Publié par Gilles William Goldnadel le 8 octobre 2019

Après l’attentat à la préfecture de police de Paris, l’avocat Gilles-William Goldnadel dénonce l’aveuglement d’une partie de la sphère médiatique qui refuse de voir les causes profondes d’un tel drame.

Pour ceux qui ont encore à se persuader de la folie du temps des névroses médiatiques, cette 40e semaine de l’an 2019 n’aura pas été vaine. Elle aura commencé par le procès hystérique diligenté à l’encontre d’un journaliste et essayiste à la suite de son discours prononcé lors de la Convention de la droite.

Écrivons-le d’emblée: je n’ai pas aimé le discours d’Éric Zemmour, dans sa forme apocalyptique et je ne compte plus les querelles publiques qui nous ont opposés. De son indulgence excessive envers la politique de Philippe Pétain, en passant par la question des prénoms, jusqu’à sa trop grande compréhension pour l’antisémitisme d’une partie des Polonais même après la Shoah. Il n’en demeure pas moins que je conserve mon estime pour l’homme et mon soutien dans sa constatation qui frise aujourd’hui le lieu commun de ce que l’immigration massivement imposée aux Français et l’islam politique sont des questions existentielles sur les plans sécuritaire et culturel.

Il existe une disproportion invraisemblable, inhumaine et névrotique entre un discours et une chasse à l’orateur sorcier à laquelle il nous a été donné d’assister.

Mais le problème est ailleurs: la disproportion invraisemblable, inhumaine et névrotique entre un discours et une chasse à l’orateur sorcier à laquelle il nous a été donné d’assister. Morceaux choisis: dès le lendemain matin, sur la radio d’État, l’ancien président de la République François Hollande réclamait un bâillon. Le même pourtant, mais à la nuit tombée, avait confié il y a quelques années à deux journalistes du Monde sa compréhension pour l’angoisse encolérée des Français à l’égard de l’immigration excessive et sa crainte d’une partition. Le premier ministre, Édouard Philippe tenait peu ou prou le même discours. Il est vrai que celui-ci est moins à blâmer, s’étant reconverti à la religion du vivre- ensemble heureux et apaisé en même temps que son mentor, Alain Juppé.

Le journal Le Monde, dans la foulée, en profitait dans ses colonnes du 3 octobre pour faire le procès public des mots employés par Marion Maréchal le jour de la Convention. À titre scientifique, il confiait à des «chercheurs» le soin d’investiguer «les mots de l’extrémisme»: «bio conservatisme», «déclassement», «bataille culturelle» et ultime horreur sémantique: «ensauvagement»…

Mais le dernier clou sur la croix était enfoncé de manière surréaliste par Jacques Attali dans l’un de ses blogs où il tenait absolument à prendre part à la curée: à l’entendre «Le souverainisme est le nouveau nom de l’antisémitisme». Ni plus, ni moins. Enivré sans doute par l’odeur du sang, il s’en prenait dans la foulée à Zemmour, à Finkielkraut ainsi qu’à votre serviteur. Non content de vouloir nous réduire à quia, il s’en prenait à eux comme à moi, ès qualités de juifs, ce qui devenait, en l’espèce un défaut.

Je m’en voudrais, dans ces colonnes, de me commettre dans un débat intracommunautaire, me contentant d’indiquer à l’ancien collaborateur de François Mitterrand, que celui-ci protégeait fraternellement René Bousquet, co-organisateur avec l’envahisseur de la déportation des juifs français. J’observerai pour en terminer sur cette sortie d’Attali, que celui qui se pique d’être futurologue, avait définitivement fait montre de ses talents de prophétie lorsqu’en 2009 dans Le Monde, celui-ci assurait que l’antisémitisme musulman en France n’était qu’une invention israélienne. Les islamistes n’avaient encore massacré ni des enfants ni de vieilles dames juives, mais le prophète inspiré n’a rien perdu de son humilité.

Le parquet a pris l’initiative des poursuites contre Georges Bensoussan, coupable selon lui d’avoir inventé un antisémitisme islamique.

J’écrivais dans mon préambule que c’était un procès en règle l’on diligentait à l’encontre de Zemmour. Au sens littéral du terme, puisque le parquet de Paris a cru devoir ouvrir une information contre lui sans même attendre la moindre plainte. Ce même parquet qui a pris l’initiative des poursuites contre Georges Bensoussan, coupable selon lui d’avoir inventé un antisémitisme islamique. Ce parquet a décidément de la suite dans les idées, puisque même après sa relaxe, il poursuivait de sa vindicte, fort heureusement vainement, Bensoussan jusqu’à la Cour d’appel. Des idées très fixes cependant, ce même parquet ayant toujours refusé mes requêtes de se saisir du sort de ces livres islamistes vendus en grandes surfaces et appelant au massacre des juifs et des chrétiens.

Enfin, et comme le remarquait justement Michel Onfray , Zemmour était victime d’une manière de délit de sale gueule, puisque d’autres, telle que Rokhaya Dialo, proféraient des imprécations racialistes, en l’espèce à l’égard des blancs, en toute impunité et même placidité médiatiques . Est-il nécessaire d’écrire ici que je me battrais pour que Rokhaya Dialo, qui ne m’inspire aucune aversion personnelle, continue de parler librement?

Quoi qu’il en soit, au cours de cette 40e semaine de folie médiatique, dans l’après-midi du mercredi 2 octobre, Éric Zemmour disparaissait soudainement des écrans radars électroniques. Quatre policiers de l’antiterrorisme étaient assassinés en pleine préfecture de police de Paris par un membre du personnel. Après quelques réticences politiques, administratives et médiatiques, l’évidence de la réalité s’imposait malgré tout: l’égorgeur était un islamiste. L’horreur du terrorisme réel rattrapait le terrorisme intellectuel virtuel.

Demain, viendra l’oubli des victimes quand elles reposeront dedans la terre froide.

Mais là encore la névrose médiatique prenait un tour schizophrénique: pour montrer les carences de la police d’État, les mêmes médias qui avaient cloué au pilori le journaliste quelquefois excessif n’hésitaient pas à l’être eux-mêmes en considérant qu’un musulman converti se rendant quotidiennement à la mosquée aurait dû attirer l’attention des services! Le principe de précaution sans précaution aucune.

Mais pas d’illusions, le réel sera vite à nouveau rattrapé par le virtuel. Aujourd’hui l’heure est encore à la colère avec la mise en accusation du laxisme envers les islamistes. Demain, viendra l’oubli des victimes quand elles reposeront dedans la terre froide. Après-demain, un nouveau pilori sera dressé pour ceux qui font radicalement le procès de l’islam radical. Le jour d’après, sera jour d’attentat.

Certaines névroses sont suicidaires.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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