Publié par Magali Marc le 10 septembre 2019

Le scrutin se déroulera le 21 octobre. Le premier ministre Justin Trudeau a jusqu’au dimanche 15 septembre pour déclencher officiellement la campagne électorale. Les plus récents sondages placent les Libéraux et les Conservateurs à égalité, avec un léger avantage aux Conservateurs pour les appuis projetés et un avantage certain aux Libéraux pour le nombre de sièges qu’ils peuvent remporter même en obtenant moins de votes que les Conservateurs.

Selon Nick Kouvalis, le directeur de la firme de sondage Campaign Research Inc*.: « La grande nouvelle qui ressort de ce sondage est que le Parti Conservateur (PCC) et le Parti Libéral (PLC) sont au coude à coude, même en Ontario, en ce début de campagne électorale. Le PCC a un avantage important sur le PLC lorsqu’il s’agit de la « solidité du vote» et des électeurs qui prévoient de voter pour un seul parti. De plus en plus d’électeurs du PLC envisagent de voter pour un autre parti et près du tiers des Canadiens sont prêts à voter pour le Parti vert du Canada »

« Grâce aux changements importants apportés par le gouvernement conservateur de Doug Ford en Ontario (remaniement ministériel majeur en juin dernier , prolongation des vacances d’été et changements de politiques bien accueillis par les municipalités) et au rapport cinglant de la commissaire à l’éthique sur le premier ministre Trudeau en août (NdT: l’Affaire SNC-Lavalin), le CPP a comblé l’écart de 8 % auquel il était confronté en mai. »

Étant donné qu’en Ontario, les Libéraux et les Conservateurs sont à 36% d’appui chacun, cette province va constituer le plus important champ de bataille lors de cette élection.
Le sondage de Campaign Research montre que l’appui aux partis varie beaucoup selon l’endroit où les gens vivent: les Libéraux détiennent 42% des voix au Canada atlantique, comparativement à 26% pour les Conservateurs, les Verts arrivent au troisième rang avec 21% et le NPD est à 9%.

L’appui est moins élevé pour les Libéraux que lors des dernières élections, alors que l’appui aux Conservateurs et aux Verts est beaucoup plus élevé.

Au Québec, les Libéraux disposent de 37% d’appui, les Conservateurs de 20%. Cela signifierait une part légèrement plus importante du vote populaire pour les deux partis si ces chiffres se confirment. Les Verts sont aussi au troisième rang au Québec avec 12% d’appui, alors que le NPD en a 9%.

Aux dernières élections, le NPD a obtenu 25% des voix au Québec.

Les Libéraux et les Conservateurs sont ex æquo à 41 % au Manitoba où le NPD est encore une fois passé au quatrième rang avec un appui de 8 % et les Verts à 10 %.

Les Conservateurs dominent au Saskatchewan et en Alberta, obtenant respectivement 55% et 58% de l’appui.

C’est en Colombie-Britannique que la course se resserre. Les Conservateurs sont en tête des Rocheuses jusqu’à la côte ouest, avec 34% des électeurs, contre 31% pour les Libéraux, 18% pour les Verts et 15% pour le NPD.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’analyse préliminaire de Jim Warren** , paru dans le Toronto Sun, le 8 septembre.

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Ce que chaque parti doit faire pour gagner cette élection

Que les jeux commencent ! Nous sommes maintenant à 43 jours d’une élection fédérale et d’une décision sur le choix du premier ministre.
Il y a 338 circonscriptions, il faut donc obtenir 170 sièges (50% + 1) pour former une majorité. Voyons comment les partis doivent performer afin d’obtenir les résultats qu’ils souhaitent.

Le Parti Libéral (actuellement 177 sièges, la majorité)

Afin que le Parti libéral puisse au moins obtenir un gouvernement minoritaire, il doit d’abord et avant tout réussir au Québec. Il doit conserver les sièges qu’il a actuellement au Québec et en ajouter d’autres en prenant des sièges au NPD.

Dans le Canada atlantique, le parti doit réélire les deux tiers de ses membres actuels. Il détient actuellement tous les sièges.

Il doit remporter au moins 70 sièges en Ontario et cinq au Manitoba.
Le PLC doit s’attendre à être anéanti en Saskatchewan et en Alberta.

Il doit aussi remporter 10 sièges en Colombie-Britannique. Cela se traduira par une minorité libérale.

Si les libéraux peuvent gagner 90 sièges en Ontario, ils auront une autre majorité et les Canadiens auront Justin Trudeau pendant encore quatre ans.

Le Parti conservateur (actuellement 95 sièges, l’opposition officielle)

Andrew Scheer et les conservateurs abordent leur avancée vers la victoire par la nécessité de remporter de sept à dix sièges au Canada atlantique en les prenant aux Libéraux.

Scheer doit aussi s’accrocher à ses sièges au Québec. Ce sera difficile, car le Bloc québécois a connu une récente résurgence et constitue une menace pour les sièges conservateurs.

En Ontario, Scheer doit obtenir 40 nouveaux sièges pour devenir premier ministre. Ce sera une tâche ardue avec Doug Ford comme premier ministre de l’Ontario. Les étudiants retournent au collège et à l’université et sont contrariés par les compressions dans le financement de l’aide aux frais de scolarité. De plus, la sélection des cours pour les élèves du secondaire est un gros problème.

Même si Ford se cachait pendant les 43 prochains jours, l’Ontario est un champ de mines de problèmes cachés et Scheer pourrait les déclencher chaque fois qu’il parcourt la province.
Scheer va gagner dans le centre-ouest du Canada – la question est de savoir s’il peut maintenir cet élan en Colombie-Britannique.

Le Parti Néo-démocrate (actuellement 40 sièges)

Franchement, le NPD doit se ressaisir. Pour l’instant, nous parlons de sauver les meubles, car le parti ne va pas gagner et est sur le point d’être oblitéré.

Il doit se concentrer sur 30 circonscriptions et s’assurer d’en gagner 20, sinon il sera décimé de la même façon que Kim Campbell et les Conservateurs en 1993 ou que Kathleen Wynne en Ontario en 2018.
Sérieusement, la campagne du NPD et de ses candidats est quasi inexistante.

Le Parti Vert (actuellement 3 sièges)

La plus grande déception de la campagne jusqu’à présent est le cheminement du Parti Vert qui est devenu un parti national.
Je ne les vois pas concourir dans plus de 10 circonscriptions. Ils feront des percées dans certains endroits choisis, comme Guelph, mais ces percées seront fondées sur la personnalité du candidat plutôt que sur celle du parti. Le Parti Vert demeure un parti marginal.

Le Parti populaire du Canada (1 siège)

C’est le joker. D’après ce que j’ai vu sur les médias sociaux, Maxime Bernier attire les foules lorsqu’il parcourt le Canada. Il a une liste complète de candidats et ils sont bien organisés.

Je ne le vois pas gagner beaucoup de siège à part le sien. Mais je le vois potentiellement obtenir 5% des voix, ce qui aura un impact négatif sur Scheer et les Conservateurs.

Par exemple, une circonscription, comme Milton en Ontario pourrait être un siège sûr pour Lisa Raitt. Cependant, même si Mad Max fait ce qu’il peut, les Libéraux sont soudainement compétitifs et leur candidat Adam van Koeverden a maintenant une bonne chance de l’emporter.

Bernier ne gagnera probablement pas plus que son propre siège, mais il pourrait causer contribuer à réduire les chances des Conservateurs d’obtenir suffisamment de sièges en Ontario.

Tout peut arriver dans une élection. L’odeur du changement est dans l’air – mais avec le changement vient l’incertitude. Nous voyons les nombreuses voies à suivre pour que les partis l’emportent, mais seul l’électorat déterminera le gagnant le jour du scrutin.

* Ce sondage a été mené du 3 au 5 septembre 2019 par le biais d’interviews en ligne auprès de 2 094 adultes canadiens choisis au hasard qui sont membres du panel en ligne de Maru/Blue. Aux fins de comparaison, un échantillon aléatoire de cette taille a une marge d’erreur estimée (qui mesure la variabilité d’échantillonnage) de +/- 2,14 %, 19 fois sur 20.

** Jim Warren est un stratège libéral qui a travaillé pour le premier ministre de l’Ontario Dalton McGuinty et le maire de Toronto Mel Lastman.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Sources :

  • https://www.campaignresearch.ca/single-post/Tied-Overall-Tied-in-Ontario
  • https://torontosun.com/opinion/columnists/lilley-election-race-a-dead-heat-as-campaign-gets-set-to-start
  • https://torontosun.com/opinion/columnists/warren-heres-what-each-party-needs-to-do-this-election

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