Publié par Dreuz Info le 1 octobre 2019

« Peut-il venir rien de bon de Nazareth ? » (Jean, 1, 47)

Peut-il venir rien de bon de Mâcon ?

Si la Journée d’études de l’Association Présence d’Henri Guillemin, qui s’est déroulée le samedi 28 septembre 2019 à la Médiathèque de Mâcon pouvait passer inaperçue dans un monde dont les préoccupations vont ailleurs, elle pourrait cependant avoir une incidence insoupçonnée tant il est vrai que les faits les plus marquants de l’histoire ne sont pas ceux qui font la une. L’Esprit avait soufflé fortement sur Mâcon ce jour-là. La densité des exposés ainsi que  l’authenticité des témoignages étaient d’une qualité dont la portée se mesurera avec le temps. Les intervenants, présentés par Madame Joëlle Pojé, Présidente de l’Association – qui a également conclu la journée en évoquant les perspectives de recherche – étaient :  Patrick Berthier, professeur émérite à l’Université de Nantes, Martine Jacques, maître de conférences en littérature contemporaine à Dijon, Christian Nardin, professeur de lettres au lycée international de Strasbourg, Catherine Axelrad, chargée de mission pastorale dans l’Église Protestante Unie de France, Philippe Rocher, docteur en histoire.  Les comptes rendus des exposés paraîtront sur le site de l’Association.

La non-chrétienne que je suis n’aurait pas osé apporter son propre témoignage sur la position d’Henri Guillemin face à l’Église et à la foi si mon admiration affectueuse pour ce « drôle de paroissien » ne m’avait fait une obligation de lui rendre hommage. Le but de l’Association étant de faire connaître la pensée de ce grand Mâconnais dans son ensemble, mon propos pourrait paraître déplacé du fait qu’il relève d’un seul aspect de l’oeuvre de Guillemin. J ‘avais  découvert cet auteur en lisant L’Affaire Jésus d’abord, puisen prenant connaissance de sa défense du Capitaine Dreyfus. Je m’étais avisée ensuite qu’il était né rue Lacretelle, à Mâcon, une  ville où des rencontres  signifiantes de la vie m’avaient amenée à venir terminer mes jours. Je retiendrai  donc de cette très riche Journée d’études ce qui était à mes yeux  l’essentiel, la foi intime d’Henri Guillemin, sans entrer ici dans les détails de ses diverses manifestations.  Les interventions ont insisté sur  l’intégrité totale du personnage pour qui la foi supposait l’engagement.  Pour essentielle que fût sa vie intérieure, elle devait se traduire en actes. S’il ne mettait pas en question les structures ecclésiales, il voulait réveiller la conscience des  chrétiens , en dénonçant les péchés par omission, en posant les questions qui dérangeaient. La complexité de l’attitude d’Henri Guillemin face à l’Église et à la foi a été mainte  fois soulignée, celui-ci n’étant pas parvenu à résoudre le problème des rapports compliqués entre la mystique et la politique. Bien que selon Philippe,  le fils de Guillemin, celui-ci  ait été  incroyant à la fin de sa vie, les intervenants devaient bien reconnaître que nul ne pouvait véritablement déterminer la foi d’autrui. On ne pouvait faire que des suppositions, encore que les signes n’aient pas manqué au cours des exposés. En voici un qui vaut de l’or à mes yeux.      

Un ami de Neuchâtel avait prêté à Guillemin, peu avant la disparition de celui-ci, un livre que j’avais traduit sur le Jésus de l’histoire. Écrit par un historien visionnaire, Hugh Schonfield (premier traducteur juif du Nouveau Testament en anglais et fondateur de l’ex-Communauté des Citoyens du monde, qui avait rencontré à Mirmande un Marcel Légaut médusé), cet ouvrage replaçait le Messie « tel quel »  à son époque, dans son peuple et dans son pays. L’auteur montrait de plus à l’évidence, à travers toutes ses publications, que seul le message biblique tel que Jésus l’avait compris et fait sien pouvait sauver notre humanité en détresse : il s’agissait pour nous de le réactualiser.

Henri Guillemin  avait lu l’ouvrage  d’une seule traite toute une nuit, m’avait rapporté  mon ami. Comment pouvais-je douter de la foi profonde d’un « drôle de paroissien » demeuré,  envers et contre tout, fidèle au Messie qui fut dénaturé ? Il  avait, aux côtés de son Maître vénéré,  « rejoint cela qu’on appelle Dieu » – selon les mots qu’il avait choisis pour annoncer qu’il nous avait quittés.   

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous