Publié par Gilles William Goldnadel le 28 octobre 2019

Chacun sait que je suis un défenseur acharné de la liberté d’expression. Y compris de l’expression publique des idées choquantes. Je dois donc quelques explications à mes lecteurs pour justifier pour quelle impérieuse raison je me suis senti dans l’ardente obligation de saisir en ma qualité de président d’Avocats Sans Frontières comme d’usager contribuable du service public, le CSA d’une réclamation à l’encontre des déclarations de Monsieur Yassine Bellatar, se disant humoriste, à l’encontre du ministre Jean-Michel Blanquer sur la radio d’État Radio France internationale.

Je rappelle en effet que le 22 octobre à 8h30 Monsieur Yassine Bellatar dont les liens d’amitié avec le Président de la République ne sont un secret pour personne et qui avait été choisi par lui pour figurer dans le Haut Conseil des banlieues, a déclaré : « le fait d’être français de confession musulmane pose problème aujourd’hui (…) si j’étais Blanquer, j’éviterais de mettre les pieds dans le 93. ».

Ces propos sont évidemment choquants à l’égard d’un ministre qui venait de déclarer quelques jours auparavant qu’il ne lui paraissait pas que le port du voile soit « souhaitable ». Ces déclarations controversées seraient en effet de nature à accréditer l’idée d’une sorte de partition qui ferait que la Seine-Saint-Denis ne ferait plus tout à fait partie du territoire de la république. Des esprits chagrins ont même entendu dans les paroles de l’interviewé quelque chose de menaçant. Rappelons par ailleurs que quelques jours plus tard le Président de la République croyait devoir déclarer à la Réunion que l’affaire du voile dans l’espace public « n’était pas son affaire », semblant ainsi contredire son ministre contre son ami imprécateur.

Ces propos sont choquants, mais à le dire le vrai, j’en veux moins à Monsieur Bellatar qu’à la radio d’État qui, non contente de les diffuser, a cru devoir les reproduire à l’envi sur son site Twitter.

Ces propos sont choquants, mais à dire plus vrai encore, je ne les aurais pas soumis à l’examen du CSA si je n’avais pas appris que celui-ci quelques jours auparavant, avait décidé de se saisir des propos d’Éric Zemmour prononcés lors de la Convention de la droite et diffusés par la chaîne LCI.

Car comme mes lecteurs le savent pertinemment, je suis non seulement un défenseur acharné de la liberté d’expression mais aussi de l’obligation de neutralité et de pluralisme au sein de cet audiovisuel de service public auquel je contribue en tant que contribuable.

En conséquence, je n’accepte pas que la haute institution chargée du contrôle de l’impartialité, de l’objectivité, et de l’honnêteté au sein des entreprises audiovisuelles fasse montre d’une vigilance sévère et tatillonne envers les chaînes privées alors que son exigence devrait être double en ce qui concerne l’audiovisuel public alors qu’elle n’est même pas de moitié puisqu’inexistante.

A moins que le CSA considère, ce que je me refuse à penser, que la liberté de parole d’un Zemmour soit moins sacrée et protégée que celle d’un Bellatar.  

Mes lecteurs savent maintenant pourquoi je réclame que le CSA réclame des comptes à Radio France internationale, ce qu’il aurait dû réclamer spontanément.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation de Valeurs actuelles.

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