Publié par Jean-Patrick Grumberg le 10 octobre 2019

J’ai reçu un appel inquiet d’un ami journaliste, au sujet d’une phrase de Trump reprise en boucle dans les médias. Trump est accusé d’avoir déclaré que les Kurdes ne nous ont pas aidés en Normandie.

Le journalisme me dit : “Jean-Patrick, il faut que vous m’expliquiez le contexte, parce qu’on va me faire une tête au carré toute la journée avec cette histoire, tous les médias en parlent”.

Tombé des nues

En prenant connaissance de son message, je suis tombé des nues. Je n’avais pas la moindre idée de ce dont parlait mon correspondant. Aucune chaîne de télévision américaine n’a mentionné cette phrase de Trump. Je venais de terminer de regarder une émission sur la chaîne d’extrême gauche MSNBC, et rien. Rien sur NBC, rien sur CBS non plus.

Et en regardant les médias francophones, j’ai effectivement constaté que tout le monde montre Trump du doigt avec cette histoire.

Les robots journalistes

Il y a un sérieux déficit de cerveaux dans les médias français. Tous les médias répètent la même chose ! Les mêmes mots, les mêmes phrases. Ce ne sont plus des journalistes, ce sont des robots !

Ca fait pitié. D’un côté, les médias sont devenus si médiocres qu’ils doivent se recopier les uns les autres par manque d’idée. De l’autre, ils voient leur diffusion, leurs revenus publicitaires et leurs ventes au numéro s’écrouler.

Libération abandonne le journal papier : plus personne ne l’achetait, et il s’imagine pouvoir éviter le naufrage avec internet. Pas en répétant la même chose que les copains !

Fake News

J’en viens au cœur du sujet. Les médias ont menti. Trump n’a pas déclaré que “Les Kurdes ne nous ont pas aidés en Normandie”. Les journalistes ont découpé la phrase de Trump pour lui faire dire autre chose.

Voici la citation complète :

Maintenant, les Kurdes se battent pour leur terre, juste pour que vous compreniez.

Ils se battent pour leur terre et quelqu’un a écrit dans un article très très puissant aujourd’hui, qu’ils ne nous ont pas aidés pendant la Seconde Guerre mondiale.

Qu’ils ne nous ont pas aidés – avec l’exemple de la Normandie, et il mentionne des noms de batailles différentes.

Ils étaient là [dans le nord de la Syrie], mais ils étaient là pour nous aider sur leurs terres, ce n’est pas la même chose.

De plus, nous avons dépensé des sommes énormes pour aider les Kurdes, en termes de munitions, d’armes, d’argent, de salaires, et tout cela dit, nous aimons les Kurdes.

youtube.com

Trump ne ment pas. L’article qu’il cite existe. Il a été publié sur l’un des sites les plus prestigieux du net, TownHall.com, où l’ont peut lire les articles des plus grands intellectuels et des meilleures plumes conservatrices contemporains. TownHall est la crème de la crème, le haut du panier. Si Jean François Revel ou Raymond Aron étaient vivants et américains, ils écriraient sur TownHall.

Que dit l’article cité par Trump :

Soyons honnêtes – les Kurdes ne se sont pas présentés pour nous en Normandie, à Inchon, à Khe Sanh ou à Kandahar.

Les Kurdes syriens se sont alliés à nous dans leur pays d’origine parce que nous avions un intérêt commun à faire disparaître le monstre de foire qu’était ISIS.

townhall.com

L’auteur de ces lignes s’appelle Kurt Schlichter. Colonel en retraite de l’infanterie de l’armée de terre, Schlichter est titulaire d’une maîtrise en études stratégiques de l’École supérieure de guerre de l’armée américaine. Il exerce comme avocat associé d’une firme de Los Angeles.

Kurt Schlichter poursuit :

De plus, tous les Kurdes ne sont pas égaux.

Le PKK – le Parti des travailleurs du Kurdistan – est une bande de terroristes communistes qui combattent les Turcs depuis longtemps. Ces rouges ne sont pas nos amis, et ce sont leurs bouffonneries qui semblent inspirer la campagne turque.

L’argument qui fait mal

Nous sommes censés verser notre sang parce que nos élites pensent que nous le devons à des étrangers ?

Schlichter enfonce le clou et referme le cercueil sur les balivernes des gauchistes :

On ne cesse d’entendre parler de nos “obligations” envers les Kurdes, mais qui est le génie qui a promis aux Kurdes que si la Turquie attaquait, Les Etats-Unis entreraient en guerre [contre la Turquie] ?

Cette promesse nous lierait-elle, si c’était le cas ?

Après tout, je ne me souviens pas que mes sénateurs aient voté en faveur d’un traité – après un débat – et avec obligation de rendre des comptes à leurs électeurs – en acceptant de mettre la vie des Américains en jeu pour protéger la souveraineté de l’hypothétique Kurdistan.

Cette idée qu’une sorte d’obligation pour l’Amérique de défendre un autre peuple puisse surgir en dehors du processus de ratification du traité [par le Congrès] est aussi bizarre qu’inconstitutionnelle.

Maintenant, nous sommes censés verser notre sang parce que nos élites pensent que nous le devons à des étrangers ?

Je note qu’il y a un traité, dûment signé et ratifié par le Sénat, en jeu ici.

C’est le traité de l’OTAN en vertu duquel nous avons accepté d’aller en guerre pour défendre la Turquie en cas d’attaque.

Si Erdogan, ce voyou, était plus rusé, il ferait valoir l’article 5 et exigerait que les forces de l’OTAN viennent à la défense de la Turquie contre les attaques transfrontalières du PKK.

Rien de tout cela ne justifie ce que fait la Turquie.

J’espère que les Kurdes non communistes, durs et courageux, ensanglanteront ces brutes.

Mais je ne vois aucun moyen d’expliquer convenablement à la mère et au père d’un parachutiste de Rancho Cucamonga, âgé de 20 ans, pourquoi leur fils s’est fait exploser la tête dans le nord de la Syrie en combattant pour les Kurdes.

S’adressant aux critiques

Quel est l’objectif que nous nous proposons d’atteindre dans le nord de la Syrie ?

Arrêtez les clichés sur les “trahisons” et les “abandons d’alliés”, et dites-moi exactement ce que nous chercherions à réaliser.

Et puis dites-moi – encore une fois, exactement – combien de vies d’Américains nous devrions sacrifier pour y parvenir.

L’auteur conclut ainsi

Combien d’Américains morts devons-nous accepter pour empêcher les Turcs et les Kurdes de se bagarrer ?

Notre président et moi, nous disons : “Exactement pas un seul.”

Ceux qui ne sont pas d’accord doivent nous donner un nombre exact.

Trump a raison. L’article est “très très puissant”.

Et les journalistes, qui sont absolument incapables d’écrire le moindre article d’opinion puissant – et même censé – et même avec une opinion personnelle, ou une opinion tout court, font la seule chose qu’ils peuvent faire : brailler. Ils braillent.

Laissons-les brailler ! Beehhh ! Beehhh ! Beehhh !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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