Publié par Guy Millière le 30 septembre 2019

Je sais. Un homme est mort, et il faut respecter le deuil de la famille. Je le respecte. Je sais que cet homme était Président de la République, et je comprends qu’un hommage national soit rendu. Mais tout de même ! Un peu de pudeur, de discrétion et de nuance aurait été utile. 

Les éloges rendus à Jacques Chirac dépassent la mesure et sont dignes de ceux qu’on rendrait à un dictateur défunt dans un régime autoritaire ou dans une république bananière : la différence étant que dans un régime autoritaire ou dans une république bananière, les journalistes sont obligés d’écrire ce qu’ils écrivent, en France apparemment, ils font cela spontanément. Et ils semblent en synergie avec la population française, puisque des sondages semblent indiquer que les Français considèrent très majoritairement que Jacques Chirac a été le meilleur Président de la République française, avec Charles de Gaulle !

Décidément, la France me consterne, et je me demande parfois pourquoi j’écris encore en langue française.

« Votez escroc, pas facho »

Je reviendrai plus longuement sur Jacques Chirac (je le ferai sur Koulam radio mardi : koulam.fr), et je n’oublie pas qu’il a reconnu la responsabilité de la France dans la Rafle du Vélodrome d’hiver, dont acte, mais je dois dès à présent, dire ici que je me souviens, car c’est un fait, que Jacques Chirac a été réélu en 2002 au son de slogans reproduits aussi sur des autocollants : « Votez escroc, pas facho ».

  • Jacques Chirac a été condamné par la justice en 2011. Si on peut comprendre à la rigueur que les Français aient « voté escroc », cela ne justifie en rien ce qui a valu à Jacques Chirac une peine de prison (avec sursis).
  • Je me souviens aussi de l’amitié réelle de Jacques Chirac envers Yasser Arafat, chef de bande terroriste islamique antisémite entouré de tueurs de Juifs, à qui il a offert des funérailles dignes d’un grand chef d’Etat.
  • Je me souviens de la vente du réacteur Osirak a Saddam Hussein, qui voulait fabriquer la bombe atomique arabe, et de ce qui semble plonger tant de Français dans une pâmoison extatique : Jacques Chirac a tenu tête à George Walker Bush en 2003.

Quel exploit !

Il a tenu tête au Président d’un pays démocratique qui n’a jamais fait aucun mal à la France et l’a même libérée en 1944-45. Il aurait été autrement plus courageux de tenir tête à un chef de bande terroriste antisémite ou à un dictateur sanguinaire, mais cela, Jacques Chirac ne l’a jamais fait. La presse française à l’époque a dit que Jacques Chirac avait tenu tête à George Walker Bush pour des raisons éthiques et pour éviter un embrasement de la région. 

Cela n’a pas été le seul mensonge diffusé par la presse française, qui continue à se surpasser en matière de mensonge, mais tout de même !

La France, comme l’a montré à l’époque, documents à l’appui, Kenneth Timmerman, dans un livre appelé The French Betrayal of America*, dont je suis seul en France à l’époque à avoir parlé, avait signé de manière illicite et clandestine des contrats pétroliers avec le régime irakien et faisait tout pour que l’embargo frappant l’Irak soit levé, et savait que le renversement de Saddam Hussein allait lui faire perdre ses contrats. Et je passe sur de multiples détails sordides et atroces (qui rappellera ce qu’était l’Irak de Saddam Hussein ?). Pour de l’éthique, c’est de l’éthique !

L’axe des fouines

Quant à l’embrasement de la région, il était déjà là. La France est devenue à l’époque chef de file de ce qui a été appelé par Donald Rumsfeld l’« axe des fouines » (axis of weasels). L’axe en question a demandé à Erdogan de refuser l’utilisation par l’armée américaine de la base d’Incirlik pour ses opérations, et le changement de régime en Irak est devenu plus difficile, le projet américain de changement plus vaste du Proche-Orient a été entravé, pour le plus grand bonheur des mollahs iraniens et des groupes djihadistes, dont al Qaida.

Quand on voit la suite, on voit incontestablement qu’a été à l’œuvre un grand sens de la géopolitique. 

Il est inutile de dire tout cela en France, je ne l’ignore pas. 

Les débats politiques sur ces questions en France sont des débats à la française : des débats entre gens qui ont en commun de falsifier, mais usent de mots différents pour le faire. 

Il est des jours où je ne me sens plus vraiment français. Aujourd’hui est l’un de ces jours. 

Comme le disent les journaux français : « Chirac c’était la France ». 

Il était peut-être ami des Juifs français, mais ce tout en soutenant les assassins de Juifs israéliens

Je suis attaché à la vérité et à la droiture éthique. Est-ce qu’attachement à la vérité et droiture éthique sont encore des qualités françaises ? Je me garderai de répondre. 

Et puisque je vois des propos ici ou là disant que Jacques Chirac était un ami des Juifs français, je dirai qu’il était peut-être ami des Juifs français, mais ce tout en soutenant les assassins de Juifs israéliens : une amitié envers les Juifs à géométrie très variable…. Je n’ai pas du tout envie de rire en écrivant cela. 

Dans vingt ou trente ans, les Français trouveront que Macron est l’un des plus grands génies que la France ait vus naitre. 

Au point où en sont les choses…

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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