Publié par Magali Marc le 11 septembre 2019

À l’approche des élections du 17 septembre en Israël, ce n’est pas un secret que la plupart des Juifs américains souhaitent la défaite de Netanyahu.

En 1998, Daniel Pipes estimait que les Juifs américains ne doivent pas « faire semblant de soutenir ce sur quoi ils ne sont pas d’accord, mais que leur critique publique d’Israël exige de la prudence, du tact et de la délicatesse ». Mais nous sommes loin compte. De nos jours, certains observent que les jeunes juifs américains, peu sensibilisés aux conditions de la naissance d’Israël après l’Holocauste, se sentent plus étrangers à ce pays que leurs aînés, et plus décomplexés dans leurs critiques. Pour eux, l’État juif est devenu un sujet de controverses.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de Daniel Gordis, paru dans le New York Post, le 7 septembre.

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Ce que les Juifs américains ne comprennent pas concernant Israël

A quelques jours des élections israéliennes, de nombreux Juifs américains surveillent de près ce qui va se passer, espérant que Benjamin Netanyahu sera finalement défait.

Les Juifs américains, majoritairement démocrates et gauchistes entretiennent une litanie de jérémiades concernant le premier ministre israélien qui a servi le plus longtemps. Ils pensent qu’il a insulté le président Barack Obama en essayant d’empêcher l’adoption de son accord sur le nucléaire avec l’Iran quand il s’est adressé à une session conjointe du Congrès. Ils affirment que la loi de 2018 de Netanyahu déclarant Israël État-nation du peuple juif est cause d’une érosion de la démocratie du pays. Surtout, ils blâment Netanyahu pour l’absence de progrès sur le front palestinien.

Il y a une chance raisonnable que Netanyahu gagne. Si cela n’arrive pas, cependant, le vainqueur viendra très certainement du centre politique d’Israël. Et si ça se produit, les Juifs américains auront droit à un réveil brutal. Parce que les politiques israéliennes, qu’ils critiquent depuis longtemps, ont peu de chances de changer.

Malgré tout ce qu’il a dit, Netanyahu a surtout évité les conflits. Israël n’a participé à presque aucune guerre pendant son long mandat. Certains des candidats qui s’opposent à lui ont déclaré qu’ils martèleraient Gaza si le Hamas continuait de bombarder Israël (ce que Netanyahu évite de faire depuis cinq ans), et qu’ils seraient tout aussi déterminés à empêcher les Iraniens de se procurer une arme de destruction massive. Benny Gantz, le principal rival de Netanyahu, n’a peut-être pas fait pression en faveur de la « Loi sur l’État-nation » (Bibi l’a utilisée comme un coup politique pour gagner des voix), mais il ne fait aucun doute que Gantz (comme la plupart des Israéliens) approuve l’idée de la loi.

Les États-Unis et Israël ont des projets très différents. La Déclaration d’indépendance de l’Amérique commence par les mots « Lorsque, dans le cours des événements humains, il devient nécessaire pour un peuple de dissoudre les liens politiques qui l’ont attaché à un autre …», tandis que celle d’Israël commence par « Eretz-Israel est le lieu où naquit le peuple juif… ».
L’Amérique a été créée pour être un havre pour les « masses innombrables aspirant à vivre libres », comme le déclare le poème d’Emma Lazarus au pied de la Statue de la Liberté, tandis qu’Israël était destiné à être, comme le note la Déclaration britannique Balfour de 1917, « un foyer national pour le peuple juif ».

Quand nous attendons d’Israël qu’il se comporte comme l’Amérique le devrait, Israël semble souvent ne pas être à la hauteur. Et cela, plus que toute autre politique israélienne, a longtemps été la cause profonde de la relation tendue entre les Juifs américains et l’État juif.

« Mettez fin à l’occupation », scandent les Juifs américains. Mais les Israéliens sont également épuisés par l’occupation – ils ne savent tout simplement pas comment y mettre fin sans que la Cisjordanie ne devienne un terreau fertile pour les terroristes, comme ce fut le cas pour Gaza après le retrait d’Israël en 2005. C’est un risque que les Israéliens ne sont pas prêts à prendre.

Quand les Juifs américains disent : « Mettez fin à l’occupation », les oreilles israéliennes entendent : « Abolissez les taxes». Une idée géniale mais totalement irréaliste.

Les Juifs américains considèrent les relations d’Israël avec les Palestiniens comme une question de droits civils. Les Israéliens y voient une question de survie.

La première obligation d’un pays est la protection de ses concitoyens, et tout gouvernement israélien le comprend. Il est peu probable que la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens change tant que les Palestiniens n’auront pas déclaré qu’ils mettent fin à leur tentative de destruction d’Israël. Cela ne se produira pas de sitôt, cependant, et c’est pourquoi, si Netanyahu perd, les gauchistes juifs américains seront extrêmement déçus.

Certes, il y a beaucoup de choses qu’Israël devrait faire différemment afin d’améliorer sa relation avec les Juifs américains. Une relation saine entre les Juifs américains et Israël est essentielle pour les deux parties, et toutes deux doivent changer de rhétorique et reconstruire leur partenariat.

Le plus important, cependant, c’est que les Juifs américains, et les Américains en général, comprennent que malgré toutes leurs similitudes, l’Amérique et Israël sont des entreprises radicalement différentes.
L’une est destinée à s’ouvrir à toute l’humanité, tandis que l’autre est destiné à sauver le peuple juif. Tous les candidats au poste de premier ministre comprennent cela. La protection de l’État qui a redonné son foyer au peuple juif restera toujours, et de loin, leur priorité absolue.

* Daniel Gordis est membre distingué du Shalem College à Jérusalem. Son livre «We Stand Divided : The Rift Between American Jews and Israel» (editeur Ecco/HarperCollins) sort le mardi 11 septembre.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source : NY Post

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