Publié par Christian Larnet le 9 novembre 2019
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Des centaines de mineures musulmanes d’origine étrangère vivent en Suisse et sont mariées de force par leur famille. Les autorités ne bougent pas, voire valident ces mariages pour ne pas paraître islamophobes.

En 2018, le Centre national contre les mariages forcés basé à Zürich s’est occupé de 119 cas de mineures musulmanes mariées de force. 119 cas, c’est le nombre recensé déjà en 2016, montrant que rien ne bouge vraiment. La plupart sont des Kurdes d’Irak et de Syrie, des Turques, des Afghanes ou des Somaliennes – toutes sont musulmanes et leurs familles rejettent les valeurs occidentales et la valeur universelle des droits de l’homme.

Anu Sivaganesan, directrice du centre national contre les mariages forcés

“La principale raison de ces mariages forcés sur des mineures est le culte de la virginité des femmes», explique Anu Sivaganesan, directrice du centre.

Les familles musulmanes craignent que leurs filles aient des relations sexuelles avant le mariage parce qu’en Suisse, les hommes et les femmes évoluent dans le même environnement et non dans des sphères séparées, comme c’est le cas dans leur pays d’origine.

«Afin de protéger l’honneur de la famille, la fille est donc mariée ou fiancée de force à l’étranger alors qu’elle est encore mineure.»

Khadija*, jeune Suissesse mariée à 15 ans par téléphone avec un Syrien

  • Khadija est une Suissesse née en Suisse. Ses parents sont syriens. Elle a été mariée à l’âge de 15 ans, par téléphone, avec un homme en Syrie.
  • A l’âge de la majorité, son mariage a été légalement reconnu en Suisse.
  • Lorsque la jeune femme s’est rendu compte de la situation – ses parents la lui avaient cachée – elle a tenté de mettre fin à ses jours : «J’ai avalé les médicaments de mon père. Mais j’ai survécu.»
  • L’union est désormais officielle. Son mari, qui vit en Syrie, a bien entendu obtenu le droit de réunification familiale. Son arrivée en Suisse est prévue dans les prochains jours.
  • «Pourquoi la Suisse reconnaît-elle mon mariage ? Je ne veux pas être mariée !» explique Khadija dans une situation de détresse extrême.

Avec l’aide du Service contre les mariages forcés, elle tente d’empêcher l’arrivée en Suisse de son “époux”. Mais la loi n’est pas de son côté. En fait, elle est même totalement contre elle :

  • Si Khadija n’arrive pas à dissuader l’homme de la rejoindre, elle devra vivre sous le même toit que son “époux”, et consumer le “mariage”.
  • Autre option, quitter son emploi car sans sécurité financière, le droit à la réunification familiale n’est plus accordé.

Zaynab*, mariée de force à 14 ans

A l’âge de 14 ans, Zaynab a été mariée de force en Irak.

  • Deux ans plus tard, la famille est arrivée en Suisse. Elle a demandé et obtenu l’asile politique. Abus du droit d’asile ? On ne peut pas poser la question, on passerait pour islamophobe.
  • La famille est donc en Suisse et a l’asile politique.
  • Les autorités chargées de l’asile ont été informées de l’union forcée, et ils ont renvoyé l’affaire en justice.
  • Lequel Tribunal devait évaluer si le mariage était dans l’intérêt ou non de Zaynab : drôle de question, concernant une enfant de 14 ans la réponse devrait être naturellement : non.
  • Bref, le tribunal a fait traîner pour ne pas, lui aussi, passer pour islamophobe.

Même si la justice suisse ne s’est pas adaptée au droit islamique – ce qu’elle devra obligatoirement faire un jour ou l’autre – les seules raisons qui auraient pu permettre le maintien de cette union forcée sont une grossesse ou la confirmation qu’il s’agit bien d’un mariage d’amour.

Mais Zaynab n’est pas enceinte, et le mariage avec un homme adulte, et qui plus est forcé, n’a pas exactement les caractéristiques d’un mariage d’amour.

Et bien, la jeune femme n’a pourtant pas obtenu l’annulation de son mariage.

Le Tribunal n’aurait soi-disant pas “encore eu le temps de traiter son cas”.

Pourquoi ?

Parce que dans un mois, Zaynab fêtera ses 18 ans. Et là, son mariage sera d’office reconnu. Les juges se seront débarrassés d’un encombrant sujet, et croyez-moi, ça ne les empêchera pas de dormir.

Aïcha*, 10 ans, déjà mariée

Un cas découvert en 2016 concernait une fillette somalienne de dix ans, Aïcha. Inscrite dans une école suisse, un travailleur social avait découvert par le plus grand des hasards qu’elle était mariée.

Une justice inadaptée à l’islam conquérant

  • En Suisse, le mariage de mineurs, qui pourtant est interdit, n’est pas considéré comme un mariage forcé. Première grosse erreur, première violation des droits fondamentaux.
  • Il n’est donc pas interdit.
  • Même l’examen de l’intérêt de l’union pour la jeune fille, je l’explique plus haut, est en soi une démarche moralement douteuse.
  • Pire encore, le processus est vicieux, selon la directrice du Service contre les mariages forcés car il «dure le plus souvent jusqu’à ce que la personne concernée soit majeure et que le mariage soit automatiquement reconnu.»
  • Le dernier recours des victimes reste donc le divorce, une procédure souvent longue, coûteuse, et dangereuse pour la jeune femme.

Pour la conseillère nationale Thérèse Schläpfer (UDC), «il faut par principe supposer que les mariages de moins de 16 ans sont forcés». Elle a d’ailleurs déposé une motion en ce sens à la fin du mois de septembre. 

Et je vous parie que la gauche, la belle gauche humaniste, cette belle gauche morale qui se dit féministe, au service des minorités et de la protection de la dignité humaine, va trouver mille arguties pour miner le débat, empoisonner le sujet, puis empêcher tout vote d’une loi.

A l’exception de la conseillère nationale Sibel Arslan (Verts) qui considère que «l’approche actuelle des mariages forcés n’est pas tenable. De nouvelles mesures doivent être prises pour être réellement efficaces». Et devinez quoi : Arslan est turque. Vous ne verrez probablement pas de gauchistes suisses ethniques soutenir avec ce courage : Arslan ne sera pas accusée d’islamophobie, elle peut parler librement.

Le gouvernement a jusqu’en janvier prochain pour rendre son rapport sur l’efficacité de l’interdiction des mariages forcés datant de 2013. Il n’a pas jusqu’à présent fait les preuves de son engagement courageux en la matière.

De son côté, le Service contre les mariages forcés propose que la Suisse ne reconnaisse pas les mariages des jeunes de moins de 18 ans qui ont été célébrés à l’étranger, même quand les personnes concernées deviennent majeures.

Mais en 2012, le Parlement suisse avait déjà adopté une série de mesures, augmentant les peines d’emprisonnement jusqu’à un maximum de cinq ans pour les personnes reconnues coupables d’avoir contraint d’autres personnes à se marier. Et ceci s’appliquait indépendamment du fait que le mariage ait été conclu hors de Suisse ou non. De quoi laisser songeur…

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Christian Larnet pour Dreuz.info.

*Pour protéger leur anonymat, leurs noms et pays d’origine ont été modifiés.

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