Publié par Christian Larnet le 29 octobre 2019

Les services de sécurité palestiniens de la bande de Gaza ont arrêté un certain nombre de militants et de faiseurs d’opinion qui protestaient contre la perte de la liberté d’expression.

Il leur est reproché d’avoir organisé des manifestations contre les conditions de vie dans la bande de Gaza, qu’ils mettent sur le dos du Hamas, contrairement aux médias occidentaux et aux activistes anti-sionistes, qui accusent Israël.

Le Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR) confirme que les libertés d’opinion et d’expression et de réunion pacifique sont protégées pour tous les citoyens en vertu de la Loi fondamentale palestinienne et des normes internationales liant l’Autorité palestinienne (AP). Le PCHR souligne également que ces arrestations sans mandat du ministère public sont un crime au regard du droit palestinien et une violation flagrante des droits de l’homme.

Le directeur du PCHR, l’avocat Raji Sourani, a déclaré que “les violations de la liberté d’expression sont inacceptables, que l’auteur soit les forces d’occupation israéliennes (OIF), l’AP en Cisjordanie ou l’autorité de facto dans la bande de Gaza”. Il a également réitéré que ces violations contrastent avec la liberté d’expression et de réunion pacifique du peuple palestinien, comme l’ont démontré la grande marche pour le retour et la rupture du siège contre l’OIF ainsi que l’intention de tenir des élections générales.

Selon le suivi du PCHR, entre le 21 et le 24 octobre 2019, le Service de sécurité intérieure a convoqué des militants à qui il est reproché d’avoir exprimé leur opinion, et planifié des manifestations dans les gouvernorats de la bande de Gaza.

Une des personnes incarcérée a déclaré :

“Un interrogateur du département d’électronique de Rafah m’a interrogé sur mon activité dans les médias sociaux et m’a accusé d’abuser de la technologie.

Il m’a ordonné de donner mon téléphone cellulaire et s’est fâché quand je lui ai dit que je ne l’avais pas. Il m’a ensuite demandé mon nom d’utilisateur et mon mot de passe Facebook, mais j’ai refusé et je lui ai dit qu’il devait obtenir une ordonnance du procureur général pour y accéder.

Il était outré, et a commencé à me frapper dans le dos en disant à un officier de m’emmener à la cellule.”

“Selon la loi que vous voulez que j’applique, j’ai le droit de vous garder 24 heures” m’a alors dit l’agent.

Une heure plus tard, un membre de ma famille est arrivé et j’ai accepté de donner le mot de passe du compte Facebook. Il m’a également forcé à signer une promesse de ne pas inciter ou appeler à la protestation. J’ai été relâché vers 12h30.

Un autre Palestinien arrêté à déclaré :

“J’ai été interrogé au bureau de l’ISS à Deir al-Balah pour mes messages sur Facebook qui appelaient à la tenue d’élections, et critiquaient le Hamas.

Il m’a demandé de ne pas parler de politique en général, sinon je serais arrêté et le traitement que je recevrais ne serait pas comme cet entretien.

Il m’a montré une promesse que je devais lire et signer, mais je lui ai demandé ce qui arriverait si je ne signe pas, “est-ce que je serais arrêté ?”

Il a répondu oui, alors j’ai signé, après l’avoir lu attentivement et avoir compris que j’aurais une amende de 5 000 shekels si je n’arrêtais pas d’écrire sur Facebook et d’appeler aux protestations.

J’ai ensuite été détenu dans une cellule pendant des heures et libéré à la condition que je revienne le jeudi matin 24 octobre 2019. Je suis rentré jeudi et j’ai été détenu et interrogé pendant 2 heures avant d’être relâché.”

Un troisième témoin :

“A mon arrivée au bureau de l’ISS à Deir al-Balah, j’ai été détenu de 17h00 le mardi à 01h00 le mercredi. J’ai été interrogé deux fois au sujet de mes messages sur Facebook et accusé par l’interrogateur d’appeler à protester, me demandant qui m’a incité à le faire.

Il a ajouté que la police militaire veut m’arrêter, mais qu’il me cachait.

Vers 20 heures le même jour, j’ai été libéré à la condition que je revienne à 9 heures le jeudi.

Je suis revenu et j’ai été interrogé pendant 2 heures, mais relâché plus tard.”

La plupart des personnes convoquées font l’objet de convocations récurrentes, appelées “Références”, où elles sont détenues pendant des heures et interrogées, mais libérées par la suite.

Cependant, beaucoup de ceux qui ont été convoqués de nouveau sont toujours détenus depuis le 27 octobre 2019 à 10 heures, date de leur troisième convocation ; trois d’entre eux ont été identifiés : Haitham So’oud, Abdullah Hweihi et Ayman’Abed.

Dans le même contexte, Bassam Muhaisen (40 ans), producteur à la Palestinian Broadcasting and Corporation, a été convoqué.

Selon les informations du PCHR, le mardi 22 octobre 2019, vers 17 heures, le SSI a envoyé une convocation écrite à Bassam indiquant “vous êtes convoqué au siège d’al-Jawazat, dans le quartier al-Rimal, au centre de la bande de Gaza”.

Vers 8 heures, le mercredi 23 octobre 2019, Bassam s’est rendu au quartier général et n’a pas encore été libéré.

  • Le journaliste Hani al-Agha, journaliste à la radio al-Shabab, est en état d’arrestation depuis le 25 septembre 2019.
  • Le ministère de l’Intérieur a affirmé dans un communiqué de presse que l’arrestation d’al-Agha n’était pas fondée sur une violation de la liberté d’expression.

Le PCHR a par ailleurs condamné les arrestations au motif de l’exercice des libertés et insisté auprès du Procureur général pour qu’il mette fin aux convocations pour des motifs liés à la liberté d’expression. Il a appellé les services de sécurité à respecter la loi palestinienne, la liberté d’opinion et d’expression et la liberté de réunion pacifique, et souligne qu’il incombe aux autorités de la bande de Gaza de garantir ces droits.

Aucune ONG internationale, aucun groupe pro-palestinien, aucun média, n’ont protesté.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Christian Larnet pour Dreuz.info.

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