Publié par Rosaly le 13 octobre 2019

Canan Kaftancioglu, une politicienne turque, critique de l’islam, a été condamnée pour «blasphème contre l’islam» à une peine de prison de 10 ans. Le verdict doit encore être confirmé par la Cour de Cassation, mais les chances qu’il soit rejeté sont pratiquement nulles vu la grande tolérance et la liberté d’expression qui règnent dans la merveilleuse république islamique du sultan d’Ankara, grand défenseur des Droits de l’Homme selon … la charia.

Canan est la directrice du CHP d’Istanbul (Cumhuriyet Halk Partisi) un parti d’opposition laïque. Rappelons que la notion de laïcité est étrangère au droit public musulman. L’islam est un tout qui englobe religion, société, état. Dans un pays à majorité musulmane, l’islam doit être reconnu comme religion officielle. En Occident, ils ne sont pas encore majoritaires, mais prétendent déjà imposer leur «religion» aux peuples européens par la stratégie de la victimisation et le recours systématique aux Droits de l’Homme, une arme à double tranchant, dont ils usent et abusent pour arriver à leurs fins. Au nom de la liberté de certains, on n’hésite plus à limiter celle des autres, voire à carrément la supprimer.

Les islamistes ont subi une défaite écrasante à Istanbul, la plus grande ville d’Europe et la quatrième plus grande ville du monde, grâce aux efforts inlassables de Canan. Elle est titulaire de plusieurs diplômes universitaires et possède une longue expérience dans la défense des Droits de l’Homme, notamment au sein de la TIHV (Fondation turque pour les droits de l’homme). Elle a écrit sa thèse sur «La torture des victimes de la médecine légale». Son père a été assassiné par des islamistes.

Les islamistes sont furieux d’avoir perdu les élections à Istanbul et Canan est devenue leur bouc émissaire en raison de sa rhétorique courageuse et virulente à l’égard de l’islam. Elle s’est moquée un jour sur Twitter des hommes à la petite b..e qui veulent construire de grandes mosquées.

Elle a posté des photos d’elle en train de manger du porc – ce qui est interdit par l’islam – et a reconnu la réalité historique du génocide arménien. Elle écrivit une fois sur twitter : «arrêtez de prier les musulmans, il n’y a plus de place au paradis.» Elle a exprimé son soutien aux dissidents kurdes et accusé le gouvernement turc actuel d’être un tueur en série.

«Etre humain est une dignité plus grande que d’être un Turc.»

Elle est une provocatrice socratique. Mais ses déclarations irrévérencieuses servent avant tout un objectif supérieur, celui de s’élever avec force contre les violations des Droits de l’Homme. Elle est le canari proverbial dans la mine de charbon.

La Turquie était autrefois une démocratie certes imparfaite, mais fonctionnelle. Aujourd’hui, elle est devenue un état de plus en plus théocratique sous la présidence totalitaire d’Erdogan.

Les «réussites» présidentielles incluent la fraude électorale, la persécution des minorités religieuses, des crimes de guerre en Afrique, le massacre de civils kurdes, une corruption sans précédent, l’interdiction de Wikipedia et de Twitter, la censure centralisée en ligne, le noyautage des tribunaux, la persécution des universitaires, des dissidents politiques et la répression des journalistes par la terreur.

Des législateurs suédois ont porté plainte contre le président turc pour génocide. Plusieurs commentateurs l’ont qualifié de tyran, de terroriste et de criminel de guerre. Il a été condamné par diverses organisations comme Amnesty International et Human Rights Watch.

La vision du monde d’Erdogan est haineuse, raciste, impérialiste et totalitaire, typique d’un «pieux» musulman. Selon lui, les musulmans peuvent reconquérir l’Europe via le djihad démographique par la Hijra (l’immigration). Il nie l’égalité entre les hommes et les femmes.

Plus jeune, il écrivit une pièce de théâtre antisémite au lycée ayant pour sujet un complot emprunté aux Protocoles des Sages de Sion. Par le passé, il a soutenu une faction allemande d’al-Qaïda. Il a été catastrophique dans le domaine économique. Il a réécrit la Constitution afin de s’attribuer des pouvoirs exécutifs illimités. Ce qui ne l’empêcha pas de se se présenter au Washington Post comme un grand défenseur des Droits de l’Homme.

Satire du Président R. T. Erdogan dans une caricature emblématique de 2005 intitulée «Le zoo d’Erdogan» . Les dessinateurs furent poursuivis pour diffamation par Erdogan, mais il n’obtint pas gain de cause.  

Canan n’est pas la seule à s’exprimer de manière virulente à l’encontre de l’islam. L’intelligentsia turque émet aussi de vives critiques à l’égard de la belle «religion» de tolérance, de paix et d’amour de leur cher Président.

Ainsi, Aziz Nesin, souleva un tollé en traduisant les Versets sataniques en turc. Muazzez Ilmiye affirma que le foulard islamique était à l’origine porté par des prostituées sumériennes et Fazil Say, un pianiste célèbre citait les versets sataniques en comparant le paradis à un bordel. Las laïcs turcs manifestèrent leur solidarité au magazine Hebdo.

Les critiques de Canan envers l’islam sont cohérentes avec la philosophie de Mustafa Kemal Atatürk, l’homme qui établit la république moderne turque.

Kemal Atatürk était un critique sévère de l’islam. Dans une lettre officielle, il utilisa le mot «tahrifat» (désacralisation) et «safsata» (charlatanisme) pour décrire la Al-Fatiha (arabe : ???????? ??????????, Surat al-Fati?ah), la sourate d’ouverture du Coran, composée de sept versets . Selon le prophète, : «Elle est «la matrice du Coran», et elle est «les sept répétitives» et elle est le Coran sublime».

Ses réformes ultérieures impliquèrent la dissolution de la classe cléricale, la purge du vocabulaire perse et arabe de la langue turque et la restauration des églises historiques converties au cours des siècles en mosquées. Il abolit le califat par décret parlementaire. Les organisations terroristes islamistes comme al-Qaïda et l’EI sont des tentatives ratées de ressusciter le califat.

L’héritage politique de Kemal est préservé par le «Cumhuriyet Halk Partisi» qui représente le deuxième plus grand partir avec 15 millions d’électeurs (30%). Les kémalistes rassemblèrent en 2007 des millions de personnes pour scander des slogans contre le fondamentalisme islamique. Les politiciens kémalistes appelèrent à la suppression du ministère des Affaires religieuses, celle de l’enseignement religieux obligatoire et à l’interdiction des Frères musulmans.

Yurter Ozcan, agent officiel du CHP aux États-Unis a accusé CNN de diffuser de la propagande islamiste. Onder Sav, ancien vice-président, critiqua par le passé les pèlerins musulmans pour avoir «permis à Mahomet de voler leur argent».

La politique officielle du CHP revendique une orientation en faveur de l’OTAN et de l’Union européenne. Le parti est populaire parmi les minorités religieuses et ethniques stigmatisées, parfois persécutées par le sultan d’Ankara, le grand défenseur des Droits de l’Homme selon la charia.

Les droits à la liberté d’expression de tous les dissidents et de toutes les minorités religieuses sont protégés partout dans le monde par les principes universels de la liberté de parole et de la liberté de conscience. Selon la jurisprudence de la Cour de Cassation de la Cour européenne des Droits de l’Homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, il n’y a aucune fondement crédible à la décision de condamner Canan à 10 ans de prison. Cependant, les tyrans de l’espèce d’Erdogan respectent rarement les lois internationales dans leur pays, mais exigent leur respect à l’égard des musulmans et de l’islam en Occident.

Si la sentence devait être confirmée, cela aura un effet désastreux sur les droits à la liberté d’expression de tous les dissidents et de toutes les minorités religieuses dans le monde.

Tandis que les minorités religieuses sont persécutées et les droits fondamentaux des citoyens turcs violés, Mr Erdogan ne se prive pas de donner des leçons de morale sur les Droits de l’Homme aux Occidentaux. En bon musulman suprémaciste, sûr de sa supériorité morale, ce parangon de la vertu islamique se permet sans gêne aucune de fustiger la façon dont les pays occidentaux traitent les musulmans.

En septembre dernier, au cours de son séjour à New York pour participer à l’Assemblée générale de l’ONU, il fut invité à prendre la parole lors d’une réunion organisée par le «US-.-Turkish advocacy organisation.» Fidèle à lui-même, il n’hésita pas à blâmer l’Occident pour son islamophobie !

«Ceux qui profitent de toutes les occasions pour donner aux autres pays des leçons de démocratie, de droit relatif aux Droits de l’Homme, qui usent de toute leur influence quand il s’agit de défendre leurs propres droits demeurent aveugles, sourds et muets, quand il s’agit de défendre les droits des musulmans.»

Pauvres musulmans, tous d’innocents agneaux confrontés aux méchants loups occidentaux, prêts à les dévorer avec leurs grandes dents acérées d’affreux islamophobes… Ah, les islamophobes: ces êtres immondes, coupables de crime contre l’humanité par leur crainte insensée, totalement injustifiée de l’islam, une si douce et belle “religion”.

«Comme c’est le cas pour le sionisme, l’antisémitisme et le fascisme, il devient maintenant inévitable de considérer l’islamophobie comme un crime contre l’humanité.» avait, en effet , déclaré M. Erdogan devant le 5e Forum organisé par l’ONU pour promouvoir le dialogue entre les religions et entre les peuples en 2013.

Il utilise une fois encore la tactique préférée des musulmans : la victimisation à outrance. Qu’il explique en quoi les musulmans sont privés de droits en Occident ? Il aurait bien du mal à le faire, car en Occident, les musulmans jouissent de tous les droits dont sont privés les minorités religieuses en Turquie et ailleurs en terre d’islam. Non seulement, ils bénéficient de tous les droits, mais le tapis rouge leur est déroulé par nos gouvernements, plus soucieux de respecter l’islam et de veiller à ne pas heurter la délicate sensibilité à fleur de peau des communautés musulmanes, qu’à faire respecter le christianisme et à assurer la sécurité des non musulmans.

Erdogan est parfaitement conscient de la fascination qu’exerce la carte de la victimisation sur les gauchistes occidentaux, qui haïssent au moins autant que lui l’Occident chrétien et ses peuples.

Le sultan d’Ankara déclara également qu’il continuerait à soutenir la cause palestinienne, la ligne rouge pour la Turquie, car cette cause touchait «la dignité de 1.7 milliard de musulmans à travers le monde …»

Erdogan, le « partenaire fiable et loyal de l’UE», qui ne cesse de la faire chanter et danser au son de la Marche turque. L’UE a les moyens de le faire chanter à son tour en réduisant à zéro toutes les aides financières dont elle abreuve ce pays depuis des années, mais elle hésite à le faire. Pour quelles raisons ? Seul Allah est dans le secret des dieux de l’Olympe européen !

L’irrédentisme ottoman hante les rêves du sultan d’Ankara, mais cela ne semble guère perturber le sommeil des dirigeants européens … Et pourtant : l’adhésion de la Turquie d’Erdogan à l’UE sera le cauchemar islamique assuré.

L’humiliation de la dislocation de l’empire ottoman à la fin de la première guerre mondiale pèse encore lourdement sur l’estomac turc, notamment sur celui d’Erdogan, qui ne cache pas son ambition de le reconstituer un jour par la reconquête pacifique des terres européennes autrefois soumises au joug ottoman et celle plus guerrière du Moyen-Orient.

Une pétition en soutien à Canan adressée à la Cour de Cassation turque a été mise en ligne par Kursat Pekgoz.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Rosaly pour Dreuz.info.

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Sources :

  • . «Turkish Dissident Faces Ten Years in Prison for ‘Blasphemy’ Against Islam» (FrontPage Mag)
  • . «Turkey’s Erdogan slams West for treatment of Muslims, vows to pursue Gülen» (Ahval News) (extraits)

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