Publié par Gaia - Dreuz le 24 septembre 2019

Source : Franceinter

Neuf enfants de djihadistes ont atterri en France, ce mardi, avec leurs mères respectives. Les deux femmes djihadistes ont été placées en garde à vue. L’une d’elle est la nièce des frères Clain. Les enfants ont tous été placés auprès de l’Aide Sociale à l’Enfance.

Ils sont neuf. Neuf enfants, âgés de 3 à 13 ans. Ils ont passé tous ensemble plusieurs années sous le califat de Daech, avec leurs parents. Leurs parents se sont connus dans le sud-ouest de la France, dans la nébuleuse islamiste radicale toulousaine, autour des frères Merah et Clain. Cinq des neuf enfants qui viennent d’atterrir ce mardi matin à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle sont d’ailleurs des petits-neveux et petites-nièces de Fabien et Jean-Michel Clain, les médiatiques djihadistes qui avaient enregistré la revendication des attentats du 13 novembre 2015. 

La nièce des frères Clain de nouveau sur le sol français

Jennifer Clain est la mère de cinq de ces enfants de retour en France. Jennifer Clain est aussi la nièce de Fabien et Jean-Michel Clain, les frères si redoutés, désormais déclarés morts après une frappe de la coalition, en février dernier, lors de la débâcle de Daech, à Baghouz. C’est cinq mois plus tard, en juillet, que Jennifer Clain a été arrêtée, à la frontière turco-syrienne. Elle était alors activement recherchée par des magistrats antiterroristes français, qui avaient émis contre elle un mandat d’arrêt. Quand les soldats turcs l’ont interpellée, elle fuyait la Syrie, avec ses cinq enfants. Quelques semaines plus tôt, son mari et père de ses enfants, Kevin Gonot, avait été condamné à mort en Irak, pour avoir rejoint Daech.

Accueillis sur le tarmac par la DGSI 

Quand elle a été interpellée à la frontière turco-syrienne, Jennifer Clain était avec sa belle-mère, Christine Allain, 60 ans. Elle était aussi accompagnée de la femme d’un autre djihadiste français, l’épouse de Thomas Collange, avec leurs quatre enfants. Ces trois femmes et les neuf enfants ont immédiatement été placés en centre de rétention, en Turquie, comme à chaque arrestation de famille de djihadistes, depuis des années.

Et comme à chaque arrestation depuis 2014, et la signature d’un protocole avec la France, les djihadistes français sont systématiquement expulsés vers Paris, au bout de quelques semaines. Ainsi, Jennifer Clain et ses cinq enfants, la femme de Thomas Collange et ses quatre enfants, viennent de rentrer en France. Comme à chaque retour de Turquie, la DGSI les a attendues à l’aéroport, tôt ce matin, pour les interpeller et les placer en garde à vue dès la descente de l’avion. Leur garde à vue peut durer 96 heures, dans le cadre d’une enquête pour association de malfaiteurs terroriste. 

Prise en charge des “petits revenants”

Comme à chaque retour de zone de guerre irako-syrienne, les enfants, eux, ont été séparés de leurs mères et confiés par la justice à l’Aide Sociale à l’Enfance. C’est l’ASE de Seine-Saint-Denis qui va s’occuper de ces deux fratries. L’ASE 93 qui prend déjà en charge depuis plusieurs années, d’autres neveux et nièces des frères Clain. Des enfants qui “ne posent aucun problème”, selon plusieurs professionnels qui les entourent. Ces enfants, comme tous les “petits revenants” sont extrêmement encadrés, à la fois par des juges, des éducateurs, des psychologues, selon le protocole établi par le gouvernement d’Edouard Philippe.

Selon les derniers chiffres officiels, plus de 900 djihadistes ont été judiciarisés en France pour avoir rejoint le groupe État islamique. Un tiers d’entre eux, est présumé mort sur place. Un autre tiers, est déjà rentré. Quant aux enfants, emmenés par leurs parents sous le califat de Daech, ils sont désormais plus de 130 à être rentrés. L’écrasante majorité d’entre eux ont moins de cinq ans. 

D’autres enfants encore en territoire syrien

Les deux fratries d’enfants de djihadistes qui viennent d’arriver à Roissy ce mardi matin, ont donc été expulsées par les autorités turques. En juin dernier, une autre famille de djihadistes français avait aussi été expulsée de Turquie, avec neuf enfants. Au Kurdistan syrien, en revanche, la politique menée par la France reste très différente. Seuls une quinzaine d’orphelins, ont été rapatriés par la France, en mars puis en juin, ainsi que deux enfants dont la mère djihadiste avait accepté le retour depuis le camp de Roj. 

A Roj, al-Hol et Aïn Issa, plusieurs dizaines d’autres enfants français restent “prisonniers des choix de leurs parents” regrettent plusieurs avocats. Parmi eux, maîtres Marie Dosé, Henri Leclerc, Gérard Tcholakian, Martin Pradel, William Bourdon, Vincent Brengarth ne cessent de se mobiliser pour réclamer leur rapatriement. La semaine dernière, maître Dosé a porté plainte contre le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, pour “omission de porter secours”. Ce mardi, la Commission Consultative des Droits de l’Homme, généralement écoutée par le gouvernement, doit se prononcer à son tour sur la situation des enfants dans ces camps. Selon nos informations, elle va demander leur rapatriement, comme l’avait réclamé en juin le Défenseur des Droits Jacques Toubon, au nom de l’égalité entre les enfants français.

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