Que s’est-il passé lors de l’interrogatoire de l’ancien président Álvaro Uribe devant la Cour suprême de justice ? Une semaine après cet épisode, les Colombiens n’en savent rien. Ou trop peu.
Lorsque l’interrogatoire a pris fin, la presse déclara qu’il avait duré huit heures et que le sénateur et ancien chef d’Etat avait été « officiellement lié au procès ». A un procès pénal pour « manipulation de témoins » dans l’enquête que lui-même, Uribe, avait demandé d’ouvrir à l’encontre d’un sénateur communiste, Ivan Cepeda.
Pour Alvaro Uribe, ce fut, en réalité, 18 heures d’intense concentration intellectuelle. Après l’audience, l’infatigable leader colombien a fait un discours de 90 minutes au siège de son parti, le Centre Démocratique. Il y a rappelé des moments de sa vie au service de la Colombie et a résumé –comme l’a écrit Remberto Burgos de la Espriella–, « la chronologie de la manière dont le procès a été retourné contre lui ». Il a rappelé les pires manigances des chefs de la gauche et celles d’un ancien juge qui se vantait, à des fins déstabilisatrices, lors de la campagne présidentielle de 2018, qu’il allait « capturer » l’ancien président. Sur l’audience elle-même Uribe n’a rien dit. Simplement il a souligné que César Augusto Reyes, le magistrat qui l’avait interrogé, avait été « correct ».
Álvaro Uribe est le premier ancien président de Colombie à être emmené, de manière pour le moins arbitraire, à un « interrogatoire préliminaire » devant la CSJ. Uribe est le chef politique le plus en vue et le plus populaire du pays. Les Colombiens ont le droit donc de savoir ce qui s’est passé ce jour-là et ce qui se passe en fait à son égard au sein de la CSJ.
Mais l’audience a été à huis clos. Pire, comme l’a dit le journal El Espectador : cela fut un acte « hermétique ». En espagnol, ce terme équivaut à impénétrable, caché, réservé et incompréhensible. Chacun de ces synonymes est applicable au 8 octobre, un événement judiciaire étrange en raison de son manque total de transparence.
Important homme d’État et combattant déterminé en faveur de la démocratie représentative, Uribe est reconnu comme tel non seulement par ses partisans, mais aussi par ses adversaires. Parmi ceux-ci, certes, il y a des gens qui cultivent la plus tenace hostilité contre lui et contre le capitalisme et les libertés « bourgeoises ».
Ceux qui ont préparé l’audience à huis clos invoquent la loi 600 de 2000. Le code de procédure pénale colombien n’est pas, hélas, un modèle de style, d’orthographe ou de clarté conceptuelle. Ce texte a des règles pour deux types de justiciables: les particuliers et les présidents de la République. Il ne dit pas un mot sur la procédure à suivre pour un ancien président de la République. Or, Uribe a été convoqué à cet interrogatoire en tant que sénateur.
Les juges ont improvisé. Ils ont décidé de l’interroger à huis clos malgré le fait que la loi 600 prône que, dans tout procès pénal, « l’audience est publique ».
Cet interrogatoire à huis clos a généré une incertitude quant aux possibilités d’une procédure équilibrée. Nul ne peut savoir non plus ce qui s’est passé auparavant, dans la dite « enquête préalable ». Quand a-t-elle commencé exactement et quand et comment la partie intéressée a-t-elle été notifiée ?
En constatant que le président Uribe n’avait pas fui la Colombie et s’était, au contraire, présenté à l’audience et que, après l’interrogatoire, le juge l’avait laissé partir libre, l’instigateur de cet imbroglio a perdu pied. « Ce procès doit continuer !», a gesticulé Ivan Cepeda en tentant d’empêcher que les magistrats, perplexes devant l’illégalité manifeste des preuves réunies contre Uribe, décident d’archiver prochainement le dossier. Sans que personne de la CSJ ait dit un mot, le responsable communiste a aussi accusé l’ancien président d’avoir, selon lui, « violé le secret de l’instruction » car il avait pris la parole devant les militants du CD après être sorti du palais de justice.
L’histoire de ce curieux procès a commencé en 2012 lorsque l’ancien président a dénoncé le sénateur Ivan Cepeda pour avoir fabriqué de faux témoignages. Uribe accuse Cepeda d’avoir contacté d’anciens paramilitaires dans les prisons de Colombie et des États-Unis pour leur extorquer de faux récits contre l’ancien président, en échange d’argent ou de réductions de peines. Certains des criminels impliqués ont révélé plus tard le rôle de Cepeda dans l’invention des faux récits et du type de compensation promise.
Au lieu d’enquêter sur de telles allégations, le bureau du procureur général décida de ne pas enquérir l’accusé mais le plaignant. Le chef extrémiste a été donc déclaré innocent et l’enquête a été réorientée contre l’ancien chef de l’Etat. Le fait de dénoncer le manipulateur de témoignages avait fait d’Uribe, selon ces étranges magistrats, l’auteur d’un crime. Ainsi va la justice en Colombie.
Aujourd’hui, la CSJ n’a pas un seul «témoin» contre Uribe qui ne soit pas un brigand en prison et qui n’ait pas accepté de participer à ce jeu infâme, en échange d’argent, de pénalités réduites ou de notoriété.
La technique consistant à éliminer ses adversaires, en particulier des membres du Congrès, des militaires et des personnalités politiques, avec des procès de harcèlement fondés sur de fausses preuves, est possible grâce aux cellules que la subversion a réussi à incruster dans l’appareil judiciaire colombien. Certes, la plupart des victimes de ces gangsters ont réussi à prouver leur innocence après des années de combats judiciaires coûteux. Mais beaucoup ont vu leur carrière politique ruinée et presque tous ont subi un préjudice moral irréparable.
L’autre chapitre surréaliste de cette affaire concerne les autres soit-disant « preuves » contre Uribe. Il s’agit d’un certain nombre de conversations téléphoniques illégalement interceptées. Ce sont des enregistrements qui n’ont pas été commandés par un juge, car aucun procès n’existait à l’encontre d’Uribe.
Cependant, la Cour a accepté ces écoutes comme preuve. Ce qui a été révélé par la presse colombienne sur l’origine de ces interceptions est hallucinant. Il semble que ceux qui ont activé la mise sur écoute cherchaient à obtenir des preuves contre un citoyen X, habitant le département du Chocó. Mais un jour, les techniciens ont découvert avec étonnement qu’ils s’étaient trompé. Le téléphone de M. X n’avait pas été intercepté. Le téléphone mis sur écoute était « par pur hasard » et, parmi les autres trente millions de téléphones mobiles du pays, celui du président Álvaro Uribe.
Comment les illustres magistrats ont-ils pu accepter cela comme « preuve » ? Ils ont estimé qu’il s’agissait d’une « erreur plausible » mais que ces enregistrements en valaient bien la peine car la cible était une « personne importante ». Cependant de telles écoutes violaient la vie privée d’un citoyen sur lequel la justice n’enquêtait pas! Peu importe. Ils ont accepté ces enregistrements et, pire, les ont communiqué à certains journalistes pour qu’ils crient au scandale la veille de l’interrogatoire de l’ancien président. L’un d’entre eux a diffusé une conversation en changeant un mot de façon grossière dans une phrase décisive.
Quel a été le rôle d’Ivan Cepeda dans tout cela ? Pourquoi la dite « enquête préalable » a-t-elle été faite à l’insu d’Alvaro Uribe ? Le tribunal a-t-il admis les témoignages illégaux de malfaiteurs tels que Hernán Sierra et Guillermo Monsalve ? Nul ne le sait. L’audience à huis clos était-elle destinée à empêcher que la vérité arrive au public ? Ce procès va-t-il se poursuivre dans un tel niveau de confusion et d’opacité ?
La justice pénale ne peut être rendue dans le dos du peuple. Une procédure régulière ou équitable doit être contradictoire et publique, en particulier si le mis en examen est un leader politique. Il existe un devoir de transparence que la Cour n’a pas respecté. Faire dérouler une enquête pénale dans le dos du justiciable est peut-être l’usage dans la justice castriste. Mais la Colombie n’est pas le Venezuela de Maduro. Et ce ne le sera jamais, en dépit des effets dévastateurs d’un appareil judiciaire noyauté qui protège les chefs des FARC et qui accepte de monter en même temps des opérations scabreuses contre les combattants de la liberté.
Ce procès contrefait va probablement continuer. La mobilisation populaire en défense de l’ancien président s‘est fait sentir le 8 octobre, avec des manifestations dans une dizaine de villes en Colombie et à l’étranger. Elle ne va pas s’arrêter et va même s’amplifier. Car les citoyens colombiens ont l’impression de ne pas être face à la majesté de la Justice mais face à une machine destinée à humilier et à tuer politiquement Alvaro Uribe.
Pire, ce procès n’est même pas dû aux ennemis les plus visibles du sénateur Uribe. Il répond en réalité à un ordre venu des dirigeants de la subversion continentale. Ceux-là veulent compenser la chute de l’un de leurs personnages les plus utiles, Inacio Lula da Silva, du Brésil, avec l’effondrement psychologique et politique d’Alvaro Uribe, en Colombie. La lutte léniniste pour le pouvoir a toujours été comme ça: les offensives les plus terribles sont décidées à l’extérieur, par des centres obscurs et cachés. C’est pourquoi la défense d’Alvaro Uribe et de la Colombie contre les forces prédatrices doit être pensée dans une perspective ample et même mondiale.
© Eduardo Mackenzie (@eduardomackenz1) pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
Vraiment M. Makenzi est mal informé sur la situation judicial et politique de la Colombie et en spécial dans le cas judiciaire de M. Uribe que si bien est soutenu pour une partie des Colombiens est aussi questionné pour son soutien aux groupes paramilitares responsables des massacrés et assassinat des civils,
Le senateur Cepeda ne appartient pas au partie communiste Colombien, il appartient au Polo Démocratique partide de gauche, comme un NPD Cannadien, son père qu’etait membre du parti communiste a été assassiné pour paramilitares et membrés de l’armée Colombienne.
L’ex-président Uribe a plusieurs doosier ouvertes dans la justice Colombienne pour soutien aux groupes paramilitaires, Ivan Cepeda a essayé de convaincre un témoin qui a travaillé dans la hacienda “LA GUACHARACA” Propriété de la famille Uribe des témoigner sur l’activité du “bloque metro” groupe paramilitaire responsable des plusieurs meurtres dans la ville de Medellin.
M. Uribe a demandé à la CSJ d’enquêter au senateur Ivan Cepeda pour “manipulation de témoins” la CSJ a intercepté les appelles du temoin pour determiner si Cepeda voulais le manipuler, mais étonnamment la CSJ a intercepté des appelles reçu par le témoin de la parte des avocats de Uribe où ils demandent ou temoin changer la version donnée à Cepeda
Vraiment votre article est loin de la réalité n’est pas equitable et ranconte un partie de la histoire, il faut parler du contexte où plussieur politique alliés de Uribe ont été reconnue coupable pour le soutiien aux groupes paramilitaires responsables de massacrées de grand quantité des gens en la Colombie
Eduardo Mackenzie répond à Giovanni
Pour Dreuz Info
28 octobre 2019
La personne qui se cache derrière le surnom «Giovanni» glisse un certain nombre de contrevérités qu’il faut réfuter sans tarder.
1.- Non, l’ex- président Álvaro Uribe n’a jamais été condamné par la justice colombienne pour aucun délit. Nul n’a prouvé non plus qu’il ait soutenu des groupes paramilitaires. Il est, certes, la cible d’accusations non fondées de la part des FARC et de la part de l’ELN, deux narco-guérillas, pour le combat qu’il a mené contre elles, ainsi que contre le trafic de drogue et contre les paramilitaires d’extrême droite, au cours de ses années en tant que sénateur (1986-1994), puis comme gouverneur d’Antioquia (1995-1997), et finalement comme président de la République (2002-2010).
2.- Aucun autre homme politique colombien n’a été à ce point l’objet d’enquêtes menées à son encontre. Or, personne n’a jamais réussi à détruire ni sa vaste popularité ni son honneur. Etre calomnié comme lui est une chose ; être un criminel en est une autre. Sans relâche, les FARC tentent d’assassiner Uribe, et cela depuis 1995. N’ayant pas réussi, elles tentent de le supprimer par des campagnes diffamatoires à répétition. Elles ne lui pardonnent pas qu’il ait gouverné sans demander la permission aux FARC. Elles ne lui pardonnent pas d’avoir réussi à extrader aux États-Unis les 15 principaux chefs paramilitaires du pays, en mai 2008, dont certains gros bonnets des FARC, tels Simon Trinidad. Elles ne lui pardonnent pas d’avoir réussi, entre 2002 et 2010, à désarmer et à démobiliser 52.403 combattants (dont 31.671 paramilitaires et 20.732 guérilleros), selon les services de la Police nationale colombienne. Elles ne lui pardonnent pas d’avoir prouvé la complicité des régimes d’Hugo Chavez et de Rafael Correa en faveur des FARC et de l’ELN au Venezuela et en Équateur.
3.- Giovanni prétend que « l’ex-président Uribe a plusieurs doosier (sic) ouvertes dans la justice Colombienne pour soutien aux groupes paramilitaires ». Tout est dans la formule « ouverts dans la justice ». Giovanni n’affirme pas que ces dossiers ont été ouverts PAR la justice. En Colombie, des milliers de personnes innocentes ont « des dossiers ouverts dans la justice » à l’instigation des FARC. Les FARC pratiquent avec brio la technique des procès de harcèlement grâce à la théorie absurde du « renversement de la charge de la preuve » selon laquelle le demandeur est dispensé de prouver l’accusation et le défendeur est celui qui doit prouver sa propre culpabilité ou son innocence. Giovanni n’est pas en mesure de dire les noms des supposés hommes politiques « alliés de Uribe » (sic) reconnus coupables « pour le soutiien (sic) aux groupes paramilitaires ».
4.- Étrangement, Giovanni parle de Guacharacas, une hacienda de la famille Uribe. Ce que Giovanni ne dit pas, c’est que le père de l’ancien président Uribe, Alberto Uribe Sierra, a été assassiné dans cette ferme par un commando du 36e front des FARC, le 14 juin 1983, et que son fils, Santiago, a été grièvement blessé ce jour-là par les assaillants. Ignore-t-il que le 25 février 1996, lorsque Álvaro Uribe était gouverneur d’Antioquia, des tueurs de l’ELN ont envahi la même hacienda, l’ont incendiée et ont tué, trois mois plus tard, le seul employé qu’ils ont trouvé sur place ? Giovanni ajoute quelquechose d’intéressant : il ajoute que le sénateur communiste Ivan Cepeda « a essayé de convaincre un témoin qui a travaillé dans la hacienda ‘La Guacharaca’ (sic – dénomination inexacte) des (sic) témoigner sur l’activité » supposée d’Alvaro Uribe avec un groupe paramilitaire. En fait, Ivan Cepeda est tristement célèbre en Colombie à cause de ses incursions dans les prisons (il s’est rendu même dans des prisons aux États-Unis) pour tenter de fabriquer de tels faux témoignages avec des détenus extradés par Alvaro Uribe. Cette stratégie a échoué jusqu’à aujourd’hui.
5.- Uribe a été victime de plusieurs tentatives d’enlèvement et d’attentats à la bombe depuis l’époque où il était le gouverneur d’Antioquia, puis sénateur. Par exemple, il a failli mourir le 9 décembre 1992 à Bogota dans la violente explosion d’une bombe à son hôtel, perpétrée par l’ELN. Sans compter l’attentat pendant la campagne présidentielle en 2002, et les obus envoyés contre lui par les FARC, le jour même où il était intronisé président de la République, à Bogota, le 7 août 2002, attentat dans lequel une douzaine de civils innocents avaient été tués.
Les FARC ne pardonnent pas à Uribe d’avoir lancé l’Opération Jaque. Celle-là même qui a arraché, le 2 juillet 2008, les 15 « otages politiques» que les FARC avaient à Guaviare afin d’obtenir du gouvernement une nouvelle zone démilitarisée, comme condition préalable à toute négociation sur la libération des otages. Ceux-ci, parmi lesquels, on s’en souvient, Ingrid Betancourt et trois citoyens américains, ont été libérés par les forces militaires colombiennes dans une incroyable opération au cours de laquelle aucun coup de feu n’a été tiré. Cette opération a sapé le moral des FARC et mis fin aux pressions sur l’État à l’intérieur et à l’extérieur de la Colombie.
6.- Giovanni cherche à faire passer Ivan Cepeda comme un libéral ou un social-démocrate. Faux. Le sénateur Cepeda est membre du parti communiste de Colombie, une formation qui pratique l’entrisme dans toutes les organisations politiques et syndicales du pays depuis les années 1940. Ni le parti libéral, ni le parti conservateur, ni les formations de gauche, telles que les Verts et le Pôle démocratique (chaviste), n’ont échappé à ce noyautage.
Le père d’Ivan Cepeda, Manuel Cepeda Vargas, était un dirigeant du PCC et des FARC, depuis 1958. Il avait été le patron de la Jeunesse communiste. En 1964, il fut écroué quelques mois pour des activités subversives. Il était directeur de Voz Proletaria, l’organe du PCC. Il avait été membre de la Chambre des représentants de 1992 à 1994. Il était le bras droit du leader communiste Gilberto Vieira, l’homme de Moscou. Manuel Cepeda était le chargé de la liaison entre les chefs du PCC à Bogota et Manuel Marulanda, chef des FARC. Manuel Cepeda a été assassiné à Bogotá par des sicaires, le 9 août 1994.
7.- Manuel Cepeda avait des ennemis, et pas que chez les militaires. Des gros bonnets du cartel de Medellin et des paramilitaires étaient aussi ses ennemis. Il a eu même des complications avec le pouvoir castriste (à l’époque où Fidel Castro voulait dicter la ligne à tous les partis prosoviétiques du continent), et avait reçu des fulminations des deux guérillas castristes colombiennes. Dans les années 1966-1967, en effet, Manuel Cepeda avait reçu des menaces de mort de l’ELN car, fidèle à la ligne du Kremlin, comme Gilberto Vieira, il refusait les pressions de La Havane qui rêvaient de fondre les FARC en une seule et unique guérilla avec l’ELN et il refusait de se soumettre à l’orientation des cubains « pour faire avancer la révolution » et imposer aux partis communistes une ligne de « classe contre classe ». Or, Moscou ordonnait au PCC de suivre une ligne de « front populaire », d’alliances avec des formations libérales pour pénétrer le milieu politique et parlementaire. Furieux, Manuel Vasquez Castaño, chef de l’ELN, fit distribuer un tract, en août 1967, où il disait : « L’heure viendra où nous appliquerons la justice révolutionnaire aux traîtres révisionnistes bourgeois qui se disent communistes ».
En 1986, Manuel Cepeda va faire enrager aussi les chefs du M-19, l’autre bande terroriste inféodée aux cubains, en critiquant violemment l’assaut du palais de justice de Bogota perpétré par le M-19, et le massacre des magistrats, qualifiant cette atrocité d’« erreur fatale ». L’assassinat de Manuel Cepeda (on ignore qui a donné l’ordre de l’abattre) survient au milieu de la vague d’assassinats contre le PCC après la création de l’Union Patriotique, un parti des FARC, en mai 1985. Plusieurs milieux vont se mêler à ce carnage: le cartel de Medellin, des paramilitaires, des anonymes assoiffés de vengeance personnelle, et même des dissidents des FARC (la fraction de José Fédor Rey) qui accusent à leur tour la direction du PCC d’avoir « ordonné l’assassinat de plusieurs membres » des dissidences. Les FARC avaient accéléré leurs atrocités et conformé la « coordination de guérilla Simon Bolivar ». Résultat : au cours des années 1988 – 1989, on dénombre 408 actes terroristes, 27 villages attaqués, 229 accrochages avec l’armé et la police et 186 civils kidnappées. A chaque crime des FARC, les tueurs répliquent en assassinant une tête visible de l’UP ou du PCC. En avril 1989, l’UP donne le chiffre terrible de ses morts : 750.
Le rappel de ces faits et de la complexité de cette époque déplait au PCC. Ce parti tente d’interdire toute réflexion sur le sujet pour asséner sa thèse : le seul coupable de la mort de Manuel Cepeda et des attentats contre l’UP était l’Etat colombien.
8.- Il est faux de dire que des «membres de l’armée colombienne» avaient participé au meurtre de Manuel Cepeda Vargas. Deux anciens sous-officiers (Hernando Medina Camacho et Justo Gilberto Zúñiga Labrador) ont été jugés et condamnés pour ce crime. Sans fournir aucune preuve, le PCC assure que des membres de l’Armée colombienne seraient les auteurs matériels « en complicité avec des paramilitaires et des agents de l’État ». Mais l’État colombien a réussi à prouver devant la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) qu’il n’existait pas de schémas de violence systématiques à l’encontre de membres de l’Union patriotique « à la tête de l’État ».
C’est peut-être pour cette raison que, en 2010, l’arrêt de la CIDH indique que la responsabilité de l’État dans cette affaire était indirecte, car « les mesures de sécurité adoptées [en faveur de Manuel Cepeda] étaient insuffisantes ». Cette cour a admis que l’enquête n’avait pas permis d’établir que l’État colombien avait été l’auteur matériel ou l’auteur intellectuel de l’attentat.
Il convient de noter que les méthodes pratiquées par la CIDH sont discutables car elle entend passer outre certains principes du droit: la CIDH considère, en effet, que « la responsabilité de la charge de la preuve incombe à l’État dénoncé », alors que le juge est celui qui doit prouver la culpabilité ou non de l’accusé, soit-il ou non un État. La CIDH enfreint ce principe en estimant que «dans certains cas, lorsque le défendeur est mieux placé pour prouver certains faits, il a le droit de les prouver, et non le demandeur. Celui-ci sera dispensé de prouver ce qu’il allègue, en suivant le critère de la possibilité et de la probabilité». Ce principe douteux est, donc, inspiré de notions non juridiques mais mathématiques, telles que le « calcul des probabilités »! (1)
Quant à Ivan Cepeda il a obtenu des réparations pécuniaires et des excuses de la part de l’Etat colombien, grâce à l’arrêt de la CIDH. Mais il continue sa croisade urbi et orbi. Son obsession principale c’est d’abattre politiquement l’ancien président Uribe, lequel n’a rien à voir avec le cas Manuel Cepeda. Ivan Cepeda voudrait aussi que l’Etat colombien finance la réalisation d’une œuvre cinématographique où son père serait montré comme un héros de la paix et du socialisme.
Je demande au lecteur de m’excuser pour cette réponse un peu longue, mais M. Giovanni estime que nous devions « parler de contexte » (sans qu’il le fasse lui-même). Alors…
(1).- Voir “Análisis de la sentencia del caso Manuel Cepeda Vargas vs. Colombia”, page 128: https://repository.ucatolica.edu.co/bitstream/10983/18265/1/Los-derechos-humanos-a-debate_Cap12.pdf
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