Publié par Gilles William Goldnadel le 9 septembre 2019

Associant «culture blanche» et racisme, Lilian Thuram a déclenché une vive polémique. Pour l’avocat Gilles-William Goldnadel, celle-ci témoigne d’une évolution du discours politique vers la reconnaissance d’une forme de racisme longtemps occultée.

Les tabous ne sont pas des dieux immortels. L’un des plus grands du monde contemporain est en train de mourir sous nos yeux. Celui du racisme anti-blanc. Il est clair à présent que ceux qui se croient autorisés à insulter les blancs reçoivent à présent leur volée de bois vert méritée.

Pour avoir poussé la balle trop loin, pour avoir notamment prétendu dans un journal italien que «les blancs se pensent supérieurs» le footballeur Lilian Thuram en aura fait les frais. Idem pour son ex-collègue Vikash Dhorasoo qui aura eu le malheur de surenchérir.

Au temps de l’antiracisme triomphant, la race était maudite, sa simple évocation valant réprobation.

Une grande partie à présent des intellectuels et du public ne craint plus de dénoncer de telles attitudes. C’est ainsi que le célèbre commentateur sportif Pierre Ménès n’a pas eu peur de raconter les malheurs de son fils dans un club de football amateur coloré. Il faut dire que les imprécations anti-blanches sont désormais quotidiennes. Cette semaine encore, une étrange Ligue de Défense des Noirs appelait en plein Paris à tuer les blancs et les Asiatiques en Afrique du Sud plutôt que les autres noirs sous les applaudissements d’un petit public conquis. On se souvient qu’il y a quelques mois l’auteur de ces lignes se faisait réprimander par un journaliste du Monde pour avoir publicisé la chanson d’un rappeur qui appelait à tuer les enfants blancs. Le tribunal réprimanda ensuite le raciste artistique de manière mesurée.

C’est qu’il y a encore quelques mois, les grands blancs pouvaient se permettre une séance d’autoflagellation au grand dam des petits pour plaire à ceux, si nombreux, qui raffolent l’anti-occidentalisme de posture. C’est ainsi que la présidente de France télévision promettait de chasser les blancs de plus de 50 ans du petit écran tandis que celui qui préside aux destinées de la République considérait que dans les banlieues, un mâle blanc ne devrait plus commander un rapport à un autre mâle blanc.

Je ne suis pas bien sûr qu’à présent les choses seraient dites avec autant de méprisante désinvolture. Il faut comprendre l’évolution de ce mépris et son déni pour comprendre pourquoi on touche enfin à la fin du tabou. Au temps de l’antiracisme triomphant, la race était maudite, sa simple évocation valant réprobation. La race n’existait pas, seul curieusement le racisme existait, et le racisme anti-blanc n’était même pas pensé.

Ce sont, comme souvent, les États-Unis qui donnent le la de l’outrance idéologique, l’Europe mimétique se mettant ensuite au diapason. C’est là-bas que le concept de camp racisé a vu le jour, imité ensuite en France par les groupes islamo-gauchistes, jusqu’à des mouvements comme l’UNEF.

La dénégation du racisme anti-blanc est consubstantiellement raciste.

L’itinéraire de Lilian Thuram précédemment cité a suivi cette triste évolution. Le footballeur, il y encore quelques années professait l’inexistence des différences chromatiques. Ensuite de quoi, il célébrait sur papier ses frères de couleur méritants dans Mes Étoiles Noires. Et le voilà, qui pratique à présent un essentialisme consubstantiel au racisme en considérant que les blancs, dans leur ensemble, s’estimeraient au-dessus de lui. C’est donc au stade terminal de cette outrance, que la réaction populaire, sous l’outrage, s’exprime désormais sans complexe.

Mais c’est l’histoire du déni du racisme anti-blanc qui en dit long sur ce mal. Disons d’ores et déjà qu’il apparaissait pour tout esprit libre que la dénégation de ce racisme-là était consubstantiellement raciste. Si l’on veut avoir une idée de l’équité, la manière dont le racisme est équitablement partagé dans le monde des humains en fournit un bon exemple.

Bien entendu que le racisme blanc existe, des terribles exactions du roi Léopold au Congo jusqu’au massacre par les Allemands du malheureux peuple herero en Namibie. Il est même tellement emblématique qu’il aura obéré tous les autres depuis huit décennies.

Dans mes Réflexions sur la Question Blanche , en 2011, à une époque où évoquer l’existence d’un racisme anti-blanc ne rendait pas forcément populaire dans les studios de télévision ou les salles de rédaction, je professais l’idée qu’il existait dans l’inconscient collectif européen une honte insoupçonnée de partager avec Hitler , l’Antéchrist des temps modernes, la même couleur de peau. Toute l’histoire de l’anti-occidentalisme, notamment la vision totalement négative et honteuse du colonialisme vient de là, et ce n’est pas un hasard si un enfant du siècle un peu léger a prétendu en Algérie que la France y aurait unilatéralement commis des crimes contre l’humanité.

Chaque individu doit lutter chaque jour contre le préjugé essentialiste, causé souvent par la peur ou la colère.

Il n’en demeure pas moins que le racisme n’est pas le monopole des blancs et que tous les autres peuples et ethnies le connaissent, y compris ceux qui en ont souffert, Noirs, Arabes et Juifs compris. Soutenir le contraire est un racisme. Chaque individu doit lutter chaque jour contre le préjugé essentialiste, causé souvent par la peur ou la colère.

Pendant des années, l’antiracisme professionnel de pacotille, colonisé par la gauche politique et atteint par cette névrose de l’antinazisme devenu fou aura donc considéré que la simple évocation du racisme anti-blanc était raciste et sentait l’extrême droite. C’était même la raison principale autant que saugrenue que se donnait SOS-Racisme pour ne pas agir, fusse dans les cas les plus violemment évidents.

Il était à l’époque inutile de demander à ces antiracistes diplômés où ils situaient la frontière de l’extrême droite, puisque ces bornés en assuraient eux-mêmes le bornage, ni de leur faire remarquer que c’était cette «extrême droite» qui, la première, avait découvert l’existence du goulag, puis de l’antisémitisme islamique, jusqu’au fait aujourd’hui difficilement contestable que l’immigration mal maîtrisée et mal intégrée n’était pas forcément une aubaine pour la France.

Mais aujourd’hui, les choses changent d’autant mieux qu’elles vont plus mal. Des organisations antiracistes comme la Licra ou l’OLRA ne craignent plus de poursuivre le racisme anti-blanc, et le fait d’être considéré comme extrêmement droitier par quelqu’un d’extrêmement gaucher ne prive plus forcément du goût du boire et du manger. Quelque chose est en train de changer.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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