la notion de Mère de Dieu apparaît, en soi, être une absurdité qui pourrait laisser croire que Dieu serait le résultat d’une généalogie? Absurde.
De plus, au plan strictement historique, cet article se présente comme étant christiano-compatible (qui satisfait toutes les branches du christianisme). C’est seulement à partir de la phrase:
“Ce qui souligne la portée spécifiquement christologique de ce titre que certains persistent à contester comme centré uniquement sur la personne de la Vierge.”
Cette phrase comporte une ambiguïté. En effet, il est légitime de s’interroger de savoir quelle branche du christianisme se concentre principalement sur la personne de la Vierge souvent au détriment de l’adoration que nous devons à Jésus seul? Au plan spirituel en effet, ce détournement d’adoration ou de vénération que nous devons au Père, par Jésus en Esprit est perçu par beaucoup comme une subtile tactique du diable qui sait bien, lui, les raisons qui le poussent à détourner notre affection (spirituelle et psychologique) de l’Objet Suprême de notre foi.
L’aspect psychologique lié à cette question est rarement évoqué mais vaut la peine de s’y attarder un instant. Il existe un lien fort, invisible, entre les êtres humains et leur mère. Ainsi, on a constaté que les soldats agonisants au champ de bataille appellent régulièrement leur mère même si certains aussi, animés par leur foi en Christ, s’en remettent à Dieu.
C’est un constat, pas un jugement.
De même, dans certains ordres religieux qui prônent le célibat, la présence d’une figure féminine au divin peut combler certains besoins maternels ou sexuels puisque nous avons été créés sexués. Encore une fois il s’agit d’un constat, pas d’un jugement puisque notre enveloppe charnelle se compose d’un corps, d’un esprit et d’une âme (psyché?).
Ensuite, l’auteur de l’article souligne: “Marie n’est pas la déesse Artémis ! Elle n’est pas une co-rédemptrice, et Dieu seul peut accorder ses grâces à des hommes et des femmes en prière, même lorsqu’ils invoquent le regard bienveillant de la Vierge Marie.”
Il y a du vrai et du faux dans cette opinion. Si effectivement, la déesse Artémis n’est pas Marie, la Parole nous indique pourtant une étrange histoire qui nous est rapportée en Actes 19 au sujet d’Artémis et qui nous fait penser furieusement au culte voué à Marie et qui s’est institutionnalisé dans l’Eglise à partir du Concile d’Éphèse en 431. Même si, comme le souligne l’auteur de l’article (et le texte biblique), le culte à une divinité féminine pré-existait déjà au sein de la société. Voici cette histoire biblique qui, étrangement, s’est déroulée précisément à Éphèse bien avant le Concile du même nom. Tout les “ingrédients” de la vénération à Marie s’y retrouvent:
https://www.biblegateway.com/passage/?search=Actes+19%3A23-41&version=LSG
L’auteur souligne aussi avec justesse que Marie n’est pas (encore) co-rédemptrice. Cette question est laissée en suspend. Par contre, selon l’Eglise catholique, elle a déjà été élevée aux statut d’immaculée conception et aurait vécu l’assomption. Pour ces deux dogmes, il n’y a toutefois aucune indication biblique qui permette de les appuyer.
Lorsque l’auteur dit: “Dieu seul peut accorder ses grâces à des hommes et des femmes en prière …”, nous sommes parfaitement d’accord sur ce point.
Compte tenu de l’ensemble des éléments portés à notre connaissance, à chacun de se forger son opinion. Pour ma part, aucune indication biblique ne nous indique que nous devions invoquer Marie ou son intercession pour nous. A ma connaissance, le seul capable d’intercéder pour nous auprès du Père lorsque nous ne savons pas exactement ce que nous devons demander dans nos prières, c’est l’Esprit de Dieu:
Romains 8:26-27 Louis Segond (LSG)
26 De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables;
27 et celui qui sonde les coeurs connaît quelle est la pensée de l’Esprit, parce que c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints.
Selon ma connaissance de celle-ci, la Bible nous met en garde contre le danger d’invoquer autre chose que Dieu. Cette mise en garde me semble déjà contenue dans le premier commandement.
Par contre, en matière d’invocation et d’intercession, Jésus nous recommande à plusieurs reprises de prier le Père en son nom.
Dès lors, serons-nous jugés sur notre ignorance des articles de foi, ou sur notre sincérité? Je ne le crois pas, venant d’un Dieu Père qui nous aime encore bien plus que nous ne l’imaginons. Par contre, nous serons tenus responsable de ce que nous savons et de la manière dont nous aurons répondu à l’appel de Dieu. Et qui est suffisant pour ces choses?
Jean 13:35 Louis Segond (LSG)
35 A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.
A Rave et Gigobleu,
C’est le principe de l’Incarnation.
Il y a toute la généalogie de Jésus dans les Evangiles. Il s’inscrit dans l’histoire et dans une famille, dans une généalogie.
Si Jésus est à la fois homme et Dieu, et si Marie est mère de Jésus, elle est aussi mère de Dieu, ce n’est pourtant pas si difficile à comprendre. C’est même juste logique.
Sinon on nie la divinité de Jésus.
Quant à la virginité de Marie, en quoi est-ce difficile de croire, si Jésus est issu d’une conception divine, qu’il est né tout aussi divinement ?
Je crois que c’est la beauté et la folie de l’incarnation que vous n’acceptez pas.
C’est Dieu le Père lui-même qui a élevé Marie, en la choisissant comme mère de son fils. Il aurait pu venir sur terre autrement. Et il a bien dû la rendre extraordinaire et elle-même par son oui permanent, devait être extraordinaire, pour que quelque chose d’aussi inouï que l’incarnation d’un dieu se produise.