Publié par Gaia - Dreuz le 13 octobre 2019

Source : Goodplanet

Soeur Alba a déjà baptisé une ribambelle d’enfants et célébré plusieurs mariages dans la forêt amazonienne, faute de prêtres. Des évêques d’Amazonie, réunis au Vatican depuis dimanche, veulent étendre ces fonctions aux femmes laïques qui jouent un rôle clef dans l’évangélisation des peuples autochtones.

A Rome, les garants de la tradition du bastion masculin de l’Eglise ont sorti les boucliers contre l’ordination de femmes prêtres. Mais l’idée, rejetée par le pape, n’est absolument pas à l’ordre du jour.

Les évêques du « synode » consacré à l’Amazonie – dont plus de 60% travaillent dans la région – souhaitent donner aux femmes laïques davantage de fonctions reconnues explicitement par l’Eglise, appelées « ministères », spécialisés dans, par exemple, la célébration du mariage.

Dans cette logique, certains attendent un feu vert pour des femmes laïques « diacres », sujet encore laborieusement à l’étude au Vatican.

« La présence des femmes dans la forêt amazonienne est extrêmement importante », confirme à l’AFP la soeur colombienne Alba Teresa Cediel Castillo, l’une des 35 femmes « auditrices » assises dans les derniers rangs d’une salle de 184 évêques (dont 113 venus de territoires de l’Amazonie).

« Il y a très peu de prêtres, les distances géographiques sont immenses et beaucoup se déplacent sans cesse. Nous sommes en revanche une présence constante et nous aidons à développer des projets », souligne cette missionnaire, dont la congrégation est présente dans six des neuf pays d’Amazonie.

« Je fais tout ce qu’une femme peut faire: à commencer par le baptême des enfants quand le prêtre n’est pas présent. Je peux aussi célébrer un mariage et écouter des confessions, même si je n’ai pas le droit d’absoudre ces personnes », détaille-t-elle fièrement.

« Deux tiers des communautés indigènes sans prêtres sont guidées par des femmes », qui ne sont pas forcément des religieuses, explique à l’AFP Mgr Erwin Kräutler, un missionnaire autrichien vivant depuis trois décennies au Brésil.

diaconat des femmes

« Pour moi, il n’y a aucune raison que les femmes ne puissent pas être ordonnées prêtres », glisse cet évêque émérite de Xingu (à cheval entre Para et Mato Grosso), qui n’entend toutefois pas mener ce combat perdu d’avance. « On parle beaucoup de mettre en valeur les femmes, mais il faut des choses concrètes: je pense au diaconat des femmes », dit-il.

En mai, le pape avait indiqué que les membres d’une commission d’études, instituée en août 2016 pour examiner le rôle des femmes diacres au début du christianisme, avaient encore des opinions trop divergentes pour trancher.

Les diacres catholiques sont des hommes ordonnés pour prononcer le sermon à la messe, célébrer baptêmes, mariages et funérailles. Ils ne peuvent toutefois pas dire la messe, donner l’eucharistie ou l’absolution après une confession, des fonctions réservées aux prêtres.

Le diaconat est longtemps resté une étape vers la prêtrise, mais le concile Vatican II (1962-1965) a rétabli le diaconat permanent, accessible à des hommes mariés, qui pallient souvent le manque de prêtres.

Le document préparatoire du synode suggère aux participants « d’identifier le type de +ministère+ officiel qui peut être conféré aux femmes ».

Sur le terrain, beaucoup d’évêques ont pris les devants. Comme Mgr Wilmar Santin, qui vit depuis neuf ans auprès des indigènes Munduruku, une communauté de 11.000 personnes dans un diocèse de 175.000 km2 dans le sud-est de l’Etat brésilien du Para.

En deux ans, il a créé 48 « ministres de la Parole », dont 9 femmes laïques, qui parlent de l’Evangile dans la langue locale indigène. L’évêque a également décidé de former des « ministres du baptême et du mariage », deux célébrations très importantes pour les Munduruku, une façon de reprendre du terrain sur les omniprésentes églises évangéliques.

Une semaine avant le synode, le pape avait donné le ton en insistant sur le besoin de « former » de simples fidèles compétents – hommes et femmes – à qui serait conféré « un ministère » de lecture de la Bible. Une façon évidente de valoriser le rôle existant des femmes faisant la lecture dans les célébrations liturgiques à travers le monde, sans titre officiel.

Reste que « les femmes peuvent déjà occuper tous les ministères non ordonnés » sur le territoire amazonien de Mgr Santin, qui attend surtout une réponse sur les femmes diacres.

Les visites des prêtres sont tellement rares dans certaines parties de l’Amazonie que les hosties consacrées pour des messes sont souvent détruites avant par l’humidité et les petits insectes, soupire-t-il.

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