Publié par Magali Marc le 25 septembre 2019

Lors de son discours à l’Onu, Recep Tayyip Erdogan a appelé à soit interdire l’arme nucléaire, soit à la rendre accessible à tous les pays.

Il s’est bien garder de parler du fait que sous son régime dictatorial, des banquiers turcs financent le Hamas et d’autres organisations djihadistes. Erdogan ne s’est pas non plus vanté à l’ONU du fait que les Iraniens ont utilisé des banques turques afin de contourner les sanctions américaines.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de Jonathan Schanzer et Aykan Erdemir*, paru dans le New York Post, le 23 septembre.

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La Turquie est aujourd’hui un refuge pour les terroristes et un tremplin du terrorisme.

Lundi, quatre enfants d’un Américain et de son épouse israélienne tués par le groupe terroriste palestinien Hamas en 2015 ont intenté une action contre la Kuveyt Turk Bank de Turquie devant un tribunal de New York. Ils accusent la banque d’aider le Hamas à financer ses attaques terroristes, des allégations que la firme va très certainement nier.

Cette poursuite devant les tribunaux contre cette banque, conforme à la charia, qui compte le gouvernement turc parmi ses actionnaires, se produit deux semaines après que le Trésor américain ait sanctionné 11 entités et individus liés à la Turquie pour avoir soutenu le Hamas et d’autres organisations djihadistes.

Les preuves ne cessent de s’accumuler : La Turquie est devenue un refuge pour les individus malfaisants de la région.

Sous le président Recep Tayyip Erdogan, la Turquie est devenue une juridiction permissive pour les régimes voyous et leurs banquiers illicites. Entre 2012 et 2015, Téhéran a utilisé les banques turques et un négociant d’or à la double nationalité irano-turque afin de contourner les sanctions américaines au plus fort des activités de Washington pour contrer les ambitions nucléaires de la République islamique. C’était un vaste programme pour échapper aux sanctions, sans doute un des plus importants de l’histoire récente.

De même, le régime vénézuélien de Nicolás Maduro a fait appel à des sociétés basées en Turquie afin d’y installer un réseau de blanchiment d’argent impliquant la vente de l’or vénézuélien. Le gouvernement américain a sanctionné ce réseau en juillet.

Des rapports suggèrent qu’un bailleur de fonds pour le régime Assad en Syrie (sanctionné par le Conseil du Trésor américain) possède un vaste réseau d’entreprises en Turquie, ce qui permet à la Syrie de contourner les sanctions américaines.

La Turquie s’est également montrée indulgente à l’égard des terroristes. En avril, le Conseil du Trésor a également sanctionné six individus et un bureau de change turc pour leur rôle dans le financement de l’État Islamique. Cette action a mis en évidence la manière dont les terroristes de l’État Islamique ont continué à opérer à partir du territoire turc pendant une bonne partie de l’année 2018.

Les forces de l’ordre turques ferment les yeux sur les activités des Djihadistes, tandis que les tribunaux turcs les traitent avec clémence, les libérant souvent en attendant leur procès ou leur accordant une libération conditionnelle, ce qui contraste fortement avec le traitement sévère réservé aux dissidents laïques et pro-démocratie.

Après leur éviction d’Égypte en 2013, les Frères musulmans ont créé de nouvelles institutions en Turquie. Outre la propagande islamiste, les chaînes de télévision du mouvement ont diffusé des menaces de mort contre des responsables égyptiens et des ressortissants étrangers en Égypte. Ironiquement, le gouvernement turc défend la «liberté d’expression» des Frères musulmans alors même qu’Erdogan a réduit au silence l’opposition intérieure turque.

La Turquie traque et poursuit avec zèle les groupes dissidents, en les qualifiant de terroristes, tout en permettant aux vrais terroristes du Hamas d’opérer librement en sol turc.

Saleh Arouri, le commandant militaire du Hamas responsable de l’enlèvement et de l’assassinat de trois adolescents en Cisjordanie en 2014, a mené cette opération depuis le sol turc. Le Trésor américain a désigné Arouri comme terroriste en septembre 2015 et a par la suite décerné une prime «Rewards for Justice» afin d’obtenir des informations susceptibles de conduire à son arrestation ou à sa capture.

Mais Arouri n’est qu’un des nombreux agents du Hamas qui ont opéré en Turquie. En 2011, 10 agents du Hamas libérés par Israël dans le cadre d’un échange de prisonniers sont arrivés en Turquie, et beaucoup y sont toujours actifs. Imad al-Alami, envoyé de longue date du Hamas en Iran et terroriste désigné par les États-Unis depuis 2003, a reçu des soins médicaux en Turquie en 2014 et y a poursuivi son travail pendant sa convalescence.

La poursuite intentée à New York contre la Kuveyt Turk Bank a le potentiel de mettre un frein à l’impunité de la Turquie.

En 2016, l’association Saint-François d’Assise a déposé une plainte en Californie contre la Kuveyt Turk Bank et sa société mère, Kuwait Finance House, pour avoir géré des dons destinés à l’État Islamique. Un juge fédéral a rejeté la plainte, alléguant qu’il n’était pas possible de prouver qu’une personne des États-Unis avait été lésée.

En revanche, la plainte déposée lundi contre Kuveyt Turk concerne des plaignants ayant des liens avec les États-Unis. Les plaignants soutiennent également que la banque est soumise à la juridiction de New York car elle utilise ses comptes bancaires correspondants dans cet État afin de faciliter les transferts libellés en dollars américains au profit du Hamas.

Il est déjà clair que la Turquie d’Erdogan est devenue une juridiction permissive pour le financement illicite et terroriste. Mais cette nouvelle affaire au nom d’une victime américaine du terrorisme et de membres de sa famille pourrait enfin commencer à mettre en lumière la responsabilité du régime turc.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source: NY Post

* Jonathan Schanzer, ancien analyste du financement du terrorisme au Conseil du Trésor américain, est vice-président principal de la recherche à la Fondation pour la défense des démocraties, où Aykan Erdemir, ancien parlementaire turc, est chercheur principal.

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