Publié par Gilles William Goldnadel le 15 octobre 2019

Extinction Rebellion, les décrocheurs de portraits, les annonceurs sur CNews… Tous croient pouvoir s’affranchir du respect des lois sous prétexte d’une bonne conscience morale, s’insurge l’avocat Gilles-William Goldnadel qui dénonce ce «moralisme» moderne.

Il existe une tendance moderne ou plutôt moderniste à considérer que celui qui s’estime dans son bon droit moral croit pouvoir s’exonérer de toute obligation juridique. Ainsi, le respect intègre et intégral de la loi ne serait plus intrinsèquement moral. Le sage qui s’affranchit des rigueurs de la mode en discerne déjà tous les périls. L’exemple le plus récent en même temps que le plus grotesque nous a été donné par ce juge idéologue et lyonnais qui a considéré un 16 septembre que le militant qui dérobait dans une mairie le portrait officiel du président de la République au nom de la sainte cause climatique était poussé par un état de nécessité tel qu’il ne saurait avoir commis un vol délictuel.

La maire de Paris, semble ne pas appréhender pleinement la violence physique et psychologique imposée délibérément à des travailleurs parisiens.

J’ai bien conscience d’attenter moi-même quelque peu à cette majesté judiciaire nécessaire en critiquant ceci, mais c’est comme si j’étais poussé irrésistiblement par une espèce d’état de nécessité de dénoncer cela.

C’est sous les auspices de cette philosophie athée d’essence religieuse qu’Anne Hidalgo a tenu à apporter son soutien public autant que prestigieux aux actions du mouvement Extinction Rebellion «dès lors que celles-ci ne sont pas violentes». Pour les automobilistes parisiens qui n’ont pas eu à souffrir du blocage illégal de la voie publique par ces rebelles courageux ne courant aucun risque, le mouvement soutenu par l’édile municipal en chef bloque depuis des jours la place du Châtelet et l’artère qui y mène au nom de l’écologie radicale qui entend s’opposer radicalement à l’extinction de la planète selon eux inéluctablement programmée.

La maire de Paris, semble ne pas appréhender pleinement la violence physique et psychologique imposée délibérément à des travailleurs parisiens prisonniers dans l’espace clos de leur auto immobile, énervés par cette atteinte à leur liberté d’aller et venir et condamnés à respirer les miasmes de la pollution carbonique inutile et supplémentaire des voitures piégées. Il est possible que ceux-ci dans leur beaufitude supposée de fumeurs de clopes n’aient pas immédiatement perçu cet état de nécessité de leur pourrir la vie au nom de la survie de l’humanité.

Madame Hidalgo, dans son exaltation de la jeunesse activiste, n’a peut-être pas la culture historique requise pour savoir que ce sont les mouvements totalitaires, fascistes ou communistes, qui ont su le mieux instrumentaliser la jeunesse et son jeunisme, qui dans les films de Riefenstahl, qui dans ceux d’Eisenstein, pour les esthétiser dans leur sublime beauté, chantant dans les chantiers, ou moissonnant les blés.

Dans un cadre moins que légal, nos petits géants ont forcé des annonceurs à renoncer à contribuer au budget publicitaire de CNews sous le prétexte du recrutement d’Éric Zemmour.

Quoi qu’il en soit, il me tarde au nom de mes saintes causes à moi, de bloquer les abords de l’Hôtel de ville, pour protester contre la politique autoritaire de la municipalité. Quoique n’étant plus de la première jeunesse, je ne doute pas du soutien de ma mairesse.

C’est la même dispense de tout légalisme excessif qui autorise les géants endormis («Sleeping Giants») à intimider les annonceurs qui ont décidé d’abonder au budget publicitaire de médias dont ils décrètent unilatéralement l’immoralité. Et c’est avec la même philosophie idéologique que celle de la maire de Paris que la radio de service public célèbre, sans crainte d’attenter à son obligation contractuelle de neutralité, ce qui n’est ni plus ni moins qu’une campagne de terreur morale et commerciale.

C’est dans ce cadre rien moins que légal que nos petits géants ont pu forcer la pâte Nutella à s’aplatir, à l’instar de l’assureur effectivement militant MAIF et à renoncer à contribuer au budget publicitaire de CNews sous le dangereux prétexte du recrutement d’Éric Zemmour.

Le plus tristement farce c’est lorsqu’on apprend que le Parti communiste français a décidé de manifester devant le siège de la télévision précitée. Dans d’autres pays démocratiques, comme l’Allemagne par exemple, le parti de Staline, de Mao, de Pol Pot, de Castro, de Maduro n’a pas plus droit de cité que le parti nazi. Le parti français légalisé devrait en tirer une obligation d’humilité. Quoi qu’il en soit, ce parti partage avec la mairie de Paris la même cohérence dans le respect de la légalité à idéologie variable puisque tous deux sont alliés dans la cité.

À propos toujours des horreurs du communisme, un article du Monde daté du 11 octobre et intitulé: «Russie, la mémoire mutilée du goulag» nous confirme que l’État russe «préfère passer sous silence les crimes de la période communiste».

Contrairement au nazisme, le procès du communisme n’a jamais eu lieu et encore moins en France qu’ailleurs.

Cette amnésie n’est pas le triste apanage de la Russie de Poutine. En réalité, et contrairement au nazisme et à son hypermnésie souvent instrumentalisée à tort et à travers, le procès du communisme n’a jamais eu lieu, et encore moins en France qu’ailleurs. La bienveillance envers lui de l’idéologie médiatique encore en majesté explique ainsi pourquoi les communistes assumés se permettent encore de jouer les procureurs.

Dans un ordre d’idée extrêmement voisin, tant qu’on ne fera pas le procès intellectuel de l’islamo- gauchisme indulgent et quelquefois complice depuis trois décennies de l’islam radical, il existera un surmoi puissant qui empêchera des policiers bien intentionnés mais idéologiquement conditionnés de dire sans crainte, la légitime appréhension que peut inspirer un islamiste radical fraîchement converti. Il faut dire que le combat intellectuel est loin d’être gagné: un journaliste ayant pignon sur rue comme Jean-Michel Aphatie est encore capable de réciter ce catéchisme prétendant – contre l’évidence cruelle du réel – qu’une conversion à l’islam ne devrait pas plus déclencher d’enquête qu’une conversion au christianisme.

Les illégaux tiennent fièrement le pavé, tandis que d’honnêtes citoyens sont enfermés dans une prison de moralisme préfabriquée. Il y a des procès qui se perdent et des vies que l’on sacrifie sur l’autel de l’idéologie.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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