Publié par Jean-Patrick Grumberg le 10 septembre 2019

Le plus difficile, pour ceux qui dans le monde francophone surveillent l’évolution du Brexit, est de comprendre ce qui se passe. La raison, vous allez la comprendre avec le graphique suivant. Il se passe de commentaire…

La gauche risque de perdre 3 millions d’électeurs

Le parti Travailliste de l’antisémite Jeremey Corbyn a obtenu 12,9 millions de voix aux dernières élections générales. Au moins trois millions d’entre eux avaient voté en faveur du Brexit lors du référendum sur l’UE l’année précédente, donnant ainsi sa majorité au Leave (Brexit).

Depuis que le Parti travailliste a perdu cette élection, il est clair qu’il doit conserver tous ses électeurs et en trouver d’autres pour avoir de l’espoir de gagner la prochaine élection.

Mais le parti semble maintenant déterminé à les perdre.

Selon son porte-parole, Sir Keir Starmer :

Quel que soit le résultat du Brexit, Boris Johnson doit être soumis à un référendum – et dans ce référendum, les travaillistes feront campagne pour rester [dans l’UE].”

La plupart des membres du Cabinet fantôme ont adopté cette position.

Leur chef, Jeremy Corbyn, tout antisémite qu’il est, ne manque pas d’astuce politique, et il avait essayé de maintenir une certaine ambiguïté en inventant une nouvelle forme post-Brexit que les travaillistes pourraient appuyer. C’est celle dont parlent les médias : soft Brexit, hard Brexit, no deal Brexit : les Britanniques n’ont pas voté pour ces nuances, mais pour “Leave”.

Désinformation

Ce que les médias francophones publient est un fantasme et une désinformation complète raccrochée à quelques bribes de réalité.

  • Si un second référendum était organisé sous un gouvernement travailliste (presque certainement en minorité et dépendant du soutien des petits partis restants), l’UE n’aurait aucune raison de proposer un tel accord.
  • L’UE forcerait ce nouveau gouvernement à offrir un choix référendaire binaire entre le non-accord et le maintien.
  • Pour obtenir le Brexit, les trois millions d’électeurs de gauche qui ont déjà voté le Leave voteront pour Boris Johnson ou Nigel Farage, ou les deux ensemble s’ils forment un pacte électoral.

Les médias et les politiciens travaillistes n’ont jamais fait l’effort de comprendre ces trois millions d’électeurs de gauche pro-Brexit qui ont pesé dans la balance en faveur du Leave, et ni l’UE, ni le parti Travailliste, ni les médias, ne leur ont donné aucune raison de se sentir mieux dans l’UE de 2019 que celle de 2016 !

Les campagnes médiatiques contre le Brexit et contre Boris Johnson s’appuient entièrement sur la vieille ficelle démagogue : la peur. Ca n’a pas marché en 2016. Ca marchera beaucoup moins en 2019.

Londres n’est pas l’Angleterre

Le narratif des médias – celui qui vous est servi – est dominé par Londres et imprégné de la préférence écrasante de Londres pour rester dans l’UE (Remain).

Vous entendez rarement, voire jamais, la voix d’un parti local en faveur du Brexit, ou alors pour les traîner dans la boue, avec élégance.

Les médias voient le monde politique en dehors de Londres comme des lieux étranges et sauvages, des lieux dignes des temps médiévaux. Arriérés et primaires.

Des “déplorables” qui voient clair

Ces électeurs “arriérés et primaires” qui ont fait pencher la balance dans la direction du Brexit, malgré le formidable poids démographique de Londres et des grandes villes, sont ceux qui ont la meilleure vue.

  • Ils voient l’Union européenne comme une organisation dominée par des intérêts particuliers – y compris sa propre bureaucratie.
  • Ils voient que les organes de décision et les dirigeants sont imperméables à la démocratie, qu’ils génèrent des politiques et des réglementations inutiles, et dépensent d’énormes sommes d’argent en gaspillant ou en corrompant.
  • Ils considèrent sa politique phare – l’euro – comme un moteur de misère et de chômage pour les économies les plus faibles sous son emprise.
  • Ils considèrent sa politique agricole, bien qu’améliorée, comme un gaspillage, nuisible pour les consommateurs et l’environnement, et biaisée en faveur des grandes entreprises agricoles plutôt que des petites exploitations familiales.
  • Ils considèrent le protectionnisme de l’UE comme un facteur majeur de la pauvreté.
  • En résumé, ils considèrent que la gouvernance de l’UE n’est ni efficace ni démocratique. Toute sa trajectoire est l’extinction de la démocratie nationale, que le peuple britannique continue à juste titre de considérer comme sa meilleure chance de parvenir à une vie meilleure.
  • Et ils n’ont pas raté les promesses du président Trump, qui est de leur côté, d’aider fortement l’économie britannique dès sa sortie de l’UE.

Ces points de vue sont discutables. Ils sont loin d’être irrationnels comme les médias tentent de le faire croire, et ils sont profondément ancrés dans les esprits. Tellement ancrés que rien n’empêchera Boris Johnson, malgré les résistances et les coups bas jusque dans son propre camp, d’accomplir sa mission : le respect de la volonté populaire.

Boris soutenu par les fonctionnaires de l’administration

Hier soir lundi 9 septembre, Boris Johnson a dit aux députés qu’il refuserait catégoriquement leur demande d’un délai au Brexit.

Dans son discours passionné et vigoureux, le Premier ministre a confirmé que le gouvernement s’efforçait de résister aux tentatives visant à le forcer à se rendre à Bruxelles et à supplier pour que le départ de l’UE soit à nouveau reporté.

Dans le cadre de ces efforts, Boris a nommé Dominic Cummings, directeur de sa campagne, son principal assistant politique, d’assurer un régime strict au Brexit. Sous la nouvelle administration, il a mis en place des réunions le vendredi soir avec les collaborateurs du gouvernement et a également organisé des réunions quotidiennes à 8 heures et à 19 heures pour le personnel du Premier ministre.

Boris a notamment été salué par John Manzoni, secrétaire permanent du cabinet, pour avoir “réinjecté de l’énergie” dans les préparatifs du Brexit.

En réponse à une question demandant si les fonctionnaires en ont “assez” de faire des préparatifs pour le Brexit, il a dit :

Je pense que l’un des aspects positifs d’une réunion de préparation quotidienne est qu’elle réinjecte de l’énergie dans un système moribond, et qu’elle l’a fait assez efficacement.

Conclusion

Il va y avoir des élections générales. Et le vote pour le Brexit va progresser. Si les médias vous laissent dans le doute, reportez-vous au tableau du début de l’article, et au paragraphe sur les trois millions d’électeurs de gauche pro-Brexit qui ont fait la différence…

Gare aux élites s’ils méprisent la volonté populaire. Les Britanniques sont moins influencés par les médias que les Belges ou les Français, ils ne prennent pas leur gouvernement pour leur maman, et les aides sociales pour la manne envoyée par l’Etat providence.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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