Publié par Gilles William Goldnadel le 30 septembre 2019

Peu convaincu par Greta Thunberg ou par les conclusions qu’il juge alarmistes des experts du GIEC, l’avocat Gilles-William Goldnadel fustige l’intolérance des admirateurs de la jeune activiste suédoise.

Je ne suis pas climatosceptique, mais je suis très méfiant envers ceux qui font du climat, commerce politique.

Je me soucie de l’environnemental contemporain, mais plus encore du mental de mes contemporains après le passage d’un typhon médiatique prénommé Greta.

Je ne suis pas climatosceptique, écrivais-je, mais quand bien même le serais-je que mon courage intellectuel n’est pas suffisamment suicidaire pour que je le couche sur du papier électronique.

L’intolérance qui caractérisait le débat antiraciste a migré désormais sur les terrains plus vierges du genre et de l’air.

J’ai narré dans une précédente chronique comment après notre rencontre télévisuelle, caniculaire et tumultueuse, Madame Brune Poirson avait tenu sur Twitter pour «criminels» mes aveux qui consistaient à confier avec humilité que je reconnaissais le phénomène du réchauffement climatique mais que je ne savais pas quantifier la part humaine dans celui-ci. Preuve était ainsi scientifiquement rapportée que le simple fait de ne pas adhérer totalement à la thèse du GIEC, pour autant qu’elle existe dans son unicité, ce dont je me permets également de douter, est, littéralement , criminalisé.

Depuis cette périlleuse expérience en laboratoire médiatique, le béotien qui signe a constaté que toutes les tentatives pour contester la parole officielle émanant de l’ONU sont tournées en dérision sinon en suspicion. C’est ainsi, par exemple, que le Comité des 50 «réalistes» qui ont eu la folle audace de contester celle-ci s’est vue investigué méchamment, notamment par le journal Le Temps qui doit savoir de quoi il parle. Une enquête quasi-policière en règle a été diligentée par les limiers genevois qui ont cru devoir remarquer que tel signataire n’était membre qu’«émérite», tel autre qu’«ancien» universitaire, tel autre enfin, horreur absolue et mère de toutes les appréhensions, ayant servi dans l’industrie pétrolière. Pour couronner le tout, mais oserais-je l’écrire, certains appartiendraient à la «droite radicale», ce qui crée effectivement, par nébulosité, un mauvais climat.

Je ne suis pas bien sûr que le pedigree des membres du Groupe intergouvernemental ait été examiné avec autant de méticulosité.

Mais puisque j’en suis arrivé aux considérations idéologiques et que je confiais en préambule ma méfiance pour les idéologues du climat, je reconnais dans cet esprit policier et procédurier la marque inquisitoriale de l’extrême gauche. C’est d’ailleurs celle-ci, dans son génie mutant, qui a pris les commandes de l’écologie politique du climat. Raison pourquoi, l’intolérance qui caractérisait le débat antiraciste a migré désormais sur les terrains plus vierges du genre et de l’air.

Mon sort est de celui des hérétiques et des contre-révolutionnaires

Ce n’est pas un hasard cosmique si la famille Thurnberg porte dans un bel ensemble le T-shirt des Antifas qui sont d’authentiques fascistes d’extrême gauche se proposant de lutter physiquement contre toute pollution politique déplaisante des esprits.

J’en arrive à mes craintes pour l’environnement mental.

Un esprit objectif qui aurait regardé sans préjugé aucun la prestation de Greta Thurnberg à l’ONU n’aurait pu qu’en conclure que la jeune fille au visage angélique s’était métamorphosée en gamine grimaçante, hargneuse autant que haineuse, tout pronostic médical réservé.

Je suis conscient qu’ayant écrit ces deux phrases et ces quatre derniers mots, mon sort est désormais scellé. Celui des hérétiques et des contre-révolutionnaires. Telle est la loi de nos dernières religions séculières. A fortiori quand la dernière est millénariste. Pour l’avoir enfreinte à l’encontre de Sainte Greta, pure madone intouchable, certains, dont déjà moi, ont été cloués au pilori par les sympathisants du nouveau culte qui ne jurent que par elle quand ils ne se vouent pas aux fulminations du révérend père Cochet qui nous promet une fin apocalyptique sous trente ans.

C’est ainsi que les pieux ecclésiastiques de Quotidien et de France Inter ont cru devoir remarquer que les contempteurs irrévérencieux de l’enfant sainte qu’ils ont ointe se recruteraient tous parmi les mâles blancs de plus de cinquante ans, ce qui correspond, j’en conviens avec accablement, à mon portrait-robot.

À ce stade de ma déchéance physique, morale et intellectuelle, aurais-je encore la force de faire remarquer que les mouvements totalitaires sont ceux qui, précisément, ont exalté la jeunesse si belle, si généreuse, si innocente, qui aux champs, qui dans les chantiers, et ont pour nom nazisme et communisme?

La conversion de certains vers moins de dévotion à l’égard de Greta Thunberg fut brutale

Dois-je ajouter que mon inquiétude pour la santé mentale du monde atteint son sommet lorsque je vois des adultes gouvernementaux comme Monsieur Trudeau jeune se prosterner devant l’enfant encolérée et impérieuse, ou pour les plus audacieux, tenter de lui objecter quelques arguments de raison avec une obséquiosité démesurée?

Il est vrai que le premier croit avoir beaucoup à se faire pardonner. Dans son adolescence il avait sans malice couvert sa face de suie, il fallait à présent qu’il se la couvre de cendres.

Quant aux seconds, la conversion vers moins de dévotion fut brutale, c’est ainsi que le 23 juillet Brune Poirson nous tweetait: «Merci Greta vous nous apportez de l’espoir, ne lâchez rien».

Mais à présent que la petite imprécatrice de Suède veut poursuivre la France plutôt que la Chine, voici notre Secrétaire en état de moindre exaltation religieuse: «Greta mobilise avec du désespoir et la haine des autres»

Mais je dois m’arrêter là, j’entends quelqu’un qui sonne à l’heure du laitier.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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