Publié par Abbé Alain René Arbez le 15 août 2019

Alors que les évangiles sont plutôt discrets sur la mère de Jésus et en parlent assez peu, la tradition de l’Eglise lui a très tôt donné une place importante, autant en Orient qu’en Occident. Est-ce par rapport à sa personne ou par rapport à Jésus Christ lui-même ?

L’Eglise s’est trouvée confrontée à une question sensible : qui pouvait bien être cette femme pour que le Verbe de Dieu puisse devenir, grâce à sa maternité, un être humain, un juif porteur de l’alliance, un témoin de la rédemption ?

C’est uniquement à partir de la personne de Jésus, dont l’identité humano-divine était proclamée par le concile de Nicée en 325, que l’Eglise a dû réfléchir sur le rôle de Marie dans l’histoire du salut. La réflexion christologique sur Marie a abouti en 431 à présenter Marie au concile d’Ephèse comme la « mère de Dieu ». Cette dénomination provocatrice avait pour but de répondre à Nestorius qui – à la suite d’Arius – estimait que Jésus n’est qu’un homme auquel la divinité ne se serait associée qu’ultérieurement, ce qui remettait en cause la doctrine de l’incarnation du Fils, Verbe de Dieu.

Nestorius, patriarche de Constantinople, avait déclaré en 428 : Marie ne peut être appelée mère de Dieu (theotokos) mais uniquement mère du Christ. Ce qui souleva un émoi considérable dans les Eglises. La vénération de Marie était déjà très développée en Orient et la piété populaire en fut perturbée. Mais surtout, la crise arienne avait donné naissance aux controverses sur la nature du Christ : le Fils de Dieu selon Arius ne pouvait être l’égal du Père. Ce sont deux conciles, Nicée en 325 et Constantinople en 381, qui prirent une position officielle au nom de toute l’Eglise pour affirmer que Jésus était homme et Dieu, de même nature que le Père. Le refus de Marie mère de Dieu exprimé par Nestorius relançait le même débat christologique. Nier le titre de Marie mère de Dieu revenait à nier la filiation divine du Christ. Toute l’Eglise orientale réagit alors pour vénérer Marie mère du Christ, matrice humaine de l’homme et Verbe de Dieu incarné.

En 431, les Pères du concile d’Ephèse nommèrent Marie mère de Dieu essentiellement par rapport à la nature du Christ, et en 451 à Chalcédoine, dans la même logique, Jésus fut proclamé vrai Dieu et vrai homme.

Ce qui souligne la portée spécifiquement christologique de ce titre que certains persistent à contester comme centré uniquement sur la personne de la Vierge.

Marie n’est pas la déesse Artémis ! Elle n’est pas une co-rédemptrice, et Dieu seul peut accorder ses grâces à des hommes et des femmes en prière, même lorsqu’ils invoquent le regard bienveillant de la Vierge Marie.

La prière du « Je vous salue Marie », base de l’oraison du rosaire, demande clairement à Marie « de prier pour nous ». Qu’elle prie Dieu qui nous aime, qui l’a manifesté tout au long de l’histoire sainte, et qui l’a témoigné dans la personne de son Fils Jésus. Et si Marie nous aime d’un regard maternel, c’est parce que Dieu est source de toute vie et de tout amour. Avec Marie nous sommes tous appelés et promis à une assomption, celle de notre vie humaine totalement reliée à la présence aimante de Dieu.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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