
- Différentes définitions de l’étranger dans la Bible
La bible, dans la précision de son vocabulaire, distingue quatre mots pour décrire les étrangers : le ger (גֵּר), le toshabh (תּוֹשָׁב), le nekhar (נֵכָר), le zar (זָר).
Examinons quelques occurrences de ces mots pour en discerner un premier champ de signification.
1.1. Le ger(גֵּר)
Le ger est un habitant d’un pays qui n’est pas sa patrie. Abraham fut un ger au pays de Canaan (Gn 23.4), Moïse fut un ger au pays de Madian (Ex 2.22) et nomma son fils aîné Gershom car, dit-il, « je suis un immigré (ger) en terre étrangère (nekhar) ». Les Israélites furent des ger au pays d’Egypte (Gn 15.13).
Dans un monde où les frontières délimitant les territoires des différents royaumes sont parfaitement connues, la traversée d’une frontière relève du droit comme en atteste la demande des Israélites qui veulent traverser le territoire d’Edom (Nb 20.14-21).
Le ger est un étranger qui a reçu de la part du pays d’accueil, en la personne de ses autorités (les fils de Heth pour Abraham, Pharaon pour Joseph et sa famille, Jéthro pour Moïse), l’autorisation d’y séjourner. Il s’inscrit dans une logique de respect des lois et des habitudes culturelles du pays qui l’accueille.
En raison de son statut légal, les Israélites devaient manifester à l’égard du ger une profonde bienveillance. Lévitique 19.34 est sans ambiguïté : « L’étranger qui réside avec vous sera pour vous comme un compatriote et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d’Égypte. Je suis l’Eternel votre Dieu. »
La Torah nous donne des indications précises et précieuses sur l’éthique qui doit guider les natifs du pays d’accueil, les droits qui protègent les ger dans leurs intérêts socio-économiques et leurs obligations morales et religieuses.
Il nous faut premièrement prêter une attention au comportement des habitants d’origine du pays d’accueil.
Ces derniers savent que la terre appartient à l’Eternel (Lv 25.23 ; Ps 24.1) et qu’ils ne sont que les hôtes du Créateur.
- Lv 25.23 : La terre ne sera pas vendue avec perte de tout droit, car la terre m’appartient et vous n’êtes pour moi que des étrangers (ger) et des hôtes.
A l’image de Dieu, et dépositaires de son autorité, les hommes doivent être les garants du respect de l’ordre créationnel dans les limites du champ que Dieu leur a confié (Dt 32.8), selon les limites de temps et d’espace qui leur sont accordées (Ac 17.26).
- Dt 32.8 : Quand le Très-Haut donna un héritage aux nations, Quand il sépara les enfants des hommes, Il fixa les limites des peuples d’après le nombre des enfants d’Israël.
Ils savent également que la possession de la terre n’est pas inconditionnelle (Lv 18.21-24). En raison même de l’image de Dieu dont ils sont porteurs, ils sont garants du respect des lois morales de l’ordre créationnel dont l’intelligence a été puissamment revigorée par le don de la Thora dans le cadre de l’Alliance contractée au Sinaï (Ex 19 à 31) et rappelée aux monts Garizim et Ebal (Dt 28).
- Lv 18.21-26 : Tu ne livreras aucun de tes enfants pour le faire passer à Molek, et tu ne profaneras pas ainsi le nom de ton Dieu. Je suis l’Eternel. Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination…Ne vous rendez impurs par aucune de ces pratiques : c’est par elles que se sont rendues impures les nations que je chasse devant vous. Le pays est devenu impur, j’ai sanctionné sa faute et le pays a dû vomir ses habitants. Mais vous, vous garderez mes lois et mes coutumes, vous ne commettrez aucune de ces abominations, pas plus le citoyen que l’étranger qui réside parmi vous. Car toutes ces abominations-là, les hommes qui ont habité ce pays avant vous les ont commises et le pays en a été rendu impur.
Qu’on se le dise : la justice de Dieu est impartiale en ce qui concerne la culture de l’avortement et l’homosexualité pour le natif comme pour l’étranger.
Dans cette économie de l’Alliance, la justice qui assure et surveille la possession de la terre rejoint la justice qui accueille.
- Nb 15.16 : Il n’y aura qu’une loi et qu’un droit pour vous et pour l’étranger (ger) qui réside chez vous.
- Lv 24.22 : La sentence sera chez vous la même, qu’il s’agisse d’un citoyen ou d’un étranger (ger).
- Lv 20.2 : Quiconque, Israélite ou étranger (ger) résidant en Israël, livre de ses fils à Molek devra mourir.
Pour assurer les meilleures conditions de son intégration, la Thora assure au ger la possibilité de participer au culte de l’Eternel. Il peut participer aux principales fêtes comme celle de Pâque (Ex 12.48-49), celle du Jour des expiations (Lv. 16.29-30) et aux rituels religieux (Lv. 17.8-9). Le ger est encouragé à présenter des offrandes et des sacrifices à l’Eternel (Lv 22.17-19) et à respecter les pratiques et restrictions alimentaires (Lv 17.10-16). L’assimilation religieuse repose sur le respect de la loi de Dieu (Dix commandements, prescriptions morales, sociales et cultuelles de la Loi).
- Ex 12. 48-49 : Si un étranger (ger) en résidence chez toi veut faire la Pâque pour l’Eternel, tous les mâles de sa maison devront être circoncis ; il sera alors admis à la faire, il sera comme un citoyen du pays ; mais aucun incirconcis ne pourra en manger. La loi sera la même pour le citoyen et pour l’étranger (ger) en résidence parmi vous.
Si le ger est autorisé à célébrer la Pâque sous certaines conditions, l’étranger nekhar ne l’est pas (Ex 12.43) : Voici le rituel de la Pâque : aucun étranger nekhar n’en mangera.
- Lv 24.16 : Celui qui blasphémera le nom de l’Eternel sera puni de mort : toute l’assemblée le lapidera. Qu’il soit étranger (ger) ou indigène, il mourra, pour avoir blasphémé le nom de Dieu.
- Nb 9.14: Si un étranger (ger) en séjour chez vous célèbre la Pâque de l’Eternel, il se conformera aux lois et aux ordonnances de la Pâque. Il y aura une même loi parmi vous, pour l’étranger (ger) comme pour l’indigène.
La solidarité économique et sociale est encouragée à l’égard du ger, résident étranger légal qui souhaite s’intégrer culturellement et religieusement (Dt 14.29 ; 26.12 ; Lv 19.10 ; 23.22 ; 25.35 ; Dt 24.19-21 ; Dt 24.14).
- Lv 23.22 : Quand vous ferez la moisson dans votre pays, tu laisseras un coin de ton champ sans le moissonner, et tu ne ramasseras pas ce qui reste à glaner. Tu abandonneras cela au pauvre et à l’étranger (ger). Je suis l’Eternel, votre Dieu.
- Lv 25.35-38 : Si ton frère devient pauvre, et que sa main fléchisse près de toi, tu le soutiendras; tu feras de même pour celui qui est étranger (ger) et qui demeure dans le pays, afin qu’il vive avec toi. Tu ne tireras de lui ni intérêt ni usure, tu craindras ton Dieu, et ton frère vivra avec toi.
1.2. Le nekhar (נֵכָר)
Examinons son champ sémantique.
Sur le plan spirituel nekhar peut désigner les dieux étrangers, les faux dieux (Gn 35.2,4 ; Dt 31.16 ; Jos 24.20,23 ; Jg 10.16 ; 1 S 7.3 ; 2 Ch 14.2). Ce qui comporte une connotation négative.
- Jos 24.23 : Otez donc les dieux étrangers (nekhar) qui sont au milieu de vous, Et tournez votre cœur vers l’Eternel, le Dieu d’Israël.
- 1 S 7.3 Samuel dit à toute la maison d’Israël : Si c’est de tout votre cœur que vous revenez à l’Eternel, ôtez du milieu de vous les dieux étrangers (nekhar) et les Astartés, dirigez votre cœur vers l’Eternel, et servez-le lui seul; et il vous délivrera de la main des Philistins.
Nekhar peut désigner un étranger sur le plan ethnique, et ce tantôt de façon négative (Ps 144.7,11 ; Ne 13.30 ; Esaïe 62.8 ; 1 R 11.1), tantôt de façon neutre (Gn 17.12 ; Ne 9.2),
- Gn 17.12 : A l’âge de huit jours, tout mâle parmi vous sera circoncis, selon vos générations, qu’il soit né dans la maison, ou qu’il soit acquis à prix d’argent de tout fils d’étranger (nekhar), sans appartenir à ta race.
- Ne 9.2 : Ceux qui étaient de la race d’Israël, s’étant séparés de tous les étrangers (nekhar), se présentèrent et confessèrent leurs péchés et les iniquités de leurs pères.
- Ne 13.30 : Je les purifiai de tout étranger (nekhar), et je remis en vigueur ce que devaient observer les sacrificateurs et les Lévites, chacun dans sa fonction,
- 1 R 11.1 : Le roi Salomon aima beaucoup de femmes étrangères (nekhar) – outre la fille de Pharaon – : des Moabites, des Ammonites, des Édomites, des Sidoniennes, des Hittites.
tantôt de façon très positive (Esaïe 56.3,6,7 ; :1 R 8.41-43)
- Esaïe 56.3,6,7 : Que l’étranger (nekhar) qui s’attache à l’Eternel ne dise pas: L’Eternel me séparera de son peuple ! Et que l’eunuque ne dise pas: Voici, je suis un arbre sec ! … Les étrangers (nekhar) qui s’attacheront à l’Eternel pour le servir, pour aimer le nom de l’Eternel, pour être ses serviteurs, tous ceux qui garderont le sabbat, pour ne point le profaner, et qui persévéreront dans mon alliance, Je les amènerai sur ma montagne sainte, et Je les réjouirai dans ma maison de prière; leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel; car ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples.
- 1 Rois 8,41-43 : Même l’étranger (nekhar) qui n’est pas d’Israël ton peuple, s’il vient d’un pays lointain à cause de ton Nom – car on entendra parler de ton grand Nom, de ta main forte et de ton bras étendu -, s’il vient et prie en ce Temple, toi, écoute-le au ciel, où tu résides, exauce toutes les demandes de l’étranger afin que tous les peuples de la terre reconnaissent ton Nom et te craignent comme fait ton peuple Israël, et qu’ils sachent que ce Temple que j’ai bâti porte ton nom.
La Bible distingue l’attitude à avoir avec le ger de celle à avoir avec le nekhar sur la question du prêt à intérêt (Lv 25.35-37 ; Dt 15.1-3). L’intérêt qui n’est pas exigible du ger l’est pour le nekhar (Dt 23.20) : A l’étranger (nekhar) tu pourras prêter à intérêt.
1.3. Le zar (זָר)
Le mot zar désigne ce qui est étranger dans le contexte où il est cité. Il peut signifier un sang étranger à une famille – un non Aaronite (Nb 16.40), un non-Lévite (Nb 1.51), un membre extérieur à une famille définie (Dt 25.5) – un laïc en opposition à un sacrificateur et sa famille (Lv. 22.10-13), les enfants illégitimes (Os 5.7), la courtisane assimilée à une étrangère (Pr 2.16), ce qui est profane par opposition à ce qui est saint (Ex 30.9).
1.4. Le toshabh (תּוֹשָׁב)
Le statut de toshabh n’est pas très développé dans les Ecritures.
Abraham se présente en Genèse 23.4 comme étranger (ger) et habitant (toshabh) parmi les fils de Heth : Je suis étranger (ger) et habitant (toshabh) parmi vous; donnez-moi la possession d’un sépulcre chez vous, pour enterrer mon mort et l’ôter de devant moi.
Il est possible que son sens se rapproche de celui de ger avec l’idée d’un séjour passager et non définitif. Le toshabh ne peut pas manger la Pâque (Ex 12.45) ni les choses saintes (Lévitique 22.10). La loi du Jubilé ne lui profite pas (Lv 25.45). Mais il est au bénéfice de la justice et de la protection des villes refuges en cas d’homicide involontaire (Nb 35.15).
Enfin il désigne le résident d’un lieu (Lv 25.23 ; 1 R 17.1 ; 1 Ch 29.15 ; Ps 39.12).
- Lv 25.23 : Car la terre m’appartient et vous n’êtes pour moi que des étrangers (ger) et des hôtes (toshabh).
- 1 R 17.1 : Elie, le Thischbite, l’un des habitants (toshabh) de Galaad.
- 1 Ch 29.15 : Nous sommes devant toi des étrangers (ger) et des habitants (toshabh), comme tous nos pères; nos jours sur la terre sont comme l’ombre, et il n’y a point d’espérance.
- Ps 39.12 : Ecoute ma prière, Yahvé, prête l’oreille à mon cri, ne reste pas sourd à mes pleurs. Car je suis l’étranger (ger) chez toi, un passant (toshabh) comme tous mes pères.
1.5. Un processus de naturalisation pour le ger
Les versets 43, 45 et 48 d’Exode 12 mettent en perspective ces distinctions importantes de l’organisation sociale et religieuse de l’Israël biblique, et permettent d’évaluer le niveau d’intégration culturelle et de naturalisation auquel se situe le ger.
- 43. Yahvé dit à Moïse et à Aaron : « Voici le rituel de la Pâque : aucun étranger (nekhar) n’en mangera. 45. Le résident (toshabh) et le serviteur à gages n’en mangeront pas. 48. Si un étranger (ger) en résidence chez toi veut faire la Pâque pour Yahvé, tous les mâles de sa maison devront être circoncis ; il sera alors admis à la faire, il sera comme un citoyen du pays ; mais aucun incirconcis ne pourra en manger.
Il nous faut ici souligner la logique d’ouverture ethnique et sociale de la société israélite biblique. La figure de Ruth est de ce point de vue très instructive : d’étrangère (nekhar) moabite (Rt 2.10), elle s’intègre à la société israélite par une conversion sans faille puis par un mariage et figure dans la généalogie royale de David (Rt 4.18-22) et plus encore dans celle de Jésus (Mt 1).
Dans sa rencontre avec Booz (Rt 2.10) : Alors Ruth, tombant la face contre terre, se prosterna et lui dit : « Comment ai-je trouvé grâce à tes yeux pour que tu t’intéresses à moi qui ne suis qu’une étrangère (nekhar) ? ».
- Immigration pour tous ?
Comme l’écrivait le remarquable penseur chrétien Jean-Marc Berthoud : « Pour ce qui concerne le déracinement culturel, il nous faut bien remarquer à quel point notre Seigneur ne fut, bien que venant du ciel, aucunement un déraciné ! Ni la Bible, par ailleurs, livre venu lui aussi du Ciel, mais où toutes les saveurs de la réalité créée, de la réalité historique, du style local sont présentes. Notre foi a donc immanquablement un caractère enraciné ! Le chrétien n’est aucunement cet homme sans lieu ni feu si cher à l’idéalisme d’un christianisme non-doctrinal moderne. Notre finalité terrestre n’est certes pas notre finalité dernière, mais elle fait quand même partie intégrante de notre finalité céleste ! Ceux qui séparent les deux font le jeu d’un certain platonisme. Comme nous l’enseigne si bien Dietrich Bonhoeffer, les réalités ultimes (la foi d’Abraham) ne s’opposent aucunement aux racines araméennes du patriarche ni à sa destination terrestre, le pays de Canaan. Les trésors des nations ne seront-ils pas, eux aussi, au ciel avec toutes les beautés de la terre, puis aussi, toutes les langues et les cultures humaines en tout ce qui en elles a aussi été sanctifié au travers de ce prisme merveilleux de la présence, en chacun de ces peuples, de chrétiens, sanctifiés et non désincarnés ».
Si le migrant ger (גֵּר) s’inscrit dans une logique d’assimilation dans le respect de la culture qui l’accueille et cherche à adopter les meilleurs principes de la communauté qui le reçoit, l’étranger nekhar (נֵכָר) maintient un lien avec sa communauté d’origine et cherche à maintenir/conserver (imposer ?) son statut social, politique et religieux.
A ce titre, l’exercice du pouvoir dans l’Israël biblique ne peut être confié à un étranger nekhar (Dt 17.15) : c’est quelqu’un d’entre tes frères que tu établiras sur toi comme roi, tu ne pourras pas te donner un roi étranger (nekhar) qui ne soit pas ton frère.
En tant que détenteur de l’autorité que Dieu lui a déléguée, le roi ou le magistrat qui le représente doivent exercer un discernement sur les forces spirituelles qui accompagnent certaines populations et les conséquences de pollution spirituelle qu’elles peuvent amener.
C’est ce qui explique les discriminations que fait Moïse en Deutéronome 23.3-8 :
- L’Ammonite et le Moabite ne seront pas admis à l’assemblée de Yahvé ; même leurs descendants à la dixième génération ne seront pas admis à l’assemblée de Yahvé, et cela pour toujours ; parce qu’ils ne sont pas venus à votre rencontre avec le pain et l’eau quand vous étiez en route à la sortie d’Égypte, et parce qu’il a soudoyé Balaam fils de Béor pour te maudire, de Pétor en Aram Naharayim. Mais Yahvé ton Dieu ne consentit pas à écouter Balaam, et Yahvé ton Dieu changea pour toi la malédiction en bénédiction, car Yahvé ton Dieu t’aimait. Jamais, tant que tu vivras, tu ne rechercheras leur prospérité et leur bonheur.Tu ne tiendras pas l’Édomite pour abominable, car c’est ton frère. Tu ne tiendras pas l’Égyptien pour abominable, car tu as été un étranger dans son pays. A la troisième génération, leurs descendants seront admis à l’assemblée de Yahvé.
Enfin, certains peuples comme Amaleq ont intériorisé un tel sentiment d’antisémitisme qu’ils sont considérés comme de perpétuels ennemis de la nation (Ex 17.14-16). Le récit d’Exode 17.11 nous montre que cette haine ancestrale est avant tout spirituelle et qu’elle ne peut être vaincue que par une conversion du cœur de l’adversaire à la Parole de Dieu, au message de la Bible.
- Ex 17.14 : L’Eternel dit à Moïse : Ecris cela dans le livre, pour que le souvenir s’en conserve, et déclare à Josué que j’effacerai la mémoire d’Amaleq de dessous les cieux. 16. Il dit : Parce que la main a été levée sur le trône de l’Eternel, il y aura guerre de l’Eternel contre Amaleq, de génération en génération.
Il est même de la responsabilité du peuple d’Israël de connaître son Histoire et de se souvenir de ses ennemis (Dt 25. 17,19).
- Dt 25.17 : Souviens-toi de ce que te fit Amaleq pendant la route, lors de votre sortie d’Egypte. 19. Lorsque l’Eternel, ton Dieu, après t’avoir délivré de tous les ennemis qui t’entourent, t’accordera du repos dans le pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne en héritage et en propriété, tu effaceras la mémoire d’Amaleq de dessous les cieux : ne l’oublie point.
C’est cette leçon mal apprise par le roi Saül qui lui valut de perdre son trône. Le récit de 1 Samuel 15 nous décrit la victoire de Saül sur Agag, roi des Amalécites. Par faiblesse il lui épargne la vie (verset 8). C’est donc le prophète Samuel qui doit exécuter Agag.
C’est encore Haman (Est 3.1), un Amalécite descendant d’Agag, qui planifie un génocide des Juifs dans le livre d’Esther … Il y aura guerre de l’Eternel contre Amaleq, de génération en génération.
- En conclusion
Le théologien Eric Kayayan nous rappelle que « l’étude du contexte de l’emploi du mot ger dans l’Ancien Testament doit nous éclairer sur sa reprise contemporaine fallacieuse pour un accueil indiscriminé. En particulier le passage de Lévitique 19.33,34 se trouve cité à tout propos et surtout hors de propos dans certains cercles ecclésiastiques. Hors de propos et de contexte, dans la mesure où l’hospitalité et l’égalité de traitement avec l’étranger dans l’Ancien Testament sont intimement liées à son inclusion à divers degrés dans la communauté de l’Alliance, à sa participation aux rituels et fêtes religieuses, avec leurs interdits (Ex 12.19,48-49 ; Lv. 17.8,9 ; Nb 9.14, 15.15,26 etc.). En résumé, dans l’Ancien Testament l’immigrant est certes le bienvenu et ne saurait être opprimé (Ex. 23.9). S’il en exprime le désir (cela ne lui est pas imposé) il peut même participer à la Pâque du Seigneur dans les mêmes conditions que l’autochtone, mais en aucun cas il ne saurait devenir un vecteur d’idolâtrie, d’introduction d’une religion païenne qui contaminerait le peuple de l’Alliance. Dans Esdras 10 et Néhémie 13 une situation de paganisation de la petite communauté de Juda a atteint de telles proportions que les chefs de la communauté doivent réagir très fortement. Il apparaît donc de ces données bibliques qu’un appel à quelques passages scripturaires plaqués artificiellement sur notre situation actuelle, occulte volontairement la dimension religieuse et cultuelle de l’assimilation de l’étranger dans l’Ancien Testament. A tout le moins ce décalque artificiel a pour but de remplacer la religion biblique et ses exigences éthiques et cultuelles (aussi bien pour l’autochtone que l’immigrant) par une religion humaniste sécularisée : dans la mesure où les lois de la République y font office de Loi suprême, les immigrants qui accepteraient de s’y soumettre peuvent (devraient) être mis sur le même pied que les immigrants dans l’Ancien Testament. Nous avons naturellement là affaire à un christianisme non-doctrinal étranger à la parole de Dieu ».
Franck Jullié
Le pape doit-il être informé qui se met le doigt dans l’œil ?
Il me semble bien que Toshav (Toshave, Toshavim au pluriel) signifie seulement habitant.
On peut très bien habiter une ville sans en être étranger.
Merci pour cet article très éclairé.
Juste un ajout: pour les sept populations habitant Canaan et qui livraient leurs enfants à Molok, Dieu avait même ordonné qu’on les EXTERMINE pour qu’ils ne contaminent pas son peuple. Les Moabites, Madianites et Ammonites étaient déjà contaminés (d’où la dure intervention de Phinées pour séparer les Israélites de leurs cousins !).
Josué et Caleb ne les ont pas tous fait exterminer. Ils sont tombés dans le piège, ce qui leur a valu l’exil à Babylone…
On est bien loin de l’angélisme censé être l’humanisme de l’homme, l’apanage de sa “bonté naturelle”. Dieu, Lui, est lucide “Car lui seul connaît le coeur des enfants de l’homme (2Ch 6:30)”
Merci pour cet article. J’en ai fait plusieurs similaires sur mon blog, car même les chrétiens s’y perdent et confondent souvent tout !
Excellente mise au point biblique. Mais qui la comprendra? Une étude du sujet à la lumière du Nouveau Testament serait digne d’intérêt. Voici, en guise d’illustration, un épisode véridique qui s’est passé récemment au Parlement italien:
Il y a quelques temps, au Parlement italien Renzi reprochait publiquement à Matteo Salvini son « inhumanité » à l’égard des migrants en interdisant aux bateaux des ONG de débarquer leur « cargaison » dans les ports italiens. Il s’appuyait, comme le Pape François et nombre de ses collaborateurs sur l’interprétation des paroles de Jésus en Matthieu 25 : 42-43 :
« 42 Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire; 43 j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli; j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. »
Il s’agit d’une interprétation trompeuse du texte biblique ! La plupart de ces migrants qui s’imposent chez nous ne fuient pas la guerre mais sont des migrants économiques et, dans leur grande majorité, des hommes jeunes et en pleine force de l’âge. Les forces vives de l’Afrique ! Les passeurs, pour nous faire pleurer, y rajoutent quelques femmes enceintes et quelques enfants que, justement Salvini a pris à plusieurs reprises l’initiative de faire débarquer. Salvini, loin d’être inhumain, a parfaitement compris ce trafic scandaleux. Et les vrais criminels sont précisément ceux qui rajoutent des enfants et des femmes enceintes livrés sans vergogne aux périls de la mer !
Les migrants qui ont débarqué en Italie sont bien nourris, bien traités, bien soignés, bien vêtus et bien équipés, pour la plupart, de smartphones dernier cri. L’écrasante majorité sont dépourvus bien entendu de papiers et déclarent pour la plupart être mineurs pour pouvoir bénéficier de traitements plus favorables. Non seulement ils sont bien logés dans les centres d’accueil mais ceux qui se retrouvent en prison sont ceux qui commettent des délits (agressions, viols, trafics, voire crimes). Aucun d’entre eux n’est arrivé nu et les malades éventuels sont soignés et correctement pris en charge (aux frais du contribuable).
Le Pape François, ses collaborateurs et Renzi n’ont manifestement pas lu la Bible jusqu’au bout car, un peu plus loin dans le Nouveau Testament nous pouvons lire ceci :
« 8 Si quelqu’un n’a pas pris soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle. »1 Timothée 5 :8.
Je ne sais pas si Salvini connaît ce passage biblique mais, en tout cas, il le met en pratique contrairement au Pape François qui laisse les siens être persécutés et crever, en particulier en Afrique et dans l’indifférence générale.
Entièrement d’accord avec vous ! Nombreux sont ce qui utilise la Bible, prennent des versets bien choisis, fort à propos, pour étayer leurs actions politique, économique ou sociale. Un verset hors contexte devient prétexte !
Sans compter les expressions populaires qui ont occulter le reste d’un verset, par exemple, on entend les gens dire “rends à César, ce qui appartient à César”….sauf que la phrase entière contient “et rend à Dieu ce qui appartient à Dieu”.
Mais pour ce qui est des migrants, hormis le but à terme de créer un chaos sans nom avec ces afflux incontrôlables, à chacun à faire preuve de prudence, car on peux exercer la charité envers son prochain (qu’il soit blanc, noir, arabe ou asiatique) sans tomber dans la naïveté, les escroqueries en tout genre et les pièges à cons bien déguisés en “caritatif ou humanitaire”
@ Sébastien. C’est exact, d’ailleurs Dreuz publie aujourd’hui même un article sur la Bible qui illustre parfaitement cette imposture. Dommage que les commentaires sont fermés sur celui-ci car il y aurait matière à débat.
tiens: comme par hasard un fait historique objectif devient une imposture pour certains esprits formatés à une idéologie hors sol…
@ Abbé Alain René. Rien ne vous empêche de me contacter directement. En ce qui me concerne je reste ouvert au débat contradictoire et ne désire humilier personne. J’ai adressé une note à ce sujet à la rédaction de Dreuz précisément par respect pour vous.
alors soyez cohérent avec cette belle affirmation: n’utilisez pas le terme “imposture” pour discriminer chrétiennement les catholiques.
c’est très simple.
@ Abbé Alain René. D’accord, alors voici ce qui m’a fait “bondir” dans cet article interdit aux commentaires. Que des traductions bibliques en langue vernaculaire aient précédé les premières traductions protestantes ne me dérange absolument pas. Que du contraire! Mais affirmer sans sourciller, je cite que: ” …cette Bible est accessible aux familles … on la trouvait dans de nombreuses maisons…” ou encore: “Sa diffusion était intense dans toute la France et dans d’autres régions d’Europe”, alors que l’imprimerie n’existait pas encore est une contre-vérité (pour ne pas utiliser le terme de mensonge)! Sa diffusion était certainement confidentielle et strictement réservée à une élite privilégiée ce qui est confirmé par vous-même: ” … une Bible intégrale illustrée d’enluminures très artistique …” devait forcément coûter une fortune inaccessible au bon peuple majoritairement analphabète … C’est pour toutes ces raisons que je trouvais cette présentation “historique” tendancieuse et donc quelque peu trompeuse et sans possibilité de débat dont nous sommes privés injustement.
A vos souhaits !
Je ne sais pas qui est Monsieur Franck Jullié, mais je ne serai pas surpris qu’il soit professeur de théologie à la Faculté de Paris, affecté en dernière année d’étude…..
Moi qui suit un basique, j’ai globalement compris, mais à peine la lecture terminée, j’ai tout oublié.
Mais des articles comme cela, il en faut, il y a certainement une clientèle dreuzienne pour cela.
J’avoue préférer sans aucune hésitation la version de mon ami gigobleu par son post ci-dessus du 7 septembre 2019 à 13:39
Voilà enfin un bel exposé qui ne s’encombre pas de tous le fatras non scripturaire habituel, qu’il soit Humaniste ou Christiano-béat.
Merci.
Je veux joindre mes compliments aux précédents pour cet article de haute tenue tellement bien venu!
Merci Franck Jullie. J’enregistre… pour le relire à tête reposée . On peut le commenter ce qui dans le genre est devenu plus rare sur Dreuz !
Merci pour cet article limpide exclusivement basé sur la Bible et non sur une quelconque tradition extra biblique. C’est la première fois que je vois votre nom. J’espère vous relire.
Voila ce que Ruth a déclaré à Noémi sa belle mère:Ruth lui répondit : « Ne me force pas à t’abandonner et à m’éloigner de toi, car où tu iras, j’irai ; où tu t’arrêteras, je m’arrêterai ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu.
Où tu mourras, je mourrai ; et là je serai enterrée. Que le Seigneur me traite ainsi, qu’il fasse pire encore, si ce n’est pas la mort seule qui nous sépare ! »
On aimerait que nos migrants aient le même discours. Alors pas de problème pour les accueillir!
Tu aimeras TON PROCHAIN et non TON LOINTAIN comme voudrait le faire croire le Pape qui aime plus l’étranger que le peuple italien qui subit
qui est mon prochain? celui que je décide librement de rendre proche.
Absolument d’accord : CELUI QUE JE DECIDE LIBREMENT DE RENDRE PROCHE ET NON CELUI QUE L’ON M IMPOSE ! ET CECI EST MON LIBRE-ARBITRE DIVINEMENT OFFERT !
Cet article est particulièrement interessant car il souligne que, dans l’Ancien Testament, “l’hospitalité et l’égalité de traitement avec l’étranger sont intimement liées à son inclusion à divers degrés dans la communauté”. L’accueil de l’étranger “ne saurait en aucun cas devenir le vecteur d’introduction dune religion” qui contaminerait le peuple accueillant.”
Chrétiens du 21ème siècle, réveillez vous , car comme l’a très justement rappelé le commentaire ci dessus de MAV “même les chrétiens d’y perdent et confondent
souvent tout” se laissant prendre au piège d’une religion humaniste sécularisée diffusée par la doxa de la mondialisation qui prône “la fin de l’étranger”!!!, avec, cerise sur le gâteau, l’adhésion d’un Pape pervers qui soutient l’immigration massive..
La collecte de ce jour de Dreuz Info est cependant porteuse d’espoirs si l’on se réfère à l’analyse de Mr TOUATI qui oppose à l’utilisation bruxelloise” de l’immigration massive pour casser les peuples”, les réactions en chaine des peuples européens qui feront éclater cette infâme U.E, ….pour défendre leur SURVIE . Amen
URVI
!…..
(URVI = incident de frappe à ignorer. Merci )
où est passé mon commentaire ??
Puisque mon commentaire, qui n’avait rien d’agressif, a paru inadéquat…, permettez moi de signaler sur le forum de DREUZ un livre réf ISBN: 978-2-84835-260-2 publié aux “EDITIONS IN PRESS” avec le soutien du CNL (Centre Nal du Livre), intitulé : “LA FIN DE L’ETRANGER, Mondialisation et pensée juive”.
4ème de couv.: Comment comprendre aujourd’hui l’injonction du Lévitique sur l’arrière plan de la mondialisation ? Collection PARDES, n°52 édité en 2013.
Pouvez vous me donner la raison pour laquelle vous ne laissez pas lire les deux commentaires que j’ai établis ???
(vous avez mon adresse e mail pour me répondre) MERCI
O.K Je constate ce matin que le mal est réparé. Merci. A PLUS.
N.B. A titre indicatif, l’hônneteté intellectuelle, après avoir relu des éléments essentiels de l’étude PARDES 52 signalée ci-dessus, m’oblige à modifier l’image très répandue de “bénêt”, ou de “traitre au message biblique”, ou même “d’illuminé dangereux”, du Pape François qui, finalement A FAIT SON CHOIX à la croisée des chemins entre deux voies possibles comme en attestent les considérations morales, religieuses, politiques, économiques, qui s’affrontent dans cette Etude très fouillée et documentée rassemblant les textes d’humanistes de très haut niveau ayant participé au “Collège des Etudes juives de l’Alliance universelle” tenu à Paris le 4/12/2011.